HARKIS
Un crapuleux navet

Le film « Harkis » avait été trop précédé de tam-tam dans la presse dans le vent pour qu'on puisse ne pas être méfiant et, de fait, nous avons été servis... il est directement inspiré du livre de Dalila Derkouche, journaliste à l'Express, dont nous avions eu en son temps l'occasion de dire ce que nous en pensions. Un livre sur la saga de son père harki, récit reconstitué et non pas recueilli de la bouche de ce père muet enfermé dans son drame depuis l'exode, ce qui donne lieu à un habile mélange de vrai et de faux, politiquement correct jusqu'au bout : mensonger, voire diffamatoire, pour tout ce qui touche au rôle des officiers ou responsables des camps, et muet pour tout ce qui touche aux vraies responsabilités étatiques... un ouvrage malhonnête encensé par la « grosse Presse »

Le film ne le lui cède en rien : il décrit avec un certain réalisme la vie misérable de ces familles ballottées par l'Histoire dans les camps, en insistant sur les chefs de camps présentés comme des potentats indélicats et racistes et, comble d'incohérence, gaullistes (mais on laisse entendre, comme l'a clairement écrit D.Kerchouche, qu'ils sont Pieds-Noirs, donc, bien sur, d'affreux colonialistes)....Quelques anachronismes, quelques invraisemblances, (le chef de camp faisant interner d'office un malheureux aliéné, alors que la décision appartenait au médecin) mais surtout une volonté de culpabiliser la France sans désigner jamais les vrais responsables. Messmer, De Gaulle, la politique gaulliste, ne sont jamais évoqués et un spectateur moyen ignorant de l'histoire ne saura jamais pourquoi les harkis étaient là et ce qu'ils étaient....il en gardera seulement l'idée que la France est raciste, que les immigrés (car tout est fait pour l'amalgame) sont toujours mal traités, et cette histoire rejoindra le catalogues des idées imposées par le Système.

Cela étant, on n'échappe pas aux clichés de circonstance, et il faut bien une jeune fille de Harki intelligente et lucide entamant un flirt impossible avec le jeune Français raciste comme les autres etc....du feuilleton série B ! Et surtout on n'échappe pas à l'ennui de ce navet très conformiste, lequel se garde bien de parler de l'essentiel....Seul nous tire de cet ennui le jeu étonnement vrai de l'acteur principal, cerné par le malheur et l'incompréhension de tous, et qui nous rappelle que ce drame, pour la honte du gaullisme, ne fut pas du cinéma...

M. LAGROT
Responsable CVR
Hyères le 16/10/2006

Mis en page le 16/10/2006 par RP