Valeurs Actuelles 20 janvier 2006

ENTRETIEN avec JEAN MONNERET

La repentance ne doit pas être unilatérale

Jean Monneret se consacre à l'étude de la guerre d'Algérie depuis plus de vingt ans. Il à récemment consulté les nouveaux fonds d'archives concernant cette période.

Vous avez eu accès aux archives du ministère des Affaires étrangères. Quel était le but de vos recherches.
A la demande de la Mission interministérielle aux rapatriés, une équipe à travaillé sur les dossiers des Européens disparus en Algérie après le 19 mars 1962. Le général Faivre, des membres de l'agence nationale pour l'indemnisation des Françai d'outre-mer (Anifom ) et moi-même avons étudié la dossiers avec pour mission d'établir une base de données nombre de personnes disparues ou libérées, circonstances de leur libération, lieu de disparition, cause du décès...

Les nouvelles archives du Quai d'Orsay, de la Croix Rouge et de Vincennes pourront-elles changer le regard porté sur les événements d'Algérie ?
Elles peuvent et doivent permettre le rétablissement de la vérité. Les informations concernant les persécutions répétées à l'encontre des harkis et des Européens. sont très nombreusa et fournies. En l'année de l'Algérie a pris la tounure d'une campagne médiatique pro-FLN, avec la prolifération de films hostiles à l'armée française. Il sera désonnais plus délicat de s'en prendre à notre armée et de privilégier certaines victimes au détriment d'autres. Souhaitons que les historiens soient à la hauteur pour donner la véritable image de ces événements d'Algérie, pour que cesse le procès systèmatique de la colonisation.

Comment expliquer l'ouverture des archives concernant les disparus d'Algérie, plus de quarante ans après les événements ?
L'actualité de ces trois dernières années explique cette initiative, directement liée au projet de, signature d'un traité d'imitié avec l'Algérie. Celle-ci devrait impliquer que l'on mette à jour certains problèmes. D'un côté, l'Algérie demande repentance; de l'autre, il est de notre devoir de parler des crimes commis dans l'autre camp, principalement contre les Harkis et les Européens après le cessez-le-feu. Le gouvernement a fait une démarcbe en s'excusant pour les événements du 8 mai 1945 à Sétif. De la méme façon que l'on parle de cette journée, il faut parler de la fusillade du 26 man 1962 à Alger ou des Massacres d'Oran le 5 juillet 1962. C'est à mon avis dans esprit qu'ont été ouverts 12 vingtaine de dossiers du 2e Bureau et de la gendarmerie représentant queIque quatre-vingt cartons d'archives.

Que pensez-vous du traîté d'amitié ?
Tout dépend de I'esprit dans lequel à est fait. Si le gouvernement garde son libre arbitre et qu'il agt dansun souci de vérité et d'objectivité, ce projet est une bonne chose. La France ne doit en aucun cas faire de repentance unilatérale. Le chantage exercéré du côté algérien est inacceptable: comparer le coionialisme au nazisme et traiter les harkis de "collabos'" sont des accusations que l'on ne peut tolérer.

Propos recueillis par Agnès Lacombe