ALLOCUTION DU 1er NOVEMBRE 2009
Le 1er novembre ! Date du malheur qui éveille en nous
plusieurs souvenirs et autant d'images qui rejoignent cette fête
de tous les saints, fête qui devrait nous inviter à
vivre dans J'espérance du renouveau par delà la
mort,
Cette date nous rappelle les témoins, les martyrs, celles
et ceux de toutes origines et confessions, qui ont donné
leur vie dans un élan d'amour pour leur terre.
Les victimes, torturées et assassinées le ler novembre
54 à M'Chounèche, ouvrent la longue cohorte de tous
ces innocents massacres par la haine et par
le couteau. Et comme si ce traitement ignoble ne suffisait pas,
la trahison et le mensonge poursuivent leur uvre de mort sous
des formes plus suaves et moins visibles mais tout autant destructrices.
Elles s'attaquent méthodiquement
avec acharnement à l'histoire de notre tragédie
: histoire falsifiée, tronquée qui utilise des complices
toujours disponibles leur permettant de se répandre grâce
à ses deux alliés naturels : le mensonge et la désinformation.
C'est pourquoi et suivant la recommandation
du Père Antoine Balzamo à Lourdes, reprenant une
exhortation de Saint Paul. "Nous devons, à temps et
à contretemps, annoncer le message de vérité.
Le dernier congrès du cercle
algérianiste à Aix-en-Provence qui portait précisément
sur la transmission de notre histoire, a remis en relief les difficultés
et les obstacles rencontrés dans cette démarche
délicate et ardue mais combien nécessaire ! Cela
est la mission de tous. Chacun d'entre nous, individuellement,
est concerné car responsable de cette transmission aux
générations qui suivent afin qu'ils puissent
remettre à l'endroit, l'histoire de l'Algérie
française écrite à l'envers.
"Cela commence au sein même de la famille".
C'est en effet un véritable
combat qui met aux prises les protagonistes de la tragédie
française en Algérie, dont aucun des acteurs n'est
sorti indemne ou insensible au draine sanglant qui s'y est déroulé
pendant 7 années dans nos départements français
d'Algérie ; et pour quels résultats ??
Les jeunes Algériens qui débarquent
clandestinement sur le territoire français dans des conditions
inhumaines au risque de leur vie, n'est-il pas un ultime appel
au secours ? Les "bonnes âmes" de service ont-elles
constaté que les "esclaves" victimes du colonialisme
viennent chercher refuge auprès de leurs méchants
colonisateurs ?
Cette constatation est une vérité
éclatante de l'histoire plus évidente que tous les
discours et les anathèmes.
Un demi-siècle après,
les cimetières français éventrés,
saccagés, et les tombes toujours profanées ne choquent
pas les bonnes âmes citées antérieurement
dont l'indignation est à sens unique.
Aujourd'hui, en ce 1er novembre,
date de la "Toussaint Rouge", nous savons que toutes
les mémoires vivantes de notre peuple des Français
d'Algérie se souviennent... Nombreux sont celles et ceux
qui déplorent que nos dernières forces ne sÕunissent
point pour affronter celles du mépris et du mensonge qui
nous combattent encore aujourd'hui.
La
création d'un "catéchisme de l'histoire d'Algérie",
véritable "tronc commun" d'information et de
formation afin de répondre efficacement aux mensonges,
à la désinformation et la calomnie, s'avère
plus que jamais nécessaire. Nos nombreuses associations
et amicales ont toutes une finalité respectable, une existence
propre et légitime.
Il
serait donc souhaitable que chacune, conservant sa spécificité,
y ajoute une partie de ce tronc commun qui permettrait de retrouver
une orientation générale, créant ainsi une
dynamique commune crédible et efficace.
Cette
structure "ouverte" permettrait de répondre enfin
à tous ceux et celles qui souffrent de nos divergences
et de notre impuissance.
Cette
structure, "nouvelle" dans sa forme et son fonctionnement,
serait une réponse face aux pouvoirs qui se jouent de nos
différences.
Et
pourtant n'avons-nous pas réussi quelques rassemblements
unitaires autour d'un thème, d'une date lorsque l'enjeu
mobilisateur était reconnu par tous et avait pris le pas
sur l'identité de l'association organisatrice ou son Président
? Ceci est une question à laquelle je vous engage à
réfléchir et à méditer !
Avant
son "départ", le Père A. Balzamo, à
Lourdes, nous a adressé quelques recommandations fortes,
qui prennent encore aujourd'hui toute leur signification. Ecoutons
le :
"Un
peuple qui se bat, un peuple qui cultive ses racines et son histoire
ne peut pas mourir... Chaque communauté humiliée
et bafouée veut connaître les raisons de son malheur,
de son mépris, de son rejet... Relevez la tête !
Vous tous mes chers amis et soyez fiers de votre passé
! De tout ce que vous avez fait de beau, de grand et de généreux
là-bas !
Ce
n'est pas la haine, la rancur ou la vengeance qui nous guident
dans ces recherches... Simplement, nous voulons dire à
nos enfants, petits enfants, pourquoi tant de larmes et de sang
furent versés dans un pays en pleine prospérité,
en expansion croissante dans l'harmonie des 3 religions qui se
respectaient !
Que
Dieu vous donne surtout la force, le courage, de proclamer bien
haut, dans la lumière et la transparence ce pourquoi nous
sommes réunis aujourd'hui encore. Je veux dire : le Souvenir,
la Mémoire, la Vérité et l'Amour de la France
! "
Le
Père Balzamo ne faisait que transmettre à sa manière
la parole de Jean Paul Il : "Un peuple sans mémoire
est un peuple sans avenir"
Claude ROCHETTE
01.11.2009