Mes
chers amis !
Nos
insulteurs, il est aisé de le constater, ont un point commun,
quelle que soit leur origine : ils ont tous la morale avec
eux, ils servent le Droit et la Démocratie. Ainsi, le falsificateur
de l'Histoire est, de droit, sacré historien ; celui
qui prétend nous interdire d'honorer nos morts le fait au
nom des Droits de l'Homme ; le
descendant d'un spadassin exécuté agit en défense
légitime de la République ; le politicien qui
va, contrat en main, serrer la main d'un tortionnaire barbaresque
agit pour la réconciliation des Peuples ; si une stèle
est érigée à nos martyrs, on la profane au
nom de la mémoire sacrée de la Patrie...
Dans
ce registre, une perle nouvelle nous parvient, par le canal d'un
organe dont les attaques pathologiques à notre encontre sont
obsessionnelles, et sous la forme d'une « lettre ouverte » :
on nous fait l'honneur de nous écrire, nous, chétifs
Pieds-Noirs, sous hommes, mais peut être rééducables ... il ne faut désespérer
de personne !
Or
donc, un certain A.Ruscio, thuriféraire inconditionnel du
FLN, historien (vous l'auriez deviné !), s'adresse paternellement
à nous en nous appelant « Chers amis » !
Non sans penser, d'ailleurs, que cette formule sera peut être
accueillie avec haine... erreur de diagnostic : les Tartuffes (relisez Molière SVP ) ne sont que méprisés.
Ce
« spécialiste de la colonisation française »
(sic) vient de découvrir Pellissier de Reynaud, grand classique
de la Conquête, que nous avons lu 150 ans avant lui, et qu'il
prétend nous révéler. Faisons savoir au passage
à cet ignare que la dernière descendante de cet éminent
officier de l'Armée d'Afrique était membre du Cercle
algérianiste de Toulon à sa fondation... mais notre
homme exhume des pages de Pellissier de Reynaud qui théorise
sur la colonisation en évoquant la « fusion »
comme souhaitable mais manifestement avec scepticisme. Une des nombreuses
théories de l'époque, où la réflexion
sur le sujet faisait flores. Un courant dont il faut être
singulièrement malhonnête pour le rattacher à
H. Alleg, communiste aux ordres, dont le seul but, 120 ans plus
tard, était l'éviction de la France, comme le fait
notre « historien ».
Bien
sur, si le rêve d'une coexistence harmonieuse entre communauté
ne se réalisa pas (les cent ans de la dite coexistence qui
se réalisèrent, ça n'exista pas ?), ce ne peut
être que de notre faute : il fallait réaliser le Royaume
arabe de Napoléon III, dont personne n'a jamais pu dire ce
que c'était, et répondre par des distribution de sucettes
aux assassins de Sétif !
Bref,
les méchants colons, petits et grands, auraient dû
être intelligents : mais, voyez vous, Ruscio n'existait
pas encore... lui aurait su nous expliquer, comme il le fait maintenant,
que notre véritable ennemi fut l'OAS ! vous avez bien
lu : le FLN nous égorgeait pour notre bien, et c'est
l'OAS qui nous a chassés...
Ne
doutons pas un instant de la révérence que doit porter
ce Tartuffe à la Résistance de la dernière
guerre : mais, il y résistance et Résistance :
la notre ne pouvait être que criminelle, et les sous hommes n'ont
pas le droit de se défendre !
On
citera pour la bonne bouche la conclusion de sa lettre : « Amis
Pieds Noirs, encore un effort ! »
... c'est beau comme l'antique... Mais répondons à
ce grotesque : nous sommes définitivement incorrigibles :
c'est en recevant les coups de fusil et en maniant le tracteur que
nous avons appris l'Histoire et non en lisant les leçons des intellectuels
en chaise longue. Ca change le point de vue !
Observons
cependant une chose : derrière la haine qui nous est
manifestée, ou pire, la condescendance imbécile des
donneurs de leçons, on perçoit quelque chose de plus
profond. Les besogneux de la terre métropolitaine, incapables
depuis des siècles d'émerger de leur médiocrité,
ceux qui recevaient déjà à coup de faux les
Normands chassés d'Amérique par les Anglais, triomphent :
c'est, pour citer le mot de Trémolet de Villers, le faux
évangélisme des faux dévots qui n'est que le
masque de leur haine impuissante et jalouse...
M. Lagrot
Responsable CVR