PRIX LITTERAIRE ALGERIANISTE

« JEAN POMIER » 2006

16 livres étaient au concours cette année et tous méritent d'être reconnus quand on sait l'investissement affectif et matériel que représente l'élaboration d'un ouvrage, tous n'ont pu être récompensés mais ont droit aussi à tout notre intérêt car ils sont le reflet de notre histoire.

Samedi 21 octobre à Toulouse, lors du congrès national de Cercle Algérianiste, le jury du Prix algérianiste « Jean Pomier » a désigné dans son vote final:

- le Prix Algérianiste 2006 "Jean Pomier" à Daniel RONDEAU pour son livre « Camus ou les promesses de la vie » aux éditions Menges.

- la distinction Livre Algérianiste 2006 - Prix du roman à Marie-Jeanne MARTI pour son livre « J'entends encore la mer » Edition Pharos.

-la distinction Livre Algérianiste 2006 - Prix Militaria à Feriel Ben MAHMOUD pour son livre : « Bat' d'Af, la légende des mauvais garçons » aux éditions Menges

- et la distinction Livre algérianiste - Histoire à Charles JEANTELOT pour son livre: « Repères au crépuscule » aux Nouvelles Editions Latines.

 

Daniel RONDEAU : Prix « Jean Pomier » 2006

pour « Camus ou les promesses de la vie »

Ce livre, un peu exceptionnel aujourd'hui, rend justice au peuple Pieds-Noirs tout entier à travers la personne de Camus. Daniel Rondeau souligne avec une grande objectivité les déchirements de Camus le Pieds-Noirs, dans la tragédie algérienne. L'analyse de son dernier roman « Le premier homme » crie une réalité que ses contemporains ont refusé de voir. Enfin, cette constatation : « La guerre a jeté les français d'Algérie dans un précipice. Ceux du Premier Homme ne se sentent pas responsables d'être là, leurs pères étaient des va-nu-pieds qui ont travaillé dur pour mettre la terre en valeur et maintenant, les algériens et les français de métropole viennent leur expliquer que cette présence est un crime... » Cette analyse honnête, nous a fait distinguer un ouvrage rare qui rend justice à une communauté historiquement malmenée.

 

La distinction « Livre algérianiste 2006 » prix du roman,

a été attribuée à Marie-Jeanne MARTI pour « J'entends encore la mer » 

Marie-Jeanne Marti n'a pas vécu de l'autre côté de la Méditerranée. Elle ne connaît de l'Algérie que les évocations de ses parents, de son père en particulier, évocations tellement fortes et vraies qu'elle a su les transposer avec une vie intense. C'est un homme écrasé par l'histoire qui va se retrouver sur la terre métropolitaine, après une enfance algérienne pauvre mais heureuse, malgré l'épisode tragique dans l'armée d'Afrique vécu un peu plus tard. C'est l'autisme, plus que la simple surdité d'un homme qui va rassembler ses forces et son courage pour faire vivre sa famille dans un monde et un climat hostiles jusqu'à une retraite enfin méditerranéenne mais terrassée par la maladie. Tout Pieds-Noirs de souche retrouve dans ces lignes le vécu cruel de l'exil : l'agression du climat, l'univers d'incompréhension, la quête avide de l'autre, celui qui a partagé le même passé, connu les mêmes émotions, l'obsession enfin des souvenirs vivaces jusqu'au dernier souffle.

Ce livre ne peut laisser aucun de nous indifférent et nous saluons là, la jeune génération porteuse de mémoire.

 

La distinction : Livre algérianiste 2006 - Militaria

a été attribuée à Feriel Ben MAHMOUD pour « Bat' d'Af, la légende des mauvais garçons »

L'auteur s'est penchée sur la vie d'hommes dont on a peu parlé jusqu'ici, ceux qui à partir de 1832 ont formé les bataillons disciplinaires de l'armée. Avec grand souci d'objectivité, elle a retracé la galère de ceux qui souvent étaient envoyés là pour des délits sur lesquels on passerait facilement aujourd'hui. En suivant scrupuleusement les documents, les journaux, les écrits de l'époque comme les livres de Mac Orlan ou Cendrars, elle rappelle la vie, les souffrances, les mœurs de ceux qu'on a appelés « les joyeux ».

A la lecture de ce livre réaliste et sans passion, on peut mesurer les souffrances et les sacrifices de ces hommes qui défendirent l'honneur de la France et pour lesquels il n'y a presque plus de mémoire.

 

La distinction: Livre algérianiste 2006- Prix Histoire

a été attribuée à Charles JEANTELOT pour «  Repères au crépuscule »

Récit autobiographique d'une grande sincérité. Enfant de la campagne marocaine, rompu à la vie dure du bled, parlant parfaitement la langue arabe et berbère, l'auteur, ancien officier des affaires militaires musulmanes connaît parfaitement les hommes et leur âme. En y incluant son parcours personnel, Charles Jeantelot fait une analyse très détaillée des évènements et des actions de la colonisation depuis 5 décennies. Les différents postes occupés lui ont donné une place privilégiée pour découvrir les dessous d'une politique coincée entre des enjeux internationaux et faisant fi des malheurs engendrés dans les populations pendant qu'une armée encore animée d'une certaine foi, se battait sur le terrain.

Un livre qui fait référence avec une somme de témoignages exceptionnels sur les évènements vécus par l'auteur en Indochine, au Maroc et en Algérie.