SETIF, Chochottes et Loubianka

   La station d’Etat France Culture nous a offert ces derniers temps une émission-colloque censée traiter de l’histoire de l’Algérie française, thème très en vogue chez nos chochottes médiatiques et universitaires depuis que le Parlement a voté une loi sur le sujet.
Cette dernière, fort timide, reconnaissant que la colonisation n’avait peut-être pas été tout à fait ce que serine l’Education nationale depuis cinquante ans à ses crédules élèves

   L’évènement est en soi de peu d’importance, vu la faible audience de cette station, généralement ignorée du public, qui tourne en rond depuis des décennies sur des conclusions connues d’avance, propulsées par une petite camarilla dont le nombrilisme trotskyste et l’éclatante mauvaise foi sont les qualités premières... une machine bien rodée.

    Mais cet exercice de style était parfaitement révélateur des méthodes dialectiques employées. Le choix des intervenants, déja : des « amis » triés sur le volet, assurance contre les bavures, mais aussi un historien réputé neutre – il s’agissait de G. Pervillé- servant d’alibi. Mais surtout pas de gêneurs !.. Bien entendu, le crachoir est tenu par le pseudo « spécialiste de la guerre d’Algérie », l’ineffable B.Stora ; suivent quelques autres « spécialistes » dont un certain Mohamed el Korso (on avait connu un célèbre pirate renégat du même nom : un hasard ?) président de la fondation algérienne vouée à faire mousser la mayonnaise du 8 mai 45 pour le compte du FLN....vous avez dit « Historiens » ?
    
    Le débat (si l’on peut dire) s’ouvre sur la célébration des évènements de Sétif en 1945,rituellement sous titrés « les massacres ». S’agit-il des Européens du Constantinois égorgés, éventrés, violés, émasculés ? vous n’y pensez pas ! non, c’est la répression par l’Armée française, qui a commis le crime de défendre les populations et les villages attaqués, qui est impardonnable... bien que les intervenants ne se soient pas attardés sur l’habituelle querelle de chiffres et que même le Korso nous ait épargné les rituels 45 000 martyrs, on a entendu, entre autres, un distingué universitaire nous assurer que la milice de Guelma avait fait 549 morts : il les a comptés, il a les noms et les témoignages ! s’il est vrai que les défenseurs de la ville avaient pour consigne ferme d’abattre les pillards, on les voit mal en train de relever leurs identités et de rédiger des rapports ; et on nous assure que les familles de ces honorables gentlemen cambrioleurs se rappellent tous les détails de l’exécution : quelle mémoire ! quelle présence d’esprit, pour des gens qui évidemment, n’étaient pas sur les lieux ! Bien sur, pas un seul Français d’Algérie n’était convié à l’émission pour témoigner : les victimes, silence!

   Cependant, le président de la fondation Boumâaza, le susnommé Korso, a montré le bout de l’oreille. Après avoir exprimé sa satisfaction à l’ambassadeur de France pour l’exercice de lèche babouche que ce dernier a pratiqué récemment sur les lieux, toute repentance en bandoulière, et exprimé l’espoir que la France irait encore plus loin, il a souligné la dimension économique de l’évènement. En clair, repentance, y a bon pour les affaires !

    Après les zakouski de circonstance, on en est venu à la grosse affaire, je veux dire l’indignation de ces intellectuels intègres devant la loi du 25 février 2005 qui prône une certaine reconnaissance de l’oeuvre française outre mer. Ce qui devrait aller de soi sans que la Loi s’en mêle, certes... mais nos penseurs dénoncent une écriture officielle de l’Histoire ! Ceux là même qui, depuis un demi siècle, falsifient , orientent et occultent tout ce qui touche à la colonisation, confisquant l’Histoire avec une vigilance toute stalinienne, nous jouent les vierges effarouchées devant la plus mince des tentatives d’objectivité.... pas ça et pas eux !

    On peut juger de l’arrogance de cette caste, d’ailleurs, par l’épisode de cette émission où le professeur Pervillé a timidement fait observer qu’on ne pouvait refuser une version officielle de la colonisation si on avait accepté une version tout aussi officielle de l’esclavage, dénoncé par une loi récente. A quoi il lui fut répondu que cette dernière était justifiée par le fait qu’il y avait consensus sur le sujet En clair, la dictature de la Loi est légitime du moment que nous sommes d’accord ! Devant une pareille énormité, personne n’a bondi... là aussi, consensus et bouche cousue...

    Naturellement, dans cette atmosphère de tolérance, toute opposition est jugée avec le dernier mépris : nous sommes (horresco referens) des « nostalgique de l’Algérie française » ! on notera au passage que, dans cette époque où on cultive avec ferveur la nostalgie du pot au feu de grand mère ou des cochers de fiacres, il est du dernier mauvais goût de regretter sa terre perdue et l’oeuvre abandonnée de cinq générations. Ainsi va la morale de nos intellos...

   Il arrive cependant que ces humoristes sans humour nous fassent rire ; ainsi quand le Cercle Algérianiste est fustigé, avec trémolos dans la voix, pour avoir osé rappeler que Bouteflika avait été garçon de bain, ou que notre ministre des armées s’était précipitée dans ses bras le 15 août dernier... nous voila évidemment « racistes et sexistes » ! c’est la dialectique bien connue consistant à ne jamais répondre sur le fond mais à discréditer son adversaire : je ne discute pas ce que tu as dit, (pas fou !) mais je te condamne pour ce que tu es... Passons aussi sur quelques plaisantes sottises telles que l’affirmation de Stora suivant laquelle De Gaulle était nommé « La grande Zohra » dès 1944, etc.

    L’agitation de ce prétentieux microcosme de donneurs de leçons aurait quelque chose de risible, n’était que c’est dans ces officines que se tourne la moulinette à fabriquer la bouillie qui fait l’opinion de la jeunesse ... en attendant, sans doute, de nous passer les menottes pour descendre à la Loubianka !


M. LAGROT
Responsable CVR
7/4/2005

 

Mis en page le 11/05/2005 par RP