Algérie française
et Armée du Fric
Après le déferlement
de pseudo documents, débats truqués et images de pure
propagande qui nous est prodigué par les media français
depuis quelques mois, toujours orienté dans le sens du vent,
on a vu sur l'écran de la chaine M6 un film plutôt sympathique,
élaboré en partie sur des bandes privées tournées
en famille en Algérie dans les années cinquante.
L'ambition du réalisateur
S.de Champigny était de fabriquer un reportage honnête
sur ce qu'a été la vie dans notre province après
plus d'un siècle de présence française, et le
document qui en est résulté atteint assez bien ce but.
L'impression qui s'en dégage pour un spectateur métropolitain
est qu'après tout, les Européens de « là
bas » étaient des Français à peu près
comme les autres...et cette banalité est si difficile à
faire passer qu'il faut remercier le réalisateur d'en avoir
naturellement trouvé le ton.
On pourra regretter que la part ait
été faite si large à la « guerre » d'Algérie,
confirmant ainsi dans dans l'esprit du public l'équation si
habilement martelée depuis quarante ans : Algérie =
Guerre. Comme si cent ans de paix n'avaient jamais eu lieu... et on
regrettera beaucoup plus encore que la plupart des vues de guerre,
comme les commentaires, émanent du propagandiste communiste
Vautier : des faux de propagande, tournés en Tunisie pour la
plupart ....
Il est clair, une fois encore, qu'aucun
document de large diffusion ne peut se concevoir sans l'invisible
présence des censeurs du politiquement correct. A preuve le
très suspect reportage suivant la projection, montrant une
fille d'Oranais ayant épousé un Algérien et vivant
à Oran, tout le monde il est beau, nous sommes tous frères,
oublions les horreurs que vous (nous les Français...) avez
commises, etc. On en pleure ! Et puis, constatons une fois encore,
que les documents filmés d'époque sont rares et maigres
( dans un article grinçant de « Libération »,
B.Stora, le pseudo spécialiste bien connu, les prétend
même colorisés au montage : il ignore que le ciné
en couleurs date de 1938). L'Algérie française, décidément,
n'a jamais intêressé grand monde !
Autre chanson au cinéma : le festival
de Cannes nous avait habitué à primer des films sur
des critères purement idéologiques, et la mouture 2006
ne fait pas exception, en primant « Les indigènes »
pour...les meilleurs acteurs. Disons tout de suite que nous n'avons
pas vu le film, la prestation télévisuelle des six acteurs
primés nous suffisant amplement. L'intention pouvait sembler
honorable : il s'agissait de rappeler la participation de l'Armée
d'Afrique à la seconde guerre mondiale. Bravo ! nous l'avons
nous mêmes rappelé inlassablement.. mais nous n'étions
pas un Djamel Debouze ni un Rachid Bouchareb ... et avec eux
, ça fait tellement plus classe !
Les compères se faisant interviewer
sur la Croisette donnaient un bon aperçu du désastre
: Le Djamel Deux bouses paraissant en état d'ébriété,
cultivant le look clodo en frac, écorchant atrocemenr «
les Africains », le présentait comme le chant des tirailleurs,
ce qu'il n'a jamais été. Si cet ignare s'était
renseigné, nous lui aurions volontiers confié de «
vrais » chants de tirailleurs, chantés dans ce délicieux
sabir, richesse oubliée de ces troupes qui avaient combattu
sur le sol français dès 1870. Le reste est à
l'avenant...il n'est pas mentionné que, pour le contingent
d'Algérie en 1943/44, le nombre de Pieds Noirs et celui des
musulmans était presque exactement le même, qui donne
pour les premiers s un pourcentage de mobilisation neuf fois supérieur
à celui de leurs frères d'armes ; ni que les pertes
ont été les mêmes, donc que les Indigènes
n'ont pas plus que les autres, servi de « chair à canon
», suivant l'expression rituelle...
Passons sur l'histoire de cette armée
présentée partout comme oubliée ou occultée...oserons
nous observer qu'il existe des flots de littérature sur le
sujet, et enfin, que si l'Education dite nationale faisait son travail,
peut être les chères têtes blondes seraient elles
un peu plus au courant.
Pour ce qui est de la fine équipe
primée, dont les minables pitreries à la TV faisaient
peine à voir, on se demande comment elle a pu décrocher
un prix d'interprétation en jouant des rôles de guerriers...ceux
ci ont du se retourner dans leurs tombes. Il est vrai que la vérité
a éclaté au moins une fois, lorsque le réalisateur
eut l'honnêteté de reconnaitre que, des anciens combattants
interviewés, aucun ne s'était posé en victime,
et qu'ils étaient tous fiers d'avoir servi la France...
Une équipe nulle, un film caricatural,
la culture du mensonge par omission, là n'est pas l'essentiel
: il est clair que pour ces pieds nickelés du cinoche, il fallait
trouver le filon : l'Armée d'Afrique, pour eux, c'est l'Armée
du Fric !