ALLOCUTION PELERINAGE
DU 1er MAI 2006
Mesdames, Messieurs, Chers Amis de Notre Dame d'Afrique,
En ce 1er mai 2006 nous voici à nouveau
rassemblés pour partager ce temps privilégié de réflexion, de
recueillement et de prière en réponse à l'invitation de Notre
Dame d'Afrique.
En cet instant, nombreux sont ceux
qui se joignent à nous par l'esprit et par le cÏur, retenus éloignés,
empêchés qu'ils sont par les problèmes de la vie. Nous les associons
dans cette démarche du souvenir et de la fidélité, véritable pèlerinage
par le cheminement intérieur à travers les épreuves traversées.
En 2005, je vous rappelais que le
grand livre de notre histoire comportait une page complémentaire
gravée dans la pierre et le métal du Mémorial. Cette Ïuvre chargée
de significations profondes et sacrées restera après nous, animée
sur ces collines de Théoule, face à la Basilique de St Eugène
comme un phare chargé d'éclairer et de répondre à celui d'Alger,
véritable pont qui nous relie à 132 ans de notre histoire et de
vies communes chargées d'ombre et de lumière.
Tout le temps écoulé depuis la mise
en Ïuvre du Mémorial nous a permis d'avancer au rythme de nos
trop modestes moyens vers une réalisation évolutive artistique
originale au service de la Mémoire et de la Foi ‑ et cette
Ïuvre d'art moderne et unique porte un nom identifié sous le vocable
familier et universellement connu du "Mémorial de Notre Dame
d'Afrique".
A notre échelle, avec nos moyens
humains et matériels, dans des conditions difficiles, nous sommes
devenus des Bâtisseurs, retrouvant ainsi un peu l'esprit pionnier
de nos anciens qui avaient fait d'une terre inculte soumise aux
maladies et aux guerres tribales, une des plus belles provinces
de France. Pourtant, et j'y reviens, les difficultés, les embžches,
les critiques et les jalousies, l'ignorance et la bêtise, les
soupçons mêmes provenant de notre communauté ne nous ont pas épargnés
! rejoignant ainsi nos détracteurs et nos ennemis les plus acharnés
qui persistent dans leurs mensonges et dans la haine.
Pour toutes ces raisons, il nous
faut être fiers d'avoir mené à son terme cette réalisation dont
personne ne voulait plus, grâce à une équipe qui a su répondre
dignement à votre confiance.
Cette aventure nous aura au moins
enseigné et confirmé qu'avec la volonté d'unir nos efforts au
service du Bien commun, nous pouvions atteindre certains objectifs.
En connaissance de cause j'affirme que tous les moyens modernes
techniques virtuels de communication, qui ne sont que des outils,
ne valent pas l'engagement physique personnel et la notion d'engagement
par le nombre ! Pour l'exemple : nous venons de vivre ce 26 mars
2006 sous l'Arc de Triomphe à Paris, une cérémonie du Ravivage
de la Flamme et dépôt de gerbes en chantant "le chant des
Africains" accompagnés de nos drapeaux devant la tombe du
Soldat inconnu
Malgré sa portée et sa signification
exceptionnelle, cette cérémonie n'a été suivie que par quelques
petites centaines de participants au moment, à une époque, où
la notion de nombre est devenue si importante !
C'est pourquoi, chers amis, malgré toutes
nos vraies difficultés et nos faux problèmes, je vous engage fortement
à rester fidèles à vos engagements. Ne vous laissez pas gagner
par la lassitude et des sentiments de découragement au moment
précis où nous touchons au but et au moment précis où le Mémorial
de Notre Dame d'Afrique est appelé à jouer son rôle devant les
difficultés qui s'annoncent. Désignés pour accomplir cet engagement
afin de perpétuer le souvenir et l'âme de l'Algérie française,
soyons prêts à répondre encore présents à ses sollicitations.
En effet, qui peut nous faire croire
qu'un "officiel" invité à une cérémonie ou manifestation
regroupant un nombre dérisoire de participants ne se rende pas
compte de la duperie dont il est l'objet ? Ce n'est que lorsque
nous nous retrouverons 5 000, 10 000, 30 000 participants à l'Arc
de Triomphe ou ailleurs que nous serons enfin crédibles et pris
au sérieux et si vous ne me croyez pas demandez à la FNACA comment
font‑ils pour se retrouver si nombreux le 19 mars à l'Arc.
Et en même temps nous restons impuissants
devant la succession de capitulations honteuses de nos gouvernants,
aussi bien dans l'abrogation de la loi sur la "présence positive
de la France" (qui a immédiatement provoqué l'Union sacrée
en face !) que la repentance exigée par le chef d'Etat algérien
venu insulter les Harkis à Verdun, les conditions exigées par
ce même individu pour signer ce traité dit d'amitié avec cette
France de plus en plus honteuse et larmoyante, qu'il méprise...
Pensez‑vous que nous accepterons encore longtemps de ces
chefs d'Etat à double langage des comportements sans honneur et
sans courage ? Les Pieds‑noirs apporteront‑ils leur
caution à ces manÏuvres dans des voyages dits culturels et de
mémoire pour visiter nos cimetières détruits et profanés et s'extasier
devant des écoles où le Français n'est plus enseigné ?
Et pourtant, Monsieur le Président
de la République, sur un ton péremptoire, le 25 septembre 2001,
s'exprimait ainsi en s'adressant aux Harkis :
"C'est aussi un rendez‑vous
avec notre histoire, une histoire mal connue, une histoire douloureuse
et SOUVENT DƒFORMƒE. Une histoire qu'il importe aujourd'hui de
RAPPELER aux Français... parce qu'elle exprime la souffrance d'hommes
qui ont aimé notre Patrie".
Oui Monsieur cette souffrance nous
la partageons depuis 44 ans et nous aimons toujours la France.
Nos plaies mal cicatrisées saignent devant l'incohérence, l'incompréhension
et votre mépris. C'est pourquoi nous demandons à Notre Dame d'Afrique
de nous donner la force de nous unir pour affronter la haine,
la comédie et la trahison.
Claude Rochette
Président