Note d’humeur… Nice, ville d’adoption
C’est à Nice, sous le soleil de la Méditerranée
que de nombreux Français d’Algérie sont venus retrouver un peu de la chaleur
d’une terre qu’ils avaient perdue. Ils se sont installés, parfois avec
difficultés, et ont bâti une vie différente. En aucun cas, cela était une
reconstruction, car… ils avaient perdu leurs racines. Il n’y avait pas un mur à
reconstruire, une maison à réaménager, un bougainvillier à arroser, non !
Il y avait sur le sol de la Métropole quelque chose à bâtir, à faire naître en
totalité, pour une existence nouvelle.
Finalement, pour se reconnaître, à Nice
comme dans de nombreuses villes de France, les enfants de l’Algérie française
ont créé des associations… multiples, car un proverbe l’affirme… « Deux
Pieds-Noirs et cela fait… trois associations : chacun la sienne et une
ensemble ! ». En un sens, c’est notre goût de la diversité, de la
contradiction ; la curiosité de la découverte ou l’exploration de chemins
différents. Au fil des années - car nous nous sentions isolés au milieu de la
Métropole, bousculés par les gouvernements qui nous oubliaient ou mentaient sur
notre passé de Français d’Algérie ; méprisés par les partis gauchisants
nous accusant de tous les maux de la terre ; matraqués d’un flot de
contre-vérités par des médias accoquinés aux pouvoirs en place et partisans,
sans honte, de la désinformation - nous avons eu l’envie de transmettre aux
plus jeunes d’entre nous, notre mémoire de « là-bas », nos us et nos coutumes,
nos espoirs d’une reconnaissance de notre vie d’Outre-mer et de nos valeurs :
le respect dû à nos ainés, au drapeau, à l’armée, celle d’avant la trahison des
accords d’Evian et des massacres qui ont suivi. Nous avons montré un véritable
courage pour résister à la médisance des partis politiques et de la gente
journalistique… sauf quelques journaux si rares, si peu nombreux qui défendent
notre cause.
Du temps est passé. Cinquante ans et je me
sens niçois par le cœur…
Hélas ! En 2011, par la décision du Maire
de Nice et de ses conseillers, où se retrouvent des anciens d’Algérie, j’ai la
surprise, l’affront, d’une statue du général en haut de l’avenue Jean Médecin.
Une décision de Christian Estrosi, entérinée sans un seul refus, une seule
abstention par ses conseillers issus des anciens départements de l’Algérie
française. Bien entendu j’ai écrit, j’ai protesté, mais ma lettre, si elle a
reçu une réponse est restée… « lettre-morte », sans effet contre
cette volonté de nous faire un pied-de-nez. Pire encore, le jour de
l’inauguration de cette statue, des policiers et les CRS nous ont – comme
aux temps d’avant 1962 à Alger ou Oran… – interdits de manifester notre
désapprobation à cette réalisation, au cœur de Nice, la ville qui avait si bien
su nous recevoir.
Aujourd’hui, cela fait cinquante ans que
nous avons quitté l’Algérie française sous le poids des menaces, des crimes, du
vandalisme haineux du FLN et de sa collusion avec une armée remaniée après le
putsch de 1960 et une gendarmerie méconnaissable, laissant le terrorisme
imposer SA loi. Entre-temps, Français d’Algérie nous sommes devenus
« Pieds-noirs » parce que la Métropole ne nous reconnait pas parmi
les siens.
En
effet, nous étions fiers d’être Français et le sommes toujours ; fiers
d’une grande Nation ; du Bleu, du Blanc et du Rouge de notre
drapeau ; fiers d’une armée de l’Empire et des Colonies et… c’était là
notre drame…
Nous défendions des valeurs sacrées, au
lieu de siffler la Marseillaise ; de critiquer l’armée avec des associations
antipatriotiques… Nous étions hors de notre siècle qui se vend au pacifisme et
aux extrémistes gauchisants, accompagnés de médias éduqués à mentir.
Nous savons bien que notre route aura une
fin, un jour, mais la flamme qui nous anime ne s’éteindra jamais, même si le
combat est rude et les pièges nombreux.
Nous en avons un nouvel exemple, à Nice
encore… Le Maire, qui fait feu de tous bois, après l’outrage de la statue, veut
récupérer nos voix pour les prochaines élections. Pour cela, avec quelques
anciens « de chez nous », il envisage le 20 juin 2012 d’inaugurer un
monument pour commémorer le cinquantenaire de notre présence en métropole. Il
veut sans doute se faire pardonner sa statue, se réconcilier avec ces Français
d’Algérie, tellement Niçois par leur travail et leur cœur. Pour cela, bien
entendu, il se fait accompagner de quelques associations qui acceptent de
parrainer ce nouvel événement : un monument sur la promenade des Anglais pour
marquer l’exode. Ainsi, après la statue du général… le monument « Pied-noir »
pour nous amadouer, nous em… bobiner ! Pour marquer
cet événement, avec des associations issues du « sauve-qui-peut »
face aux tueurs du FLN, un comité est constitué et il est demandé à tous les
Français d’Algérie de prendre fait et cause pour cette idée !
Où
va-t-on ? Je croyais, au rassemblement d’Antibes de décembre 2011, que
nous étions tous unis pour un même combat. Non ! Certains pactisent avec
le pouvoir niçois. Il me semble que ces individus sont atteints du syndrome de
Stockholm ! Ce lien de sympathie étrange où la victime se lie à son
bourreau, se fait l’avocat de sa cause, comme soumise ou hypnotisée par les
forces du mal qui l’ont vaincue.
Bien entendu, l’idée d’un grand monument,
j’en rêve depuis cinquante ans.
Une œuvre identique à celle du Monument aux
Morts d’Alger, au plateau des Glières et j’espère qu’il se fasse, un jour. Pas
sur la base d’une « récupération politique » malvenue ; pas avec
l’argent des contribuables niçois, mais avec un financement de bénévoles et de
l’Etat, en reconnaissance des mensonges de ses élus, pendant si
longtemps ! Voilà mon rêve !
En vérité, je l’avoue, je me sens pris entre
deux positions contradictoires face à cette initiative niçoise. Ne pas en être
et passer pour un ingrat, un égoïste, ou accepter ce projet et donner au Maire
de Nice un aval, loin de refléter ma pensée. Pourtant, si je reste contre ce
projet de la mairie et des quelques oublieux de notre « là-bas », il
me faudra du courage pour refuser d’assister à l’inauguration d’un Monument qui
rappellera notre Histoire, qui s’inscrira dans le sol de la Métropole comme le
dernier symbole de notre mémoire, si longtemps outragée, méprisée, par ceux-là
mêmes qui veulent le construire.
Par respect pour nos morts, nos
disparus, nos assassinés : Soldats appelés ou engagés de Métropole,
Français d’Algérie, Musulmans fidèles à la Patrie, POUR EUX, parce qu’ils
méritent mieux, je n’irai pas à l’inauguration de la première pierre de ce
monument prisonnier des mensonges de l’Etat, et que je ne le considèrerai
jamais comme le NOTRE.
Robert
Charles Puig / janvier 2012