MOTION ADRESSEE AU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE
Monsieur Nicolas SARKOZY
Président de la République
Palais de l'Elysée - 55, rue du Faubourg Saint-Honoré
- 75008 PARIS
Monsieur le Président de la République Française,
- Attendu que les Départements Français d'Algérie
ont été abandonnés en violation de l'article
2 de la Constitution : «La France est une République
une et indivisible »
- Attendu que le référendum du 8 avril 1962, anticonstitutionnel
puisque les habitants des départements français
d'Algérie ont été exclus de cette consultation
qui scellait leur destin, est une forfaiture du pouvoir de cette
époque.
- Attendu que l'immense espoir de paix soulevé par le
13 mai 1958 a été trahi alors que la lutte contre
le FLN était gagnée sur le terrain, que des réformes
importantes étaient engagées et que les populations
donnaient des témoignages de fraternisation sur tout le
territoire.
- Attendu que lors de sa conférence de presse du 23 octobre
1958, le Général De Gaulle a déclaré
: « Quelle hécatombe connaîtrait l'Algérie
si nous étions assez stupides et assez lâches pour
l'abandonner ».
- Attendu que les promesses qui ont été faites
n'ont jamais été tenues par le chef de l'Etat qui
avait notamment déclaré en 1959 : « Moi vivant,
jamais le drapeau du FLN ne flottera sur l'Algérie».
- Attendu qu'après le cessez le feu du 19 mars 1962, le
Chef de l'Etat, Chef des armées, parfaitement informé,
a refusé de donner les ordres nécessaires à
l'armée de protéger les ressortissants français
de souche européenne comme nord-africaine, des assassinats
et enlèvements.
- Attendu que le gouvernement français n'a pris aucune
disposition pour faire respecter les dispositions des accords
d'Evian.
Nous demandons que la Nation reconnaisse par une loi, les responsabilités
de l'Etat français :
- Responsabilité directe dans les massacres, commis par
des troupes françaises à Alger le 26 mars 1962 rue
d'Isly et dans d'autres villes, à l'encontre de foules
pacifiques et sans armes défilant derrière le drapeau
français et clamant leur attachement à la France.
- Responsabilité pour non intervention et donc complicité
avec le FLN et l'ALN dans les massacres et enlèvements
commis après le 19 mars 1962 :
- sur des dizaines de milliers de Harkis et leurs familles, désarmés,
abandonnés sur ordre et livrés sans défense
à des actes de barbarie dès le 19 mars 1962
- sur des milliers d'Européens et notamment à Oran
le 5 juillet 1962.
- Responsabilité pour avoir empêché l'évacuation
vers la métropole des harkis et leurs familles, menacés
en Algérie par le FLN.
- Responsabilité dans le massacre de Harkis refoulés
de la Métropole, assassinés quelquefois sur les
quais où ils avaient été débarqués.
- Responsabilité dans l'exode inorganisé et l'accueil
indigne des «Rapatriés » en métropole.
- Dans l'absence délibérée de recherche
des civils disparus et des militaires prisonniers, certains pourtant
suivis à la trace durant des années après
l'indépendance, par nos services secrets.
Nous Français de toutes origines réunis en ce 13
mai 2008 à Marseille, en mémoire de cette date historique,
nous attendons de vous, le respect de l'engagement que vous avez
pris lors de la campagne électorale auprès des représentants
de la communauté harkie réunie à votre siège
de campagne, le 31 mars 2007, en déclarant solennellement
: "Si je suis élu Président de la République,
je veux reconnaître officiellement la responsabilité de
la France dans l'abandon et le massacre des Harkis et d'autres
milliers de "musulmans français" qui lui avaient
fait confiance, afin que l'oublie ne les assassine pas une nouvelle
fois." Engagement que vous avez confirmé devant les
représentants de la communauté pied-noire le 13
avril 2007 en affirmant votre volonté de reconnaître la
réalité de tous les crimes commis par l'Etat français
envers les Français d'Algérie et rapatriés.
Confiant dans vos décisions, nos compatriotes vous demandent
:
- les réparations morales et matérielles qui s'imposent
- l'ouverture de toutes les archives sans délais ni entraves
d'aucune sorte
- le statut de « Morts pour la France » pour toutes
les victimes civiles et pour ceux qui se sont dressés pour
défendre l'intégrité du territoire national
- le droit de réponse dans les médias publics,
chaque fois que la vérité historique est bafouée
- la réhabilitation immédiate des cimetières
profanés depuis l'indépendance et leur protection
- le refus de toute forme de repentance ou d'excuse
- que ne soit pas honorés sur notre sol national, les
Français qui ont collaborés à l'action terroriste
du FLN
- le respect par les représentants de l'Etat des dates
officielles de commémoration des victimes de la guerre
d'Algérie
46 ans après leur exode, deux millions de Français
rapatriés attendent que vous honoriez les engagements pris
à leur égard.
Veuillez agréer, Monsieur le Président, l'expression
de notre très haute considération.
SIGNE
: « LE COLLECTIF DU 13 MAI 1958 A ALGER », Fait le 13 MAI 2008
Le Coordinateur : André LORE
Président du Comité d'Action Patriotique des Alpes-Maritimes