L'HISTOIRE UTILITAIRE, UNE PERLE
DE LA CUISINE LYONNAISE
L'écrivain Jean Madiran avait
dernièrement et plaisamment évoqué la « trop
nombreuse et trop puissante « Association Elitiste des Imbéciles
Organisés Universitairement » ou AEIOU. Mystère ? non
! cette association existe, je l'ai rencontrée......
Pour l'occasion, elle s'appelle ENS
LSH ou, pour les intimes, « Ecole normale supérieure
Lettres et Sciences humaines », et organise à Lyon pendant
trois jours un colloque intitulé : Pour une histoire critique
et citoyenne*, le cas de l'histoire franco-algérienne.
Colloque présenté comme se proposant « pour assainir
et apaiser le débat, de rendre la parole à l'histoire
», et organisé par des spécialistes qualifiés
tels que le « Centre d'Histoire de la Résistance et de
la Déportation », appuyés par d'autres aussi qualifiés
que l' « Ensemble musical arabo-andalou El Fergania »...rien
que du sérieux, comme l'on voit ! Pas une seule véritable
association de Français d'Algérie ou de Harki, bien
sur (témoins gênants s'abstenir) mais les organisateurs
avaient déclaré à la Presse locale que les dites
associations n'avaient pas répondu, sans mentionner qu'il n'est
pas d'usage de répondre à une invitation que l'on n'a
jamais reçue....broutilles....
Rendre la parole à l'Histoire
?! oui mais oyez : « en effet, seule une histoire élaborée
en partenariat, et fondée sur l'échange et le dialogue
international, est susceptible de fortifier sainement (sic) les relations
internationales, en particulier entre l'Algérie et la France.
»
Extraordinaire conception du rôle
de l'historien !! Ainsi l'Histoire devrait s'écrire par consentement
mutuel et pour les besoins de la politique du moment, en fixant des
hiérarchies purement idéologiques, à la convenance
des parties . Et pour l'heure, l'objectif de ces curieux universitaires
est clairement dit : c'est d'écrire une histoire destinée
à favoriser le fameux traité franco-algérien
et à favoriser l'immigration algérienne en France. Ecriture
stalinienne, manipulant les faits comme Lyssenko falsifiait la science
et dans le même sens...Après avoir , comme Rousseau, écarté
les faits, qui n'ont rien à voir dans l'affaire, des partenaires
se mettent d'accord sur des textes discutés comme on discute
un traité... ou plutôt sans doute comme on échange un
tapis...
Cette démarche est, bien sur,
un garant d'impartialité : il n'est que de voir la liste des
intervenants (près de quatre vingts !) pour comprendre que
le débat se fera entre historiens du FLN et historiens pro-FLN
. Unanimité garantie ! (négligeons le fait que deux
ou trois noms plus neutres figurent au générique ; ils
sont si manifestement là pour l'alibi qu'on peut plutôt
les plaindre)
Ajoutons un aspect intéressant
de la dialectique de ces pseudo historiens : ils opposent avec sévérité
la Mémoire et l'Histoire, comme si l'une ne contribuait pas
à faire l'autre, mais évidemment pour récuser
d'avance la foule des témoins encore vivants, fort nombreux
à savoir que l'Algérie française ne ressemblait
en rien à ce qu'ils en racontent.. mieux vaut ne pas laisser
la parole à ces témoins : ils seraient capables de dire
la vérité !
Conception utilitaire de l'Histoire,
contradiction soigneusement éliminée, démarche
stalinienne, parodie de concertation, génuflexion devant la
pensée unique.... on sait d'avance ce qui sera débité
dans ce cénacle, aux frais du contribuable et en violation
du principe de neutralité politique de l'université.
Invités ou pas .....qu'irions
nous faire dans cette galère barbaresque ?!!
M. LAGROT
Responsable CVR
Hyères le 16/06/2006
* on n'ose faire remarquer que « citoyen »
est un substantif et jamais un épithète : où
irions nous s'il fallait demander à nos enseignants de parler
français ....