Homélie de Mgr Molinas - 1er Mai 2015 – Notre Dame d’Afrique à Théoule
Cette année encore, Notre Dame d’Afrique nous accueille sur cette
colline qu’Elle a sans doute choisie, et depuis laquelle Elle nous permet de
nous tourner vers l’autre rive, celle de notre Algérie perdue. Notre exil
commençait il y a cinquante trois ans. J’utilise l’imparfait, car nous pouvons
considérer que l’action n’est pas achevée et que d’une certaine manière nous
sommes toujours en exil. Le mensonge, le parjure nous ont arraché à notre
terre, et justice ne nous a pas encore été rendue. La sera-t-elle un
jour ? Rien n’est moins sûr tant il est évident que de tous bords on
continue à pratiquer la désinformation et le travestissement de l’histoire.
Peut-être la vérité sera-t-elle rétablie un jour lorsque plus aucun d’entre
nous ne résidera sur cette terre, grâce à l’honnêteté de chercheurs objectifs
ou de patriotes – mais en existera-t-il encore ? - qui finiront par
refuser de voir la France trainée dans la boue et le déshonneur. Peut-être,
parmi ceux qui viendront après nous, se lèveront des fils et des filles de
France qui ne supporteront plus de laisser insulter leurs ancêtres ; eux
qui consentirent aux plus grands sacrifices pour le rayonnement de la
civilisation et l’avancée du progrès sur des terres lointaines et
inhospitalières.
La colonisation ! Le grand mot qu’il ne faut plus prononcer sinon
pour condamner. Certes, la perfection n’étant pas de ce monde, l’action
humaine, la meilleure soit-elle, se doit d’être initiée et guidée par les
sentiments les plus hauts ; ceux là-même par lesquels l’homme se réalise pleinement
en répondant à l’appel de Dieu ; appel qui se résume en un verbe :
AIMER. Et justement, qui pourrait le nier, l’amour n’était-il pas présent chez
ces prêtres, religieux, religieuses qui donnèrent leur vie pour annoncer le
Christ à ces populations autochtones, qui vivaient dans des conditions où la
superstition et la coutume enserraient l’homme, et surtout la femme, dans un mode
de vie venu du fond des âges ? L’amour n’était-il pas présent chez ces
hommes et ces femmes, scientifiques, médecins, infirmières (ces dernières presque
toujours des religieuses) qui n’hésitèrent pas à vivre au cœur même des
épidémies ou auprès des lépreux pour leur apporter réconfort et remèdes puis
guérison, alors que la maladie les avait exclus de toute vie sociale ?
L’amour n’était-il pas aussi présent chez tous ces techniciens, ingénieurs,
ouvriers qui participèrent à l’émergence de nouvelles contrées par l’ouverture
de routes, de voies ferrées puis de lignes aériennes qui permirent des
communications jusqu’alors impossibles ?
Fallait-il abandonner ces peuples à leur sort ? Si tel avait été le
cas, nous n’aurions sans doute pas aujourd’hui à déplorer Lampéduza et le tragique phénomène migratoire que connaissent des milliers d’hommes et de
femmes originaires de ces pays, abandonnés dans le cadre d’une indépendance
hâtive et criminelle.
Des aspects négatifs de la colonisation ? Certes, il y en
eut ; mais pourquoi nier tout ce qui fut positif, bénéfique ?
Pourquoi, sinon pour continuer l’œuvre de démolition de l’occident
chrétien entreprise depuis plusieurs décades dans le but de laisser la place à
un gouvernement mondial, dont on ne sait pas trop ce qu’il est mais qui existe
bel et bien, et dont la motivation essentielle est la haine de Jésus-Christ et
l’asservissement de la population du monde entier, sous le couvert de faux
progrès sociaux qui donneraient enfin à l’homme une liberté jamais
atteinte : celle de s’assumer lui-même, sans Dieu. Cet accomplissement se réalisant ainsi grâce à des lois
iniques comme celles établissant l’avortement banalisé, la théorie du genre, le
mariage pour tous, et bientôt l’euthanasie. Et c’est bien de cela qu’il s’agit
aussi pour les pays sous développés ou émergents dont les dirigeants sont sollicités afin que, moyennant subventions diverses, ils
incluent ces textes infâmes dans les lois et les constitutions de leurs pays.
Ce n’est pas moi qui le dit, c’est le Cardinal Robert Sarah, dans son livre
« Dieu ou rien ». Le cardinal Sarah, guinéen, nommé par le Pape
François préfet de la congrégation pour le culte divin et la discipline des
sacrements, s’insurge avec force contre cette pratique ignoble qui touche un
grand nombre de pays d’Afrique.
Peut-être êtes vous surpris par mon propos ? Quel rapport avec le
drame qui est le nôtre ? Pourquoi ? Et bien tout simplement, parce
que, avant d’autres, nous avons eu le tort de nous trouver sur le chemin de
cette entreprise surgie des ténèbres, et qui aujourd’hui semble sur le point de
l’emporter. Certes, nous connaissons les acteurs directs de notre malheur. Dans
l’ordre d’entrée en scène citons l’islamisme alors rampant qui fut utilisé pour
fanatiser les foules, l’idéologie marxiste, les communistes et les porteurs de
valises de tout crin qui tiennent aujourd’hui le haut du pavé et qui se
présentent comme d’authentiques humanistes, alors qu’ils ont encore les mains
dégoulinantes du sang des victimes du terrorisme, et enfin, bien sûr, celui qui
sut si bien nous trahir en se présentant comme le sauveur de l’Algérie
française, mais qui se hâta de la perdre dès qu’il obtint le pouvoir.
Détestables acteurs d’une trahison sans nom, coupables sans doute des pires crimes que l’on puisse commettre, mais aussi
et d’abord suppôts du maître des ténèbres qui ne cesse de revendiquer son
royaume. Oui, en constatant aujourd’hui le résultat atteint par ces forces du mal et la
situation dans laquelle le monde se trouve, on ne peut douter que tout se tient
et que l’Algérie a été une étape dans une stratégie dont le but est la conquête
du monde.
Ainsi donc, Frères et Sœurs, et vous le savez bien, le combat n’est pas
terminé. Nous devons continuer à lutter pour la vérité sur la guerre d’Algérie
et sur le sort qui fut réservé aux Pieds Noirs et à leurs frères les Harkis,
mais aussi nous devons engager sans tarder le combat pour la défense de notre
foi, de notre culture et de notre patrie. Dès son élection sur le trône de
Pierre, Saint Jean Paul II avait dit à la foule massée sur la place Saint
Pierre, et au monde entier : « N’ayez pas peur ! ». Sans
doute, le prophète qu’il était entrevoyait-il la lutte que l’Eglise allait
devoir mener face aux attaques des forces maléfiques. L’attentat dont il fut
victime est bien la preuve que sa clairvoyance et son tempérament de lutteur
déjà exercé contre le pouvoir communiste en Pologne, constituaient un sérieux
obstacle aux visées de l’ennemi. Mais la foi de ce grand saint qui fut notre
contemporain, le maintint dans une détermination sans faille. Demandons-lui
donc de nous soutenir dans le combat que nous avons à mener. N’ayons pas
peur ! Nous savons que le Christ a déjà remporté la victoire. Mais nous ne
pourrons nous y associer que si nous prenons notre part dans la bataille
décisive qui se prépare. Le temps des tièdes est définitivement révolu. Il est
grand temps de nous affirmer comme chrétien si nous le sommes ou de le devenir
en vérité si nous ne le sommes pas encore. Inutile de pleurnicher sur la
négation des racines chrétiennes de la France et de l’Europe, si nous ne vivons
pas nous-mêmes de la foi chrétienne. En fait, et c’est très simple, mais
oserais-je vous le dire ? Et bien oui, il nous faut changer de vie, il faut
nous convertir, il faut devenir des saints. C’est bien à cela que Dieu nous
appelle. Nous ne pourrons nous libérer des ténèbres qu’à cette condition. Lors
de son premier voyage à Paris, St. Jean-Paul II posait cette question :
« France, fille aînée de l’Eglise, qu’as-tu fait de ton
baptême ? » Jésus-Christ et la France c’est tout un comme aurait pu
le dire Sainte Jehanne d’Arc. Et je terminerai par ces paroles très graves du
Christ : « Qui n’est pas avec Moi, est contre Moi. » (Mat. 12,30)
Voilà, il n’y a plus de temps à perdre. Chacun est placé face à ses
responsabilités. Que la Vierge Marie, Notre Dame d’Afrique, nous garde et nous
protège, Elle qui est chargée d’écraser la tête du démon.
Mis en page le 6 mai 2015 par RP. |