JUILLET : L’INDEPENDANCE.

 

                                              Mois de juillet, le trois.

                                               Des cris éclatent, des cris de joie.

                                               Le pays s'offre un nouveau destin.

                                               Des drapeaux aux nouveaux dessins

                                               Claquent et cinglent aux nues.

                                               La foule court les rues.

                                               Une foule barbare et acharnée

                                               À prendre… à détruire… à casser.

 

                                               Mois de juillet, le trois.

                                               Monte au ciel le chant d’un jeune Etat

                                               Né à l'aube d'un nouveau matin.

                                               La cohue applaudit sans fin

                                               Cet ordre nouveau,

                                               Applaudit un drapeau

                                               Qui passe… Un défilé militaire…

                                               D'hommes qui n'ont jamais gagné la guerre.

 

                                               Mois de juillet, le trois.

                                               La capitale n'est qu'une voix

                                               De cris où joie et rage s'enlacent,

                                               Pour effacer des murs la trace

                                               Du sigle* blessé.

                                               Le peuple est déchaîné.

                                               Un peuple ivre de posséder

                                               Les biens que d'autres avaient abandonné.

 

                                                                      ***

 

                                               Mois de juillet. Le trois !

                                               J’attends que la nouvelle loi

                                               Qui me fait étranger

                                               À ma propre Cité,

                                               Inscrive sur mon destin,

                                               Ces mots : « À suivre ou Fin »

 

 

             * OAS

Robert Charles PUIG

 

J’ai écrit ce texte il y a longtemps... très longtemps.

Il avait une première raison : se souvenir que j’étais encore à Alger ce 3 juillet 62. Etions-nous si nombreux que cela ? Je ne le pense pas sauf par obligations ; en attendant un billet d’avion ou une carte d’embarquement ; parce que des anciens étaient encore là, ou tout simplement parce qu’il était difficile de croire que cette journée du mensonge et de la honte, tout à coup nous faisait basculer, nous les Pieds-Noirs, dans le camp des étrangers. Pourtant les rues n’avaient pas encore changé de nom et le ciel de juillet était à Alger bleu et ensoleillé... Je savais que je devais partir, mais mon horizon restait encore imprégné de tant de souvenirs, de tant de lieux où mon empreinte pied-noir était passée.

Non ! Nous n’étions plus si nombreux que cela malgré les mesquineries d’un journaliste saboteur et en mal de notoriété qui se glorifie d’un titre en 2012 : « Deux cent mille Pieds-Noirs sont restés en Algérie ». Ce M. Daum, si je me souviens bien de son nom, prouve simplement combien des dizaines d’années après notre Exode nous restons incompris ou sournoisement critiqués par la mauvaise foi d’un individu pondant un récit qui n’est véritablement pas une page d’Histoire. Il fait partie de ces scribes des temps du gaullisme ou du socialisme pour qui nous ne sommes que des cibles bonnes à abattre. Il se trompe ce pauvre monsieur et s’il avait fait preuve d’honneur et d’étique journalistique, il aurait dû savoir qu’en Algérie il ne reste qu’environ cinq mille Pieds-Noirs tout au plus et que même les fameux pieds-rouges qui croyaient en un « paradis » du prolétariat sont vite rentrés en Métropole et se gardent bien de nous raconter leurs aventures algériennes.

Juillet 62 ! C’est avant tout une anomalie de l’Histoire de France par cet acte qui a suivi les tristes accords d’Evian où le gouvernement français, par la volonté du général De Gaulle président de la République a « donné » un droit de tuer au FLN en interdisant à l’armée ou à la gendarmerie d’intervenir sur le terrain, et a bradé une terre française en l’offrant à un « gouvernement » en exil. Le général a abusé des lois de la République en signant de faux accords. En effet sur le territoire national ne pouvait pas exister un gouvernement autre que celui de la France et ces accords fantoches devraient être passibles d’annulation auprès des instances internationales, au moins dans la formulation que nos gouvernants ont donné à cette signature nulle et incongrue.

Juillet 62 ? C’est l’autre drame. Le pire que l’on puisse évoquer après la tuerie du 26 mars à Alger. Le 5 juillet, Oran a été massacrée. La furie des troupes FLN s’est abattue sur la ville européenne. Ils ont surgi par milliers pour assassiner ou kidnapper des civils, des européens. Une journée de tragédie doublement affreuse parce que des militaires français, à l’abri dans leur caserne d’Oran et par ordre du général Katz obéissant à ceux de Paris et à De Gaulle, ont laissé faire. Ils ont laissé une meute assoiffée de sang enlever des femmes et des enfants, égorger ou assassiner des dizaines et des dizaines d’innocents... Que l’on ne me dise pas que cela était imprévisible. L’Etat français devait savoir le drame qui se préparait. Il n’a rien fait pour sauver des innocents et il n’a jamais voulu reconnaître les atrocités de cette journée néfaste. Nous le savons bien qu’aujourd’hui encore les disparus d’Algérie ne sont pas inscrits dans la convention internationale qui gère ce dossier. C’est la France qui n’a pas souhaité que ce drame algérien soit inclus dans les différentes motions qui évoquent « DES DISPARUS » dans le monde. Un jour saurons-nous la vérité ? Tant que les socialistes seront au pouvoir et tant que certains partis de la droite traditionnelle et faussement humaniste se diront gaullistes, nous n’aurons rien à attendre de l’Etat français et c’est dommage.

Allons, vite un Etat fier d’être la FRANCE !

            Juillet 62 ? Pour nous, une blessure...

 

                                                                                  Robert Charles PUIG / juillet 2013

 

Mis en page le 04/07/2013 par RP