Réactions
des anciens de l'Armée d'Afrique Les anciens de l'Armée d'Afrique notamment ceux de la 9ème Division d'Infanterie coloniale et les Marsouins de la 9 ème D.I.M., avaient décidé, dès le mois de juin, (ils l'avaient fait savoir par écrit au Président Jacques Chirac, à son chef de gouvernement Jean-Pierre Raffarin et au ministre des Anciens combattants Hamlaoui Mekachera) de bouder la revue navale et la cérémonie officielle à bord du porte-avions " Charles De Gaulle " organisées en rade de Toulon. Cette modification d'organisation devant commémorer, ce 15 août 2004, le soixantième anniversaire du débarquement en Provence, en lieu et place des cérémonies commémoratives antérieurement prévues avec un défilé des vétérans de l'Armée du général de Tassigny dans les rues de Toulon qu'ils considéraient comme une décision arbitraire, les avaient particulièrement meurtris étant donné qu'ils avaient été, les premiers libérateurs du port de guerre de Toulon, et, tout au long du mois d'août 1944, des nombreuses villes et cités portuaires des côtes de Provence et du Languedoc-Roussillon jusqu'à la frontière espagnole. Parmi ces baroudeurs mécontents, un de mes voisins de Baillargues dans l'Hérault, André Meunier, 84 ans, bon pied, bon œil, demeuré fidèle depuis 1962 à toutes les manifestations d'associations et amicales des anciens de l'Armée d'Afrique, à travers la France. Cette fois, en toute logique, André Meunier, " Patos ", naturalisé " Oranien ", comme il le dit en riant, par son mariage avec une séduisante Mostaganémoise, Henriette Millecam, a donc boycotté, tout comme ses frères d'armes de la 9ème D.I.C. et de la 9ème D.I.M après 1'annonce et 1'occultation du défilé du 15 août 2004 à Toulon. Ce défilé des anciens tirailleurs, tabors, goumiers, spahis et marsouins... etc... aurait davantage témoigné dans les rues devant la population, de la libération de cette première cité de la côte de Provence, à laquelle ils participèrent, soixante années auparavant que, selon les amis d'André, la " mascarade maritime ", 25 bâtiments de guerre, 17 français et huit étrangers, (1 américain, 2 britanniques, 3 algériens, 1 marocain et 1 tunisien) dans la rade autour du fleuron de notre mini-flotte de la Marie nationale l'unique porte-avions " Charles De Gaulle ", comme le fut en 1940, le " Béarn ". Mais le Marsouin " mostaganémois " André Meunier, poitevin de naissance évadé de la France occupée pour rejoindre l'Afrique du Nord, où il s'était engagé dans les troupes coloniales, le 26 juillet 1941, à Mazagan, (El Jadida), au Maroc, avait deux raisons supplémentaires, par rapport à ces compagnons de combat depuis les plages de Cavalaire jusqu'au Lac de Constance, pour ne pas répondre présent à cet hommage du soixantième anniversaire : La première, l'invitation du Président algérien Bouteflika, car André Meunier, est également ancien combattant, rappelé, de la guerre d'Algérie, et il demeure toujours très attaché au culte de l'Algérie française. La seconde, l'attente de réponses effectives à la lettre qu'il a expédiée au Président de la République Jacques Chirac, au Premier ministre et aux 900 ministres et parlementaires, députés et sénateurs, français, en vue de l'attribution de la croix de chevalier de la Légion d'Honneur aux anciens combattants de la deuxième guerre mondiale, tous âgés, aujourd'hui, d'au moins 85 ans à 95 ans, à l'image de ses anciens compagnons des régiments d'Infanterie de marine, aux poitrines également barrées de décorations, certains ayant, en plus, été blessés sur les plages du débarquement en Provence. Cette initiative a coûté pas moins de 610 euros (4000 francs), en timbres postes, au caporal-chef poitevin-mostaganémois André Meunier, titulaire de la Médaille militaire au feu, chevalier de l'ONM, croix de guerre 39-45, croix du combattant volontaire, croix de la valeur militaire et reconnaissance de la Nation, (proposé cinq fois pour la Légion d'Honneur) : • Monsieur le ministre, député ou sénateur • Il y a quelques années, le gouvernement votait une loi accordant aux anciens combattants, 85 ans après la fin de la première mondiale, la croix de chevalier de la Légion d'Honneur : " Ce n'était que justice, d'ailleurs à ce moment-là, il ne restait que quelques survivants de La Grande Hécatombe ! Ne pensez-vous pas que cette même loi devrait être appliquée aux Anciens combattants de la deuxième guerre mondiale, soixante cinq ans après la fin du conflit. Tous sont âgés, aujourd'hui, d'au moins 85 ans pour ceux mobilisés en 1939, à l'âge de 20 ans, et de 95 ans, pour ceux mobilisés à 30 ans. " Cette loi pourrait être assortie d'une condition, car ces A.C. sont beaucoup plus nombreux que ceux de 14-18: être titulaire d'un titre de guerre, Médaille militaire, ONM, croix de guerre. De plus cette mesure ne coûterait rien au Trésor Public "Ces anciens ont, à mes yeux au moins autant de mérite que nos footballeurs nationaux, (eux décorés de la L.H.), qui, l'an passé, ont ridiculisé la France dans la dernière Coupe du monde! "
Cette idée me paraît judicieuse et mérite réflexion
de votre part, puisque cette année, les électeurs se rendront
à quatre reprises devant les urnes. Meilleurs sentiments".
Pour l'expédition de cette lettre qui n'a obtenu jusqu'à ce jour que 90 réponses dont certaines fort évasives, le caporal-chef poitevin-mostaganémois André Meunier, commandant du scout-car N'400010, (équipage, composé d'un Sénégalais Lanciné Traoré, d'un Vosgien Maurice Perrin, d'un lorrain Lhote, d'un Oranais Massa Taïbi et d'un Bourguignon Leduc), du 3e peloton du 4° escadron du Régiment d'infanterie coloniale du Maroc, unité de reconnaissance de la 9° D.I.C.,.a donc débarqué, en août 1944, sur les côtes de Provence, au sein de l'armée d'Afrique pour libérer la France. Voilà pour quelles raisons, André Meunier, a-t-il choisi de demeurer chez lui, en compagnie de quelques-uns de ses anciens compagnons marsouins, devant son poste de télévision plutôt que de se déplacer, ce 15 août 2004, à Toulon. Evidemment les commentaires de ces vieux " Grognards " ne manquèrent pas d'aller bon train, lors des affabulations des journalistes, historiens et invités qui n'avaient évidemment pas vécu et qui racontaient à leur manière, les combats de leur peloton et de leur unité dans la poursuite de l'Armée allemande, dans la remontée de la vallée du Rhône jusqu'au lac de Constance. Tout d'abord sur la pénétration des premiers éléments de l'Armée d'Afrique, après la chute des grandes villes portuaires, Marseille et Toulon, qui ne rencontrèrent pas de grande résistance de la Wermach dont les soldats paraissaient fort démoralisés, à la suite de l'offensive alliée et de la déroute des divisions allemandes du front de l'Atlantique depuis le débarquement du 6 juin 1944, en Normandie. "En effet les forces allemandes, prises dans l'étau constitué par le débarquement des Alliés en Normandie et celui de la 1ère Armée française en Provence, s'étaient retirées du Sud et du Sud-Ouest de la France sans livrer bataille, après leurs ignobles actions contre des populations civiles sans armes. avec les pendaisons de Tulle et le massacre d'Oradour sur Glane, devait corriger un des compagnons d'armes d'André Meunier, à l'écoute du récit des opiniâtres combats livrés par un résistant, qu'il qualifia de la dernière heure. " La reconquête du littoral jusqu'à la frontière espagnole, dont les principales cités, Aix en Provence, Avignon, Nîmes, avaient été déjà désertées par les unités allemandes qui avaient été fort éprouvées par les bombardements de l'Aviation alliée, comme nous avions pu le constater le long des routes que nous empruntions pour gagner Montpellier et dont les bas côtés étaient jonchés de véhicules et blindés ennemis détruits. Il nous fallut courir derrière leurs groupes de francs tireurs rescapés qui se rendaient d'ailleurs facilement, refusant tout combat car ils nous prenaient pour des troupes américaines avec nos uniformes et nos matériels made in USA ! ". L'affirmation d'un de ses professeurs d'Histoire contemporaine (dont la faculté d'Aix est si prolixe pour écrire l'Histoire de France dans leur idéologie politique, allait soulever de nombreuses contestations de la part de ces anciens marsouins lorsque celui-ci insista sur 1'importance de 1'infanterie américaine et sur les effectifs de la résistance,. " Si cela continue, avec ce tordu, tu vas voir que nos 7 divisions de l'Armée d'Afrique et le général De Lattre de Tassigny n'auront jamais débarqué sur les côtes de Provence ! ". " Que veux-tu, ajouta un de ses voisins, il réagit, lui aussi encore de nos jours, comme les soldats allemands et également comme les populations civiles françaises qui réagissaient pareillement alors et commettaient la même erreur parce que la propagande de Vichy ne leur avait pas parlé de troupes françaises et que nous étions habillés, dotés d'armements et de véhicules américains ". "D'autre part, rappelez-vous nos auto-mitrailleuses et nos blindés portaient, en plus, une étoile américaine à côté d'un drapeau français rectangulaire, portant un losange blanc encadré en diagonale par deux triangles rouges et deux autres bleus différent de notre rituel drapeau tricolore. Il fallut des heures de palabres pour arriver à leur faire comprendre qu'ils avaient à faire à des soldats français ". -André Meunier et son scout-car libérèrent Baïllargues, le 2 septembre, 1944, sans se douter que 33 ans plus tard ils s'y installeraient avec son. épouse, après l'exode de 1962.C' est vrai qu'en cet automne de 1944, où il combattait pour libérer la Mère Patrie, il ne pouvait s'imaginer. un seul instant, qu'il serait contraint de quitter Mostaganem et l'Oranie, terre natale de son épouse: " Cette libération avait eu lieu, alors que le gouvernement provisoire de la République, après le succès du débarquement avait décidé d'effectuer un raid jusqu'à la frontière espagnole, pour rassurer les populations françaises d'une part et montrer aux Espagnols franquistes d'autre part que l'Armée française était de retour ". " La mission, après la chute de Toulon, avait été confiée à nos unités de blindés légers dont mon peloton faisait partie et ainsi nous avons libéré Lunel et Baillargues où les gens se préoccupaient davantage de vendanger que de rejoindre nos rangs car ils n'arrivaient pas à réaliser que nom étions des soldats français. Nous avions accompli le trajet, de nuit, sans lumière, sur des ponts de fortune et sur des routes plus ou moins détruites par les bombardements de l'aviation alliée, pour atteindre Montpellier qui nous réserva un accueil triomphal. Là, nous avions dû réaliser une mission assez inattendue qui consista à récupérer des femmes nues et tondues, malmenées par des " résistants (?)" afin de les remettre à /à police " " Après avoir défilé devant le général Jean de Lattre de Tassigny à Perpignan, notre Régiment d'Infanterie coloniale du Maroc, alors le plus décoré de France avec 18 citations, avait repris le 5 septembre sa poursuite de l'Armêe allemande dans la vallée du Rhône jusqu'en Autriche où nous avons appris le 8 mai 1945, la fin de la deuxième guerre de mondiale. Le RICM avait perdu 50% dé ses effectifs des Français du Sénégal et d'Algérie et que l'on appelait pas alors " Pieds-Noirs " !". Mon 3ème Peloton eut quatre caporaux-chefs tués sur cinq, j'en fus le seul survivant à ce grade ". André Meunier interrompit alors son récit, car sur le petit écran, Jacques Chirac annonçait la remise des insignes de la Légîon d'honneur à Alger qui fut capitale de la France combattante. Il en resta bouche bée et davantage à l'écoute de la déclaration de son voisin du pays poitevin, Jean-Pierre Raffarin, né à Jaunay-Clan, site du Futuroscope, saluant cet honneur fait à la ville d'Alger par ses mots : " C'est une étape historique. La reconnaissance d'une histoire qui porte sa part de cicatrice. Il faut savoir se souvenir, mais nous avons aussi une mission d'avenir qui consiste à établir une relation de proximité entre la rive sud de la Méditerranée et l'Europe ". Tout semblait être dit, fait et consommé, l'émission télévisée fut coupée alors que le commentaire final tombait de la bouche du doyen de l'assistance : " Espérons que le cul terreux poitevin qui est à la tête de notre gouvernement ne pense pas à un certain Ahmed Ben Bella, ex-chef du bureau politique du FLN jusqu'en 1962 qui fut le premier président de la république algérienne actuellement en résidence surveillée dans le sud oranais, car il remplit tous les critères, avec sa médaille militaire au feu en Italie, la croix de guerre 39-45 avec 3 citations pour être fait chevalier dans l'ordre de la Légion d'honneur !" Il est vrai qu'après 2003, année de l'Algérie en France ! 2004, année Bouteflika ! on peut s'attendre à tout désormais à l'occasion du scellement d'un pacte d'amitié, entre Chirac-Bouteflika pour la France et l'Algérie à l'image de celui signé entre Chirac et Schröder, pour la France et l'Allemagne Mais après le sceau du Dey turc d'Alger en 2003 ? La Légion d'honneur en 2004 ? Que nous reste-t-il à offrir en cette année 2005 ? Yves Henry |
Mis en page le 08/09//2004 par RP