ALLOCUTION DU 1er MAI 200 PELERINAGE NOTRE DAME D'AFRIQUE 2010

 

Chers Amis de Notre Dame d'Afrique,

Notre cérémonie du pèlerinage 2010 a pris, vous l'avez constaté par les différents intervenants, une résonance encore plus grande par tous ses aspects que l'on retrouve dans la finalité et le rôle premier de ce lieu de rassemblement sur lequel nous faisons mémoire aujourd'hui.

Les rassemblements nombreux que nous avons vécus ensemble depuis 62, ont tous rappelé l'importance, l'urgence, de répéter inlassablement dans l'esprit de vérité, l'histoire vécue, réelle avec ses ombres et ses lumières comme toute œuvre humaine.

A Marseille, en 97, au 35ème anniversaire, le Père Balzamo, dans son homélie, nous adressait le message suivant : "En ce jour de rassemblement et d'unité, je vous redis RELEVEZ la tête et prenez courage, soyez fiers de votre passé, de votre identité et de votre personnalité ! En moins de 100 ans, vous avez redonné un visage à un pays écrasé par la fièvre, la misère et la faim...

En moins de 100 ans, l'église d'Afrique renaissait de ses cendres grâce aux missionnaires, religieux, religieuses, dans un travail obscur et plein de courage... RELEVEZ la tête, vous tous... vous avez droit au respect, à la dignité et à l'honneur..."

Je vous laisse, chers amis, le soin de méditer ces paroles... Mais qu'en est-il exactement en 2010 ?... 48 ans, un demi-siècle après notre arrachement, pompeusement dénommé "rapatriement", imprévu parce que non souhaité, de nos départements français d'Algérie.

Tous, nous avons conservé des relations amicales avec nos camarades de classes, nos anciens voisins, nos copains du foot, tous, lorsqu'ils sont libres de s'exprimer, nous disent l'abominable situation dans laquelle ils vivent !... Mais eux aussi ont un demi-siècle de plus ! C'est pourquoi il devient urgent et important que notre histoire, notre vécu, puissent être transmis à nos petits enfants afin qu'ils sachent d'où ils viennent, qui ils sont et qui nous sommes...

Plus que jamais nous devons les intéresser et les faire participer à nos rassemblements, à nos réunions, à nos fêtes afin qu'ils se posent des questions sur notre histoire, leur histoire, notre accent, nos répliques, notre littérature ou même notre cuisine...

Sachons leur parler, les informer au bon moment "AUTANT QUE"...

A nouveau, le Père Balzamo nous indique une piste, écoutons le : "DIEU nous a créé plus grands que nos divisions, nos refus et nos replis, transmettez cet héritage : la richesse de votre foi et de votre dévouement. Transmettez tout cela à vos enfants et vos petits enfants qui n'ont pas connu cet émouvant passé, mais qui doivent savoir qu'un jour, par delà la Méditerranée, des hommes et des femmes se sont levés pour faire de cette terre un pays de lumière, de prospérité, de réconciliation par delà les races, les cultures et les religions. Il faut faire mémoire pour préparer l'avenir. Tout ce passé riche de travail, de sueur et de sang ne doit pas mourir. Nous resterons, car nous sommes les dépositaires d'une MEMOIRE VIVANTE, fidèles et dans la vérité, cela jusqu'à notre dernier souffle."

Cette exhortation du Père Balzamo est toujours d'actualité. Il nous parle encore de son amour pour cette Algérie, "de son enfance et de sa vie".

En 2010, aujourd'hui, chez amis, 48 ans après et pour une décennie encore, nous avons à mener le combat de la vérité et la transmission de notre histoire. Une œuvre nouvelle continue et recommence, pour cela les supports ne manquent pas ! Les regrets, les soupirs, le découragement, ne sont plus de mise dans ce dernier combat qui nous est imposé et que nous nous devons de mener contre le mensonge. Les outils ne manquent pas non plus...

Des associations, des amicales, des organismes d'information, oeuvrent encore tous les jours pour aider, accompagner, nous guider dans ce travail de recherche au service de la vérité.

C'est pourquoi nous sommes si attachés à l'accès aux archives, ces pièces, protégées par des lois rigoureuses depuis près de 50 ans, nous interdisent de vérifier nos soupçons... et nos témoignages.

La pose dernière des noms des victimes du 26 mars 62 d'Alger, sur le monument du quai Branly n'explique pas pourquoi cette tuerie organisée a été programmée et par qui...

Le film "Hors la loi" prochainement programmé au festival de Cannes nécessiterait sans doute un accès aux archives correspondantes, film auquel la France va pourtant participer financièrement !

Chers amis, Mon Général, notre cérémonie touche à sa fin, c'est pourquoi et pour conserver nos bonnes habitudes, nous allons, comme à l'Arc, Mon Général, vous suivre dans le chant des Africains.

              Claude Rochette

              Président