Même la médecine !

On croyait l’œuvre médicale de la France en Algérie incontestable et incontestée, personne apparemment ne l’ayant encore incluse dans le grand dénigrement de la colonisation de notre province : erreur ! le mensonge par omission étant la forme accomplie de la désinformation idéologique, la chaîne de TV FR3 vient d’y ajouter sa pierre, dans le cadre d’une émission, anodine par ailleurs, au titre maladroit : « aventures de médecine » , le 16 janvier dernier.

Il s’agissait de retracer l’aventure de la chirurgie réparatrice de la face, sujet à l’ordre du jour après quelques beaux succès récents de la médecine française dans ce domaine.

Or donc était retracée, ou plutôt censément retracée, l’histoire de cette discipline en France, à la faveur de quelques cas retraçant en particulier la reconstitution de nez, accidentés ou génétiquement anormaux, par la technique des greffes cutanées, l’ensemble étant présenté comme un progrès récent et spectaculaire.

C’est avec effarement que l’on pouvait constater au fil de l’exposé que l’impasse était faite sur tout un pan de cette histoire, sans doute le plus décisif. Rappelons le ici :

En 1945,  au lendemain de la seconde guerre mondiale, le Dr Felix Lagrot, chirurgien dans la RAF où il avait été initié à la chirurgie britannique des grands brulés, perfectionnait ces techniques dans le cadre hospitalier d’Alger, sa ville natale, sa faculté. C’était le point de départ d’une brillante aventure, menée au coté d’une équipe médicale de grande valeur, à son service de l’hopital Parnet, qui vit l’évolution fulgurante de cette chirurgie, appliquée à la pathologie particulière de l’Afrique du nord : « enfants loups » couverts de noevus pileux, noma, kystes hydatiques, paupières des trachoméens, grands brulés laissés sans soins pendant des mois par des familles du bled ignorantes….puis par la suite un domaine particulier où le Professeur Lagrot réunit des références uniques dans le monde, à savoir la reconstitution complète des mains de chirurgiens détruites par la radiodermite, résultat de la  pratique chirurgicale sous rayons x : plus de cent trente cas, venus du monde entier !

Une autre pathologie devait bientôt le solliciter, celle des «  nez coupés » : à partir de 1955, les terroristes algériens du FLN interdisaient aux musulmans de consommer du tabac français et la section était terrible : mutilation du nez et de la lèvre supérieure, coupés au rasoir. C’est ainsi que le service de l’hopital Parnet vit arriver des malheureux atrocement mutilés, qui trouvaient là les voies de la guérison.

Ces mutilations et le spectaculaire résultat des interventions firent l’objet en 1957 d’une publication de « l’Algérie médicale », et d’un film diffusé à l’ONU dans le cadre du débat sur l’Algérie. A cette date, 27 cas avaient déjà été traités, et furent suivis de bien d’autres….

Ces succès valurent au professeur l’honneur d’être condamné à mort par le FLN, dans une réunion spéciale en Kabylie, où figuraient (on l’apprit par la suite) un pasteur protestant et un membre de la Croix rouge suisse. Sans préjuger de statistiques maintenant introuvables, on ne doit guère se tromper en estimant qu’aucun autre chirurgien n’a eu autant de références en matière de réfection de nez !

Ajoutons que, au coté du Pr Morel-Fatio, de Paris, le professeur Lagrot a fondé la Sté française de chirurgie plastique, qu’il présida pendant des années.

Il nous paraît impossible que les auteurs de l’émission citée aient ignoré cette page capitale de l’histoire de la chirurgie réparatrice, d’autant qu’un instrument chirurgical encore employé porte le nom de son créateur algérois ;  et que d’autre part, à l’instigation d’un disciple algérois de ce dernier, le Pr Costagliola, le service des grands brulés du CHU de Toulouse a été baptisé du nom du « patron »….

Etait-il inopportun de mentionner que le FLN mutilait et torturait ses victimes ? était-il gênant de rappeler que la médecine française a du une grande part de son rayonnement à son œuvre outre-mer ? Etait-il incongru de rappeler que la faculté et l’école de médecine d’Alger furent parmi les premières de France ? Nous aimerions avoir les réponses à ces questions simples….

Ajoutons que, la semaine précédente, une émission consacrée à la médecine coloniale militaire sur la chaîne ARTE était assortie de commentaires passablement ambigüs, laissant presque penser que les Français étaient responsables de la propagation des épidémies en Afrique ! principalement axée sur l’action du Dr Jamot au Cameroun dans le années trente, en qualifiant au passage le film présenté à l’exposition coloniale de « propagande », cette émission ignorait superbement les Laveran, Maillot, Calmette, Nicolle, Sergent, Yersin, Marchoux, et tant d’autres médecins qui furent la gloire de la France, qui sacrifièrent leur carrière et souvent leur vie à une œuvre désintéressée.

Décidément, pour nos « gros media », rien n’est négligé quand il faut salir ou jeter aux oubliettes l’œuvre française outre-mer !

 
M.Lagrot

 janvier 2012

Mis en page le 24/01/2011 par RP