De Saint-Cyr à l'Action Psychologique
Le colonel
Charles Lacheroy, son créateur vient de nous quitter à
98 ans
Le colonel Charles Lacheroy,
le dernier grand stratège de l'Armée française,
le " père " de l'Action psychologique et de la
guerre subversive, bâtie en Indochine et appliquée
en Algérie, n'est plus ! Il vient de s'éteindre, le
25 janvier 2005, à Aix en Provence, à l'âge
de 98 ans.
A moins de deux années
du bouclage de " Son Siècle ", comme il l'a mentionné
en sous-titre " Mémoires d'un siècle " de
son livre de 250 pages: " De Saint-Cyr à l'Action Psychologique
", écrit, enfin!, il n'y a seulement que trois années.
Un livre trop court, fort discret, correspondant au véritable
caractère et tempérament de ce " Moine Soldat ",
né le 22 août 1906 à Chalons sur Saône,
et qui, déjà, dès son jeune âge, était
passionné par la France et cet Empire français qui
tachaient de rose près de 40% de la mappemonde des classes
de nos établissements scolaires avant 1939.
Son entrée dans une vie
active et mouvementée de quatre vingt années, avait
eu un début douloureux : A neuf ans, le petit Charles était
orphelin de guerre et devenait pupille de la Nation. Son père,
sous-lieutenant du 56ème Régiment d'Infanterie, chevalier
de la Légion d'honneur, croix de guerre, trouvait la mort
le 2 août 1916, à Fleury, devant le fort de Douaumont.
Il fut élevé par son grand-père paternel, patriote
et glorieux ancien combattant de 1870. Un tel atavisme ne pouvait
que le conduire vers la carrière des Armes et le 1er octobre
1924 au Prytanée de la Flèche. Son attirance vers
la vie des colonies française va encore s'accroître
avec la lecture de l'odyssée du vicomte alsacien Charles
de Foucauld, officier saint-cyrien, puis explorateur et trappiste,
avant de devenir Père Charles de Foucauld, dont il se sentit
l'émule, en vertu de certaines concordances, de vie : Même
prénom, celui de son père aussi. Deux dates de vie
importante communes: En 1906, le Père Charles de Foucauld
devient le prêtre des Touaregs du Hoggar, année de
la naissance du jeune Lacheroy. En 1916, Charles de Foucauld est
assassiné par des pillards senoussis à Tamanrasset.
Le sous lieutenant Charles Bernard Alexandre Lacheroy tombe aux
champs d'honneur à Fleury.
On peut dire qu'à son
entrée à l'Ecole militaire de Saint-Cyr, en 1925,
l'avenir de Charles Lacheroy a été programmé
d'avance. Il rencontrera dès ses premiers pas dans la carrière
militaire, toutes les personnes qui joueront un rôle dans
sa vie civile et militaire au fil des années, jusqu'à
son dernier soupir.
1927, il sortira dans les vingt
premiers de la promotion " Maroc-Syrie " avec pour condisciples,
le colonel Paul Paillole, créateur des services spéciaux
de la défense nationale dès 1940, ainsi que Jacques
Faure, le seul du trio, promu général, qui commanda
la 27ème division d'Infanterie alpine en Grande Kabylie,
en Algérie.
Charles Lacheroy avait opté
évidemment, pour l'Infanterie coloniale. La destinée
lui attribua, pour ses premiers temps de commandement, deux unités
ben différentes dans les deux pays du nom de baptême
de sa promotion sous le casoar saint-cyrien.
Il étrenne ainsi ses
galons de sous lieutenant en Syrie, dans la 3è compagnie
méhariste du Levant, à Lattaquié. De 1931 à
1935, l'officier bourguignon parcourut sur " Rabda ",
une dromadaire femelle, les territoires sahariens et les zones bédouines.
Il se lia d'amitié avec
un chef de tribu, qui avait combattu aux côtés du fameux
Laurence d'Arabie, qui lui enseigna l'arabe parlé, mais aussi
les méthodes de combats et de survie dans le désert,
où la rébellion était maîtresse du terrain.
Suite normale de la Promotion,
en 1936, Maroc qui accueille au sein de l'aéronavale, le
capitaine Charles Lacheroy, nanti du tout nouveau brevet d'observateur
aérien, comme officier instructeur du groupe aérien
du Maroc, à Rabat. Parmi ses élèves: Un sous
lieutenant polytechnicien du nom d'Antoine Argoud qu'il retrouvera,
vingt ans plus tard, (1956), en Algérie; lors du putsch et
en exil en 1961.
En 1941, il est appelé
à l'état-major du général Jean de Lattre
de Tassigny en Tunisie, qui le rappellera encore deux fois, auprès
de lui, pour le débarquement sur les côtes de Provence
(15 août 1944) puis en Indochine en 1951.
Auparavant, le débarquement
des alliés en Afrique du Nord, (8 novembre 1942) est vécu
depuis Dakar par Charles Lacheroy, affecté à l'état-major
de l'Infanterie coloniale, sous les ordres du lieutenant-colonel
Raoul Salan, chef du 2ème bureau. Le tandem Salan-Lacheroy
fonctionnera quatre fois, en 1945, où ce dernier, chef de
bataillon, aura pour chef de corps du 6ème Régiment
d'Infanterie coloniale, le colonel Salan, dans la libération
de la France depuis la Méditerranée jusqu'au Danube.
Puis de 1957 à 1958, pendant la guerre d'Algérie,
le putsch d'avril 1961 et l'O.A.S. jusqu'à l'amnistie.
Le commandant en chef, ayant
échappé à la peine de mort, se retrouve en
prison et le colonel, condamné à mort par contumace,
en exil, tous deux, pour 7 ans.
Son premier périple dans
le Maghreb, Charles Lacheroy l'avait débuté avant
la deuxième guerre mondiale, Maroc, (1936), Tunisie, (1941)
et terminé en Algérie, (1943), à l'état-major
du général de Larminat, à Saint Cloud, en Oranie,
d'où il partit pour la campagne d'Italie, sous les ordres
du général bônois Alphonse Juin.
Puis ce fut le débarquement
au sein de l'Armée d'Afrique, dans le golfe de Saint Tropez,
la libération de Toulon et de Marseille. Campagne d'Allemagne
sous les ordres du général de Montsabert. Charles
Lacheroy terminera commandant du bataillon du 1/6 R.I.C., baptisé
pour ses missions spécifiques, " Bataillon Lacheroy ".
Marié, père de
trois enfants, le lieutenant-colonel Lacheroy part pour l'Indochine
dès 1951. Là-bas, il retrouve le général
de Lattre de Tassigny, qui lui confie aussitôt le secteur
de Bien Hoâ en Cochinchine, où il commande 8000 hommes,
répartis en trois bataillons d'Infanterie du 22ème
R.I.C. , 2 escadrons blindés et plusieurs Unités de
supplétifs " caodaïstes " ! (L'effectif d'une
division classique, sans étoiles de général
et alors qu'il n'est que " cinq galons panachés "
(sic) !). Sa principale mission, outre la reprise de certaines zones
du secteur au Viet-minh est de protéger la voie ferrée
de la " Rafale ", le train qui rallie Saigon..
Depuis son P.C. de Bien Hoâ,
Charles Lacheroy se rend compte que la théorie et la stratégie
des guerres classiques, enseignées à Saint-Cyr, autour
de la victoire d'Austerlitz, et appliquées dans la dernière
guerre mondiale, (terminée, il y a à peine cinq années),
sont complètement dépassées en Extrême
Orient. Le succès de Mao Tse Tong sur la grande armée
impériale du Maréchal Tchang Kaï-chek, en Chine,
en est la parfaite illustration.
Ici, l'Armée française
fait une guerre pourrie sans fronts ni frontières. La puissance
de feu dont dispose le colonel Lacheroy lui donne la maîtrise
de son secteur cochinchinois, mais la nuit ce sont les hommes du
Viet-minh qui occupent le terrain, attaquant les villages et terrorisant
la population. Souvent en surnombre, ils attaquent et détruisent
les postes militaires isolés.
Charles Lacheroy se rappelle,
à ce moment-là, la théorie de Laurence d'Arabie
face à la rébellion bédouine en Syrie : "
C'est de
la psychologie que dépend la victoire ! "
Il s'attache donc à lire
et à disséquer page par page, l'ouvrage de Mao Zadong,
" la stratégie de
la guerre révolutionnaire en Chine "
qui a inspiré la tactique guerrière de Ho Chi Minh
et Giap.
A son tour, il calque ses actions
défensives et ses attaques, présent lui-même
sur le terrain, tant de jour que de nuit, sur celles de ses ennemis
qui sont surpris par ces nouvelles méthodes de guerre moderne
des troupes françaises. Sur le plan militaire, les résultats
sont rapidement probants, il faut donc maintenant rassurer les peuplades
fidèles et regagner leur confiance. C'est alors que Lacheroy
rédige ses premières doctrines de l'Action psychologique
et de la guerre subversive et les met en application, avec l'approbation
du général Chanson, afin que ses troupes se sentent
comme " un poisson
dans l'eau !" au milieu des populations
du secteur et que celles-ci complètement sécurisées
soient " l'eau nécessaire
à l'évolution du poisson ! " Suivant les
propres maximes préférées du petit livre rouge
du " Grand Timonier
" Mao
Tsé Tong.
Lacheroy a alors 46 ans et
il a convaincu nombre de généraux en Indochine du
bien fondé de sa doctrine de la guerre révolutionnaire.
il prononce sa première conférence à Bien Hoâ
et ensuite à Saigon, ''Le
Viet-minh et les hiérarchies parallèles ". Un
franc succès et des émules, notamment trois officiers.
Il en retrouvera deux, dans la guerre d'Algérie, appliquant
ses méthodes de l'Action psychologique et la Guerre subversive.
Roger Trinquier, alors chef de bataillon du "
Commando Ponchardier ". Trinquier, colonel et adjoint du général
Massu, créera le 1er février 1957, le D.P.U. (Dispositif
de protection urbaine), pendant la bataille d'Alger. Il publiera
d'ailleurs en 1961 un livre, " La guerre moderne " qui
fera école même durant la guerre du Katanga.
Paul Alain Leger, (ancien S.A.S. et B.C.R.A. de
la 2ème guerre mondiale) alors capitaine parachutiste et
commandant de la base du Cu-Lao, qui " retournera " des
ex-viets prisonniers, habillés en noir dans ses commandos
paras. A Alger, le capitaine Leger avec le capitaine Graziani (que
j'ai bien connus sous les ordres des colonels Godard et Decorse),
créeront, la " bleuite ", au sein de la Willaya
111 d'Amirouche et en Grande Kabylie, avec des ex-fellaghas ralliés,
cette fois habillés en bleu.
Le troisième disciple, toujours à
Saigon, fut le lieutenant de cavalerie Arnaud de Bardies-Montfa,
grand admirateur de Charles de Foucauld, qui jouera, 18 années,
plus tard, un rôle primordial dans la vie privée de
Charles Lacheroy.
En 1953, Charles Lacheroy est
nommé à Paris, directeur du Centre d'études
asiatiques et africaines, (C.E.A.A.). A la fin de l'année
suivante, le journal " le Monde " publie de larges extraits
d'une de ses conférences, intitulée : " La
campagne d'Indochine
ou une leçon de guerre révolutionnaire !
"
Toujours lieutenant-colonel, alors que la rébellion
algérienne se manifeste déjà par de violents
actes terroristes urbains et des actions de guérillas contre
les postes français des djebels des Aurès et de la
Kabylie, il va entamer, à la demande du gouvernement et des
hautes autorités militaires, un cycle de centaines de conférences,
devant des états majors des trois Armes, devant des auditoires
d'officiers d'active et de réserve, d'élèves
des grandes écoles civiles et militaires, sur la " guerre
révolutionnaire " dont la trame évolutive
est tissée sur celle de Saigon.
Le 2 juillet 1957, dans le grand amphithéâtre
de la Sorbonne devant un auditoire de 2000 officiers de réserve
et d'actives, en partance pour la désormais " guerre
d'Algérie ". Au premier rang desquels se trouve
au milieu d'un parterre de généraux, le major général
des forces années, le général d'aviation Maurice
Challe, (futur commandant du putsch d'avril 1961).
Le lieutenant-colonel Lacheroy
parle pendant une heure et demie, sans la moindre note, de "
La guerre révolutionnaire et l'arme psychologique ".
L'éditorialiste du " Figaro " écrit
alors- " Maintenant je
sais qui, un jour, sera le grand chef de l'Armée française
!". Ce
qu'ignore le journaliste, c'est que de 1955 à 1956 (année
où nous nous sommes rencontrés), le colonel Lacheroy
a déjà effectué plusieurs missions en Algérie.
Il ne rejoindra cependant l'état-major du
commandant en chef, son ami, qu'il connaît depuis quinze années,
le général Raoul Salan, qu'en 1957. Ce sera la naissance,
au niveau de tous les états-majors de 5ème bureau
d'Action psychologique et Guerre subversive et également
la création des Centres d'Instruction de la Pacification
et de la contre-guerilla, (C.I.P.C.G.), confiée au colonel
Marcel Bigeard, à Philippeville dans le Constantinois et
à Arzew, en Oranie, dont je fréquenterai régulièrement,
O.R.oranien, les stages de 1957 à la fin 1960. Il accueillera,
au cours de ces années-là, près de 8000, officiers
et sous-officiers, actives et réserves, stagiaires volontaires
des trois Armes.
Ce sont les services des colonels
Lacheroy, Trinquier, des commandants Faulques et Cogniet, du capitaine
Léger qui feront monter les Français musulmans, hommes
et femmes de la Casbah et des villages voisins sur le forum devant
le G.G, le 13 mai 1958. Salan a promu Lacheroy, responsable des
activités d'information et d'action psychologique et également
porte-parole du comité de Salut Public d'Alger. Le 16 mai,
devant les représentants de la Presse mondiale, il se fait
le chantre de l'intégration: "
Nous offrons aux musulmans français, le plus beau cadeau
que nous puissions leur faire, nous leur disons : Tu seras
semblable à nous !".
Au début du mois de juin suivant, il a un
accrochage téléphonique avec Chaban-Delmas, nouveau
ministre de la Défense nationale. Peu de jours après,
il se trouve convoquè à Paris pour un entretien personnel
avec le général de Gaulle. Lacheroy pense que De Gaulle
veut s'informer de l'atmosphère populaire, là-bas,
avant d'entreprendre son périple politique. En réalité
ce qui l'intéresse c'est de savoir s'il a été
plébiscité, le 13 mai 1958, par tous les Français
d'Algérie, de toutes confessions, et par toute l'Armée.
En toute franchise, Lacheroy répond qu'au début du
mouvement, jamais son nom n'avait été prononcé
et qu'il le fut, pour la première fois par le général
Salan. Une minute plus tard, l'entretien tournait court. A la vue
du regard glacé et du visage fermé de Gaulle, il comprit
qu'il avait fait une gaffe : De Gaulle attendait une toute autre
réponse, plutôt celle vers un plébiscite qu'il
s'était imaginé. S'en entretenant, quelques heures
plus tard, avec Jacques Foccart, ce dernier lui confirma que c'était
une " bévue " qui mettrait sans doute un lourd
frein à sa carrière, étant donné le
caractère rancunier de son interlocuteur.
Ce fut le cas ! Lacheroy n'entendra plus parler
de ses étoiles de général ! En plus, en décembre
1958, ils seront le général Salan et lui, les premiers
rappelés vers des placards à Paris. Raoul Salan sera
" enterré " dans le poste honorifique de Gouverneur
de Paris. Lacheroy attendra, pendant six mois, une affectation.
Le général de Maisonrouge qu'il avait connu en Indochine,
lui proposa une chaire de conférencier sur l'action psychologique,
à l'Ecole Supérieure de guerre qu'il dirigeait. Sur
ordre du général De Gaulle, lui-même, il en
fut écarté. Quelques mois après, il est affecté
à la direction de l'E.S.O.R.S.E.M., (Ecole supérieur
des officiers de réserve d'Etat-major), où il prodigue
ses enseignements à l'élite civile de la Nation Cela
ne peut toutefois le guérir de sa grande nostalgie de la
guerre d'Algérie qui lui tient tant à cur, et
dont il suit les événements au jour le jour, surtout
qu'il a parfaitement conscience que le a pouvoir politique, en place,
ne lui permettra jamais d'y retourner.
Lorsqu'il entend De Gaulle déclarer
à son armée, à
propos de l'Algérie: " Comment
penser que moi, De Gaulle,
je ne puisse pas être pour la solution la plus française? "
il bondit, lui, le créateur
de l'Action psychologique. Il ne peut tomber dans un tel piège
politique car il réalise bien que c'est encore là,
un denier mensonge en attendant le suivant. Charles Lacheroy, toujours
colonel, a 54 ans, il envisage de démissionner et de quitter
l'Armée, pour la vie civile. Le
colonel Garde et d'autres amis, officiers toujours présents
en Algérie viennent l'en dissuader, disant qu'ils ont besoin
de lui, parce que, selon eux, " les dés
ne sont pas encore joués et qu'il était encore possible
de tenter de renverser la vapeur !
".
C'est ainsi que va naître l'idée d'un
nouveau coup d'Etat à l'image du 13 mai 1958, dont lui, Lacheroy
et les et les 5èmes bureaux des E.M. avaient été
les premières pierres d'assise de la réussite. Les
bâtiments et les salles de conférences de l'E.S.O.R.S.E.M,
avec le bureau feutré de son directeur, fréquentés
uniquement par des gens en civils, constituent le lieu idéal
pour les réunions préparatoires de 21 heures à
minuit avec la cartographie nécessaire. Tour à tour,
pour le commandement de l'opération des noms vont se succéder,
Vanuxem, Faure, Salan, Jouhaud, mais il apparaîtra que la
troupe opterait plutôt pour Massu ou Challe. Massu ayant refusé,
ce fut donc Challe, que les généraux Jouhaud, Zeller,
Gardy et les colonels Argoud, Broizat, Garde, Godard et Lacheroy
épauleront. Ils constituent la trame de la conspiration depuis
Paris! Le colonel Charles Lacheroy part le premier à Alger
pour mettre au point les derniers préparatifs sur place.
Le décollage de l'avion du général Maurice
Challe ayant été retardé, c'est Lacheroy qui
signera, d'ailleurs, en son absence, dans la nuit du 21 avril 1961,
l'ordre des opérations prévues.
On connaît malheureusement la suite ! Le
26 avril, aidé par une famille et des religieux d'Alger,
Charles Lacheroy, en civil veut gagner l'Espagne. Son périple
commencera par le port de Gênes en Italie, puis Menton, où
là un prêtre son voisin de le rue d'Assas à
Paris, lui enverra un passeur .... ou plutôt une " passeuse
" d'une trentaine d'années, Melle Chantal de Bardies-Montfa,
résistante, engagé dans l'Armée française
en 1943, devenue agent secret des Services Spéciaux, ayant
effectué plusieurs missions en Algérie et dont le
père colonel de cavalerie avait commandé le 5ème
régiment de Chasseurs d'Afrique durant la deuxième
guerre mondiale. Et comme il n'y a eu que cet enfant de Chalons
sur Saône pour avoir un tel destin tracé d'avance ?
Elle n'est autre que la sur de l'élève de Lacheroy
à Bien Hoâ, le lieutenant de cavalerie Arnaud de Bardies-Montfa,
qui tournera, neuf ans plus tard, une page importante dans la vie
de son colonel d'Indochine.
Ils passeront la frontière espagnole, via
Perpignan, Bourg-Madame, jusqu'à Barcelone, où Charles
Lacheroy retrouve Antoine Argoud, Pierre Lagaillarde et Jo Ortiz,
avant de gagner les Baléares. De là, il oeuvrera dans
l'ombre de la vie civile pour les combattants de l'O.A.S. en Algérie
et en Métropole.
1968 : C'est l'amnistie ! Il regagne Paris ou une
dernière page douloureuse de son destin le frappe. Son épouse,
docteur en médecine qu'il a épousée en 1937,
et qui lui a donné trois enfants, décédera
peu de temps après, des suites d'une longue maladie, alors
qu'enfin ils allaient pouvoir connaître une vie familiale
paisible.
Charles Lacheroy, veuf et grand-père de
64 ans va clore sa vie dans 34 années de bonheur, clémentes
et bien méritées, auprès d'une extraordinaire
seconde épouse, qu'il a retrouvé à Paris en
1970, sa " passeuse " Chantal de Bardies-Montfa, vingt
années de moins que lui, et toujours célibataire.
Et comme ce " diable d'homme " n'a jamais
fait les choses comme les autres pendant près d'un siècle
sur terre, leur union sera célébrée à
l'église de Saint Evroult, Notre Dame des Bois, église
paroissiale du Révérend père Arnaud de Bardies-Montfa,
le frère aîné de Chantal, qui aura suivi, lui,
l'exemple de Charles de Foucauld, à la place de son beau-frère,
le " Moine-Soldat " Charles Lacheroy. !
Charles et Chantal
Lacheroy ont toujours été fidèles aux manifestations
de l'Algérie française, aux cérémonies
à la mémoire des anciens combattants d'Indochine et
d'Algérie et des combattants pour notre " Noble Cause
", de l'A.D I.M.A.D., à Théoule, et à
Perpignan et également aux réunions de l'Amicale des
Anciens des Services Spéciaux de la défense nationale
qui a été créée par son camarade de
promotion de Saint-Cyr, le colonel Paul Paillole et dont Chantal
Lacheroy, son épouse est la vice-présidente.
Voilà, brièvement
qui fut Charles Lacheroy. S'il avait vécu à l'époque
de l'Empire, Napoléon Premier en aurait fait un Maréchal
et il aurait eu une avenue portant son nom et accédant à
la place de l'Etoile. Mais il a vécu malheureusement sous
la présence et la présidence d'un certain Charles
de Gaulle qui, en lieu et place du bâton aux sept étoiles,
lui a offert une condamnation à mort par contumace et sept
années d'exil !
Le dernier génie
militaire que l'Armée française ait connu, a été
enterré dans une grande discrétion, en famille, à
Aix en Provence !
Mais Charles Lacheroy
laisse à la disposition de la France, de l'Europe, des Pays
épris de Liberté et de Paix son uvre, sa création,
" L'Action Psychologique et la Guerre Subversive ", qui
a un rôle primordial à jouer dans l'évolution
actuelle du monde du troisième Millénaire, tant dans
les tactiques militaires que dans les stratégies civiles
économiques et sociales, face au terrorisme politique, aux
conflits d'ethnie, et au fanatisme religieux !
Reposez en paix ! Mon colonel et professeur
J'espère qu'ils sauront vous
lire vous comprendre et vous interpréter
Yves Henry
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