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Harkis ou Harki ?

 Un film sur les Harkis est un piège pour tous ceux qui sont tentés de le mettre à l'écran car la tragédie des Harkis dépasse de loin la fiction la plus incroyable et demande beaucoup d'honnêté intellectuelle pour oser gommer tous les clichés récurrents. Leur histoire riche et complexe heurte dans leurs plus profondes convictions tous les Français et Algériens qui ont été mêlés de près ou de loin à leurs sorts. Bien qu'on se moque de la naïveté supposée des Américains et que notre "intelligensia" ne cesse de dénigrer BUSH pour sa lecture binaire du monde —le bien contre l'axe du mal— et de son Histoire, on doit admettre qu'on ne fait guère mieux en France ou en Algérie. Les Algériens, 44 ans après leur indépendance continuent de fanfaronner d'avoir chassé l'occupant infidèle, de s'être libéré en se ralliant tous derrière le FLN, mais pleurent après un visa sous les caméras du monde entier lorsque Jacques Chirac leur rend visite. Quant à La France, elle accepte les insultes de Bouteflika et de sa clique sans broncher, même si cela voulait dire trahir une nouvelle fois les Harkis dans ce qu'il leur restait de plus sacré : leur mémoire et leur dignité. Elle ne craint qu'une chose : qu'on égratigne la statue qu'elle a élevée à De Gaulle. Comme si une simple éraflure pouvait se faire écrouler tout l'édifice de la bonne Histoire de France. Les anciens et sages de 14/18 vous répondront qu'il "ne fallait pas mettre tous ses œufs dans le même panier" !

 La France, ou du moins ses représentants se sont donc soignés en occultant l'Histoire des Harkis et en transformant les survivants en minorité invisible dans de sinistres camps de concentration, puis dans des hameaux forestiers. Elle s'est fait aider par quelques arrivistes, soi-disant Harkis ou enfants de Harkis, ce qui reste à prouver pour certains, tout heureux d'obtenir une quelconque place prestigieuse d'archiviste ou autre emploi ronflant en échange de leur complicité à démolir toute tentative de regroupement collectif des Harkis.

 Les tenants du pouvoir ont aussi d'autres représentants sous la forme d'une "Intelligensia Parisienne" persuadée d'être la conscience du monde. C'est elle qui fixe la morale dans ce pays, qui donne le ton dans toutes les chasses aux sorcières à mener. Elle est capable de faire voter des Histoires officielles ou d'en supprimer selon sa pensée du moment. Alors à moins de rentrer dans leur moule, on a guère de chance de se voir publier, subventionné ou même encouragé dans son travail. Dernièrement, pour l'affaire Frêche ou sur la loi du 23 février 2005, nos médias ont donné la parole à des "Harkis" assez gauches rendant inaudible celle de tous les vrais Harkis, fiers d'eux qui assument leur identité et qui rêvent non pas de demander pardon à la clique à Boutef mais plutôt de leur régler leur compte. Evidemment ces Harkis savent ce qui s'est passé réellement en Algérie et n'ont pas l'habitude de prendre pour argent comptant les délires du Maghreb Circus et de ses affiliés qui avaient en exclusivité la couverture médiatique du FLN. Reconnaissants, ces derniers qui ont fait depuis longtemps carrière dans nos prestigieux "organes d'informations" ne manque pas une occasion de rendre la monnaie au FLN. Bien que l'ex-et-toujours-parti-unique se fichait complètement du vote de loi du 23 février 2005, ce sont eux qui ont sonné l'hallali de peur que leur dogme ne se lézarde.

 Seuls les Harkis qui ont expié leurs "fautes" trouvent grâce à leurs yeux. Rien ne doit mettre en avant le fait que nos grands intellectuels que le monde entier nous envie, sans pour autant les recruter ont aidé à mettre en place une dictature stalinienne avec l'Islam comme religion d'état et l'Arabe comme langue officielle, ce qui est d'abord une négation de l'identité des autres populations juives et kabyles qui étaient là bien avant eux. Comme progrès, on a connu mieux. Tous ceux qui ne sont pas reconnus dans cette nouvelle société sont, bien entendu, des traîtres. Comment des Arabes peuvent-ils êtres autre chose que des Arabes ? plus racistes qu'eux, on meurt !

 Aujourd'hui, les choses ont heureusement évolué, même Jamel Debbouze produit des films sur les beurs qui ont sauvé la mère patrie en danger. De nombreux Algériens se découvrent un grand père ou un oncle Harki qui, pensent-ils leur permettra d'obtenir la nationalité Française, d'autres réclament purement et simplement leur réintégration dans la nation Française au motif qu'on les a naturalisés Algériens en 1962 sans leur demander leur avis. Ce qui n'est pas faux.

 Si nous avons rappelé ces quelques règles, c'est pour mieux situer notre Histoire et ceux qui font tout pour la déformer à défaut de la faire taire. Un enfant de Harkis souhaitant parler de l'engagement de son père, de la méthode sauvage du FLN et de ses luttes internes, de la trahison de De Gaulle, de la complicité de la gauche Française, se verra bien évidemment refuser tous crédits.

 Donc les seuls Harkis, enfin enfants de Harkis autorisés à s'exprimer sont dans le plus parfait désordre :

 - Fatima Besnaci-Lancou, grâce à la Ligue des droits de l'Homme Français (ils n'ont rien fait pour les Harkis en 62, ni pour les Algériens d'ailleurs) et au PS. Les médias, et même ceux du FLN savent qu'ils peuvent compter sur elle dès qu'ils ont besoin d'une caution. Du jour au lendemain son association de 15 adhérents devient la plus représentative du monde Harki. Elle se permet même de mettre en doute l'engagement patriotique des anciens combattants Harkis. Elle cite les historiens du FLN en référence et certains marxistes reconvertis en producteurs affairistes. Mais qu'est-ce qu'elle attend pour changer de camp ? Boutef l'a promis : il recueillera tous les enfants de Harkis qui renieront leurs pères. D'autant qu'elle peut être rassuré, elle qui fait une fixation des Pieds Noirs, elle peut rentrer en Algérie, il n'y en a plus. Mais j'oubliais, elle ne veut peut-être pas qu'on lui paye ses bouquins en dinars.

 - Tom Charbit, auteur d'un rapport sur les Harkis. Un spécialiste qui avoua lors d'une émission de radio qu'il n'en avait jamais rencontrés, mais qu'il s'était seulement documenté dans le livre de Hamoumou "et ils sont devenus Harkis". Son ouvrage de "référence" sert de livre de chevet à Hamlaoui Mékachéra, Harki snobinard, Ministre des anciens combattants et grand admirateur de l'Ïuvre historique de De Gaulle. Ce qui est étrange lorsqu'on sait que ce rapport reprend les fables de Vidal-Naquet sur l'engagement forcé ou pour la gamelle des Harkis. Pour cette bien-pensence, les bons Harkis sont les Harkis malgré-eux. Bizarre, personne ne parle des fusillés pour l'exemple de 14/18 ou de ces soldats qui se mutilaient afin d'être réformé lorsqu'on décore les survivants de ces guerres. Ils n'émettent des doutes que sur le patriotisme des médaillés Harkis. Toujours est-il que cet "auteur", bien que dernier arrivé, comprend vite quel langage tenir pour réussir son parrainage dans "le milieu".

 -Dalila Kerchouche, (ex ?)journaliste à l'Express, ancien fief du FLN. Elle est la Winchester favorite des ennemis des Harkis par ses gaffes à répétitions. D'ailleurs, elle commence à lasser par ses positions simplistes, naïves et caricaturales. Si par le passé, on a mis ses dérapages sur sa jeunesse et son ignorance, aujourd'hui on commence à s'interroger sur son discours. Elle se dit fille de Harki, mais elle ne renie rien de ce qu'elle écrit, à savoir que son père jouait double jeu avec le FLN. Dans son livre "mon père ce Harki" dont elle se vante qu'il s'est vendu à 40000 exemplaires, elle ne considère plus son père comme un "traître" le jour où elle découvre qu'il aurait donné des munitions aux fellagas. Le jour où elle apprend qu'il aurait trahi ses frères d'armes !! Merci pour les autres Harkis fidèles à leurs uniformes. Tous les jeunes enfants de Harkis, lassés et vexés de se faire traiter de traître par les immigrés ont imaginé ce genre de conte pour avoir la paix. Si son père avait des relations au FLN, pourquoi avait-il fui ? Et si c'était vrai, de quoi se plaint-elle envers la France ? Et ces balles qu'il aurait données aux fellagas, combien de Harkis ou de soldats en sont morts ?

 C'est donc pour ces raisons que nos médias l'ont érigée en représentante des Harkis ? quels salauds !

 J'appréhendais donc de découvrir ce téléfilm qui avait été projeté en avant-première à des associations d'immigrés. Ce qui avait le mérite d'éclaircir les intentions des auteurs : un film pour les convaincre de reprendre les Harkis, musulmans égarés dans le mauvais chemin, mais qui restent tout comme eux des victimes du colonialisme. Si les acteurs ont fait leur boulot avec une mention pour Smaïn, Alain Tasma nous a déçu par son manque de courage. On est loin de Nuit Noire où il n'avait pas eu peur d'évoquer aussi le rôle du FLN dans le racket des immigrés Algériens, la responsabilité de Papon mais surtout celle de De Gaulle.

 Le résultat est donc un téléfilm sur une famille de Harkis assez anecdotique, fauché en budget mais aussi en scénario. Pas de quoi arracher une larme à Chirac ou même à Boutef ! L'ambiance du film est assez misérable et fait passer les Harkis pour des poules mouillées. Un grotesque capitaine, plus pilier de bistrot qu'officier, alors que c'est tout un système qui avait brisé les Harkis, une organisation implacable et militaire. Trois, quatre baraques qui étaient un luxe pour l'époque comparée aux tentes qui abritaient les Harkis arrivés en 1962, pendant l'un des hivers les plus froids que la France ait connu. Une famille qui arrive à pied d'on ne sait oùÉ Comme si les Harkis se baladaient à pied dans la nature avec le FLN qui rôdait encore en France. Il n'est rien dit sur leur engagement, sur ce qu'ils ont vécu. Bien sûr, lorsque la fille traite son père de lâche et de traître, (une obsession chez les BENAMAR), la mère la réprimande en lui faisant remarquer qu'elle ne connaissait rien  à la misère, sous entendu que les Harkis étaient des ralliés de la gamelle. Du Moati 100% pur beauf !

 On a droit ensuite à la transposition des fantasmes de l'auteur dans le personnage de Leila dans la plus pure tradition de la bibliothèque rose/beur/blanc. Si elle était plus vieille, elle saurait qu'à cette époque, nos sÏurs  aidaient nos mères dans leurs taches ménagères et que je n'en ai jamais vu une fumer ou flirter. Contrairement au racisme de la scène où Smaïn corrige sa fille car elle sortait avec un Français, je peux l'assurer que son père l'aurait tuée, et que ça soit un Français, un Arabe ou un Chinois le tarif était le même. Elle devrait se renseigner auprès de ses amis de Oumma.com, auxquels elle réserve des interviews dignes des "Indigènes de la République" la signification d'un crime d'honneur. Même sur la fin quand Saïd BENAMAR explose, il s'en prend à l'armée  mais pas à son chef dont il prend soin d'accrocher le portrait comme on le ferait avec celui de son père. Il évoque même la perte de son "honneur" pour la France. Mais pourquoi ? il n'avait pas filé des balles aux fellagas ? Alors quel message retenir pour le téléspectateur lambda ? Que la famille BENAMAR s'en est tirée grâce à leur fille ? Que ceux qui sont restés dans les camps étaient des lâches qui n'avaient même pas le courage d'une gamine ? Qu'ils n'ont eu que ce qu'ils méritaient ? Après ce bref défoulement, la ménagère de cinquante ans peut éteindre sa télé et reprendre le cours de sa vie, satisfaite que ce drame se termine bien pour les BENAMAR.

 Merci pour eux, c'était bien la prolongation de "mon père ce Harki" et non l'Histoire de tous les "Harkis" !

 Quant au documentaire "Amère Patrie", bien que plus explicite et dénonçant réellement les souffrances des Harkis et de leur famille, il a hélas été diffusé l'après-midi, ce qui a limité sa portée. Il alternait le bon et le moins bon comme quand le seul décompte officiel des 150000 Harkis massacrés s'est vu ramener entre "50000 à 80000 victimes". Le début du documentaire prend bien soin de parler de Harkis sans conscience politique, uniquement engagé de force ou pour la gamelle ; autrement dit on doutait encore de leur patriotisme une nouvelle fois afin d'être sûr que c'est bien retenu. Alors que dans Indigènes, Debbouze parle d'Algériens qui s'étaient engagés spontanément pour libérer la mère patrie la France avec une mauvaise foi incroyable mais partagée par tous les médias et tous les intellectuels, nos représentants autoproclamés continuent à insulter la mémoire de nos anciens en les faisant passer pour des imbéciles sans courage. Quant au rôle de De Gaulle et des politiques, il fut justifié par ces quelques paroles "Les tenants des Pouvoirs d'alors, voulaient voir dans les Harkis, surtout des futurs O.A.S., donc à parquer pour les contrôler". Quelle fumisterie ! On mesure l'intelligence de Audiard lorsqu'il affirmait que "les cons ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît". Pourquoi ne pas dire que les Harkis étaient des Vichystes, tant qu'on y était ? Tout d'un coup, par miracle ils ont retrouvé une conscience politique. Si De Gaulle a désarmé et livré les Harkis, c'était pour laisser le chemin libre à un FLN qui avait 5 fois moins de soldats ; et ne gêner ni l'approvisionnement de la France en hydrocarbures, ni ses essais nucléaires au Sahara. Vous imaginez un documentaire racontant comment De Gaulle finançait le FLN qui massacrait des soldats du contingent pour qu'en échange il ne sabote pas les gazoducs ? Tiens, comment appelle-t-on ce type de conscience politique ?

 Les camps en France s'étaient justifiés d'une part pour protéger les Harkis des "marsiens" (combattants Algériens de la dernière heure) désireux de récupérer la précieuse carte de moudjahidin et d'autre part par la volonté de canaliser, surveiller et de neutraliser cette population meurtrie. Et si on les a si bien cachés, c'est par souci de ne pas montrer aux Français comment on traitait ses anciens soldats. Mais de dérive en dérive, le pouvoir a détourné les fonds alloués par les Français aux Harkis, les privant de toute chance de s'en sortir. On attend toujours l'enquête parlementaire promise par le PS.

 Tout le monde politique ou intellectuel le sait, seulement, comme le précisait, il n'y a pas si longtemps un de ces éternels rapporteurs sur la situation catastrophique des enfants de Harkis, la France trouvait qu'il était trop coûteux d'assumer son passé. Demain, si vous commettez un crime et que vous trouver la réparation trop coûteuse, demandez la relaxe ! On verra de quelle manière elle vous sera accordée.

 Les Harkis sont donc priés de disparaître en silence. Et dans quelque temps, on fera comme avec les "indigènes", on ne cherchera pas à réparer leur préjudice, mais on prendra soin de distribuer quelques miettes aux derniers survivants pour les années qui leurs resteront à vivre sous les applaudissements de nos bonnes âmes ! Comme disait Bush à Chirac, nous sommes un peuple bon, nous ne pouvons pas être mauvais.

Certains, tout heureux d'entendre le mot "Harkis" à la TV pensent que c'est mieux que rien. Je répondrais que mieux que rien c'est pas grand chose. Ce ne sont pas les masses populaires qui ont déjà oublié ce téléfilm qui dirigent ce pays. Et Quand je lis Smaïn qui s'était pourtant beaucoup impliqué dans son rôle déclarer dans un interview "à cette époque, on a demandé à tous les Algériens de faire un choix entre  leur patrie et la France" ou "certains sont devenus Harkis par traîtrise, d'autres par obligation, d'autres par conviction..."(lire), ben je me dis que c'est pas gagné !

 Si au moins on nous laissait notre honneurÉ

 Massi

 Pour Harkis.info

Mis en page le 25/10/2006 par RP