Hors-la-Loi

Le navet de Bouchareb, « HLL », sortant en salle ces temps ci, il fallait s'attendre à un coup de timbale de nos gros media, attristés par les « controverses » suscitées à Cannes par les Pieds Noirs, ces gêneurs malencontreusement échappés au massacre, qui se mêlent de vouloir parler de ce qu'ils ont connu...

Or donc, France Inter, radio de madame Tout-le-monde, empressée à donner un coup de pub aux copains, nous a servi son émission du matin (45 minutes, SVP !) censée être un débat d'actualité, sur le fameux film et son metteur en scène Bouchareb, invité très prolixe. Les « débats » se sont ouverts  sur le rappel des controverses initiées  à Cannes, sans mention de la nature des dites controverses ni des contestataires, encore moins des manifestations du matin même à Marseille contre le film.  On aurait imaginé que, puisqu'il y avait débat, ces contestataires auraient été invités : rien de tel ! En revanche, et puisque la question était de nature historique, la caution d'un historien était acquise, en la personne d'un universitaire bien connu pour son sectarisme fanatique, inconditionnellement acquis aux thèses du FLN, le très vitupérant Pascal Blanchard. 

Les ronds de jambes d'usage ont donc ouvert la séance, sans risque : on était entre gens du même monde... les questions ont porté sur tout sauf sur le fond, c'est à dire la fidélité historique du film. Le metteur en scène, tour à tour redresseur de l'Histoire avant Cannes, puis auteur de fiction à Cannes, avait à nouveau endossé l'habit du diseur de vérité... je suis oiseau, voyez mes ailes, je suis souris, vivent les rats !

Au passage on a pu noter que, selon l'auteur du chef d'œuvre, la preuve de sa valeur était donnée par le fait que l'Algérie l'a financé à hauteur de 22% : comme quoi, même quand on a l'argent du pétrole, mieux vaut laisser aux Français le soin de financer l'essentiel du crachat qui leur sera envoyé... rien de nouveau sous le soleil de la V°.

A aucun moment donc il n'était question de discuter Histoire ; mais, grave question : était il légitime de contester le film ?  vaine querelle puisque cette légitimité, selon ces Tartuffe, ne saurait être accordée que dans l' « apaisement », comprendre après la mort des contestataires... Eussions nous étés présents, d'ailleurs, que c'eut été le lieu de répondre à ceux qui nous ont ont accusés de critiquer « sans avoir vu le film » : nos critiques ne portaient aucunement sur la mise en scène, le jeu d'acteurs ou autres, bref il ne s'agissait point d'une critique de cinéma, qui nous importe peu, mais bien des intentions affichées de Bouchareb, falsifiant l'Histoire au prétexte de la servir. La lecture du scénario et les vantardises de l'auteur suffisaient !

Tout cet aréopage s'accordait au départ, dans une unanimité quasi religieuse, sur un point : Il est temps que tout soit mis sur la table, l'Histoire est à tous, et surtout, le temps de la réconciliation est venu, il faut que et y a qu'à... la vérité, rien que la vérité, toute la vérité !

Dans cette heureuse perspective, la parole fut donnée à un auditeur trié sur le volet : ce dernier exhala son indignation devant le fait qu'à Perpignan, selon lui, s'élevait un musée « à la gloire de l'OAS ». Personne n'a relevé que cette affirmation est mensongère, puisque le projet du Cercle Algérianiste concerne l'histoire globale de la présence française en Algérie, dont l'OAS n'est qu'un épisode final de deux ans ... mais l'intéressant est que le pseudo historien de service s'est enflammé, sur un ton de procureur stalinien, à l'idée que l'histoire est prétexte, selon lui, à des intêrets mémoriels, et qu'il importe de juguler ces initiatives. En somme, il est légitime et même nécessaire de parler de tout, à condition de ne pas permettre ce qui ne doit pas être dit... Plus de tabou, sauf pour les tabous !

On touche là du doigt le terrorisme intellectuel par lequel le système prétend nous interdire de parole, système auquel les journalistes présents ne trouvent rien à objecter, tant ils en sont les instruments (inconscients ?  à voir...). Totalitarisme connu, que l'on dénonce volontiers chez les autres, mais qui régit ici l' « Information »...

Lors de la sortie du film à Cannes, France Inter s'était déjà fendu d'une émission « historique » sur les évènements de Sétif1945 à laquelle ne manquait pas un seul des poncifs en usage (sauf le mythe des 45000 victimes, un peu gros tout de même) : ses références bibliographiques, quatre ouvrages, tous plaidoyers serviles des thèses du FLN. Ignorés, les Vetillard, Dessaigne, Villard,Vallet et autres auteurs coupables de savoir de quoi ils parlent, et d'être nés sur la terre algérienne.

 Les victimes, circulez, France Inter dit l'Histoire pour vous !

M.Lagrot
Responsables CVR
Hyères le 23/09/2010

Mis en page le 28/09/2010