Les temps anciens et le nouveau temps du macronisme.

C’est le temps des hommages et de la reconnaissance de la stature de personnes disparues.

Coup sur coup à un jour d’écart, Jean d’Ormesson et Jean-Philippe Smet, dit Johnny Hallyday.

Jean d’Ormesson, un écrivain reconnu, un intellectuel de talent et un académicien élégant au franc-parler d’un homme qui penchait à droite.

Johnny Halliyday! Jean-Philippe Smet. Le rocker. Le chanteur qui s’est construit avec ses défauts et ses qualités : une présence scénique incontestable et une voix !

Tous les deux ont connu « autre chose ». Un monde d’avant le macronisme que le président va finalement honorer par sa présence. Il va leur rendre les honneurs qu’ils méritent mais peut-il le faire avec justesse, lui qui se refuse à voir dans le passé, la France ?

Est-ce à dire que ce président qui se targue d’être un homme nouveau qui n’a connu ni révolution ni guerre, trouvera les mots pour parler d’eux, ces hommes nés bien avant lui ? Trouvera-t-il les phrases pour évoquer avec respect ces personnages nés il y a si longtemps ? Un académicien de plus de 90 ans et un rocker de plus de 70 ans ?

Pour ce président là, sa présence sera-t-elle une attitude ou un « coup » de pub ?

Je veux bien croire, admettre que comme beaucoup d’entre nous, il reconnait à ces deux personnalités aimées ou pas qu’elles sont un pan de l’histoire nationale à cheval sur deux siècles, mais alors... alors, pourquoi à l’étranger, à Alger, à Ouagadougou ou Abidjan, faire preuve de mépris pour le passé français d’avant sa naissance et jouer le ravi innocent qui ne connaît rien de l’histoire des guerres, des colonies, alors que lors de ses interviews à l’Elysée, il truffe son bureau de livres d’auteurs français d’un autre siècle.

Quel jeu joue-t-il toujours à l’étranger, en se lavant les mains de l’histoire de France, en refusant d’endosser le costume qui doit être le sien et d’assumer, même s’il ne l’a pas vécu, ce temps des révolutions, des guerres et des « morts pour la Nation » de nos soldats aux quatre coins du monde.

Il le dit, il se veut étranger à l’époque de la guerre d’Algérie et donc en même temps, de cette armée, déçue de son conflit d’Indochine et qui dès 1954 souhaitait conserver cette terre du Maghreb à la France.

En cherchant une voie nouvelle pour être le plus représentatif d’un nouveau monde, il nous déshonore, il déshonore l’histoire et falsifie sa vérité.

Il prouve son mépris de cette époque qu’il rejette aux oubliettes, dans les catacombes de l’histoire, en se proclamant un homme neuf, vierge d’un sang ancien et sec, parce que né bien après les épopées d’aventuriers qui ont découvert la planète terre jusqu’au fin fond de continents inconnus, ont transmis à des peuples nouveaux la médecine en éradiquant les maladies chroniques, le savoir, l'éducation qui font les nations d’aujourd’hui et les milliards d’individus qui les habitent.

« Crime contre l’humanité ! » Est-ce de l’audace ou de l’ignorance de prononcer ce mot de « crime », parce que des explorateurs puis des chercheurs, des hommes de science n’ont pas hésité à s’élancer sur des routes de territoires inexplorés et que l’on se rend compte combien cette humanité a évolué dans ses artefacts modernes depuis le premier homme sur la lune et l’étude de l’univers pour un jour aller sur Mars ?

A-t-on en ce XXIe siècle une jeunesse qui a peur d’exister parce que son passé existe ? Elle cherche à effacer son histoire comme un enfant né d’une GPA qui ne connaîtra pas son arbre généalogique et qui restera toute sa vie un handicapé de ses gènes initiaux.

De son dernier voyage en Afrique, il a semblé nuancer ce mot « crime » qui toucha au cœur les Pieds-noirs et l’armée, en mettant dans ses phrases quelques nuances pour atténuer ce mot « crime » dont il nous accusait, mais j’ai des doutes sur un changement lorsque je m’aperçois qu’il a mis dans ses bagages Benjamin Stora, le chantre anti Algérie française qui dans un de ses livres accusait les soldats appelés de peureux et d’ivrognes.

De ce fait, avec ce dit-philosophe-écrivain, le président n’a pas frappé à la bonne porte pour apprendre l’histoire de l’AFN ou bien cela confirme son dédain arrogant de ce temps du sang versé.

Pour cette raison j’aimerais dire au président que j’ai connu des militaires du contingent en Algérie. Des métropolitains qui ont fait leur métier de soldat avec courage, avec honneur. Ils allaient au feu en défendant la liberté contre le terrorisme.

Certains sont morts, d’autres ont disparu sans que le gouvernement de l’époque ni les suivants fassent TOUT pour les retrouver.

Pour cette raison, avant de rendre à l’Etat algérien, FLN à « sang pour sang », pour les crimes contre les civils pieds-noirs et les musulmans Harkis et Supplétifs abandonnés aux couteaux des bourreaux fellaghas, les crânes d’insurgés tués au XIXe siècle et pas encore algériens sur une terre qui l’est devenue qu’en 1962 par la volonté du gaullisme, sans doute sera-t-il logique de réclamer à cette Algérie là, les corps des nôtres, ces militaires français oubliés.

Enfin, comme une dernière remarque de ma part, lorsque le président sera devant le cercueil de Jean d’Ormesson puis celui de Jean-Philippe Smet Hallyday, qu’il se souvienne que ces hommes ont connu une autre histoire que celle d’être né après 1962.

 

                                        Robert Charles PUIG / décembre 2017

 

Mis en page le 09/12/2017 par RP