Mort d'un godillot
Pierre Messmer, récemment disparu, a été
accompagné à sa tombepar un flot d'éloges que
nous qualifierons sans hésiter d'indécent... Il convient
de rappeler ce que fut le personnage : gaulliste de la première
heure, il avait participé à la bataille de Bir Hakeim,
modeste engagement dans le désert lybien et défaite
pour les Français, mais qui est magnifié par les gaullistes
comme le retour de l'Armée française dans les combats
de la 2eme guerre mondiale après l'armistice de 1940.
Après 1945, Messmer, sorti de l'Ecole coloniale
d'avant guerre, fut administrateur à un haut niveau en AEF
et AOF ; mais c'est en 1960 que De Gaulle, en pleine crise algérienne,
lui confia le ministère clef des Armées. Et là,
notre ministre donna toute sa mesure... après le putsch des
généraux en 1961, il fut de ceux qui poussèrent
le procureur du tribunal militaire spécial à requérir
la peine de mort contre Challes et Zeller, sans succès d'ailleurs.
De plus, il interdit aux officiers en activité de témoigner
pour l'accusé lors du procès Salan...
Le comble de l'ignominie fut atteint lorsque notre
homme, lors de la débacle de 1962, lança, le 12 mai,
une circulaire secrète (ref.1334 ma/cab/dir ) qui est sans
doute le document le plus déshonorant qu'un homme d'état
ait pu signer au nom de la France : elle interdisait que fussent
sauvés, par embarquement pour la métropole, les Harki
et leurs familles menacés d'une mort certaine, et menaçait
de sanction les officiers coupables de les protéger... ainsi
ce ministre, pour complaire à son maitre, envoya-t-il à
une mort atroce des dizaines de milliers d'êtres humains qui
avaient fait confiance à la France.
Cet homme qui avait tant de sang sur les mains se
conduisit jusqu'au bout en exécuteur servile des basses oeuvres
du pouvoir : animé d'une haine ouverte à l'encontre
des Français d'Algérie, il n'eut pas le courage d'assumer
ses responsabilités passées et, au rappel de son attitude
de 1962, se défaussait pitoyablement sur ... le FLN, dont
il était sans doute le seul à croire qu'il respecterait
les accords d'Evian, dont même De Gaulle savait qu'ils n'étaient
que chiffon de papier.
Ce triste godillot était, peut-on penser, animé
surtout par un mépris des hommes qui le rapprochait du Chef
de l'Etat dont il était un inconditionnel : mépris
que traduisait d'ailleurs assez son aspect physique. Visage emp‰té,
lèvres dédaigneuses, regard de saurien, tout accusait
l'ennemi du genre humain non gaulliste....