Chère Michèle, j'ai beaucoup de peine en apprenant la mort de George Dillinger. Je l'ai peu connu mais ses écrits ont toujours été des enseignements pleins de sagesse, de mesure, même quand il contenait sa rage, sa colère. Je suis sûre que tu auras à coeur de lui rendre hommage lors de la rentrée, en octobre, je pense. Bien tristement. Et Georges Busson devint Georges Dillinger |
Georges Busson : une vie scientifique Georges Busson est inconnu du grand public, et même oublié de Radio Courtoisie où il intervint si souvent entre 1995 et 2006 : « Sic transit gloria mundi ». Mais il demeure aussi probablement ignoré de son peuple, celui des Français d’Algérie dont il fut le défenseur de la mémoire jusqu’à ce que la maladie l’assignât au silence en 2015. Et pourtant, quelle meilleure illustration de la force et de l’enthousiasme de ce peuple qu’on a baptisé « Pieds-noirs » dans un désir inavoué de dérision ? Car la vieille France ne savait plus reconnaître, au vingtième siècle déjà, chez ceux qui firent refleurir la Numidie, la Mauritanie et l’Afrique romaine après le millénaire et demi d’ensauvagement qu’elles connurent, la vaillance, l’inventivité et l’amour de leur terre. Ce peuple donna à la France, en quelques décennies, de grands peintres comme Mazo ou ceux de la villa Abd-el-Tif, de grands écrivains comme Albert Camus, Emmanuel Roblès ou encore Jean Brune, de grands médecins ayant lutté contre le paludisme et la malaria tel qu’Edmond Sergent, de grands militaires parmi lesquels le général Margueritte, le maréchal Juin, Franchet d’Esperey, et de grands scientifiques comme R. Laffitte et… Georges Busson. Mais la France préfère les paillettes au génie et Georges Busson s’en est allé, anonyme, comme beaucoup. Y aura-t-il un communiqué du Museum d’Histoire naturelle ? Nous verrons et, pour l’instant, introduisons le scientifique. Les débuts Georges Busson naquit à Alger le 5 avril 1929. Un homme de terrain Mais une carrière décrite sous cette forme administrative ne dit rien de l’œuvre ni de son importance. Car Georges Busson n’était professeur que parce qu’il aimait enseigner et transmettre, mais il aimait par-dessus tout enseigner et transmettre ce qu’il connaissait et donc ce qu’il découvrait. Or, pour un géologue, la connaissance, et encore plus la découverte, ne se font qu’à genoux sur la rocaille sous les plus chauds soleils du globe. Georges Busson fut donc un défricheur, dès 1951, c’est-à-dire pendant ses études et avant sa licence, au titre du CNRS, et jusqu’en 1962, sur les terrains de son pays natal l’Algérie, dans le Constantinois (Nementchas et Aurès), sur les Hauts-Plateaux oranais, dans les Beni Menacer et dans le Cheliff, enfin au Sahara tunisien, algérien et libyen. Cette période de 12 années se déroula parfois au plus fort des « événements » et dans les zones les plus dangereuses de cette guerre d’Algérie, à laquelle il participa lors de sa période combattante de 1955/56, ce qui lui permit de constater la cruauté du FLN. Les missions de cette période le mobilisèrent plusieurs mois par an, soit au total plusieurs années à fouiller le sol. En 1964-65, il retourna au Sahara tunisien et algérien, ce qui se concrétisa par la récolte de plusieurs milliers d’échantillons, tant en Algérie du nord que dans les régions sahariennes. Les fossiles récoltés au cours de ces missions permirent aux paléontologues qu’il guida de produire de nombreux mémoires. Puis ce fut entre 1971 et 1973, après sa thèse, un an de recherche au Canada dans l’Alberta grâce aux ressources de l’Institute of Sedimentary and Petroleum Geology du Canada occidental. Enfin les quinze dernières années de sa vie professionnelle furent celles des missions brèves en Espagne, en France et en Israël. De ce labourage des sols d’Algérie, d’Amérique du nord et d’Europe se constituèrent les collections portant son nom au Museum d’Histoire naturelle de Paris et au musée de Paléontologie d’Alger. La carrière de l’explorateur se doubla de celle du formateur qui diffusa les connaissances ainsi accumulées lors de conférences innombrables dans les universités françaises, à l’Institut du Pétrole et des Moteurs, ainsi que pour les ingénieurs de la SNEA, lors de réunions sollicitées par l’école Polytechnique ou l’agence nationale de Gestion des déchets radioactifs. Seulement, ces communications et cours oraux ne se limitèrent point à la France puisque Georges Busson intervint comme conférencier à la Société belge de Géologie (1979), à la Société géologique d’Allemagne (1982), à la Société suisse de Géologie et de Minéralogie (1983) à la Société des sciences de la Terre de Tunisie (1984, 85, 91), à la Geological Society of America (Penrose conference 1988) ou l’ENRESA (Conférence de Barcelone 1989). En 1992, il organisa à Paris une réunion à participation internationale qui obtint le parrainage conjoint de la Société géologique de France et de l’Association des Sédimentologistes français. Cependant, comme la parole passe et que les écrits restent, il se fit un devoir de publier ses travaux, fussent-ils personnels ou collectifs, et ce, depuis la préparation, en 1950/51, des 26 monographies régionales du Congrès géologique international d’Alger de 1952, jusqu’à ses fonctions de membre de l’Editorial Board du périodique Sedimentary Geology (ELSIER) d’Amsterdam dont il était le seul membre français. Il dirigea, seul ou avec ses équipes, les actes de 16 réunions scientifiques sur les 18 auxquelles il participa, totalisant plus de 160 communications hébergées dans 12 revues scientifiques, les travaux de 5 de ces réunions ayant été publiés dans des périodiques de catégorie A et ceux de l’une d’entre elles dans une revue étrangère. À partir de 1981, le service RCP 459 dont il assurait la direction depuis 1977 entreprit la publication de la série « Documents » qui fut poursuivie par cette formation de recherche labellisée sous ses dénominations ultérieures (GRECO puis UR 1209). Au total, cette collection comportait 12 volumes en 1992, correspondant soit à des travaux individuels, soit à des travaux collectifs. Enfin, un long travail avec la profession aboutit à deux ouvrages publiés par Technip : l’un en 1979 suivi par une édition américaine en 1980, l’autre en 2 tomes en 1986 et 1989, le 2e tome ayant été traduit en anglais par Oxford IBH publishing Co, New Delhi. Les soutenances de thèses Enfin, et pour mesurer pleinement l’envergure du travail et de l’œuvre du professeur Busson, nous devons parler des thèses qu’il a dirigées. Synthèse de ses travaux Georges Busson laisse pour les chercheurs à venir :
De cet impressionnant inventaire de travaux sourd un sentiment de vertige. Comment un homme a-t-il pu, en l’espace de 40 ans, parcourir le monde un marteau à la main, enseigner à haut niveau avec la préparation que cela requiert, donner des conférences dans le monde, en organiser autant, suivre des élèves dans les thèses qu’il a dirigées et trouver du temps pour s’asseoir à sa table de travail afin de rédiger la montagne de communications et les ouvrages cités plus haut ? 1976 la fracture Nous engageons le lecteur à prendre bien note des dates dont il a été fait état pour baliser le parcours du professeur Busson. En effet, il faut maintenant aborder ce qui fut un malheur (surmonté) et un tournant dans la vie de cet homme : la cécité qui le frappa à l’âge de 47 ans. En 1976, un décollement de la rétine le priva totalement de la vue. Il devint aveugle. Or, si vous vous penchez sur son cursus à partir de cette date, rien ne permet de s’en rendre compte, aucune plage blanche, aucun ralentissement d’activité, rien qui indiquât un événement majeur qui en aurait désarçonné plus d’un. Et surtout dans une spécialité où la vue et le toucher sont à l’œuvre, essentiels pour la reconnaissance de la nature d’un échantillon. Et même hors du terrain, quand la vue semble indispensable à la bonne conduite d’une conférence où les illustrations sont si importantes, qu’il faut commenter et qu’on doit faire apparaître à point nommé. Cette gageure, d’avoir à trouver les moyens de continuer sans que nul ne s’en aperçoive, de demeurer tonique au cœur d’une nuit qui ne vous quitte plus, ce tour de force, il a dû le réussir dare-dare pour arriver au terme d’une carrière en se maintenant au sommet de la connaissance et de la compétence. Ce destin ne doit donc rien au hasard et tout à la personnalité de Georges Busson. L’homme d’action Georges Busson fut donc un scientifique et un universitaire actif et de haut vol, mais aussi un homme ouvert et libre. Il obtint quelques subsides de l’État mais ne s’en satisfit pas et rechercha par lui-même l’appui de l’industrie pour ses recherches. Comme il le dit lui-même : « L’appui de l’industrie à mes recherches et à celles que j’ai dirigées a été constant, massif et déterminant. Sans l’appui logistique d’un grand nombre de sociétés pétrolières œuvrant à l’époque en Algérie, en Tunisie et en Libye, mes recherches sahariennes sur le terrain (1957-65), réduites aux moyens publics, n’auraient évidemment pas rapporté la moisson de résultats exposée dans mes publications. » Et certes, il ne manqua point de contrats, et les sociétés qui les lui offrirent furent d’une importance cruciale dans le développement de la connaissance : Aquitaine Canada, Total North America, Imperial Shell Canada, Conservation Board of Alberta, Gaz de France, Mines et Potasses d’Alsace, ELF-Re, CFP, ESSO-REP, etc. Sans elles, dit-il, ses moyens financiers eussent été divisés par dix. Et ceci sans altérer la rigueur du scientifique pour la recherche fondamentale. Georges Busson réussit en effet à obtenir la confiance de ses commanditaires au point de les amener à penser que lui et ses équipes pouvaient leur être utiles en consacrant à des recherches fondamentales les sommes que ces entreprises leur allouaient. Les responsabilités et les distinctions Georges Busson exerça ses responsabilités dans les plus grandes institutions :
Georges Busson fut membre de sociétés savantes nationales et internationales :
Georges Busson reçut les distinctions suivantes :
Georges Busson acheva sa carrière en 1993, bien qu’elle se poursuivît par un statut du type « éméritat » lui permettant la conservation d’un bureau au Museum d’Histoire naturelle où il put suivre des étudiants heureux d’y rencontrer le maître. « Georges Busson est mort, Vive Georges Dillinger ! » Homme libre, homme de fidélité, homme de pensée, homme de combat Aussitôt le crépuscule professionnel entamé, l’aube d’une liberté pointa qu’il avait bien fallu tenir sous le boisseau dans le monde d’idéologie forcenée qui devint celui de la France après 1945 et Georges Busson laissa place à Georges Dillinger. Georges fut éveillé à la haine et à la sauvagerie des rebelles en Algérie durant son rappel sous les drapeaux entre 1955 et 1956. Et certes, ce furent les années des massacres du 20 août 1955 dans l’est, puis des fermes incendiées en 1956. Le spectacle des mutilations d’hommes, de femmes et d’enfants, qui ébranla les esprits les plus honnêtes – comme Jacques Soustelle en 1955 – horrifia Georges Busson. En 1957, ce fut Alger qui sauta – Milk Bar, Otomatic, stades, casino de la Corniche de Saint-Eugène, attentat des lampadaires – et le carnage de ses compatriotes tués, et de quelle manière, pour ce qu’ils étaient, lui mit au cœur non la haine mais la colère, ce qui n’est pas la même chose. Enfin, quand après la révolte des généraux du 22 avril 1961, les plus purs d’entre eux durent se cacher comme des malfaiteurs pour avoir aimé leur patrie, il fut de ceux qui résistèrent et il participa à la manifestation de soutien des Algérois pour leurs frères de Bab-el-Oued assiégés dans leur quartier par l’armée française. Il entendit et sentit le frôler les balles qui couchèrent sur le pavé de la rue d’Isly 87 de ses concitoyens et en blessa plusieurs centaines. La forfaiture, « Des soldats français tirant sur le drapeau français », comme l’avait prophétisé Georges Bidault quelques semaines plus tôt, était accomplie. Georges attendit d’être Dillinger, libéré de ses devoirs professionnels, pour clamer la vérité sur le meurtre des départements français d’Algérie. Ce fut alors le temps des conférences devant des publics de Pieds-noirs pour analyser la fracture historique dont ils avaient été victimes et leur montrer qu’ils n’avaient pas démérité. La fidélité fut, en effet, le trait essentiel du caractère de Georges Dillinger et qu’il tint préservée, c’est à dire muette, tant que l’intérêt de ses recherches et de la Science l’exigea. Et en effet, les découvertes et leur exploitation méritaient cette charité-là. Mais bien que Dillinger n’eût plus besoin des financements, Busson siégeait toujours dans les académies scientifiques et, dès que Dillinger se mit à parler publiquement de l’Histoire de l’Algérie française et des infamies qu’elle autorisa, l’autre en eut des échos. Un jour, il fit une confidence à Élisabeth Cazenave à ce sujet. Ayant été invité à Radio Courtoisie pour aborder ces sujets brûlants, un de ses collègues lui confia avoir reconnu la voix de Busson dans le verbe de Dillinger et, pour le rassurer, lui dit ne pas vouloir en faire état ni en tenir compte. Cela en dit long sur l’état moral et sur la liberté de penser qui nous était déjà autorisée. Les conférences données aux cercles algérianistes et autres associations comme Veritas furent un outil utile mais insuffisant, puisque s’adressant à des convaincus. C’est là que Radio Courtoisie eut un rôle à jouer. L’antenne fondée par Jean Ferré en 1987 était, à l’époque où Georges Dillinger s’y exprima, un havre de libre parole pour les combattants de l’Algérie française. Jean Ferré lui-même fut le représentant du général Salan auprès des généraux qui préparaient le soulèvement de 1961, puis avait été interné au camp de Saint-Maurice-l’Ardoise pour pensée subversive. Mais en plus, Pierre Guillaume, capitaine de vaisseau, engagé dans l’OAS Algérie en Oranie sous les ordres du général Jouhaud, modèle du héros du film de Pierre Shoendoerffer « Le crabe tambour », y dirigeait tous les lundi de midi à treize heures trente une émission ouverte à tous les militaires et civils ayant défendu l’Algérie française. Cependant, Radio Courtoisie était aussi la maison de gaullistes purs et durs, comme Philippe de Saint-Robert ou François de Sainte-Marie (entre autres) et si Georges Dillinger, comme chacun des intervenants, y était libre de sa pensée, Jean Ferré, qui l’admirait (il en fit la confidence à l’auteur de cet article) ne put l’inviter à son micro au risque de briser le fragile équilibre de cette Union des droites que le fondateur de Radio Courtoisie appelait de ses vœux. Un jour, Jean Foyer (ministre de la justice de De Gaulle) s’étant exprimé chez Ferré à l’occasion de la mort du général Jouhaud, émission au cours de laquelle Jean Ferré le crédita d’avoir arraché la grâce de Jouhaud au général de Gaulle, Georges rappela, dans une autre émission chez un autre patron d’émission, la responsabilité de Jean Foyer, en tant que ministre de la Justice, dans le drame de l’Algérie française. C’était rétablir la balance entre la grâce de Jouhaud et les exécutions des autres fusillés de l’Algérie française auxquelles il ne s’était pas opposé. Alors, Jean Ferré qui m’avait sollicité pour inviter le « merveilleux Georges Dillinger », se ravisa, me disant son désappointement après les propos de Georges, sauf si Georges exprimait des excuses. Ayant informé Georges de cette réaction et de l’attente de Ferré d’une sorte de « démenti » de sa part, celui-ci demanda à réfléchir puis, très vite, me rappela pour m’informer de son refus d’avoir à revenir sur ce qui était sa conviction. Ainsi était Georges, qui continua à fréquenter les plateaux des amis de l’Algérie française : Olivier Pichon, Claude Reichman, Gérard Marin, Claude Giraud et, bien sûr, Pierre Guillaume. Sa présence lui permettait de toucher des publics de métropolitains de droite non acquis (loin de là) à la cause. Et son effort était profitable puisqu’il pétrissait une pâte qui n’avait jamais entendu parler en ces termes de l’Histoire de la fin de l’Algérie avec ces précisions et cette clarté. Enfin, Georges Dillinger œuvra par la plume, écrivant d’innombrables articles sur ce sujet mais aussi sur la France comme elle allait déjà (et comme elle va toujours…) dont il pourfendait un abaissement qui n’en finit pas. Ces articles parurent dans les quotidiens et revues qui le voulaient bien et il ne se refusa de paraître dans aucun titre pour que la tragédie dont les Français d’Algérie avaient été victimes fût connue. Surtout, à côté de son éphémère travail de « journaliste » dans Présent, Rivarol, l’Algérianiste, Veritas ou d’autres organes dont je n’aurais pas eu connaissance, il entreprit une œuvre d’essayiste et d’historien qui servit de support à ses interventions radiophoniques ou à ses conférences mais qui demeure désormais à la disposition des chercheurs à venir. Livres publiés entre 1995 et 2012
Quatre de ses livres portent sur l’Algérie, la guerre d’indépendance qui fut aussi une guerre de civilisation, et sur les conséquences dans le monde des années 90 et 2000 de cette tragédie française. Cinq autres sont consacrés à la France, la société française et leur évolution depuis 1962. Le dernier ouvrage sur le sujet use du mot « nihiliste » comme adjectif de « subversion » et si Georges avait dû le rééditer, peut-être eût-il choisi aujourd’hui le mot « submersion ». Enfin, deux autres ouvrages sont liés à la sphère scientifique qui fut la sienne : Menaces sur la Terre et L’évolution créatrice. Et puis, en 2015, le scientifique, le penseur, le combattant, abandonnèrent l’homme au silence et « à sa nuit », comme il me le souffla au détour d’une phrase lors de l’un de nos derniers entretiens. Nos longues conversations de près de 15 ans cessèrent et ne resta que le souvenir de Georges, de ce qu’il fut. Et il fut avant tout une âme forte, d’une érudition rigoureuse, d’une modestie non affectée et d’une charité comme il y en eut peu. Enfin, comme il faut clore ce rendu d’une humanité passée, il faut se remémorer son talent oratoire et ses conférences sur l’exploration scientifique du Sahara qu’il donna au Cercle algérianiste de Neuilly-sur-Seine lors de son inauguration en 1998. L’homme appelait chaque diapositive, la décrivait avec exactitude, parsemant d’humour chaque séquence, et déroulait sa conférence sans nous perdre en route, nous « béotiens », et encore en nous passionnant. Ce maître qui tirait d’une science aride une après-midi enchantée, celui-là ne voyait pas, celui-ci était aveugle et nous sortait de la nuit. Georges Clément Le 28 août 2018 voir Conférences à Nice http://nice.algerianiste.free.fr/pages/conf3/dillinger1.html |
Mis en page le 30/08/2018 par RP. |