C’était Mars 1962.

Oh mon pays ! Oh ma Patrie !

Te souviens-tu de l’Algérie ?

De ce peuple Pied-noir trahi

Par les mensonges de Paris ?

                                                                      RCP / 02 /2018

 

Mars 1962. Deux journées de ce mois là, le 18 et le 26 et de cette année là, ont démontré au monde combien le pouvoir gaulliste a pu rayer de la carte « France » par le mensonge et la trahison cette province d’Algérie.

La première date fut celle du 18 mars annoncée par les médias le 19 : les accords d’Evian ! Des accords pour Paris, un papier sans valeur pour le GPRA terroriste algérien. Une mascarade ! Déjà un crime contre l’humanité où se retrouvèrent pratiquement seules sur le document les signatures des représentants de la France poussés par la hargne d’un De Gaulle à aboutir coût que coût à un règlement de « l’affaire algérienne » au détriment de son peuple pied-noir et un seul membre du GPRA. Une dissimulation, des contrevérités faisant croire à la Métropole qu’il y aurait la paix en Algérie... Alors débutèrent sur ce sol français d’Outre-mer, à une plus grande échelle et sans que l’armée aux ordres et surtout la gendarmerie n’interviennent, le kidnapping des civils, la torture et les assassinats de tous ceux qui avaient cru au maintien de cette terre maghrébine au sein de la République. Une attitude scandaleuse, une situation dramatique parce que l’Élysée avait remanié l’armée en Algérie après le Putsch des généraux d’avril 1961 et que les troupes militaires en place étaient aux ordres, silencieuses, soumises à Paris et à son ministre, Mesmer. Pour cette raison, l’armée n’intervenait plus lors d’exactions commises contre des civils dans les villes ou le bled et il arriva que des personnes réfugiées dans des gendarmeries soient « rendues » aux terroristes FLN à partir de cette date.

Ces accords « déviants » n’avaient pas que le défaut de livrer et d’abandonner une population civile aux terroristes, elle avait son empilement de mensonges faisant croire que rien ne changerait de la vie des Pieds-noirs et des musulmans fidèles à la République française. Rien ? Pourtant, qui a signé ces documents ? Qui a pu nous faire avaler ces dits-accords qui ne valaient rien pour le GPRA, ce fameux gouvernement fantôme algérien ? Je souhaiterai que le document OFFICIEL de cette connivence complice soit enfin révélé au public. Quand ? Que l’on sache que si du côté français il y a toutes les signatures des représentants gaullistes, il n’y a eu qu’une seule signature du GPRA, celle de Krim Belkacem dont on sait le sort funèbre qui lui fut réservé par la suite par ses pairs du FLN !

 

Ainsi donc, le 18 mars 1962, le gouvernement français, par exigence de son chef, se débarrasse de l’Algérie en approuvant un document falsifié, incomplet, donnant finalement que le droit de tuer au FLN par l’État gaulliste !

Le général est satisfait de ces négociations et de ces résultats. Il a gagné ! La parole qu’il avait donnée dans les années 45 à Churchill et Roosevelt de se séparer des colonies prend toute sa valeur avec la fin de l’Algérie, ce fief français que de nombreux propos du général confirment n’avoir jamais souhaité conserver dans le giron de la République. Finalement Évian ? Ces accords entérinent ceux débutés puis avortés à Melun en juin 1960. Deux ans après juin 1958, et ils n’empêcheront pas De Gaulle en novembre, après les barricades d’Alger en janvier 1960, de brandir le spectre de l’indépendance et d’une « Algérie algérienne ».

En avril 61, une partie de l’armée se rebelle : le Putsch des généraux ! Il durera moins d’une semaine et aboutira à la dissolution des régiments parachutistes qui constituèrent le fer de lance du mouvement : 1 er REP, 14 e RCP et 18 e RCP. Cette rébellion ne modifiera pas l’objectif gaulliste appuyé par les socialistes et les communistes pro-FLN et saboteurs dans de nombreux sites de l’envoi de matériels en Algérie, de brader l’Algérie qui court ainsi à sa fin exigée par Paris.

Le temps de l’OAS qui suivit ne durera qu’aux environs d’une année. Un combat d’idéalistes, de soldats croyant à une plus grande France. Des héros au sacrifice incommensurable dans l’honneur, mais toujours non reconnus ! Ce fut une aventure dans le sang et le désespoir, décriée par le camp de l’abandon gaulliste et jamais encore pardonnée.

Il est évident que le gouvernement français avait déjà bien avant le Putsch pris des contacts avec les terroristes du FLN. Melun en 1960, et en février et mai 1961 des « entretiens » débutaient en Suisse. D’un côté Georges Pompidou puis Bruno de Leusse avec en face d’eux Boudmendjel et Boulharouf. En fait, des rendez-vous « préparatoires » à Évian avec Joxe pour la France et Krim Belkacem pour les terroristes du FLN. Ainsi, les cartes truquées étaient disposées sur le tapis vert de la future négociation avec une déclaration du général-président affinant sa pensée d’un abandon du territoire algérien : « La France considèrerait avec le plus grand sang-froid une solution telle que l’Algérie cessât d’appartenir à son domaine. »

De plus, pour prouver ses bonnes intentions vis-à-vis du FLN, De Gaulle décréta une trêve unilatérale sur le terrain de la guerre. Elle permettra aux terroristes de fortifier leurs positions d’autant plus rapidement et facilement que 6.000 détenus fellaghas seront aussi libérés. Une position aberrante de l’Élysée qui s’accompagnera d’une autre concession de taille, le Sahara dans la « corbeille » des noces sanglantes du FLN.

C’est de cette façon que le 7 mars 1962 commencera à Évian plusieurs séries de réunions qui dureront onze jours.

 

Onze jours de concessions, de pantalon baissé, de soumission au desiderata des représentants du FLN en condamnant l’Algérie française, sa population et l’œuvre de 132 années de construction d’une terre nue transformée en un pays moderne. Pour le GPRA qui n’a rien promis et tout raflé de cette manne tombée du ciel, nous retrouvons une partie des représentants algériens de Lugin : Ben Yayia, Bouhlarouf, Ben Mostafa, Ben kedda, Ben Tobbal, Dabbah, Malek et Krim Belkacem. Pour le gouvernement gaulliste, Louis Joxe, Jean de Broglie et Robert Buron qui démissionnera dès la fin des pourparlers montrant ainsi son désaccord sur les aboutissants de ces « arrangements ».

 

Ce fut bien entendu sans illusion que ces accords « déviants » honteux, inimaginables en 1958, provoquèrent le désespoir, l’amertume et la fin décrétée du peuple Pied-noir et des musulmans fidèles à la Patrie. Ce fut le début des pires exactions du FLN, protégé par l’inertie programmée de l’armée et des autorités françaises encore en place. Ce fut le temps de l’abandon des Harkis et des Supplétifs, désarmés et livrés au Douk-douk vengeur du terrorisme ou bien plus, renvoyés en Algérie pour les quelques familles qui avaient réussi à prendre un bateau pour le pays qu’ils avaient défendu contre la barbarie FLN, la France ! Ce fut le temps des kidnappings, de la torture, des assassinats dans les villes et le bled.

Pour accélérer la fin de l’Algérie française et l’Exode, il y eut le 26 mars au Plateau des Glières, au cœur d’Alger entre la Grande poste et la rue d’Isly alors qu’il s’agissait pour la population de protester contre le blocus de Bab-el-Oued, et juste après l’indépendance accordée par le pouvoir gaulliste dans des conditions toujours inacceptables, la tuerie horrible du 5 juillet à Oran.

Dans les deux cas, des hauts gradés de l’armée française fautèrent :

À Alger en alignant des troupes d’anciens fellaghas de la willaya IV soi-disant repentis, qui tirèrent sur une foule pacifique. Sous couvert de l’Élysée, des assassinats programmés par le général Ailleret et Christian Fouchet depuis le Rocher Noir.

J’avais à l’époque écrit ces quelques lignes sur le 26 mars et la Grande Poste en illustrant d’un dessin d’après photo les colonnes de l’édifice en couleur sang.

 

Entre les colonnes rouges,

Comme une entrée des enfers,

Tout à coup plus rien ne bouge !

Mêlés aux assassinés,

Au sol... des ombres en prières.

France ! Ce jour-là, qu’as-tu fais ?

 

À Oran c’est le général Katz, sous les ordres de De Gaulle, qui laissa la foule oranaise se faire massacrer par la population FLN de la ville, en refusant de faire intervenir les troupes françaises sous son commandement.

Déjà, l’Exode avait commencé ! Il y avait ceux qui débarquaient en France dans des conditions particulièrement malheureuses. Ils étaient rejetés, maltraités, méprisés ou traités à leur tour de terroristes et de fascistes par la propagande abjecte du pouvoir et des communistes. Ils étaient Pieds-noirs et des colonies ! Cela suffisait pour qu’une partie des métropolitains les vouent aux enfers !

Pourtant, d’autres français étaient conscients du drame et de la tragédie d’une population française affluant en masse, souvent sans rien d’autre que quelques affaires sauvées dans la peur de l’attentat ou de l’assassinat et effectivement, les Pieds-noirs arrivaient sur le sol de la Mère Patrie sans savoir de quoi leurs lendemains seraient faits. Une terre inconnue pour le plus grand-nombre.

En vérité les accords d’Évian après tous les crimes impunis d’une engeance FLN assassine et la complaisance gaulliste, n’eurent pour résultat que l’Exode pathétique qui suivit. Pour cette raison je veux rappeler ces écrits qui donnent une plus grande résonnance à cette trahison d’État.

 

« 26 mars 1962. Ce jour-là, rue d’Isly à Alger, des hommes qui portaient un uniforme français, agissant selon les ordres de chefs français, ont fauché à coups de mitrailleuses une foule française qui se rassemblait pacifiquement autour des drapeaux français.

Les balles de la rue d’Isly n’ont pas seulement tué des hommes, des femmes et des enfants, elles ont tué l’idée même de la Nation française, telle que nous l’avons connue et pour certains d’entre-nous, adorée. »

            Jacques Soustelle / Le livre blanc sur un crime d’État / c/0 Veritas.

 

Cet autre écrit sur l’Exode est du à la plume de Christian Lepagnot dans la revue « Historiama » / N° 328 du 03 / 1979.

« En France, l’afflux des Pieds-noirs déborde le dispositif chichement prévu pour les accueillir. Leur peine de ces journées sinistres, leur angoisse du lendemain comptent au bilan de l’amère décolonisation. »

 

Enfin il n’est pas possible d’oublier ce que le livre de Jacques Isorni (Jusqu’au bout de notre peine / La table Ronde / 1963 ) rapporte du témoignage du général de Pouilly lors du procès du général Salan à la suite des événements d’Algérie, du Putsch et de l’OAS :

 

« Jai choisi une direction tout à fait différente de celle du général Salan ; j’ai choisi la discipline ; mais en choisissant la discipline, j’ai également choisi de partager avec mes concitoyens et la Nation française la honte d’un abandon. »

 

Toujours d’après Jacques Isorni, le général de Pouilly ajouta :

« L’Histoire dira peut-être que leur crime est moins grave que le nôtre. »

 

2018 ? Cette poignante épopée demeure comme une cicatrice non fermée dans le cœur des Pieds-noirs et surtout un blâme indélébile, ineffaçable, rouge-sang, inscrit dans les tablettes des gouvernements successifs de la Nation.

Combien de temps encore faire croire aux mensonges de cette faute impardonnable pour expliquer l’abandon de l’Algérie ? A priori, il n’y a pas de quartier parmi les ennemis de la vérité pour nous exclure de l’Histoire de France. Après les cérémonies officielles du 17 octobre 1961 et du 19 mars 1962 imposées par François Hollande, en 2015 certains socialistes voulaient faire amende honorable auprès du FLN. Le maire de l’Ile d’Aix et le président de la communauté de Rochefort en Charente Maritime, souhaitaient dresser une statue aux « résidents » FLN emprisonnés au Fort Liedot entre 1959 et 61, Ben Bella, Boudiaf, Keudez et Lacheraf. Une honte ! Faut-il oublier les propos calamiteux de celui qui est devenu le Président de la République en 2017 sur les événements d’Algérie ? Puis tout récemment en cette année 2018, deux parlementaires LREM et PCF, messieurs Cédric Villani et Sébastien Jumel qui viennent demander à Emmanuel Macron la « reconnaissance officielle de l’assassinat par l’armée française » de Maurice Audin, traître à la République pour ces accointances avec la rébellion algérienne.

La France n’est pas encore sauvée de son complexe des colonies !

 

                                                          Robert Charles PUIG / 2018

Mis en page le 26/02/2018 par RP