Alain Mimoun, né Ali MimounOuldKacha le 1er janvier 1921 à Maïder (arrondissement du Telagh, départementd'Oran) en Algériefrançaise et mort le 27 juin 2013
à Saint-Mandé, dans le
Val-de-Marne, est un athlètefrançais et anciencombattant de la Seconde Guerre mondiale. Il estparticulièrementconnu pour savictoire au marathon des Jeuxolympiquesd'été de 1956 à Melbourne.
Aînéd'unefratrie de septenfants, issud’unefamille de modestesagriculteurs, samère Halima le destine à unecarrièred’instituteur. Il obtient le certificatd’étudesprimaires (avec mention « Bien »), mais on lui refuse malgré tout une bourse. Il s'engagealorsdansl'armée au début de la Seconde Guerre mondiale, alorsqu'iln'a pas encore 19 ans, et estenvoyésur la frontièrebelge. Après
la débâcle, en 1940, il se livre à la pratique du sport : football, cyclisme… et enfin à la course à pied. De passage à Bourg-en-Bresse, ilvients'entraînerdans le stade. Là, le président du club d'athlétisme local, M. Vilar, le remarque. Il participe au championnatdépartemental de l'Ainetremportel'épreuve du 1 500 mètres. De retour en Algérie à Alger au 19e régiment du génie (caserneLemercier à Hussein Dey), ilintègrel'équipe de cross-country de l'unité, puis combat lors de la campagne de Tunisie (novembre 1942 - mai 1943) sous
les ordres du généralJuindansl’arméed’Afrique du général Giraud.
Dèsjuillet 1943, ilparticipe à la campagned'Italiecomme caporal dans le 83e bataillon du génie, au sein de la 3e division d'infanteriealgériennecommandée par le général de Monsabert au sein du Corps expéditionnairefrançais en Italie du maréchalJuin. Grièvementblessé au pied par un éclat d'obuslors de la bataille du mont Cassin le 28 janvier 1944, ilévite de justessel'amputation de sajambe gauche préconisée par les médecinsaméricains et est soigné à l'hôpitalfrançais de Naples qui luiévitecetteépreuve, puisparticipenéanmoins au débarquement de
Provence (15 août 1944). Son bataillon y gagnera la Croix de guerre avec quatre citations. Après le conflit, ildevientgarçon de café au Racing club de France à la Croix-Catelan et habite un modestedeuxpièces au 127, avenue Simon-Bolivar à Paris.
Mimoundominenettement la course de
fond en France dès 1947 etenlèvecetteannée-làses premiers titres de champion de France sur le 5 000 et 10 000 mètres. Il croiseégalement le Tchèque Emil Zátopek (1922-2000), qui devientrapidement son ami, à l'occasion d'un
match international à Prague le 16 août 1947. Les oppositions Zatopek-Mimountournent le plus souvent à l'avantage de la « locomotive tchèque », au sommet de son art entre 1948 et 1952. Mimoundoitainsi se contenter de troismédaillesd'argentolympiqueslors de cettepériode :sur 10 000 mètres aux JO de Londres en 1948 et sur 10 000 et 5 000 mètres aux JO d'Helsinki en 1952, chaquefois derrière Zatopek. Il en va de même aux championnatsd'Europe en 1950, oùiltermine second derrière Zatopeksur 5 000 et 10 000 mètres.
Après les titres nationauxgagnés en 1947, Mimoun en accumulenombred'autres :sur 5 000 mètres en 1949,
1951, 1952, 1953, 1954, 1955 et 1956 (record), du 10 000 mètres en 1947, 1949, 1950, 1951, 1952, 1953, 1954, 1955, 1956, en cross-country en
1950, 1951, 1952, 1954, 1956.
En 1949, ilremporte le cross national organisé par la ville de Mézidon (Calvados), victoirequ'ilrenouvelle en 1959 en gagnantdevantAbdeslamRadi.
Il estélu champion des champions français par le journal L'Équipe en 1949.
Aux Jeuxméditerranéens de 1951 et de 1955, ilremporte le 5 000 et le 10 000 mètres.
À la date de 1956, ildétenaitconjointement les huit records de France des 2 miles, 3 miles, 5 000 m, 6 miles, 10 000 m, 15 000 m,
20 km et de l'heure.
Malgrécecopieuxpalmarès,
la pressefrançaisepensaitqueMimounn'était pas au niveau pour
disputer au Tchèque Emil Zátopek la victoirelors du
marathon olympique de 1956. Mais la presseignoraitalorsqueZátopekavaitétéopéréunmois plus tôtd'unehernie et queMimoun,
après uneultime séance d'entraînementsur 30 km sur le parcours du marathon, étaittrèsaffuté. Mimoun ne promit pas la victoire à son entraîneur : « Voussavez,
je ne prometsrien. Je feraiseulementmon possible pour allerjusqu'au bout », maistrès sensible aux « signes» du destin, ilétaitpersuadéqu'ilallaitgagner. Les signes, souventévoqués par Mimoun après la course, étaient multiples aux yeux du fondeurfrançais. Il portait le dossardnuméro 13. La course débuta à 15 h 13. La veille de la course, ilapprend par télégrammequ'ilestpèred'une petite fillequ'ilprénommeOlympe. Pour Mimoun, la victoire de 1956 devaitrevenir aux Français, qui l'avaient déjà emportée en 1900 et 1928 (1928 + 28 = 1956).
Le 1er décembre 1956, après
un faux départ, seulcas de ce type sur un marathon olympique, les quarante-cinqconcurrents, représentantvingt-trois nations, s'élancent sous unechaleuraccablante (36 °C à l'ombre) pour les 42,195 km du parcours. Un groupe de treizehommes se dégage après quinzekilomètres.Il n'enreste plus quecinq au passage
des vingtkilomètres.L'Américain John J. Kelley (en) donneune tape dans le dos de Mimoun pour l'inviter à le suivre. Mimounet Kelley s'appréciaient, et les deuxhommess'échappent. Après quelques minutes d'effortsintensifs de Kelley, Mimounprend le relais, etlâche Kelley. Il se trouveseul en tête alorsquela
marque de mi-parcoursn'est pas encore franchie. Un instant, Mimounpense à se laisserrejoindre par sespoursuivants, puischoisitfinalement de faire la
course à son rythme, en profitant du tracé du parcours pour jaugerl'allure de sesadversaires, qu'ilcroisait après avoir passé le piquet marquant la moitié du parcours. Il constateque Kelley est à la peine et quandilcroise les deuxSoviétiques, ilprend le temps de leur faire un
petit signe pour les chambrer… Exténués, ilsn'ont pas la force de répondre.
Il croiseensuiteZatopek, qui n'a pas safouléehabituelle. Il comprendalorsqueZatopek ne gagnera pas ce marathon.
Le dernier quart du parcoursestdifficile pour Mimoun qui s'insulteafin de s'obliger à poursuivre. Sa fouléedevient de plus en plus courte. Il demanda à 12 kilomètres de l'arrivéeoùétaientsituéssespoursuivants, maispersonne ne luicommuniqual'information. Tout luipesait, même le simple mouchoirprotégeantsa tête du soleil. Il le jetaetfutrevigoréquandils'aperçutqu'unejeunefille blonde se précipitait pour ramassercetterelique. La fouleaustralienneluicriait « Very good! Very
good! » mais ne luidonnaitaucune indication surl'écart avec sespoursuivants. Quandilaperçoit le mât du stadeolympique, à plus de troiskilomètres de la ligned'arrivée, ilaccélère la cadence. Il entre dans le stadeolympique à 17 h 37 sous les ovations de 120 000 spectateursetdevientainsi champion olympique du marathon.
À l'arrivée, Mimoun se précipitevers son amiZatopek : « Tu ne me félicites pas Emil ? ». Sixième à l'arrivéeetcomplètementexténué, ZatopekpensaitqueMihalicétait le vainqueur. Son visage s'éclairaquandMimounluiannonça la nouvelle. Il se mitalors au garde à vous, retirasacasquette, et félicita le vainqueur : « Alain, je suisheureux pour toi ». Et ilss'enlacèrent pendant de longuessecondes. C'était la dernièrefoisquecesdeux-làs'alignaientsur la même course.
À l'aéroportd'Orly, Mimounestaccueilli en héros par unefouleconsidérable et porté en triomphe. Déjà désigné champion des champions français par le journal L'Équipe en 1949, ilconnaît de nouveau cethonneur en décembre 1956.
Mimounpoursuitsa domination sur le fond français en remportantd'autres titres nationauxsur 10 000 mètres en 1957, 1958 et 1959, et de cross-country en
1959.
Malgré son âge, iltient à défendre son titre à Rome
en 1960, et compte un total de 86 sélections en équipe de France A (record toujoursvalide).
En 1960, ilinitie la création de
Centre d'entrainementsportif national de Bugeat en Corrèze (devenu l'« Espace 1000
Sources Corrèze »).
En 1966, à 45 ans, ilremporte son dernier titre national, sur le
marathon, après ceux de 1958, 1959, 1960, 1964 et
1965 (record national, devantFernandKolbeck 5 titres). Au total, ceseront 32 titres nationaux et 20 records de France à son actif.
Le 25 septembre 2002 à Argenteuil, ilassiste à l'inauguration du 50e stadeportant son
nom, dans le département du
Val-d'Oise.
Jusqu'àl'âge de 92 ans, ilcouraittoujours de dix à quinzekilomètres par jour à Champigny-sur-Marne dans le Val-de-Marne oùilrésidaitdepuis de nombreusesannées. Admis à l'hôpitalmilitaireBégin à Saint-Mandé, il y meurtdans la soirée du
27 juin 2013.
Musulman,
il attribuait ses victoires à sainte Thérèse qu'il invoquait avant chaque
course.
Blessé,
un ami athée l’avait conduit en 1955 à Lisieux, en lui parlant de sainte
Thérèse. Alain Mimoun raconte la suite : « Tu penses, pour mon premier marathon
[celui de Melbourne], j'ai le dossard 13. Et puis ma fille qui est née la
veille de la course, et puis le dernier pèlerinage à Lisieux. D'ailleurs, je
suis un miraculé. J'avais pris 7 kilos. Mais il me semblait qu'il y avait
encore une petite flamme intérieure. Et un bienfaiteur de l'athlétisme m'avait
dit ‘’T'es pas fini’’. Il m'avait emmené devant les reliques de Sainte-Thérèse,
j'avais été pris de tremblements. »
Aujourd’hui, converti au catholicisme, Alain Mimoun
assurait que sa victoire au marathon de 1956, il la devait à Sainte Thérèse du
l’Enfant Jésus !
"Il s'était déjà fait construire une chapelle dans le
cimetière de Bugeat, en Corrèze, pour son dernier repos. Avec une petite place pour Sainte-Thérèse qui
continuera ainsi à veiller sur lui".