Nice-Matin du jeudi 12 août 2004

Cérémonies du 15 août : des réactions

Les pieds noirs s'estiment " oubliés"

A l'occasion de la préparation du 60e anniversaire du débarquement de Provence qu'il estime être l'occasion de rendre hommage à l'armée d'Afrique dont les pieds-noirs constituaient le ciment (168 000 soldats sur 400 000), le parti piednoir manifeste son désaccord : " Le gouvernement français, précise Christian Schembre, président du P.P.N., doit faire une place de choix aux représentants de la communauté pied-noire en gage de reconnaissance solennelle et le président Bouteflika doit reconnaître l'œuvre accomplie par les Européens d'Algérie et leurs droits moraux et historiques.

L'avenir des deux pays et des deux peuples ne pourra jamais se construire à l'écart de cette communauté intermédiaire " conclut Christian Schembre.


Hommage aux vétérans de l'armée d'Afrique

La délégation du Var de l'association de soutien à l'armée d'Afrique organise le lundi 16 août, à partir de 21 h 30, au Mémorial du Souvenir de l'Armée d'Afrique, boulevard du général-de-Gaulle, à Saint-Raphaël, une " Veillée du souvenir " afin de rendre hommage aux vétérans de l'Armée d'Afrique qui débarquèrent sur les côtes varoises le 15 août 1944.

Les combattants sans uniforme issus des réseaux de la résistance intérieure et extérieure, les F.F.L., ceux de Corée, d'Indochine, d'Algérie, légionnaires harkis et supplétifs y seront également honorés.

M. Wirtz, délégué départemental ajoute à propos de la présence de M. Bouteflika à Toulon que I'A.S.A.F " s'associe pleinement à la réprobation des députés et en fera la déclaration publique au cours de cette veillée ( ... ) qui devra se dérouler dans le calme et la dignité, toute tentative de manifestation sur ces lieux sacrés étant désavouée d'avance, "


Le " non " des anciens détenus et prisonniers politiques

L'Association nationale des anciens détenus et exilés politiques de l'Algérie française " tient à élever une vive protestation contre la participation du président algérien, M. Abdelaziz Bouteflika, à la commémoration du 60e anniversaire du débarquement des troupes franco-américaines sur les plages du Var le 15 août 1944. Elle considère inopportune son invitation par le gouvernement français. En effet, l'ancien officier de l'Armée de la Libération nationale en zone 4 et en zone 7 de la Wilaya 5, l'ancien membre du " clan de Oujda ", de triste mémoire, le complice des exactions du FLN, le comparse des idéologues de l'épuration ethnique contre les ressortissants Français en Algérie n'a pas sa place parmi les invités ".

L'association déplore " qu'il continue de cracher sur le tombeau des harkis " ; qu'il refuse aux Français musulmans réfugiés en France " l'accès du pays de leur père d'une manière insultante " ; qu'il exclut certains Français, " défenseurs de I'Algérie Française du droit de se rendre en Algérie conformément aux accords d'Evian ".

Et de conclure : " Bouteflika n'a pas qualité à représenter lors de cette manifestation les anciens combattants Français musulmans. La République algérienne n'existait pas le 15 août 1944 et la terre d'Algérie était encore une province Française.

De ce fait, nous n'avons aucun souvenir à partager avec lui, les dates qu'il honore dans son pays avec faste, le 1l novembre 1954 et le 2 juillet 1962, sont des dates que nous pleurons encore ".


Fédérations de rapatriés
: une blessure toujours ouverte

Les deux fédérations de rapatriés, I'U.N.F.A.N. et le C.L.A.N " expriment leurs remerciements à la soixantaine de députés qui ont déjà fait part de leur indignation, comme de celle de la communauté des Français rapatriés d'Algérie, à l'annonce de l'invitation du président de la République algérienne aux cérémonies commémoratives du 60e anniversaire du débarquement. "

Elles rappellent que " ce sont les Français, Européens et Musulmans qui, en 1944, sont venus d'Algérie libérer le territoire national, Ces Français d'Algérie constituaient l'essentiel des troupes levées alors en Afrique du Nord et dans les colonies d'Afrique. Elles n'ont pas oublié non plus que le F.L.N. a fait de ces anciens combattants attachés au drapeau français sa cible privilégiée tout au long des années noires de la guerre d'Algérie.

L'U.N.FA.N. et le C.L.A.N ne pourraient " considérer comme admissible la présence de M. Bouteflika à cette commémoration que si l'intéressé venait, à cette occasion, exprimer ses regrets sincères pour les atrocités commises et le non respect des accords d'Evian.

Les deux fédérations " invitent leurs compatriotes rapatriés à se recueillir dans la dignité " le 16 août à Saint- Raphaël devant le monument à l'Armée d'Afrique à 21 heures.

 

 

Var-Matin du 13/08/2004

Les Harkis du Var ne manifesteront pas contre la venue de Bouteflika

Le conseil des Harkis du Var regrette vivement la venue de Abdelaziz Bouteflika, le président de l'Algérie, lors de la commémoration du débarquement de Provence, le 15 août. Toutefois, le conseil n'entend pas manifester sa désapprobation. " Aujourd'hui, beaucoup parlent de manifester lors de la cérémonie. Mais manifester pourquoi ? Il ne revient pas aux Harkis de défiler dans les rues pour demander réparation du déshonneur qu'ils ont subi lorsque le président Algérien a tenu des propos insultants à leur encontre (*). C'est à la France de défendre ceux qui ont combattu pour le drapeau tricolore et ont renfloué les rangs de l'armée lors du débarquement de Provence. Nous félicitons d'ailleurs les députés qui ont signé la pétition adressée au Ministre des Affaires étrangères. "

Et le conseil de poursuivre : " Et puis manifester contre qui ? Contre celui qui a bafoué notre honneur ou contre ceux qui ont invité ce dernier et qui ne nous ont pas défendus ? Non, nous ne pouvons pas mener un combat sur les deux fronts ! De surcroît, nous ne voulons pas solliciter à nouveau nos anciens usés pour avoir défendu la France, usés par leur souffrance, et usés pour avoir réclamé leur reconnaissance. Nous ne voulons pas non plus servir les objectifs de certains qui voient en cette action, un moyen de régler des comptes. "

(*) Il y a quatre ans, Abdelaziz Bouteflika avait traité de " collabos " et " miliciens ", les membres de la communauté harkie qui avaient choisi de défendre la France.

 

 

Var-Matin du 14/08/2004

L'association nationale des anciens combattants harkis et prisonniers de guerre du FL.N, l'association nationale des supplétifs de souche européenne, le comité national de liaison des harkis " se désolidarisent des manifestations du refus qui pourraient se manifester lors de la venue du président de la république algérienne aux cérémonies du 60e anniversaire du Débarquement de Provence et de la libération de la France.

Ces manifestations d'hommages aux glorieux combattants de l'Armée française toutes ethnies confondues est une cérémonie d'hommage, de recueillement et du souvenir à laquelle nous nous associons pleinement afin de rendre hommage à ces valeureux serviteurs, libérateurs de la France. "