Le
« jour » des meurtres. Nous approchons du jour et de la date terrible qui marquèrent
le 26 mars 1962 à Alger. Ils restent inscrits à jamais
dans l'esprit, l'âme et le coeur de ceux qui vécurent ce
moment de haine d'un pouvoir métropolitain, parisien, élyséen,
contre une partie de son peuple en Algérie française. Ce fut « le jour des meurtres » autorisé
par Fouchet depuis son fief du Rocher noir situé à environ
quarante Km. de la capitale algéroise et d'une armée éradiquée
de son Putsch et décidée, sous le commandement du général
Ailleret, de faire mettre les genoux à terre à une population
qui défilait sans arme, sans peur pour libérer un quartier
de la ville, Bab-el-Oued, encerclé et soumis au contrôle
de la gendarmerie et de l'armée nouvelle, sans ses généraux
Challe, Salan, Zeller, Jouhaud et sans ces militaires qui ont tout risqué
pour une plus grande France : Gardy, Saint-Marc, Godard, Gardes,
Argoud, Lacheroy, Leconte, La Chapelle, Sergent, Bezineau et tant d'autres ! Bien entendu, de l'eau a coulé sur les rues et
les trottoirs d'Alger depuis cette date et le sang de cette sinistre
journée comme la trace de l'infamie ont été effacés,
mais souvenons-nous... Le peuple d'Alger défilait en ce début
d'après midi sous un premier soleil de printemps, pour contester
le sort funeste de Bab-el-Oued isolée du reste de la ville, quand
tout à coup cette manifestation pacifique se transforma en tragédie.
Les chants devinrent des cris de peur, d'angoisse, d'impensables,
d'inimaginables sanglots et les hurlements de douleur précédèrent
un dernier râle. Des cris, des pleurs, de la souffrance et le
souffle roc, essoufflé, de ceux qui agonisaient ! Ils sont blessés ou mourants sous le tonnerre
de la mitraille. Elle durera dix à quinze minutes. Les balles
sifflaient et le son lugubre de la 12,7 accompagnait les rafales de
plomb qui violaient les corps, hachaient les chairs et tuaient des patriotes.
Des clameurs fusèrent sous les colonnes de la
Grande Poste. Elles envahissaient l'air chargé du souffle âcre
de la poudre des armes. Des cris, comme des suppliques, hurlant «
Halte au feu ! Halte au feu ! » pour éradiquer
en vain l'affreux carnage sans que cesse de planer sur la ville la Camarde,
tandis que dans le ciel le vrombissement des hélicoptères
lanceurs de bombes et de grenades avait fait fuir au loin les hirondelles
annonciatrices d'un printemps meurtrier. Ce jour du
sang est toujours présent dans le coeur des Pieds-noirs car ils
sont nombreux ceux qui, avant l'Exode *, ont vu un être cher,
un mari ou une épouse, une fille ou un fils, un père ou
une mère, un parent ou un ami tomber sous les balles françaises
de la honte et du déshonneur, ce 26 mars 1962. Il y a eu des
morts. Il y a eu des blessés.
Il y a eu ce jour-là un véritable « crime
contre l'humanité », lorsque des français ont
tiré sur des français ! Bien entendu,
malgré les bâillons imposés à ceux qui savent, ceux qui ont vécu
ce drame, ils sont nombreux ceux qui ont parlé, ceux qui continuent
de réclamer la « Vérité » sur ce temps étouffé, interdit,
de ce tragique 26 mars 1962 et de bien d'autres dates. Certains ne
sont plus là, mais les vivants, les survivants continuent d'espérer
cette vérité que des « Torquemada » de l'Inquisition nouvelle,
en 2021, ceux que l'on dit « marcheurs » et leurs complices,
veulent enterrer, voir disparaître à jamais de l'Histoire de France.
Ils n'ont qu'un but ces juges à charge qui cautionnent le pire : Apprendre
à conspuer la Marseillaise et à siffler les trois couleurs de la République. Apprendre à
faire du pays la terre de la soumission et de l'esclavage au service
de l'Orient. Apprendre
à la jeunesse à mépriser le sol où ils
sont nés. Apprendre
à la population française à honnir ce temps des héros anciens. Apprendre
au peuple à accuser et condamner ce temps des conquêtes. Il faut
par tous les moyens politiques et les médias aux ordres de la
repentance créer une nouvelle histoire de France, car ils sont
nombreux les porteurs de fausses nouvelles, de contrevérités,
traîtres à l'Algérie française. Il y a les
journaleux gauchisants, bilieux, les politiciens félons qui déblatèrent
sans fin pour faire d'une province française, de notre ancienne
terre maghrébine, celle de nos racines, celle que nos ancêtres
ont transformé en un pays moderne et de cette date du 26 mars
un « non-événement », comme si ce temps des
morts, des assassinés n'existait pas ! Aujourd'hui, Emmanuel Macron décide d'ouvrir
en partie les archives de cette Algérie française aux
chercheurs, aux historiens. Faut-il croire un président qui «
annonce » refuser la repentance mais honore de sa présence
la veuve d'un traître à la France en guerre entre 1954
et 1962 ? Croire un président qui salue dans un acte de
contrition la mémoire d'un responsable FLN qui a des morts sur
sa conscience de rebelle, en condamnant l'armée française
de sa disparition ? Un président qui déclare «
coupable » par ses propos les Pieds-noirs, les anciens combattants
et l'armée en osant comparer le temps de cette guerre au terrible
drame de la Shoah ! Un président qui dépouille la
Nation de ses trophées pour rendre à l'Algérie
FLN des crânes et des archives en signe de soumission à
un pays si peu démocratique qui ne veut qu'une France assujettie
à ses exigences, sans contrepartie. Faut-il faire confiance
à un président qui donne carte blanche à Benjamin
Stora dont on connaît son aversion pour l'Algérie française
afin de réécrire l'histoire de la Saga pied-noir? Il donne
son feu-vert à un « historien » à charge
pour qui les coupables sont les Pieds-noirs et l'armée, sans
tenir compte par esprit partisan de la torture, des kidnappings et des
assassinats par le FLN, ce parti terroriste qui a sur ses mains non
seulement le sang de Patriotes européens d'Algérie mais
aussi celui des musulmans Harkis ou Supplétifs, abandonnés
par le gaullisme en 1962 et qui sont morts avec femmes et enfants dans
d'infernales souffrances ! Est-ce le rapport de Benjamin Stora que le peuple de
France attend ? Personnellement, j'ai des doutes sur la véracité
des propos de Stora et sur la sincérité d'Emmanuel Macron
qui a démontré à plusieurs reprises son mépris,
sa hargne contre ce temps de l'héroïsme, de l'aventure et
de la construction par les Pieds-noirs d'un pays, à partir du
néant. Voilà, à quelques jours de notre cérémonie
de deuil du 26 mars, juste ces quelques lignes que je souhaite vous
adresser en soulignant, comme Joseph Kessel dans sa
préface de « L'armée des ombres » :
« Je voulais tant dire et j'ai dis si peu. » * Paris-match N°3750 du 18 mars 2021 / Les archives de Paris-Match / P 119 / A l'arrivée à Marseille, les pieds-noirs ne sont pas reçus à bras ouverts. Leurs bagages sont fouillés, leur identité scrupuleusement vérifiée et parfois leurs biens volés ou jetés à la mer.
Robert Charles PUIG / janvier 2021 |
Mis en page le 24/01/2021 par RP |