ENTRETIEN avec JEAN MONNERET
La repentance ne doit pas être
unilatérale
Jean Monneret se consacre à l'étude
de la guerre d'Algérie depuis plus de vingt ans. Il à
récemment consulté les nouveaux fonds d'archives concernant
cette période.
Vous avez eu accès aux archives du ministère
des Affaires étrangères. Quel était le but
de vos recherches.
A la demande de la Mission interministérielle aux
rapatriés, une équipe à travaillé sur
les dossiers des Européens disparus en Algérie après
le 19 mars 1962. Le général Faivre, des membres de
l'agence nationale pour l'indemnisation des Françai d'outre-mer
(Anifom ) et moi-même avons étudié la dossiers
avec pour mission d'établir une base de données nombre
de personnes disparues ou libérées, circonstances
de leur libération, lieu de disparition, cause du décès...
Les nouvelles archives du Quai d'Orsay, de la
Croix Rouge et de Vincennes pourront-elles changer le regard porté
sur les événements d'Algérie ?
Elles peuvent et doivent permettre le rétablissement de la
vérité. Les informations concernant les persécutions
répétées à l'encontre des harkis et
des Européens. sont très nombreusa et fournies. En
l'année de l'Algérie a pris la tounure d'une campagne
médiatique pro-FLN, avec la prolifération de films
hostiles à l'armée française. Il sera désonnais
plus délicat de s'en prendre à notre armée
et de privilégier certaines victimes au détriment
d'autres. Souhaitons que les historiens soient à la hauteur
pour donner la véritable image de ces événements
d'Algérie, pour que cesse le procès systèmatique
de la colonisation.
Comment expliquer l'ouverture des archives concernant
les disparus d'Algérie, plus de quarante ans après
les événements ?
L'actualité de ces trois dernières années explique
cette initiative, directement liée au projet de, signature
d'un traité d'imitié avec l'Algérie. Celle-ci
devrait impliquer que l'on mette à jour certains problèmes.
D'un côté, l'Algérie demande repentance; de
l'autre, il est de notre devoir de parler des crimes commis dans
l'autre camp, principalement contre les Harkis et les Européens
après le cessez-le-feu. Le gouvernement a fait une démarcbe
en s'excusant pour les événements du 8 mai 1945 à
Sétif. De la méme façon que l'on parle de cette
journée, il faut parler de la fusillade du 26 man 1962 à
Alger ou des Massacres d'Oran le 5 juillet 1962. C'est à
mon avis dans esprit qu'ont été ouverts 12 vingtaine
de dossiers du 2e Bureau et de la gendarmerie représentant
queIque quatre-vingt cartons d'archives.
Que pensez-vous du traîté d'amitié
?
Tout dépend de I'esprit dans lequel à est fait. Si
le gouvernement garde son libre arbitre et qu'il agt dansun souci
de vérité et d'objectivité, ce projet est une
bonne chose. La France ne doit en aucun cas faire de repentance
unilatérale. Le chantage exercéré du côté
algérien est inacceptable: comparer le coionialisme au nazisme
et traiter les harkis de "collabos'" sont des accusations que l'on
ne peut tolérer.
Propos recueillis par Agnès Lacombe
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