81 /                                                                                J’aimerai tant que cela change...

 

« Je sais le poids de leur tristesse, de leur inquiétude et de leur colère. Ils disaient qu’ils avaient tout perdu ; et si on les interrogeait, ils dressaient volontiers - même les plus démunis - le bilan des dommages matériels que leur faisait subir l’exode. Ils noyaient ainsi les véritables raisons de leur peine et dissimulaient ce que leur pudeur se refusait à avouer. Car ce qui leur infligeait la plus douloureuse blessure, ce n’était ni les biens, parfois dérisoires, abandonnés de l’autre côté de la mer, ni l’argent, ni la terre, ni la maison, ni l’emploi perdu ; c’était ce continent collé à leur peau et à leur chair qu’on leur arrachait... un continent semé d’oasis d’années heureuses et de grandes palmeraies de souvenirs d’enfance. C’était aussi comme une dimension de la France à laquelle on leur interdisait désormais de rêver, et ils avaient tellement paré le vieux pays, quand ils étaient loin de lui, de toutes les grâces et de toutes les vertus qu’invente la ferveur, qu’au moment où ils y posaient le pied, ils s’étonnaient de ce que les réflexes de la colère l’emportassent sur ceux de l’amour. »*

* Jean Brune / Lettre à un maudit / Editions de la Table Ronde / 1963.

 

Que dire après ce texte, émouvant mais cruellement vrai ?

1962 ! Des désillusions, de l'amertume en nous réveillant à l'heure de la défaite souhaitée, décidée par le "général-président" Charles De Gaulle. Dans les écoles, en Algérie, on nous enseignait cette phrase risible et insensée : « Nos ancêtres les Gaulois… » Nous devions connaître les fleuves et les départements de France par cœur, bien souvent sans rien apprendre sur notre pays, cette Algérie où nous sommes nés !

Ces quelques lignes que je vous adresse, ne sont pas écrites pour s'étendre sur tous les drames vécus en Algérie par trop de monde, européens ou musulmans, même si nous n'oublions pas, la partie sombre de l’Histoire… Les grenades et les bombes jetées dans les bus ou les tramways pour tuer des civils et les attentats dans les fermes du bled; les blessés et les morts… Les arrestations et la torture des civils européens à la caserne des gardes mobiles à Hussein-Dey et aux Tagarins… Les fouilles par les militaires ou les CRS dans les rues des villes… Le rôle des "barbouzes" du gouvernement dans les enlèvements et les disparitions… Le 26 mars... Des livres documents ont décrit cette tragique journée :

« Le livre interdit - Alger le 26 mars 1962 » / Edition Atlantis... « Le nouveau livre blanc sur un crime d’Etat - Alger le 26 mars 1962 - Nouvelles révélations » / édité par Véritas... Enfin, un livre qui est un véritable cri d’amour d’une femme pour son mari assassiné : « Le plateau des Glières » de Simone Gautier / Collection esprit de notre temps... Puis, comment évoquer l'après indépendance et la tuerie du 5 Juillet à Oran ? Ce drame fut étouffé par les "nouvelles autorités du pays", et les journaux de la Métropole occultèrent l'ampleur de ce désastre.

Tous ces événements, d'autres les ont écrits mieux que je peux le faire.

Je veux juste rappeler le désespoir des rapatriés, arrivés par bateaux ou par avions en terre de France et qui ne rencontrèrent que l'indifférence sinon la haine de beaucoup trop de monde et d'hommes politiques. Un exode non souhaité, au prix d’un titre de transport !

C’est un devoir, ce droit de nous souvenir des larmes des anciens, débarquant pour la première fois sur le sol de la Mère-Patrie. Ils furent si mal reçus ! Ne l'oublions pas. Ceux qui pensaient avoir sauvé dans leur fuite de l'Algérie des objets, des souvenirs dans les fameuses caisses en bois qui traversèrent la Méditerranée, ne se rendirent pas toujours compte que les dockers de Marseille ou d'ailleurs, par esprit de bassesse, pour obéir aux ordres de la CGT et d'autres organismes de gauche, trempèrent les containers dans l'eau des ports, avant de les ramener à quai… Puis il fallait descendre sur le quai d’un port, le tarmac d’un aéroport, sans idée du futur... Se retrouver sur le quai d’une gare, parfois sur la route, dans une voiture immatriculée « AL », Alger, et subir les invectives de passants grossiers... Trouver une chambre d'hôtel, un toit, nourrir une famille… Qui ne se souvient pas de cette course d'obstacles pour être reconnu comme Français, avec les mêmes droits ! Nous étions méprisés par un pouvoir qui ne savait que faire pour disperser ce peuple en dérive, en péril, en deuil !

Pour beaucoup d'entre nous, si la plaie est fermée, la cicatrice est ineffaçable. 1962… Une fois en France, il fallait construire une nouvelle vie… L’ancienne était morte ! La famille, les amis ? Nous nous trouvions éloignés les uns des autres par les circonstances d’un exil involontaire et l’impréparation des autorités à faire face à notre détresse.

À partir de ce moment, nous avons eu nos peines, nos joies… Nous avons eu nos morts… Ils reposent au cimetière Saint-Pierre de Marseille ou d’ailleurs. D'autres anciens disparurent. Ils laissent un vide dans la bibliothèque de nos souvenirs… Nous ne les avons jamais bien écoutés et trop de souvenirs, de photos, d'objets sont restés là-bas… perdus… Nous avons certainement oublié beaucoup d'événements de notre Histoire… Qui étaient-ils ces hommes, ces femmes à qui la France reproche d'être des colons ? Une population au travail, exactement comme les artisans, les ouvriers, les commerçants ou les cadres de cette Métropole qui a voulu nous rejeter. Une Nation qui nous a traités de factieux alors que notre honneur était le drapeau bleu, blanc, rouge et que notre passion du patriotisme mettait à égalité la Marseillaise et le Chant des Africains !

Nous admirions cette plus grande France et nous restions prêts à mourir pour elle, comme ces hommes de l'OAS espérant une Nation fière de ses enfants. Nous étions des gens du peuple. Ni riches ni esclavagistes ! Chacun faisait son chemin : armée, administrations civiles ou sociétés privées, artisans, commerçants ou professions libérales… avec le souci et l'envie que les enfants fassent mieux et s'assurent d'une meilleure existence. Les parents, les amis, les connaissances proches ou lointaines étaient des gens au travail. Qui était vraiment riche ? Les anciens avaient trimé, souffert. Avec cœur et courage, ces gens aventureux réussissaient à construire, à créer, à fonder une famille. Ils utilisèrent toute leur volonté pour s'élever dans la hiérarchie du monde au travail, en se sacrifiant pour que leurs enfants aient une autre vie. Ils avaient presque réussi lorsque De Gaulle les a bernés; nous a bernés par ses mensonges. Oui ! Ils étaient des gens heureux, avec des enfants qui façonnaient leurs chemins bien mieux qu'ils avaient pu le faire. Ils réalisaient un rêve !

 

2012. Une page est tournée ! Une très longue page mais avec le goût amer que notre histoire reste falsifiée. Que nous apporte le présent ? La même indifférence, le même mépris que depuis cinquante ans. Au cours des diverses présidences depuis 1962, rien n’a changé dans les discours des autorités si peu sensibles à notre peine, avec en prime la haine entretenue par les milieux gauchisants et les mensonges des médias. Aucun des Présidents, depuis l’indépendance de l’Algérie, n’a eu un geste de reconnaissance pour notre vie « là-bas ». Nicolas Sarkozy, enfin, se refuse à prononcer le mot si horrible : « repentance » que demande l'oligarchie algérienne. Pourtant au fil de ses discours des nuances apparurent… Si certaines phrases lors de son voyage en Décembre 2006 en Algérie, témoignèrent d'une sorte de fermeté : « Je ne suis pas venu nier le passé. Mais, je suis venu vous dire que le futur est important… » Des paroles nous étonnèrent, lorsqu'il dénonça le "colonialisme" : «… Le système colonial était injuste… il ne pouvait être vécu autrement que comme une entreprise d'asservissement et d'exploitation… ». Il aborda de la même manière ce thème (02 / 2012), pour répondre au Premier Ministre Turc, après la dernière loi mémorielle votée par le parlement français. « ... Les pages noires de l’histoire de France. »

Le Président de la République oublie de se replacer dans ces dix-huitième et dix-neuvième siècles où la conquête des territoires étrangers était saluée comme une nécessité politique et économique par l'Europe. Il émet un jugement de valeur inadéquat avec le temps et les mœurs de l'époque. Pourtant, convenons-en, il nous a fallu attendre plus de quarante ans après Pompidou, Giscard d'Estaing, Mitterrand et Chirac, pour qu'un Président de la République affirme sa volonté de ne pas répondre aux exigences dépassées de l'Algérie. Un geste que nous attendions, d’autant plus qu’il semble enfin reconnaître le rôle des Harkis et des Supplétifs dans la guerre d'Algérie, et promet des mesures réparatrices… un peu tardives… 1962… 2012 !

Sommes-nous sur la voie de la réconciliation nationale ? Arrive-t-il ce temps de l'apaisement tellement plus long à se dessiner que celui qui suivit la deuxième guerre mondiale ? Environ quinze ans pour le conflit mondial (1945/60) et pour nous, pour notre histoire, un demi-siècle ne semble pas suffisant !

 

2012. Le doute m'assaille ! La géopolitique de la France prime-t-elle sur la reconnaissance de notre rôle dans les colonies ? Trop de personnes nous ont reniés et continuent à nous montrer du doigt, comme des criminels. Ils gravitent dans les couloirs de l'Elysée, de l’Assemblée Nationale, du Sénat... Des Ambassadeurs de France en Algérie renient et fustigent notre passé… Collin de Verdières ; Barjelet ! Un Secrétaire aux anciens combattants, Alain Marleix, prêche une forme de "contrition" à Alger… Un Ministre de la République, Ministre de l'éducation nationale et Maire de Périgueux, Xavier Darcos, adoube une plaque du 19 Mars… Une cérémonie qui n'est pas la dernière, hélas ! Dans d'autres villes de France "fleurissent" des "enseignes" sur le « cessez-le-feu » à la gloire des poseuses de bombes du FLN… Des faits et des discours qui ne répondent pas à notre attente et n'apportent pas d'éclaircies à notre situation de Pieds-Noirs, comme si une "Grande Ombre" obscurcissait la Vérité. Que dit François Hollande ? « La colonisation appelle la plus juste condamnation. » (2006). En 2012, il souhaite le vote des étrangers ! Une photo circule sur le web. Il fait l’accolade à Ben Bella... À Paris, Bertrand Delanoë a inauguré une plaque commémorative à la gloire de la manifestation FLN de la capitale le 17 Octobre 1961 et parraine des films pro-FLN ! Cela continue à l’occasion de notre cinquantenaire du souvenir : 1962 / 2012 ! Des colloques FLN ; des réunions de traîtres, accusateurs mensongers de notre passé, alliés à de trop nombreux médias qui font la part belle au FLN et aux traitres de la gauche française... Des anciens terroristes et des poseurs et poseuses de bombes sont invités dans la capitale mais aussi à Toulouse, Evian, Marseille, Nîmes... Des mairies, pourtant dites de droites, et je ne parle pas de la félonie de celles de gauche, fêtent le 19 mars. Ils oublient ces maires, les morts, les disparus, les femmes violées, les enfants assassinés et les jeunes militaires métropolitains enlevés et torturés... et Nice laisse faire des réunions par la Ligue des Droits de l’Homme (LDH) qui nous montrent du doigt, nous accusent !

 

2012 ! Il nous faut encore patienter ! Encore… encore… et dénoncer chaque fois que cela est possible les mensonges, les écrits malveillants et la stupidité hargneuse ou schizophrène des associations gauchisantes sur notre rôle en Algérie, sur cette partie du passé de la France ! Nous sommes comme les derniers des Mohicans… Qui prendra notre suite, qui défendra notre mémoire et notre honneur de Pieds-Noirs ? Nous aimons la France, mais "Elle" est polluée par son complexe de la colonisation et les mensonges de la cinquième république !

 

Les uns et les autres, nous, les survivants de l’exode, sommes toujours heureux de nous réunir, de parler de ce passé où nous retrouvons "l'accent" et de nous souvenir des gestes typiques comme le "tape-cinq !", d'autres expressions familières ou des recettes de cuisine de notre terre perdue. Bien entendu, nous essayons que ces agapes soient l'occasion d'un moment de joie et de bonheur devant un apéritif avec des olives et des tramousses, de la soubressade et du boutifare, (ce boudin noir mangé avec un bout de "pain espagnol") et un verre d'anis blanc, le Cristal Limiñana… ou l’anis Gras ! Bien entendu quand la saison s'y prête, ce n'est plus devant un couscous ou une paella, mais autour d'un barbecue avec des merguez, des petites brochettes d'abas "maison" et un bon vin rosé comme "là-bas", que les souvenirs ressurgissent. J’ai tellement le souvenir de Fort de l’Eau... Alors parfois, dans nos réunions, il y a un moment de silence, de mémoire et de nostalgie... Cela ne dure pas !

À travers nos joies ou nos pleurs, le combat pour la vérité reprend !

 

Il me faut pourtant rappeler ce passé !

Un gouvernement Français acceptant tous les affronts de l'Algérie de Ben Bella en continuant à soutenir financièrement ce pays "indépendant" en cessation de paiements. La France alimenta les caisses de l'Algérie durant une très longue période, sans la contrepartie de la moindre reconnaissance.

« M. Michel Debré ne prévoyait pas que, débarrassée de sa minorité européenne, l’Algérie n’en continuerait pas moins à exiger le soutien technique et financier de la France. La « coopération » s’exerce à sens unique. »*

*Marcel-Edmond Naegelen / Une route plus large que longue / Robert Laffont.

Une autre information confirme les propos ci-dessus :

« C’est un échec flagrant que celui des négociations et de la coopération franco-algérienne. Après avoir tout cédé... (La France a...) acheté 75 FR l’hectolitre de vin algérien que les Russes payaient 35 FR... versé plus de 700 milliards d’anciens francs entre 1964 et 1970... abandonné un patrimoine évalué à 7000 milliards et 550 milliards de trésorerie... »*

*Déclaration de Jacques Soustelle (06 / 1971) au Mouvement National Progrès et Liberté.

Il y a donc eu la lâcheté de l'Exécutif parisien à faire respecter le moindre alinéa des accords d'Evian du 19 mars 1962. Ne l’oublions pas ! En dehors d’un FLN terroriste, qui a participé à ces réunions d’Evian ? Ni le MNA de Messali Hadj, ni les Européens d’Algérie, ni aucun autre représentant d’une sensibilité différente du FLN. Ce fut une guignolade inventé par le pouvoir parisien. Ses représentants mériteraient le tribunal de La Haye !

Certains aujourd’hui, en 2012, fêtent cette honte comme une victoire française ! Comment expliquer l'abandon de Réganne, de Colomb-Béchar et des infrastructures atomiques ; du sous-sol de cet immense désert riche en gaz et en pétrole ? Comment avouer l’abandon des populations nomades du Sahara, retournées à la misère et au mépris des nouveaux "pachas" d'Alger, puis vers la rébellion et le terrorisme… En effet, nous avons livré ce peuple Touareg au FLN. Nous l’avons laissé démuni de tout et le nouveau pouvoir n’a rien fait pour eux. La situation actuelle du Sahara et de ses tribus est le résultat de notre indifférence ! Autres erreurs ? L'abandon de la base de Mers-el-Kebir ou celle du Bois de Boulogne, à Alger qui coûtèrent des millions aux contribuables français sans que ne soient respectées les dates de conservation des sites ou un dédommagement.

1954 / 1962. Il y a eu les saboteurs de la République ! Des hommes de mauvaise foi des partis politiques et des syndicats gauchisants; des propagateurs de fausses nouvelles; des saboteurs de convois militaires en partance pour l'Algérie. Surtout, des complices du terrorisme ou pire, des « porteurs de valises » et des poseurs de bombes traîtres à l'honneur de la Nation dans son combat contre le terrorisme.

Il y a plus en 2012 ! Il y a toujours ces dits-philosophes, ces faux écrivains et ces artistes dont les ancêtres furent Français par la loi Crémieux de 1870 et qui déblatèrent minablement sur le rôle de la France dans les colonies... Ces mairies qui reçoivent des ennemis de la France : des représentants du FLN de ce temps damné !

Il faut s'en souvenir ! Il y a eu les vérités cachées au peuple de France sur les exactions et les atrocités du FLN. Le gouvernement et les médias n'ont désigné qu'une cible : l'OAS et les Pieds-Noirs. Beaucoup de médias ! Radio, télévision, presse écrite... Des journaux toujours subventionnés par l'Etat sont la voix et la plume de Moscou ; les diffuseurs de la pensée communiste la plus répressive et la plus démagogique, ainsi que les porte-drapeaux et les propagandistes d'un FLN assassin. France télévision et « Banal + » sont aujourd’hui sur ce même chemin de la désinformation.

Il faut s'en souvenir ! Il y a eu les barbouzes ! Des bandits sortis des geôles Françaises avec la bénédiction de l'Exécutif parisien et de son Ministre de l'Intérieur Roger Frey. Dans une intervention parjure à l'Assemblée Nationale, il nia leur existence. Pourtant, leur rôle en Algérie fut terrible : exactions diverses, tortures des partisans de l'Algérie Française et meurtres. Quelques années après l'indépendance de l'Algérie, des charniers, témoignage de leurs basses-œuvres, furent découverts dans des villas du haut d'Alger.

Il y a eu les CRS et les gendarmes de Debrosses ! Des militaires aux attitudes S.S. dont ils employèrent les méthodes et même le vocabulaire en s'adressant à leurs victimes en allemand. Hussein-Dey et les Tagarins furent au centre de leurs lamentables exploits.

Il faut s'en souvenir ! Le pire des crimes, en sus des crimes des terroristes commis sur cette terre du soleil, hissée de la barbarie de 1830 au rang de terre civilisée du vingtième siècle fut, au soir du massacre des civils algérois par l'armée française, le 26 Mars 1962, le discours télévisé du Président de la République. Il ne dit pas un mot de ce drame. Il ne fit aucune allusion à cette tragédie ; ne prononça pas une phrase pour exprimer un quelconque regret des assassinés et des blessés, achevés par des hommes en tenue militaire française.

Les Harkis et les Supplétifs musulmans furent abandonnés à la vindicte et au massacre du FLN. Nous ne savions pas tout de ce drame ! Le pouvoir renvoya en Algérie une partie de ceux qui avaient rejoint la France, avec l’aide de leurs officiers. Sur les quais algériens, des terroristes abreuvés de sang et de haine les tuèrent, les massacrèrent : femmes, enfants et hommes d'honneur qui avaient cru en la France et avaient combattu, pour elle, les fellaghas. C'est un télégramme officiel N° 125/IGAA/CAB du 16 Mai 1962 du Ministre des Armées Pierre Mesmer, qui indique à Christian Fouchet, au Rocher-Noir : « Ministre d'Etat demande à Haut Commissaire rappeler que toutes initiatives individuelles tendant à installation en Métropole Français-Musulmans sont strictement interdites. »

Il faut s'en souvenir ! L'Algérie, après Alger, ce fut Oran ! Le 5 Juillet 62 des centaines de personnes massacrées ou portées disparues que l'armée française en poste dans cette ville, sous le commandement du général Katz, a ignorées… Il faut lire l’important et documenté travail de Geneviève de Ternant : « L’agonie d’Oran (3 tomes) - Enquêtes et témoignages sur le 5juillet 1962 à Oran » / Editions Gandini / Nice.

Il y a eu les crimes odieux et les atrocités haineuses du terrorisme dans le bled sur des femmes et des enfants. Des européens et des musulmans disparus, assassinés d'avoir cru en l'honneur de la France… La Patrie ! Les cinq ou six cents militaires Français prisonniers de l'Etat algérien depuis 1962 et dont la France se désintéresse toujours.

Il faut s'en souvenir ! En Algérie, un peuple en pleurs au bord des quais sur les ports ou au pied des passerelles d'embarquement dans les aéroports. Ils ont quitté leur terre pour un autre monde qu'ils croyaient le leur. Ils furent désespérés de la manière dont la Métropole les reçut : une terre de liberté, d'égalité et de fraternité qui voulut les rejeter à la mer, comme le souhaita en séance de l'Assemblée Nationale, Gaston Deferre.

 

Je suis au terme de mes écrits sur ce sujet et j'affirme : Souvenons-nous et agissons ! Avec les regrets que depuis tant de temps rien ne soit fait pour reconnaître les mensonges des élus du peuple et effacer l'opprobre des ignorants. Le devoir de chaque Pied-noir est d'ouvrir les yeux des Métropolitains qui depuis cinquante ans portent des œillères et ignorent la vérité sur cette époque, parce que des ultragauchistes de tous poils et des médias "torquemadatesques" sont encore aux commandes des postes-clefs de la désinformation.

 

2012 ! Ce qui est grave ? Des hommes, des femmes s'acharnent, en France, à salir notre mémoire de Français d'Algérie, de Pieds-Noirs dont je revendique le titre comme un honneur ! Cinquante années après notre départ de cette terre de « barbarie » que nous avons transformée en Algérie du vingtième siècle, la Cinquième République née sur la cendre de nos ancêtres, continue à vouloir nous occulter de l'Histoire de la Nation !

La Troisième République ouvrit à l'immigration une terre sans racine. Nos ancêtres sont venus pour ensemencer ce sol ingrat ; créer une province française et faire grandir une jeunesse croyant en la grandeur de la France. Ils ont donné leur vie pour la Patrie, pour son drapeau et pour son hymne. Que reste-t-il de cela ? Les cris d'orfraies de quidams de mauvaise foi, qui nous montrent d'un doigt en nous traitant de fascistes et d'esclavagistes. Ils ne se souviennent pas des victimes du terrorisme. Ils veulent ignorer que des  soldats Français étaient prisonniers du FLN (le front de libération national algérien) au moment des accords d'Evian et qu'à partir de cette date, les enlèvements, les kidnappings de civils se sont multipliés dans les villes et dans le bled algérien, sans que l’armée ou la gendarmerie n’intervienne. Le pire ? Aucun gouvernement de la Cinquième République n'a demandé de comptes à l'Algérie. Aucune association humanitaire n'a obtenu de l'Etat Français ni de l'Algérie, les moindres informations sur ces Otages et ces Disparus.

 

2012 ! Une lueur d’espoir. Le Centre de Documentation des Français d’Algérie et le mur des Disparus, à Montpelier, sont enfin la première trace de cette reconnaissance. Cela ne s’est pas fait sans mal, sans combat contre des forces de gauches et l’attentisme du pouvoir. Pourtant, des milliers de familles attendaient cette « Maison du souvenir » et ce monument.

              Mais pourquoi si peu d'humanité de trop de gens, en cette année 2012, pour notre mémoire ? Pourquoi des forces obscures, toujours vivaces dans notre France, réussissent-elles à mentir, à crier à hue et à dia contre le passé des colonies et principalement la période de cent trente deux ans de l'Algérie, territoire Français. Pourquoi tant de villes ouvrent-elles leurs portes aux assassins ? Les drames récents de Toulouse et Montauban ne les éclairent-ils pas sur l’œuvre d’un djihad et d’un communautarisme sournoisement présents dans nos cités ?

Faut-il que le pont Bayard devientne le pont honni d’un 19 mars ? Le pont de la honte !

Quelle tristesse d'entendre des élus, comme le Maire de Toulouse, socialiste,  renier notre mémoire, œuvrer à notre fin par des gestes, des propos dignes de méthodes dictatoriales et quelle honte de savoir certains Pieds-noirs s’accoquiner à ce système !

Mes craintes ? Ce communautarisme radical qui nous envahit... Cette obsession de l’Islam ! Cette manière de certains, des illuminés, de « vouloir » excuser les crimes de Toulouse et Montauban... La Marseillaise sifflée dans les stades d’une France qui se plie, se courbe, s’agenouille et se vend à l’Orient... Ce désir d’occulter une partie importante de l'Histoire de la Nation, en Algérie, et de son Armée d'Afrique. Oublie-t-on qui a contribué, par deux fois, à libérer le pays de l'esclavage : 14/18 et 39/45 ?

 

Les présidentielles de cette année nous donneront-elles enfin la réponse que nous attendons : la reconnaissance des mensonges de l’Exécutif de la première présidence de la cinquième République ? La vérité sur le drame de notre exode et les crimes commis durant ces huit années de guerre ?

Dans son livre : « Un silence d’Etat - Les disparus civils européens de la guerre d’Algérie », Jean-Jacques Jordi évoque, décrit cette terrible époque et souligne ses propos avec des éléments d’archives. Dans ses pages, tout est sujet à tristesse et colère ! Par exemple sur les disparitions forcées : « La France semble avoir été particulièrement active dans l’établissement de cette convention. Elle aurait pu, dans l’historique qui pousse des Etat à dénoncer les disparitions forcées dans le monde, faire état de la situation des Français disparus en Algérie surtout après mars 1962 et d’autant plus après la proclamation de l’indépendance de l’Algérie le 5 juillet 1962. En réalité, ces disparitions sont ignorées... »

Lorsqu’à nouveau il évoque cette terrible époque, (p. 44 / 45) c’est pour noter les enlèvements, les séquestrations, la torture, les exactions diverses et les charniers qui sont la marque du camp FLN et pourtant, nous sommes encore en territoire français en mai 1962 ! Extrait de la page 106: « Nous pouvons dire qu’une grande partie des enlevés, encore disparus de nos jours, ont été torturés... Ainsi en est-il des jeunes femmes violées et envoyées dans des bordels comme il en est de ces enlevés qui donnaient, bien malgré eux, leur sang.»

(Archives de la Présidence de la République du Général De Gaulle - Fonds Solferino / 5 AG 1 / Sol / 788 : Ces personnes n’ont pas été égorgées mais vidées de leur sang d’une manière chirurgicale !)

Les archives nationales sont ses preuves. Il a été le seul à avoir pu les consulter... partiellement !

 

Qui sait ce que sera notre « demain » ? Nos espoirs de Pieds-Noirs pour que l’Histoire soit rectifiée sur ce temps du sang, en Algérie, resteront-ils vains ?

Des élections approchent... Nous rangerons-nous une fois de plus, si cela doit être le cas et en ajoutant foi à la fiabilité des sondages actuels, vers le moins des pires présidentiables, au deuxième tour ?

Un candidat un peu oublieux de ses promesses ; un peu hésitant à reconnaître la montée du djihad et du communautarisme dans les banlieues ; innocent vis-à-vis du nombre incalculable d’associations qui déblatèrent sur la France, mais sont grassement subventionnées par les Mairies ; emprunté face aux discours doctrinaires et intolérants d’une Algérie despotique ; frileux sur la mémoire Pied-noir ; ignorant du désintéressement de la jeunesse à son Histoire, formatée par une Education Nationale minée par son « relativisme » destructeur... mais un candidat qui n’invitera pas le FLN aux cérémonies du 14 juillet 2012 !

 

                                                                                      Robert Charles Puig / avril 2012

Mis en page le 11/04/2012 par RP