Mars 2020.

   Comme ce mois est triste lorsque le souvenir s'en empare.

   Tout à coup, il y a dans l'air ce bruit des armes qui tiraient sur une foule pacifiste, cette odeur de la poudre qui transformait cet après-midi ensoleillé en un champ de bataille. Un champ de bataille où les tirs des armes à feu ne venaient que d'un seul camp ! Celui des assassins, des terroristes « repentants », des militaires français aux ordres d'un pouvoir parisien menteur et criminel.

   Le sol de ce jour du 26 mars 1962, entre le Monument aux Morts et la Grande Poste d'Alger était comparable au marbre d'une tombe noirci par le sang des patriotes assassinés. Il y eut 82 morts. Il y eut 200 blessés.

   Le général Pierre Goubard, commandant du 4è Régiment de Tirailleurs a noté le nom de ceux qui ont souhaité éliminer 282 innocents sur les pavés d'Alger en ce début d'après midi devenu sombre comme un deuil : Amarati Mohamed, Khelifa ben Sakhaoui, Youssef ben Amar, Manis Moktar, Caid Mohamed, Bendekin, Bellat Laidi, Blikheri Massaoud, Khelifa Abderahmane, Ziane ben Amar, Gurzalah Mohamed, Moujnibag Mohamed et Habiri Amar.

   Cinquante huit ans après la tuerie, cette tragédie est toujours vivante dans mon souvenir et cinquante huit ans après, je me dis qu'il faut encore se battre, clamer, proclamer, écrire notre Vérité ; être les survivants d'un temps, d'une mémoire, d'une épopée que nous devons à nos ancêtres, à ceux qui sont enterrés là-bas et ceux qui ont disparu sans la moindre sépulture, kidnappés par les terroristes, torturés, morts dans des conditions certainement affreuses !

   Depuis notre Exode de 1962, nous sommes nombreux à réclamer la Vérité sur ces assassinats, ces disparitions, sur ce drame non réparé ainsi que celui qui suivra le 5 juillet 1962, à Oran. Qu'en est-il de notre appel à demander justice pour cette blessure qui nous marque et qui ne cicatrise pas ? Rien ! Toujours rien ! Nous avons face à nous, des hommes politiques sans grandeur et sans le sens du patriotisme qui guidait nos coeurs. Ils ont oublié nos morts des deux guerres, 14/18 et 39/45, lorsque l'Outre-mer sauva la Nation et préserva sa liberté de penser, puis ceux d'Algérie entre 54 et 62.

 

   Aujourd'hui, où est cet honneur, cet orgueil de croire en un grand pays, une Grande France ? Nos hommes politiques fuient la vérité ! Depuis 1962 ils veulent étouffer cette page commune de l'Histoire de France et de l'Algérie française, et aujourd'hui la situation est pire pour notre mémoire !

   Des phrases prononcées depuis quelques années sont celles qui ne savent pas, qui ignorent ou qui acceptent de nous brûler et d'effacer notre trace au nom d'une politique abjecte de repentance.

 

   Un vaste problème que cette « solution finale » que certains veulent nous appliquer.

   Cela ne se réalisera JAMAIS !

   Il y aura toujours des enfants qui protègeront nos racines Pied-noir et perpétueront notre histoire, jusqu'à ce que réparation soit faite à nos 132 ans de présence sur cette terre d'Afrique du Nord.

   Il y aura toujours une partie de la population qui désignera coupable celui qui a osé dire que la guerre d'Algérie était « un crime contre l'humanité », en méprisant ceux qui sont morts pour une paix française, sur cette terre. Des soldats, de jeunes appelés qui faisaient leur service militaire, des civils européens et musulmans qui faisaient confiance à la Nation.

 

   Pourtant, de nouvelles ignominies voient le jour en cette année 2020 ! Plusieurs cérémonies dédiées à De Gaulle... Voir le président honorer de sa présence la dépouille d'un de ceux qui nous voua aux enfers, Jean Daniel suppôt de Mitterrand, puis lire dans les journaux les louanges adressées à un Hervé Bourges pro-arabe et FLN, tout au long de sa vie.

   Puis encore et encore, un autre affront ! Comparer la Shoa avec les événements d'Algérie ! Il n'y a pas eu de «Kristallnatch » en Algérie ! J'espère à ce sujet qu'il y a des personnes de bonne volonté, des anciens combattants, avec nous descendants de ce peuple Pied-noir, qui crient leur honte à cette comparaison. Je pense que nos amis juifs ont bien compris que ce collationnement est incompréhensible pour eux et pour nous, de la part de celui qui a osé prononcer ces mots. Comment oublier les camps de concentrations ? Les millions de morts de cette guerre de 39 / 45 et se permettre ce rapprochement outrancier, déplacé, sans avoir honte d'un tel amalgame ! Des propos scandaleux pour les juifs, car ils minorent le crime nazi contre leurs ancêtres disparus et excessifs pour les Pieds-noirs, car ils donnent des armes de propagande au terrorisme FL haine, toujours au pouvoir en Algérie.

   Hélas ! Après tant d'années, il y a des gens dits-responsables en France, qui n'ont pas le sens de la nuance et du respect de ceux qui ne sont plus. Ils semblent extraire leur politique progressive d'une idéologie de la soumission à l'Orient en demeurant porteurs de l'humanisme douteux d'un Thomas Woodrow Wilson, Président des USA et partisan « du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes », avec un Théodore Roosevelt. Mais, il faut aussi s'en souvenir. Ils se gardaient bien d'appliquer cette règle aux noirs américains qu'ils maintinrent longtemps dans un apartheid condamnable, un « crime racial contre l'humanité !»

   Un « crime » dont le pouvoir parisien en cette année 2020, imbu de sa majorité diffuse, nous accuse encore, démontrant son peu de connaissance de l'Histoire et des circonstances de la grandeur ancienne de la Nation sur les cinq continents.

   Etions-nous les seuls à découvrir, conquérir, pacifier l'Afrique ou l'Asie ? Faut-il rappeler les conquêtes allemandes ou belges, les portugaises et espagnoles en Amérique du Sud ? Les Anglais au Canada ? Les Américains dans l'Ouest de leur continent et l'élimination des Indiens de vastes territoires ?

   En France, à cause de cette province française d'Algérie, c'est le mythe de la repentance qui nous juge et qui espère nous perdre dans le labyrinthe où Minos condamna le Minotaure, mais je suis sûr qu'un jour un Thésée nous sauvera du Monstre et proclamera notre vérité !

   Nous sommes au mois de mars 2020. Il réveille une douleur, un drame. Je me rappelle un de mes oncles... Le corps sous la ceinture percé de plusieurs balles et dans la tête, un autre impact, ce 26 mars. Une mort affreuse. Il fut doublement assassiné ce jour-là par une horde sauvage sous un commandement français guidé depuis le Rocher noir et Paris. Combien d'autres avec lui ?

   Quelle tristesse ce temps disparu ! Serons-nous toujours les seuls à nous souvenir, à commémorer cette date des assassinés par la rage de l'ennemi FL. haine et de nos propres édiles ?

   « Le temps, dit le Roi à Chimène dans le Cid de Corneille, atténue les douleurs, encourage au pardon. » Faudra-t-il pour cela, que notre Histoire et notre honneur ne soient plus bafoués par les cuistres qui nous gouvernent aujourd'hui ?

                                                                      Robert Charles PUIG / mars 2020

Mis en page le 11/03/2020 par RP.