Le premier convoi des colons de l'Algérie

(Moniteur Universel du 10 octobre 1848)

 

Le premier convoi des colons de l'Algérie, au nombre de 813, est parti du quai de Bercy, le dimanche 8 octobre, à onze heures un quart du matin. Le trajet doit s'effectuer de Paris à Roanne par la Seine, les canaux du Loing et de Briare, le canal latéral à la Loire, et le canal du Centre Jusqu'à Châlon, au moyen de grands bateaux plats qui seront remorqués, en Seine, par bateaux à vapeur, et dans les canaux, par hommes ou par chevaux, selon les usages locaux. De Châlon, le trajet se fera par la Saône et le Rhône jusqu'à Arles, et d'Arles à Marseille, par chemin de fer. La durée du voyage jusqu'à Marseille sera de huit à dix jours.

Le premier convoi est dirigé sur la province d'Oran. De Marseille à Oran, la traversée se fait en soixante quinze heures. Le territoire choisi par M. le ministre de la guerre pour l'installation de la première colonie en Algérie est celui de la commune de Saint-Cloud, dont le chef lieu est Goudiel, sur la grande voie de communication entre Oran et Arzeu-le-Port, route où de grands travaux restent encore à exécuter. Une diligence fait, tous les jours, le service de l'une à l'autre de ces villes, et traverse la commune de Saint-Cloud, distante de 23 kilomètres d'Oran et de 13 kilomètres d'Arzeu. Cette commune se compose des villages de Gaudiel et sa superficie est de près de 6,000 hectares, et permet l'installation de150 à 200 familles,

Nous trouvons dans les Etudes préparatoires pour la colonisation de la province d'Oran dès le mois de mai 1846, sous la direction de M. le général de Lamoricière, des renseignements circonstanciés sur la comnune de Saint-Cloud. Nos lecteurs liront sans doute avec intérêt les détails qui suivent et que nous empruntons en partie à la notice rédigée sur les lieux mêmes par M. le commandant d'Illiers.

Village de Goudiel.-A Goudiel se trouvent des eaux d'une bonne qualité et assez abondantes pour les besoins d'un village de cent vingt familles. Les terrains qui entourent cette source sont tous également propres à la culture, hormis ceux qui sont compris au nord de la route d'Oran à Arzeu. Ces derniers, couverts de broussailles et de palmiers nains, ce qui indique que la terre végétale ne manque pas, sont néanmoins assez rocailleux pour que, excepté dans certaines parties, la charrue ne puisse y circuler mais ils offrent de vastes et excellents paturages pour les bestiaux. Partout la vigne, l'olivier, le mûrier, et surtout le figuier et l'amandier, viendront à merveille, ainsi que la plupart des arbres fruitiers. Au sud de cette même route d'Oran à Arzeu, s'étendent dans la plaine, jusqu'au lieu dit Telamine, des terres à céréales.

D'après la nature du sol, l'industrie qui paraît devoir le mieux convenir aux colons qui vont se fixer à Goudiel sera :

La culture des grains et de la vigne ;
L'élèvage des bestiaux et des vers à soie
Le commerce des fruits.

Il y aura aussi possibilité de cultiver des légumes, au moyen d'irrigations faciles.

On rencontre, sur une petite éminence, à mille mètres au-dessous de la source, des ruines romaines, où les colons pourront trouver, à pied d'œuvre, bon nombre de matériaux pour leurs constructions.

Assi-Mefessour est un puits assez abondant et dont les eaux sont potables. Il disparaît parfois, au printemps, sous une nappe d'eau, et, en hiver, il forme une espèce de mare. La plaine, toute défrichée et bien cultivée, au centre de laquelle se trouve ce puits, peut avoir de 6 à 8 hectares de superficie.

Les terrains avoisinants, surtout ceux qui sont au nord, quoique quelques-uns soient encore couverts de broussailles, seront presque tous propres à la culture des céréales lorsqu'ils auront été défrichés. Des irrigations y seront possibles au moyen de norias. C'est par Assi-Mefessour que, passent les voies de communication d'Oran à Arzeu, de Goudiel à Saint-Denis-du-Sig, et d'Oran à Mostaganem

La population d'Assi-Mefessour sera essenciellement agricole.

M. le ministre de la guerre a désigné, pour être â la téte du convoi et prendre en même temps la direction de la Colonie agricole de Saint-Cloud M. Chaplain, Capitaine du génie

Cet officier, qui, en dernier lieu, faisait partie de l'armée des Alpes, a servi pendant dix ans en Algérie, où il a déjà concouru à l'exécution d'importants travaux, notamment à ceux du barrage du Sig, dans la province d'Oran.

Avec M. le capitaine Chaplain sont également attachés au premier convoi M. Labouysse, chirurgien aide-major au 59e de ligne, et M. Pelicier, adjudant en 1er d'administration (service du campement)

Toutes les dispositions préliminaires de l'embarquement ont été confiées, par M. le ministre de la guerre, aux soins de M. Lecauchois-Féral sous-intendant militaire adjoint, employé aux Invalides.

Six grands bateaux de 30 mètres de long, dits toues de la Loire, et couverts d'un cabanage en planches sont affectés au transport des 843 colons jusqu'à Châlon. Chacun de ces bateaux contient habituellement 250 à 300 passagers. Mais, sur les observations de la commission des colonies agricoles et de l'administration de la guerre, l'installation a été faite de manière à réduire ce chiffre à 180 individus afin de leur assurer ainsi une plus grande commodité pendant la durée du trajet,

Les bateaux sont divisés en deux chambres, de la contenance de 90 personnes et, qui seront éclairées la nuit, par deux fanaux ; dans chaque chambre, il y a quatre rangs de banquettes de 55 centimètres de large, deux adossées aux bords du bateau et destinées de préférence, aux femmes et aux enfants,; les deux dans le milieu du bateau avec dossiers. Entre les banquettes règne un corridor de 1 mètre 5 centimètres, ce qui laisse la circulation tout à fait libre.

Le cabanage en planches est mobile; il se. Ferme et s'ouvre à volonté, de dix en dix pieds suivant le beau ou le mauvais temps. A l'arrière et à l'avant des bateaux, des portes sont menagées pour le renouvellement de l'air.

Quatre, des bateaux contiennent chacun cent quatre-vingt colons, l'ambulance, un cinquième n'en contient que quatre-vingts ; un sixième est affecté, aux outils et bagages. Ils seront remorqués en Seine, deux par un bateau à vapeur, le Neptune, de cinquante chevaux, et trois par un autre; le Fulton, de quatre-vingts chevaux.

L'embarquement a commence le samedi 7 octobre, à sept heures du matin, et a continué toute la journée et une partie de la nuit. Il a été loisible aux colons de coucher la nuit de samedi-dimanche à bord.

D'après un ordre de bord, arrêté par la commission, de concert avec l'entrepreneur du transport, les colons seront, durant le voyage, formés par groupes de douze individus avec un chef chargé de maintenir le bon ordre, de recevoir et de distribuer les vivres aux heures des repas.

Un livret, préparé par la ordres du ministre de la guerre, a été remis à chacun des colons chefs de familles : il renferme, outre le décrêt de l'Assemblée nationale et l'arrêté ministériel, qui sont la constitution organique des colonies agricoles, toutes les indications relatives à l'état civil du colon et de sa famille, et aux diverses prestations qu'il recevra, telles que : habitation, jardin, terre, effets de couchage, ustensiles de campement, semences, instruments de culture, cheptel, rations de vivres, et salaires pour les ouvriers d'art.

Au départ, il leur a été également remis deux petits volumes : l'un sur l'Etablissement des colonies agricoles de l'Algérie l'autre renfermant des Instructions hygièniques et un Manuel du cultivateur algérien, par M. Jules Vallicr, colon d'Alger. Le titre seul de ces publications en expliquc l'utilité.

La commission des colonies agricoles assistait au départ du premier convoi, afin de s'assurer jusqu'au dernier moment et par elle-même, que ses intentions, et celles du Gouvernement ont été fidèlement remplies, et que, pendant le voyage, rien ne manquera au bien-être des colons.

M. le ministre de la guerre était aussi venu assister au départ et remettre aux colons un drapeau portant cette inscription, d'un côté : Liberté, Egalité, Fraternité. Colonies agricoles de l'Algérie. - Départ de Paris, 8 octobre 1848. De l'autre : République Française. - Province d'Oran, Commune de Saint-Cloud .

M. le général de Lamoricière, en confiant le drapeau de sa première colonie à un officier de la garde nationale de Paris, M. Gossclin, un des colons, a prononcé le discours suivant, qui a vivement impressionné les nombreux assistants :

" Chers concitoyens, au moment où vous quittez Paris pour aller chercher par delà les mers cette France nouvelle qui vous attend, je viens vous apporter les voeux du gouvernement de la République pour le succès de votre entrcprisc, qui est celle de la patrie tout entière.

" La colonisation de l'Algérie est 1a grande chosc, la plus grandc peut-être que la France ait à entreprendre de nos Jours. C'est l'entreprise du pays tout entier, car vous êtes ses enfants, et il vous suivra d'un œil plein d'intérêt et de solicitude au milieu de ces plaines qu'on va vous partager ; c'est l'entreprise du pays tout entier, car ces millions qui doivent assurer votre bien-être et celui de vos familles, ce sont les représentants de toute la France qui les ont vôtés; ils sont. fournis par l'impôt que payent tous vos concitoyens ; c'est le sacrifice de ceux qui possèdent à ceux qui ne possèdent pas, pour assurer leur avenir par la propriété.

" Le Gouvernement de la République connaissait vos souffrances, toutes vos douleurs, permettez-moi de dire toutes vos misères. Depuis longtemps, il est fermement décidé, à y porter un remède ; mais ce qu'il veut, c'est un remède efficace durable, définitif, pour ceux-là du moins qui voudront chercher l'aisance par les seules voies, qui puissent y conduire, le travail et la moralité.

" Ce n'était point un remède que ces travaux factices auxquels grand nombre d'entre vous ont peut-être été employés ; ils épuisaient le trésor, sans qu'on pût apercevoir une limite aux sacrifices qu'ils imposaient.

"L'activité reviendra sans doute, à la plupart de ces industries qui vous donnaient jadis un salaire ; mais, croyez-moi, le luxe de la monarchie et tout ce qui gravitait autour d'elle ne reviendra pas de longtemps, s'il doit jamais revenir. C'est à la terre aujourd'hui qu'il faut aller demander une existence moins incertaine et qui soit assurée contre les fluctuations du commerce de luxe et les excès de la concurrence.

" Les travaux que vous allez entreprendre seront durs et pénibles ; ils seront pour vous Une rude épreuve; les champs que vous allez défricher sont fertiles, ils seront à vous; les fruits qu'ils produiront, vous n'aurez point à les partager, et vous avez la certitude d'arriver à vivre dans l'aisance avec vos familles.

" Dans cette vie de labeur et d'épreuves, aidez-vous les uns les autres; n'oubliez pas que la patrie a fait inscrire sur le drapeau que je vous apporte en son nom le mot de fraternité ! N'oubliez pas ce mot sublime, que tant de gens ont à la bouche, et que si peu ont dans le cœur ; qu'il ne soit pas pour vous un vain symbole: pratiquez-la, cette fraternité ; qu'elle passe dans votre vie, dans vos oeuvres de tous les jours.

" C'est une grande et belle mission que celle qui vous est réservée, car, en arrivant à l'aisance et peut-être à la fortune, vous travaillerez encore pour la patrie. Vous travaillerez pour elle, car c'est à vous qu'il est réservé de lui assurer à jamais la possession de cette conquête qui lui a coûté tant d'or et de sang.

" C'est un travail intelligent et civilisateur d'achever ce que la force a commencé. La poudre et. la baïonnette ont fait en Algérie ce qu'elles pouvaient y faire, c'est à la bêche et à la charrue d'accomplir leurs tâches.

" Vous vous associerez à cette grande pensée patriotique ; elle soutiendra votre courage et votre persévérance ; ils ne failliront pas, et s'il était besoin de les soutenir, rappelez-vous que ces plaines, que vous allez féconder de vos sueurs, ont été longtemps arrosées du sang de vos frères de l'armée, qui l'ont versé pour vous et sans espoir de récompense.

" Avant de nous quitter, permettez à un ancien soldat d'Afrique de vous dire que, si jamais, en défrichant vos champs, vous trouvez dans les broussailles une croix de bois entourée de quelques pierres, elle vous demande une larme ou une prière pour ce pauvre enfant du peuple, votre frère, qui est mort là, en combattant pour la patrie, et qui s'est sacrifié tout entier pour que vous puissiez un jour, sans même savoir son nom, recueillir le fruit de son courage et de son dévouement."

Après ce discours, accueilli des cris : Vive la République ! vive l'Algérie ! vive la France ! vive Lamoricière ! et dont la péroraison touchante a fait couler plus d'une larme, M.. Dufaure a adressé aux colons les paroles suivantes :

" Citoyens, au nom du comité de l'Assemblée nationale qui s'occupe des affaires de l'Algérie je viens vous adresser quelques paroles d'adieu..

" Par les conversations que nous avons eues avec quelques-uns de vous, avec un grand nombre de vos camarades absents, nous avons vivement compris l'état de désordre dans lequel sont jetées toutes les industries qui vous occupent habituellement. Nous avons cherché, d'accord avec le ministre de la guerre, le brave général de Lamoricière, un moyen de fournir à vos bras un travail utile pour vous et pour votre pays; nous croyons l'avoir trouvé, en vous offrant pour les

cultiver, quelques-unes des terres inoccupées que la France possède en Algérie. L'Assemblée nationale a sanctionné nos vues. Une Commission laborieuse et éclairée a préparé votre départ..

" Ces terres ont été fertiles autrefois, elles le redeviendront sous le soc de votre charrue. Vous allez être propriétaires, ne vous figurcz pas que la terre donne d'inépuisables trésors à qui ne travaille pas. Non; elle, impose au contraire les plus…

combien on s'attache à elle, quel lien sacré unit la terre à l'homme, quel droit inviolable se forme de l'un sur l'autre, et à la fin de votre laborieuse carrière, vous trouverez aussi naturel et aussi légitime de laisser en héritage à vos enfants la terre que vous posséderez, que de leur laisser le nom même que vous portez et l'estime dont vous aurez su l'entourer,

" Il y a quelques années, je vous aurais parlé des luttes sanglantes engagées dans la province d'Oran, où vous allez vous établir. Grâce à l'héroïque vaillance de nos soldats, de nos frères, il n'en est plus question ; les ennemis que nous y trouvions sont domptés et soumis. Vous y rencontrerez partout, écrits en caractères glorieux et ineffaçables, à côté d'autres noms illustrés, les noms des généraux Cavaignac, de Lamoricière, Changarnier, Bedeau, et vous ne penserez pas sans quelque confiance qu'après avoir concouru à la conquête des champs que la patrie vous donne, ils sont assis maintenant dans l'Assemblée nationale, veillant sur votre sort et applaudissant aux succès d'une autre nature que vous obtiendrez,

" Au surplus, songez-y bien ; vous laissez Paris, mais non pas votre patrie, C'est encore la France que vous retrouvera là-bas, Là-bas, comme ici, vous jouirez des droits de citoyens francais, vous concourrez par votre voie à nous envoyer des collègues à l'Assemblée; là-bas, comme ici, la République aura les yeux sur vous et étendra sur vous sa haute et généreuse protection.

" Partez donc avec courage et avec espoir. Dieu, qui vous donne le pouvoir et la volonté de travailler, bénira les efforts que vous ferez pour assurer votre avenir et celui de vos enfants. Et, dans toutes les circonstances, n'oubliez pas que vous avez, au cœur de l'Assemblée nationale, des concitoyens dévoués qui vous accompagnent et vous suivront toujours de leurs voeux sincères et fraternels. "

A M. Dufaure a succédé M. Trélat, président de la commission des colonies agricoles.

" C'est au nom de la commission de colonisation, a-t-il dit, que je dois vous adresser quelques paroles

" M. le ministre (le la guerre nous a fait l'honneur de nous désigner pour disposer les éléments de notre colonie d'Afrique. Depuis douze jours, nous avons passé avec vous nos heures de jour et de nuit. Vous êtes venus devant la commission avec vos vieux parents, avec vos femmes et vos enfants. Nous avons vu vos souffrances; nous avons admiré votre fermeté, votre courage; nous vous avons tous observés et aimés, plus encore, s'il est possible, que nous ne vous aimions auparavant, Nous n'avons dissuadé de leur résolution que ceux auxquels Dieu n'avait pas donné, la force d'entreprendre un pareil voyage et de faire les efforts imposés par la colonisation naissante. Nos refus ont été écoutés avec la même douceur, avec la mêmc vertu, que notre acceptation

" Ce qui caractérise cette expédition féconde pour l'avenir, c'est l'esprit de famille que nous avons étudié chez vous et qui nous a si profondément touchés dans les rapports que nous venons d'avoir ensemble et dont le souvenir ne s'effacera pas. Ce que vous avez été ici, vous le serez en Afrique, dans notre France nouvelle, conquise par le courage de nos soldats, arrosée de leur sang et que vont désormais féconder votre ardeur infatigable et vos vertus populaires.

" Vous trouverez une terre fertile mais, à laquelle il faut beaucoup de travail, C'est par le travail que vous deviendrez propriètaires. Famille, propriété, amour de la patrie, tout est là, chers concitoyens ; et à cet égard, nous qui vous avons vus de si près, nous trouvons ici le gage assuré de l'avenir, nous sommes tranquilles sur le dépôt que vous confie la mère patrie.

" Plus vous avez souffert et plus vous serez forts ; car ceux-là seuls sont véritablement hommes qui ont été éprouvés par l'adversité. La douleur est une puissance que Dieu a donnée

l'homme pour l'attirer à lui et pour l'élever au-dessus des faibles. Quelles que puissent être les difficultés que vous rencontrerez, vous saurez les dominer par votre intelligence exercée, par votre tendresse pour la famille, par votre mâle vigueur, Vous saurez entreprendre et réaliser tout ce que vous aurez à faire ; car vous avez avec vous vos femmes, vos enfants et de plus les leçons du passé et en vue la conquête de l'avenir.

" Le découragement est impossible, vous vous appuierez les uns sur les autres. Il y a quelques instants je voyais pleurer une mère, non par crainte de son départ, mais parce qu'elle quittait sa mère. Ceux qui l'entouraient lui ont dit : " Ne pleurez plus, nous qui sommes ici, nous sommes tous votre famille " Admirables paroles qui se retrouveront plus d'une fois dans vos bouches, parce qu'elles sont au fond de toutes vos âmes !

" Adieu ! chers concitoyens, et à revoir; car nous irons vous visiter dans notre nouvelle France. Faites-la pareille à celle que vous quittez; fécondez la : tout son avenir, sa richesse, sa prospérité, sa grandeur sont en vous. Que Dieu développe ce germe précieux ! A la famille vous donnerez l'aisance et à la France tous les fruits de sa glorieuse conquête.

Adieu ! adieu ! Vive la République !"

Ensuite M. le curé de Bercy est venu terminer la cérémonie par la bénédiction du drapeau en quelques paroles de fraternité chrétienne unanimement senties.

Avant le départ, un des colons, M. Rigail, constructeur mécanicien a entonné le chant des colons, qu'il a composé sur. l'air des Girondins. Le refrain,

Partons pour l'Algérie,
Allégeons le fardeau de la mère-patrie,

a été répété en choeur par tous les assistants. Tous ont applaudi aux sentiments patriotiques et fraternels exprimés dans ce chant. M. le général de Lamoricière, M. Dufaure, M. Trélat, et les membres de la commission, vivement émus, ont embrassé l'auteur avec effusion.

Le convoi, divisé en deux détachements, le premier remorqué par le Neptune, le deuxième par le Fulton, a été salué au départ des plus vives acclamations de la foule rassemblée sur toute la longueur du quai, et les cris de Vive la République! Vive l'Algérie! Vivent les colons s'échappaient de toutes les membres de la commission,

Le président et presque tous les membres de la commission, avec le secrétaire, auxquels s'étaient réunis M. Despeux, maire du 1 er arrondissement; M. Bascans, son adjoint ; M. Maréchal, adjoint du 8è; M. Bascans, chef de bataillon du 1er de ligne et M. d'Avril, capitaine dans la 1er légion de la garde nationale, ont accompagné le convoi jusqu'à Choisy, où il est arrivé à une heure et demie

Par ordre de M. le préfet de, police, le contrôleur de la navigation de la Seine M. Guillaume et l'inspecteur des machines de la Seine, M. Biwert, se sont également embarqués sur 1es bateaux remorqueurs pour exercer la surveillance la plus active et ne les quitter qu'à Moret à l'entrée du canal du Loing.

Un soleil magnifique éclairait cette journée, qui ne devra pas moins dans les fastes de la France que dans les fastes de l'Algérie.