Manifestation
devant l'hôtel de région de Montpellier
contre les propos de Georges Frêche sur les Harkis
Quelque
500 harkis, Pieds-Noirs et anciens combattants ont manifesté
samedi devant l'hôtel de région de Montpellier pour
protester contre les propos tenus la semaine dernière par
le président (PS) de la région Languedoc-Roussillon,
Georges Frêche, contre la communauté des harkis.
Le rassemblement a eu lieu à l'appel de l'Association
pour la justice, l'information et la réparation des harkis et des
rapatriés de l'Hérault (Ajir 34), qui a porté plainte contre M.
Frêche pour "injures, diffamation et appel à la haine raciale".
Quelques élus, dont le député-maire
UMP de Palavas-les-Flots (Hérault) Christian Jeanjean, le
député-maire UMP de Villeneuve-lès-Avignon
(Gard) Jean-Marc Roubaud et le maire UMP de Nîmes Jean-Paul
Fournier, ont participé à la manifestation.
Une poignée de manifestants ont jeté des oeufs
sur l'hôtel de région au cri de "démission, démission", tandis que
le reste des manifestants appelaient au calme.
Le président national d'Ajir, Mohammed Haddouche,
a dénoncé des "propos intolérables et scandaleux
de la part d'un élu". Samedi dernier, M. Frêche s'en
était pris à des harkis qui avaient participé
à une manifestation de l'UMP pour défendre "le rôle
positif" de la colonisation, les qualifiant notamment de "sous-hommes".
Evoquant les excuses que l'élu socialiste a présentées
lundi lors d'une conférence de presse, M. Haddouche a jugé qu'"il
ne demande pas pardon aux harkis mais aux journalistes. Il se présente
comme la victime, il nous rejette la faute dessus comme si c'était
nous qui étions venus le provoquer".
M. Haddouche a réclamé des "excuses solennelles"
du président de la République, du Premier ministre et du premier
secrétaire du Parti socialiste.
Le directeur adjoint du cabinet de François Hollande
avait reçu vendredi matin une délégation de harkis et d'enfants
de harkis, venus à l'improviste demander des "sanctions" à l'encontre
de Georges Frêche, notamment son éviction du bureau national du
PS.
Une dizaine d'enfants de harkis ont décidé d'observer
une grève de la faim devant le siège du PS à Paris jusqu'à mercredi
soir afin d'être être reçus par M. Hollande en personne.
In Midi-libre
édition Montpellier
Dimanche 19 février 2006
Harkis
indignés rassemblés dans la dignité
«
Tous unis pour condamner les insultes de Georges Frêche
contre les harkis. » Plus de 500 personnes - harkis,
pieds-noirs, anciens combattants pour l'essentiel - se sont rassemblées
hier après-midi à Montpellier sous cette banderole
déployée devant l'hôtel de Région.
Elles répondaient à l'appel de Ajir (association
pour la justice, l'information et la réparation des harkis
de France) dont le président héraultais, Albdelkader
Chebaïki, avait été insulté dans les
termes que l'on sait il y a huit jours par Georges Frêche
lors d'une cérémonie devant la stèle à
la mémoire de Jacques Roseau, au Mas-Drevon.
Ce rassemblement, nourri de nombreuses prises de
parole pour une même indignation, s'est déroulé
dans la dignité. Même si à plusieurs reprises
les manifestants ont scandé des « Démission,
démission » à l'attention de Georges Frêche.
Même si, encore, quelques jeunes, vite ramenés à
la raison par les organisateurs, ont jeté des ufs sur
la façade du conseil régional, alors que la cérémonie
venait de s'achever sur une Marseillaise chantée par presque
tous.
Mohammed Haddouche, le président d'Ajir France,
a confirmé que, la veille, l'association avait officiellement déposé
plainte avec constitution de partie civile auprès du tribunal de
grande instance de Montpellier. Une plainte contre Georges Frêche
pour provocation à la haine. Sont également citées pour leur absence
d'intervention ce jour-là six autres personnes dont Jack Lang, ancien
ministre, et Hélène Mandroux, maire de Montpellier.
Hier,
tous les orateurs ont exprimé leur vive émotion tandis
que circulait une pétition. Des harkis étaient venus
de Lyon, de Roubaix, de Normandie, de la Côte d'Azur... «
Je suis là car je me considère comme la petite sur
de tous ces harkis que je connais bien. Les propos de Georges Frêche
sont insoutenables et monstrueux. Nous exigeons une punition sévère »,
assura la présidente du cercle algérianiste de Perpignan.
Le président d'Ajir Rhône ajouta peu après :
« Un professeur de droit comme Georges Frêche
connaît le poids des mots. Si les élus veulent être
respectés, il faut qu'ils soient d'abord respectables. Nous
avons confiance en la justice et espérons une sanction exemplaire
et rapide. M. Frêche, il n'y a pas de sous-homme. Il n'y a
qu'un homme en dessous de tout, et c'est vous. »
Sélim s'est battu pour la France en Algérie
et il se déplace difficilement vu son grand âge. «
M. Frêche a insulté les vivants et les morts. Il ne
faut laisser personne salir notre mémoire. J'ai honte pour
lui », a-t-il dit la voix tremblante.
Les harkis ont répété plusieurs
fois qu'ils attendent du PS l'exclusion de Georges Frêche.
« Il a lu des excuses mais il n'a pas demandé
pardon aux harkis », assura Mohammed Haddouche.
Avant d'inviter les volontaires à aller
visiter la cité de La Grappe, Abdelkader Chebaïki précisa
: « Votre présence ici témoigne de l'immense
blessure provoquée par la violence des insultes (...) Nous
attendons aussi que le président de la République
et le Premier ministre condamnent solennellement, comme ils ont
su le faire en d'autres occasions, ces propos dignes des pires pensées
nazies. » Et de conclure en s'adressant à tous
: « Vous êtes des hommes d'honneur. »
Jérôme
CARRIERE
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