... LE 13 MAI 1958...

HALTE AUX PLEURNICHERIES

   L'évocation du cinquantième anniversaire du 13 mai 1958 a déclenché chez moi une réaction épidermique. Une réaction d'intolérance.
   Il faut cesser de geindre et d'accuser De Gaulle d'avoir renié ses promesses. Il faut cesser de nous exhiber en victimes d'un parjure.
    Aujourd'hui nous sommes instruits, nous sommes informés. Si De Gaulle fut propulsé au pouvoir, à partir de ce jour-là, c'était pour accomplir une mission: liquider l'Algérie française. DANS QUEL BUT?
    Dans le but de traduire dans les faits les décisions d'une secte capitaliste. Plus précisément d'une secte du capitalisme financier. La décision du « délestage économique » de l'Algérie. Il fallait tuer l'Algérie française, parce qu'elle coûtait cher. Dans la même décision De Gaulle manifesta sa volonté de se débarrasser d'un peuple : le peuple français multiconfessionnel d'Algérie. Sans se préoccuper du drame qu'allait vivre la collectivité pied-noir.
    Mais, au-delà de la motivation capitaliste, au-delà du destin de plus d'un million de Français non musulmans d'Algérie, au-delà de la tragédie des musulmans qui aspiraient à rester Français, au-delà du supplice qu'ont vécu des dizaines de milliers de harkis et d'autres combattants musulmans, au-delà du massacre du 26 mars 1962 à Alger, au-delà du massacre du 5 juillet à Oran, au-delà du destin de tous nos disparus, oui, au-delà de tous ces drames quel est le point d'orgue de la trahison gaulliste ? De la conjuration gaulliste contre l'Algérie française ?
    Le point d'orgue c'est la trahison du message transmis par le peuple musulman d'Alger le 16 mai 1958. La NUIT du 16 mai 1958.
   
Ce soir-là, symboliquement, le monde musulman algérien s'est offert à la France. Les femmes musulmanes sont venues en masse crier leur amour pour la mère-patrie. Sur le forum d'Alger, se déroula une farandole : ce fut la farandole de l'espérance. Femmes et hommes par milliers voulurent saisir, ce soir-là, avec avidité, l'occasion que leur offrait enfin l'histoire de mettre en route une « rénovation séculaire  » de l'islam. Une rénovation, telle que celle-ci était prévue par le hadit, c'est-à-dire par « la parole du Prophète ». Ce peuple exprimait sa volonté de s'affranchir de l'autorité exercée par ceux qui se considéraient comme « des experts en religion ». « Experts » qui prétendaient soumettre tous les musulmans du monde à la « passion ». « Passion » condamnée par le Prophète lui-même, lors de son « Prêche d'Adieu », prononcé la veille de sa mort.
    Le 16 mai 1958, le 16 mai de l'amour, fut sabordé par De Gaulle. C'est pourtant à partir de cette nuit-là, qu'une révolution universelle, une rénovation, pouvait s'amorcer sur cet immense territoire qu'était l'Algérie française. La « rénovation de l'islam ». De l'islam ouvert à l'intégration, à la convivialité, aux exigences de la citoyenneté française en Algérie. C'était un élan des musulmans vers l'Europe et vers l'Occident, par le relais de la France, dans un esprit de liberté, d'égalité et de fraternité.
    Ceux qui ont trahi le message du 16 mai 1958 ne l'ont pas fait dans le but exclusif d'assassiner l'Algérie française, de trahir la France, de trahir les Français et tout particulièrement les Français d'Algérie.
    Ils n'ignoraient pas, que derrière le FLN intervenait au tout premier plan l'Association des ulémas, fondée en 1931. Le cheikh Ibrahim Bachir, ou El Bachir el Ibrahimi, son président, successeur de Ben Baddis, siégeait au CRUA. Il contrôlait l'orientation du combat livré contre la France. Un combat livré pour « le triomphe de l'arabisme et de l'islam ». C'est ce qu'il avait proclamé lui-même, lei our de la Toussaint rouge, à partir du Caire.
   La trahison gaulliste conduisit tout logiquement à la conclusion que nous avons vécue : le 19 mars 1962 à Evian. La capitulation. La honte. Le massacre des harkis. Des enlèvements, des disparus. L'exode.
    Comment s'illustre-t-elle, aujourd'hui, cette trahison ? En quel terme historique doit-elle être évoquée ?
    En termes de DEFAITE. Une défaite subie par une grande nation occidentale devant l'arabo-islamisme fondamentaliste mondial.
    Une défaite... Pourquoi ?
    Parce qu'une loi a été votée en France le 18 octobre 1999. Elle identifie, officiellement, les événements d'Algérie à une guerre. Or il n'existe que deux manières de terminer une guerre. Par une victoire. Ou par une défaite.
    Qui va nous faire croire qu'Evian fat l'illustration d'une victoire française ?
    Oui... Ce fut une victoire. Pour qui ?
    Pour Al Qaïda, pour la nouvelle révolution mondiale. C'est-à-dire la révolution islamiste fondamentaliste qui s'est manifestée en termes de guerre, le 16 septembre 2001 à Manhattan, le 16 mars 2004 à Madrid, qui s'est manifestée à Londres, qui exerce ses effets en Afghanistan, au Pakistan, en Indonésie, au Proche et au Moyen-Orient, en Afrique, dans les Balkans.
    Cette nouvelle révolution mondiale, c'est à Alger que l'ont mise en route ceux qui ont baissé culotte devant le FLN le 19 mars 1962.
    On a refusé de saisir l'occasion d'un enthousiasme contraire. De l'enthousiasme des musulmans d'Algérie, de l'enthousîasme du 16 mai 195 8. Cet enthousiasme aurait pu générer une dynamique historique mondiale tout à fait opposée à celle qu'un destin pervers, élaboré par le gaullisme, expression opérationnelle d'un satanisme capitaliste, nous impose de subir aujourd'hui.

Jean-Claude PEREZ

Pour confirmer cette thèse lire du même auteur :
    - Vérités tentaculaires sur l'OAS et la guerre d'Algérie - 1 »
    Une stratégie. Trois tactiques.

   - L'Islamisme dans la guerre d'Algérie »
    Logique de la nouvelle révolution mondiale.

En préparation pour la rentrée

   - Attaques et contre-attaques »
    Vérités tentaculaires sur l'OAS et la guerre d'Algérie - II »

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Mis en page le 27/05/2008 par RP