Docteur Edmond ROSA
Ancien Interne des Hôpitaux d'Alger
Ancien Chef de Laboratoire à la Faculté de Médecine d'Alger
Ancien Assistant du C.H.U. d'Alger
Ancien Combattant 1939-1945
Vice-Président du Cercle Algérianiste de Nice et des A.M.
22, bd Tzarewitch
06000 Nice
tél. : 04 93 96 14 06
Nice, le 25 juin 2004

à

Monsieur Jacques CHIRAC
Président de la République
Palais de l'Elysée
75008 PARIS

 

Monsieur le Président,

Permettez, je vous prie, à un modeste citoyen de vous exprimer l'immense émotion ressentie au cours de la journée du 6 juin commémorant le 60ème anniversaire du débarquement sur les côtes normandes. Vos discours en une très belle élévation d'esprit ont magnifié les aspects militaires, stratégiques et humains de cette phase décisive sur le cours de la seconde guerre mondiale.

J'avais 20 ans lorsque les Américains débarquent le 8 novembre 1942 à Alger. Etudiant à la Faculté de Médecine, après la résiliation de mon sursis, j'ai participé au sein d'une équipe chirurgicale à l'aventure de la première armée française née sur le sol d'Afrique du Nord et tout d'abord dans les rangs du Corps Expéditionnaire Français en Italie (C.E.F.I.). J'ai donc plus particulièrement remarqué dans votre discours à Arromanches ce paragraphe: " au coeur des ténèbres, tous ces combattants de la liberté ont subi la même épreuve. Cette épreuve qu'affrontaient en Italie, dans le Pacifique, sur toutes les mers du monde, leurs compagnons d'armes. Cette épreuve que subissaient aussi, sur le front de l'Est, les héroïques soldats de l'Armée Rouge, qui, à Moscou, à Koursk, à Stalingrad, avaient ouvert la voie et progressaient de façon irrésistible " .

C'est alors qu'a surgi dans ma mémoire, en pendant à Stalingrad le nom de Cassino: héroïque bataille gagnée par les fantassins utilisant pour progresser dans ces montagnes et dans la neige des centaines de mulets venus d'A.F.N. ; leurs sabots étaient enveloppés de paille, de fourrage et de tissus pour les protéger du froid et surtout pour rendre silencieuse leur marche vis à vis des oreilles ennemies. Peut être réserviez-vous le récit de cette campagne à l'occasion du 60ème anniversaire du débarquement en Provence en août 1944?

Pour ma part, ce fut à Cavalaire. J'ajouterai que la veille du jour J de Normandie, donc le 5 juin 1944, après des mois de batailles, de corps à corps sanglants, de misère et de boue, après la victoire du Garigliano les troupes alliées faisaient leur entrée dans Rome. Le Général JUIN chef du Corps Expéditionnaire Français en Italie et le Général CLARK commandant la 5ème armée américaine pénètrent ensemble dans la Ville Eternelle.

Assis côte à côte dans la même jeep, Clark se penchant vers Juin lui avouait " sans vous vous et vos magnifiques régiments nous n'en serions pas là ".

Veuillez accepter, Monsieur le Président, l'expression de ma vive reconnaissance pour votre action au service du devoir de mémoire.

P.S. : un Français du Maroc, connu à Nice après notre exode d'Algérie, avait été chargé de l'achat de ces mulets sur les marchés locaux. Il m'en a fait le récit.

Mis en page le 28/7/2004 par RP