5 juillet 2009

Cérémonie à Béziers

Cimetière neuf








CEREMONIE DE LA COMMEMORATION DU 5 JUILLET 1962 A ORAN

Cimetière neuf de Béziers le 5 juillet 2009

Chers Compatriotes et Amis,

A tous ceux présents aujourd'hui, et particulièrement à ceux qui, bravant  les difficultés de déplacement en cette période de grands départs, je voudrais vous adresser au nom de notre collectif organisateur un message de reconnaissance et de remerciement qui va aussi à ceux de nos amis qui nous ont relayé pour cette journée du souvenir de la tragédie d'Oran à laquelle nous associons  toutes nos victimes civiles et militaires enlevées, disparues à jamais dans l'indifférence générale. Que ceux qui, cloués par la maladie, nous ont fait part de leur soutien sachent que nous pensons aussi à eux.

Monsieur le Député vous avez tenu, comme le 26 mars, à être parmi nous. Pour ceux qui ne vous connaissent pas, peu habitués à un tel courage politique, ils ont de quoi être étonné mais nous, nous savons ici à BEZIERS que vous êtes un exemple de tolérance et homme de consensus reconnu de tous les bords de la société. Vous savez ce que le mot compréhension veut dire. Soyez en remercié au nom de tous les nôtres.

Alors aujourd'hui nous sommes encore là en nombre, espérant faire enfin prendre conscience à notre pays qu'une journée comme le 5 Juillet 1962 à ORAN entre dans le cadre de l'horreur totale qui mérite respect et retenue, comme nous le faisons, nous, pour Oradour sur Glane.

Alors pourquoi vouloir déformer le but d'une commémoration où devraient justement compatir toutes les femmes et hommes de cur ?

 Pourquoi nos adversaires prétendent-ils détenir le monopole de la douleur ? Ce n'est pas une ombre qui plane ici aujourd'hui, mais des milliers d'yeux de crucifiés qui les regardent d'outre-tombe.

Alors que les enlèvements et les assassinats sévissaient plus que jamais,  après les accords « dit d'Evian », vous devriez  savoir, vous, nos compatriotes métropolitains, vous avez décidé de notre sort lors du référendum du 8 avril 1962.d'où nous étions exclus par un vote qui violait ainsi la constitution de 1958 et les droits de l'homme.

Les conséquences ont été terribles à la suite d'ordres de non intervention venant de la plus haute autorité de l'Etat ; l'horreur atteignait  son comble  à ORAN  LE 5 JUILLET 1962 et dans toute l'Algérie, et pendant que nos compatriotes harkis subissaient le martyre, une  répression mortelle s'abattait parallèlement sur des hommes pour qui les mots honneur et Patrie avaient un sens. Nous, les survivants de ce qui aurait pu être un holocauste, attaqués, vilipendés, insultés, notre mémoire piétinée nous tendions néanmoins une main fraternelle qu'on refusait de saisir jusqu'apparaisse une petite lueur d'espoir avec vous M. Le Député. Allez-vous être enfin celui par qui une réconciliation nationale est possible ? C'est dans ce lieu de paix éternelle que nous l'espérons. Alors, nous sommes réunis entre compatriotes et Amis pour nous souvenir avec beaucoup d'émotion de ceux qui ont péri par familles entières lors de ce sinistre 5 juillet 1962,  tragédie sur laquelle nous ne nous étendrons pas plus, VOULANT, COMME TOUJOURS,  ETRE PROCHES DES FAMILLES DES VICTIMES POUR QUI LA DOULEUR EST UN QUOTIDIEN.

Mais sachez chers compatriotes éprouvés que vos chers disparus ne sont pas morts, car ne meurent dans le cur des hommes, que ceux que l'on oublie.

Alors, aujourd'hui, ils sont tous sont présents parmi nous, comme nous sommes tous présents auprès de leurs familles, avec toute notre compassion. Puissent ces quelques paroles apaiser un peu leur incommensurable chagrin.

Nous allons rejoindre notre stèle pour les dépôts de gerbes et  une prière cuménique, puis nous nous recueillerons  DURANT LE TEMPS DE L'INTERPRETATION  DE LA SONNERIE AUX MORTS.

Ce sera notre message de paix !!!

Enfin, nous nous adressons aux familles dans la peine pour qu'elles sachent aussi que de multiples messages de sympathie et de soutien à cette commémoration nous sont parvenus, je citerai. pour l'exemple. un message venant du DANEMARK du Professeur Gérard LEHMAN qui nous écrit :

 « J'ai fait parvenir sur la stèle exactement 14 roses rouges, une pour chaque membre disparu de la famille de Myrtille, mais plus largement, symboliquement, pour tous les éprouvés de ce 5 Juillet 1962. Et je voudrais simplement vous demander une petite chose : comme vous parlerez sans doute ce jour là, que vous adressiez de ma part, moi qui suis loin, distant certes, mais présent dans le souvenir, un fraternel salut à ceux des nôtres qui seront là ce jour et à Myrtille tout particulièrement. »

Nous avons aussi reçu un drapeau représentant les armes de trois des grandes provinces Françaises, ORAN, ALGER, CONSTANTINE, gage de soutien de J.P GAVINO, empêché aujourd'hui, et comment ne pas dire notre émotion devant tous ces témoignages de soutien et de sympathie, venus de toute la France, et qui ornent  notre monument.

Mais avant, nous voudrions rendre hommage à un officier Français, trop souvent oublié qui,  bravant les ordres donnés ce terrible  5 juillet 1962,  sortant de la caserne où il était cantonné a, avec sa compagnie de chasseurs, fait face à l'ALN aux abords de la Préfecture D'ORAN, arrachant à une mort certaine plusieurs centaines de nos compatriotes prêts à être embarqués vers les abattoirs.

 Capitaine Rabah KHELIFF, vous êtes parti,  mais dans nos curs reconnaissants vous ne nous avez jamais quittés,  vous avez retrouvé tous nos martyrs et les grands soldats de votre trempe, vous êtes parti vers cet espace qui est réservé dans le ciel aux héros d'exception.

 Honneur à vous, mon Capitaine, nous sommes fiers  de vous, et de tous nos combattants, sans distinction, qui on donné leurs vie pour une mission qui était de garder l'Algérie à la France.

 Que Dieu vous garde  tous !

Allocution prononcée par A.ALGUDO membre du collectif des Associations du Grand Béziers.