Faux et usage de faux :
la méthode ARTE
La station de TV ARTE présentait récemment,les 10 et 17
aout, en rediffusion, une émission en deux épisodes, dite
documentaire (sic) d'un certain André Gazut, titrée " La
Pacification en Algérie ".
On a beau être blindé sur le sujet, après
des décennies de désinformation à sens unique,
on constate que cette production atteint des sommets dans le genre.
Exposée comme un plaidoyer politique, et comme telle appelant
une réponse, elle eut été recevable : présentée
comme un documentaire, elle est seulement révoltante, pour qui
a connu les évènements en question. Prétendant
raconter par le témoignage le déroulement de la guerre
d'Algérie, l'auteur nous débite un récit exclusivement
centré sur les mensonges du pouvoir et, bien sur, la torture....
imaginons la Grande Guerre racontée par les témoignages
de trois déserteurs et d'un mutin, complétés par
la déposition de Mata-Hari et assortis des commentaires du Kaiser
et on aurait une idée de la véracité de ce " documentaire "....
Dès le début, les assertions du film
sont étayées par des faux, en l'occurrence des images
d'actualités illustrant les évènements de Sétif
en 1945 et qui n'ont rien à y voir...plus grave, des images fortes
d'un soldat français censé abattre un arabe, tournées
pour la propagande du FLN par un producteur aux USA et diffusées
lors du débat à l'ONU sur la question... fausses comme
l'étaient les images de moujahidin tournées en studio
et présentées à la gloire des combattants nationalistes....
et sans doute la plupart des autres, que rien ne permet d'identifier...
Bien entendu, tout l'exposé tourne autour de
la torture, vue comme le point central de l'évènement,
étant posé en principe que seule l'Armée française
l'a pratiquée...alors, sans reprendre ce débat aussi usé
que truqué, disons une chose bien simple : à partir du
moment où l'on appelle torture les gifles ou les piqures de gegenne
infligées à un assassin pour le faire parler et sauver
des vies, et où l'on nomme pudiquement sévices les supplices
infligés volontairement par des terroristes professionnels à
de parfaits innocents, il n'y a plus de débat, mais un simple
abus de vocabulaire. Toute l'imposture est là ! on pourrait ajouter
que si on voulait faire l'état des mauvais traitements infligés
aux agents ennemis, toutes les armées et toutes les guerres y
passeraient .....
Ce film est composé à partir de témoignages
dont les auteurs ne cachent pas qu'ils étaient " engagés
" avant leur départ en Algérie, communistes militants
pour la plupart : il est donc clair que, suivant la praxis marxiste,
ils n'ont vu là-bas que ce qu'ils avaient décidé
de voir, et sans doute rapporté à la Presse sur commande.
En revanche le cas, très courant, d'appelés partis avec
le préjugé " anticolonialiste " et
totalement " retournés " par le contact avec la réalité
ne donne lieu à aucun témoignage...
Cependant, ce " retournement " est fustigé
avec indignation lorsqu'on rapporte le cas de Guy Mollet, président
du conseil socialiste, le seul qui ait pris la peine de s'enquérir
sur place et qui réagit en conséquence après avoir
pris conscience des mensonges dont s'abreuvait la gauche française....on
ne lui pardonnera pas d'avoir été honnête !
A partir de là les mensonges de ce film s'enfilent
comme des perles : Gosselin nous racontant avec complaisance comment
le pouvoir trahissait les combattants en négociant en secret
avec la lie du terrorisme, et voulant nous faire avaler que l' arraisonnement
de l'avion de Ben Bella et consort s'était fait sans que le gouvernement
soit au courant : le général de Bollardière présenté
par sa femme comme un héros, ce qui peut se comprendre, mais
dissimulant pudiquement les blâmes reçus dans sa carrière pour
la mauvaise tenue et l'inertie de ses unités. Evidemment, reconnaitre
que ses états d'âme étaient plus l'habillage moral de
sa pusillanimité qu'une manifestation de grandeur d'âme eut été
malvenu !
On ne nous épargne pas Germaine Tillon, inusable adversaire de
la France en Algérie, que son passé trouble ( ne laisse-t-elle
pas raconter qu'elle a écrit un opéra en déportation
? !!! ) ne pousse pas à la discrétion, exposant ses contacts
avec le poseur de bombes Yacef Saadi, mais sans se vanter d'avoir été
superbement roulée dans la farine... le Yacef lui même,
interviewé, racontant combien il était triste pour ses
victimes ; mais lui, au moins, avait du mal à retenir son hilarité....
On a droit aussi à la statue du Commandeur : Messmer en personne,
le bourreau des harki, grand donneur de leçons, prétendant
ignorer ce qui se passait lors de son mandat de premier ministre ! On
passera sur les opinions des ignares et des faux témoins, comme
ce commentateur très sérieux des fameux camps de regroupements,
qui en double gaillardement le nombre, et qui les qualifie de "camps
de concentration ", avec tout le poids d'horreur attaché
à ce terme : mais en négligeant le fait qu'ils étaient
parfois demandés par la population rançonnée par
le FLN, et sans nous expliquer comment, après l'indépendance,
beaucoup se sont retrouvés " villages socialistes "
! . Imagine-t-on Dachau village socialiste ?! etc. etc.
Une des indignations de ces messieurs mérite qu'on s'y arrête
, lorsqu'il est question des Lois de la guerre qui n'auraient pas été
respectées, à propos du traitement des prisonniers : outre
le fait que les dits prisonniers ont été internés
dans des camps connus de tous et accessibles à la Croix Rouge,
de quelle Loi pouvaient se prévaloir ceux qui ne faisaient pas
la guerre, mais pratiquaient sans uniforme le terrorisme le plus aveugle
et le plus bestial ? Quant aux inspecteurs des batailles finies qui
se félicitent aujourd'hui que le parlement ait donné le
nom de Guerre à ce conflit, ont ils songé que, dans ce
cas à l'époque des faits, ils se seraient tous retrouvés
devant un Tribunal militaire ?...Rappelons aussi que, des prisonniers
faits par le FLN, moins de 2% ont été retrouvés
vivants....
Indignation de commande aussi, de ce scrupuleux moraliste qui dénonce
la " contradiction " qu'il voit dans la mission de pacification lorsqu'elle
s'accompagne d'opérations militaires. Pourquoi serait il contradictoire
d'éliminer ceux qui sabotent tout effort de mise en valeur, de
progrès social et d'amélioration des conditions de vie
si l'on veut arriver à ces buts ? la Pacification (un mot qui
n'est pas nouveau chez nous) est peut être justement une notion
typiquement française, dont nous aurions plutôt lieu d'être fiers.
En tous cas le FLN, lui, ne s'y trompait pas et n'y voyait aucune contradiction
! mais Gazut, lui, appelle ça " le sale boulot "...
Dans ces élucubrations qui prétendent
retracer la guerre d'Algérie, pas un seul des centaines de milliers
d'appelés qui firent leur devoir normalement , dans les unités
opérationnelles ou dans des fonctions " civiles " n'est
appelé à raconter " son " Algérie ; pas un seul
militaire engagé, pas un Harki, pas un villageois armé....mieux
encore : pendant deux heures d'émission sur le drame de ce pays
français, le mot " Français d'Algérie " n'est pas prononcé
une seule fois !
La dernière image, trois secondes, un paquebot
dans le port d'Alger, est commentée ainsi : " la minorité
européenne quitte le pays "...épitaphe méprisante
d'un peuple sans importance pour un évènement insignifiant
!
Alors, qu'un fou furieux raconte à sa façon,
par le faux et l'usage de faux, des évènements dont tout
laisse à penser qu'il ne les a connus que de très loin,
est chose assez commune et ne mériterait que le mépris.
Qu'un grand media, vivant en grande partie de l'argent du contribuable,
le diffuse sans réserves en le présentant comme un documentaire
et sans ouverture à la contradiction, est une toute autre affaire,
qui touche à l'honnêteté de l'information.
Mais là, on sait bien qu'on va les voir pliés
en deux devant ce mot suranné, ARTE et aussi les journalistes
qui, à l'instar de TELERAMA annoncent le film avec des louanges
fleurant bon la flagornerie....
M. LAGROT
Responsable CVR
Hyères 01/09/2005