HISTOIRE!

QUEL ENSEIGNEMENT POUR QUELLE NEUTRALITé?

   La loi du 23 février 2005 disposant que “ les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer ” a suscité de vives réactions au prétexte qu'il revient aux intellectuels de s'opposer à l'enseignement d'une histoire officielle. Qui ne souscrirait à une défense aussi sourcilleuse des principes ?

   Mais qu'en est-il du principe de neutralité dans l'enseignement de l'Histoire lorsque l'on ouvre les manuels scolaires ?
Des colloques sont organisés au sein de l'Education Nationale autour de la “ Guerre d'Algérie ” dont on fait remonter l'origine à 1945, parfois aux fêtes du Centenaire, quand ce n'est pas à la Conquête : une seule et même violence, continue, exercée par la France. Des ouvrages entiers sont specialement destines à “ former ” les professeurs sur la façon de l'enseigner. On y fait clairement état des recommandations pour orienter cet enseignement. Il y est question de “ libérer la parole ” à propos de la torture afin de “ favoriser la réconciliation des mémoires ”, de “relier les jeunes immigrés à leur passé ” etc. Lorsque l'on assigne aussi clairement une mission à l'enseignement de l'Histoire comment peut-on prétendre, en même temps, se présenter comme garant de sa neutralité ?
   Au début du siècle dernier, l'Ecole a dispensé une histoire patriotique, donc partiale. On lui a attribué les excès du nationalisme. A notre époque, les intellectuels qui l'ont condamnée avec force, adoptent, une attitude semblable bien que symétrique. En s'évertuant à démontrer partout et toujours la culpabilité de la France, ils n'en sont pas plus respectueux que leurs prédécesseurs de cette neutralité historique qu'ils revendiquent pourtant ! Ils ouvrent la voie à d'autres menaces.

   Le refus d'évoquer l'oeuvre positive de la France en Algérie ne vient donc pas de l' absence de preuves, puisque les documents abondent, mais de ce qu'elle contrarie le dogme qui condamne la colonisation. L'utilisation de termes comme “ négationnisme ” ou “ révisionnisme ” nous renseigne sur ce point. Aujourd'hui, encore plus qu'hier l'exigence de vérité historique s'efface devant la prédication. Celle-ci oriente davantage qu'autrefois l'opinion publique, grâce aux médias.

   Que demain la probité intellectuelle l'emporte sur la passion idéologique, que tous les aspects de l'histoire de la France en Algérie soient enseignés aux élèves, la guerre mais aussi l'œuvre française, alors la loi deviendra inutile.

Signataires au 20/06/2005 :

Louis Abadie (écrivain), Jacques Aboucaya (enseignant), Jean-Paul Angelelli (enseignant), Maud Arnaud (écrivain), Bernard Bachelot (écrivain), Georges Bardelli (écrivain), Marcel Baudin (écrivain), Jacqueline Baylé (écrivain), Gaëtan Bellissima (enseignant), Jean Benoit (journaliste), Georges Bensadou (président honoraire de Cour dÕappel), Jean-Yves Bertrand-Cadi (président honoraire de Cour dÕappel), Roland Billault (enseignant), Anne-Lise Blanchard (écrivain), François Bluche (universitaire), Yves Bodeur (universitaire), Louis Bonète (enseignant), Philippe Bonnet-Labarderie (historien), Daniel Bourgeois (enseignant), André Breton (universitaire), Jean Brua (journaliste), Albert Buono (enseignant), Maurice Calmein (écrivain), Marie-Michèle Capuano (écrivain), Georges Caserio (enseignant), Gérard Cenac (ancien bâtonnier), Marie-Thérèse Cohen-Adad (universitaire), Gabriel Conesa (journaliste), Jean Couranjou (directeur de recherches), Pierre Courthial (universitaire), Roland Courtinat (écrivain), Daniel Courtois (écrivain), Maurice Crétot (universitaire), Roger Daboussy (écrivain), Yannick Danrée (écrivain), Robert Davezac (historien), France David (enseignante), André Dechavanne (écrivain), Lionel Decramer (chercheur), Pierre Dimech (écrivain), Marc Donato (enseignant), Simone Durand-Goallo (enseignante), Marie Elbe (écrivain), Mario Faivre (écrivain), Jacques Farisse (universitaire), Marie Gil (écrivain), Henri-Christian Giraud (journaliste), Pierre Gourinard (enseignant), Suzette Granger (enseignante), Mohamed Grim (écrivain), Christian Guizonnier (écrivain), Noémie Hepp (universitaire), Georges-Pierre Hourant (enseignant), Jean-Charles Humbert (écrivain), Anne-Marie Humblot-Briat (écrivain), Guy Imart (universitaire), Paul Jalabert (journaliste), Pierre Jarrige (écrivain), Jean Jolly (écrivain et journaliste), évelyne Joyaux (écrivain), Albert Kehl (enseignant), Georges Laffly (écrivain), Pierre Lahalle (historien), André Laingui (universitaire), Philippe Lamarque (écrivain), Christian Lapeyre (enseignant), Alain Lardillier (écrivain), Colette Lastes-Bellissima (enseignante), Benoit Le Roux (enseignant), Paul Lebon (universitaire), Claude Leborgne (historien), Louis Martinez (écrivain), Jacques de Maussion de Favières (universitaire), René Mayer (écrivain), Pierre Meallier (enseignant), Françoise Mesquida (écrivain), Gaston-Jean Miane (enseignant), Pierre Michaux (universitaires), Jean Monneret (historien), Pierre Montagnon (historien), Andrée Montero (écrivain), Raymond Muelle (historien), Norbert Multeau (journaliste), Dominique Multeau-Gardes (journaliste), Gabriel Nucci (écrivain), Marcelle Pélopidas (enseignante), Jean-Pierre Péroncel-Hugoz (journaliste), Georges Pieri (universitaire), Yves Pleven (écrivain), Lucien Sabah (universitaire), Hélie de Saint-Marc (écrivain), Gilbert Salinas (enseignant), Michèle Salinas (écrivain), Jean Sarrochi (universitaire), Yves Sarthe (enseignant), Jean Sévillia (écrivain et journaliste), Germain Sicard (universitaire), Roger Soncarrieu (écrivain), Jean-Pierre Tasei (universitaire), Geneviève de Ternant (écrivain), Yves Thiriet (écrivain), Jacques Valette (universitaire), François Vernet (enseignant), Marion Vidal-Bué (écrivain), Jean-Claude Xuereb (écrivain).

Mis en page le 27/05/2005 par RP
Complété le 29/07/2005