Qui dit que l'"Histoire" ne se répète
pas...
Crédit "Mémoire Vive, N°34-35, 2006"
IL Y A CENT ANS.
En relisant LE CRI D'ALGER (N°2 du 28 octobre
1906)
Indifférence de l'Administration
vis à vis des agitateurs
I1 nous semble
que l'on devrait exercer une surveillance rigoureuse du côté
des marabouts et des zaouïas; ces marabouts sont extrêmement
dangereux. Le Gouvernement français a cru être très
adroit en organisant un clergé musulman; les indigènes
font fi de ce clergé officiel et ne l'écoutent
pas; leur confiance va toute entière aux marabouts indépendants.
Quant aux
zaouïas, où sous prétexte d'enseigner le Coran
aux enfants, on ne leur apprend que la haine du Roumi, il est
inexplicable qu'elles ne soient pas placées sous une surveillance
étroite et de tous les instants. Si l'on fustigeait d'importance
quelques-uns des prêcheurs de guerre sainte, soit qu'ils
se réfugient dans ces foyers de fanatisme, soit qu'ils
colportent la bonne parole sur les marchés ou à
travers les tribus, on calmerait bien vite leur fougueuse ardeur
Les marabouts
n'aiment pas beaucoup la paille humide des cachots; ils craignent
encore plus les longs voyages sur mer
Après
quelques bons exemples, et avec une police bien organisée,
les uns et les autres s'empresseraient de contenir leur indignation
pour ne parler à leurs ouailles que du paradis et de l'enfer.
Il ne faut pas croire au moins que le musulman se formalisera
des corrections méritées qui seront infligées
à ses marabouts. Il n'y verra que la ferme intention du
Gouvernement français de faire respecter son autorité.
On peut être
certain qu'il ne se dérangera pas de route, quand il entendra
geindre un khouan que l'on emmènera en Calédonie
pour y continuer ses prédications.
Paulin TROLARD
PAULIN TROLARD
Jean Baptiste Paulin Trolard, né en 1842,
fut une grande figure d'Algérie mise en relief par une
vie d'intense labeur dont le pays tout entier profita largement
Il débuta sa carrière comme médecin communal
à Saint Eugène en banlieue d'Alger. Médecin
à l'hôpital civil, chef de travaux professeur d'anatomie
en 1869, il obtint de nombreux succès dans cette spécialité.
La « loi de Trolard », « les chevrons de Trolard
» « la grande veine anastomotique de Trolard »
sont restés dans l'histoire de cette spécialité.
Trolard avait une méthode d'enseignement limpide et exempte
d'inutile érudition. Pour perfectionner son travail il
s'était efforcé d'améliorer les programmes,
l'organisation des locaux et l'outillage de l'Ecole. C'est à
lui qu'on devra les magnifiques laboratoires de bactériologie
et de parasitologie d'Alger.
Maladies contagieuses, épidémies,
bureaux d'hygiène et de quarantaine, eaux minérales,
maison de retraite pour vieux médecins à Tipasa,
caisses de retraites médicales, assistance à domicile,
ambulances rurales, vulgarisation de l'hygiène sont autant
de réalisations ou de domaines qui évoquent l'inlassable
dévouement du professeur Trolard. Il fut aussi le promoteur
de la vaccination gratuite pour tous les indigents et fonda la
crèche modèle du « Jardin Marengo ».
Pour couronner cet édifice: La Ligue de Reboisement, qui
sauva la forêt algérienne, créée en
1881, et l'Institut Pasteur d'Algérie. L' ensemble de ces
Ïuvres imposèrent ce philanthrope à l'admiration
méritée de tous ses concitoyens.
Savant désintéressé,
ennemi de la notoriété, dédaigneux des honneurs,
Trolard prit l'initiative de créer l'Institut Pasteur en
Algérie. Avec le professeur Soulié, il étendit
les activités de l'Institut autant qu'il le put, mais n'eut
pas les ressources matérielles pour perfectionner les laboratoires
et développer des recherches.
Après 15 années passées
à concevoir et parfaire cette Ïuvre, Trolard fut mis de
côté, pour ne pas dire rejeté, lorsque l'administration
du Gouverneur Jonnart décida la réorganisation complète
de l'Institut. Le choix se porta sur les frères Sergent
et le professeur Calmette. Cette situation fut vécue comme
une disgrâce par Trolard. Très affecté il
refusa la vice°présidence proposée et, peu de
temps après, les premiers symptômes de la maladie
qui devait l'emporter se manifestèrent.
Ses traits immortalisés par
Emile Gaudissard, l'éminent savant s'éteignit à
Alger le 12 avril 1910. Une artère du centre ville - il
avait été Conseiller Général et adjoint
au Maire -perpétua sa mémoire. Le petit village
de Taza, créé en 1887 à 35 km de Teniet et
Haad, reçut son nom.
John FRANKLIN
Bibliographie
Paul Doury: « Henri Foley, apôtre
du Sahara et de la médecine » Ed. Curutchet,1998
« L'Afrique du Nord Illustrée »
N°323 9 juillet 1927
« Le Cri d'Alger » N°27, 1907
Association Française pour l'avancement des Sciences
(10ème Session Alger 1881) et (17ème Session
Oran 1888) interventions du professeur Trolard