…. IN MEMORIAM…
ADIEU PAULO !
Paulo est parti.
Paul Lebon était ce
que j’appelle un bon et vieux camarade.
Il était évidemment mon ancien à la faculté de médecine d’Alger… notre
brillante faculté de médecine et je l’ai connu à la fin de l’été 1947.
Avant l’ouverture de l’année universitaire, après le PCB, j’allais
fréquenter l’hôpital de Mustapha pour me familiariser au plus tôt avec la vie
des malades.
C’est dans le service de chirurgie infantile que je fus accepté comme
un futur stagiaire, par un célèbre chirurgien d’Alger, le docteur Brincat, chef
de clinique dans ce service. Nous étions
encore au temps de l’épuration et ce service n’était plus dirigé par son
titulaire, le professeur Lombard. Ce service était dirigé par le professeur
Etienne Curtillet, lui aussi un de nos fleurons du monde chirurgical africain.
Cette vie de stagiaire avant l’heure m’a fait connaître des externes de
l’hôpital, externes nommés après concours à cette époque. Ceux-ci s’employaient
à nous familiariser avec la vie des malades traités en milieu hospitalier.
Paul Lebon fut un de ceux-là.
Fils d’un patron, le célèbre patron de la Thérapeutique en
Algérie à cette époque, le professeur Lebon dirigeait une école de haut
prestige.
J’ai connu et fréquenté Paulo dans des conditions de camaraderie
immédiate, une camaraderie de plusieurs années, sans nuage, sincère, simple.
Il observait un comportement ouvert, détaché, amical, tout le contraire
de ce que nous appelions un comportement ramenard. C’est-à-dire le comportement de
quelqu’un qui la ramène parce qu’il
est fils de patron.
Une camaraderie ressentie aujourd’hui. J’aime à l’évoquer parce que, je
le souligne, elle fut empreinte de sincérité, de calme et dépourvue de coups fourrés.
Puis la vie et les évènements nous ont séparés.
L’école Lebon, au-delà de la camaraderie qui me liait à Paulo, me sera toujours
chère pour une autre raison.
Pour une raison très précise.
Son père, le professeur Lebon, s’est déplacé en 1960 d’Alger à Paris,
pour témoigner en ma faveur au Procès des Barricades d’Alger.
Après bien des années d’aventures et d’errance, après une
réinstallation professionnelle à Paris, j’ai revu Paul Lebon, beaucoup plus
tard : c’était à Antibes, lors de la signature de mon deuxième livre.
Paul Lebon nous a quittés. Il va rejoindre la maison du Père.
Aurais-je la prétention de lui adresser une recommandation ? Ou
plutôt une prière ?
Pourquoi pas ?
Qu’il supplie la Sainte Vierge de ne pas oublier que nous, jeunes
Français d’Algérie, combattants volontaires pour sauver l’Algérie française,
« avons glané pour elle des
fleurs au dur sentier ».
Dur sentier, un dur sentier, c’était ça l’Algérie française.
Oui, un dur sentier car lorsque l’ennemi de notre Patrie a décidé
d’amputer la France de cette merveilleuse terre, il fallut s’accrocher avec
passion, avec fureur « aux fleurs de
ce dur sentier » que fut l’Algérie française… pour la garder
française.
Dans cette prière que tu voudras bien transmettre à la Sainte Vierge, Paulo,
demande-lui, comme nous le chantions quand nous étions scouts de France, toi à
la Saint Do et moi à Saint-François d’Assises,
« qu’elle ne nous laisse
pas faillir ».
Et surtout, de ne jamais oublier que lorsque nous nous sommes battus
pour l’Algérie française, c’était pour assurer la pérennité du message de la
Croix. Cette Croix nous l’avons défendue en Algérie, dans le respect des
convictions religieuses des uns et des autres.
La Croix, que nous sommes résolus à défendre aujourd’hui encore. C’est
pour cela que nous te prions de quêter le secours de Celle qui fut notre Dame
d’Afrique et Reine de France.
« Qu’elle ne nous laisse
pas faillir » dans le
sauvetage du message de la Croix dont nous percevons très bien les menaces qu’il
doit affronter aujourd’hui.
Paulo repose en paix.
Nous ne t’oublierons pas.
Jean-Claude Perez
Nice, le 19 janvier 2011