Lettre ouverte à Thierry Noir
Journaliste à « La Provence »
Monsieur,
Je viens de prendre
connaissance de votre article dans « La Provence »
du 19 courant.
Cet article donnant la parole à des membres
de la FNACA m'interpelle car les membres de cette association
sont habitués à « la langue de
bois » : Commémorer ou célébrer
ce n'est qu'une question de vocabulaire bien éloignée
du traumatisme et des souffrances que des milliers de Français,
je ne saurais dire compatriotes, endurent encore dans leurs
corps et leurs esprits.
La guerre était peut-être officiellement
finie, mais que ne le fut-elle pour tous ceux, militaires,
civils, Français de toutes origines, qui ont encore
laissé leur vie après cette date.
Quant à la souffrance des jeunes appelés
du contingent (dont je fus) et de leur famille (dont la
mienne) ce fut aussi la nôtre (et la leur) pendant
de longs mois et encore après l'exode (pour mémoire
les centaines de soldats, prisonniers et disparus).
Ce « lâche » soulagement
ne s'applique donc pas à toute la population et encore
moins à tous ceux demeurant en Algérie.
Pour édifier vos lecteurs vous auriez
pu préciser, que ce ne sont pas les seuls « Pieds-Noirs »
qui ont accepté les propositions de la commission
Favier. Douze associations d'anciens combattants, à
l'exception de la FNACA et de l'ARAC, se sont ralliées
à la date officielle du 5 décembre pour honorer
les victimes civiles et militaires des combats en Afrique
du Nord
Parmi toutes ces arguties éculées
et ressassées, pour justifier la commémoration
du 19 mars, un nouvel argument a attiré mon attention.
« Reste que le 8 mai n'est pas fêté
au Japon »
Si la paix avec le Japon n'a été
signée qu'en Août 1945, en Europe l'Allemagne a signé
son acte de capitulation le 7 -8 mai 1945.
Une petite comparaison lumineuse s'impose :
-L'Allemagne vaincue a capitulé.
-L'Allemagne a été amputée d'une partie
de son territoire.
-Des millions d'Allemands chassés de ces territoires
ont été conduits à l'exode.
L'Allemagne a donc toutes les raisons de ne pas commémorer
(célébrer) cette date.
Les trois points
précédents s'appliquent à l'identique
à la France... (mis à part qu'elle fut militairement victorieuse)
Et pourtant certains veulent commémorer
la date du 19 mars 1962. Quelle est donc leur logique ?
Il est dés lors évident que ceux,
qui idéologiquement s'étaient rangés
aux côtés du FLN, veulent commémorer
avec leurs alliés et amis la victoire politique de
ces derniers.
Vous démontreriez honnêteté
et probité journalistiques en publiant mes remarques.
Veuillez agréer, Monsieur, mes salutation
courroucées.
Trans en Provence
Le 19 mars 2009
Raphaël PASTOR
Français réfugié d'Algérie.
Militaire du Contingent en 1962
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