Ecusson de la 3e D.I.A.

 

 

 

Août 44

Le 16 Août apparut la côte méridionale de la France.
A l'avant du navire, émouvante présentation du drapeau à notre Patrie qui tout là bas, à la limite d'une mer embrasée, laissait deviner l'élégance de ses rivages encore imprécis. La "Marseillaise" jaillit des coeurs dans un champ spontané confié au vent qui l'emporta, message d'espérance enfin récompensée, de tendresse, de dévotion.
Au couchant s'incurvait le Golfe de Saint-Tropez, s'offrant à nous, et souriant à notre venue si longtemps escomptée.(1)

La France ! en personne la voici : 16 août, 16 heures.
A bord du Circassia, officiers et troupes se massent sur la plage avant. Entouré de sa garde, l'étendard du 67e Régiment d'artillerie se tient en proue, face à la passerelle où se tient un autel....
Le Père Py célèbre la Messe, le Pasteur Chatoney prononce une allocution. Le Général de Montsabert, tendant les bras vers la côte, s'écrie: "Mes enfants, la France!" Puis, les honneurs rendus à l'étendard, le Général reprend :
"France, la 3e D.I.A. te ramène tes drapeaux vainqueurs!" Une voix entonne le couplet: "Amour sacré de la Patrie..." Le refrain éclate, formidable. La Marseillaise est faite à la mesure de cette plénitude!
Chaque navire du convoi a, par une cérémonie analogue, salué la France (2)

A 16 heures, la cérémonie que j'ai voulue: le premier baiser sacré à la Patrie. Devant les délégations en armes et les officiers, sous-officiers et soldats massés sur l'avant, je suis monté sur la passerelle supérieure ; "Mes enfants, la France !" La Marseillaise s'est élevée dans un trou de silence. Puis l'aumônier a dit la messe - face à la France ! - scandée de chants appropriés. (3)


Soudain sur nos têtes, vers 20 heures, alors que nous étions ancrés dans le golfe, un ronronnement bien connu avait empli la chaude soirée, cadre doré pour nos pensées qui se tendaient vers cette Provence où s'étaient déjà déroulées les premières actions du débarquemnt: l'aviation ennemie essayait de nous interdire l'accès de notre pays.
Bombes et grenades tombaient sur la plage, sur plusieurs bateaux ; un de ceux-ci contenait le matériel auto du Régiment. Plusieurs hommes de chez nous étaient tués, dont le chauffeur du Colonel Chappuis.
Les Combats recommençaient pour nous, faisant suite à ceux d'Italie, sans que ce fut écoulé un long intermède, cependant débordant d'une interminable attente: celle de la France. (1)


Adjudant DEVEMY 1/67 Régiment d'Artillerie
Par décret en date du 26 décembre 1944 est décoré de la médaille militaire DEVEMY Emile-Henri, Adjudant au 67e R.A.A.
" Excellent sous-officier, possédant les plus hautes qualités morales et professionnelles; Ayant terminé la campagne d'ITALIE où il a été un modèle de courage et de sang-froid, a été grièvement blessé par un éclat de bombes lors des opérations de débarquement en rade de Saint-Tropez, le 16 août 1944" (4)

 

Le
Le viaduc de Bandol

Toulon

Dès l'aube, le 21, la lutte reprend. Elle garde à l'est du camp retranché de Toulon, sur les fronts des 1re D.M.I. et 9e D.I.C., le même caractère d'acharnemnt que la veille. Sans que nous incombe l'Histoire de ces vaillantes divisions, nous devons saluer l'héroîsme de la 4e Brigade enlevant le Golf-Hôtel puis les casernes d'Hyères, de la 1re Brigade sur le Mont Redon; des blindés du Commandant de Beaufort qui, malgré une situation confuse dans La Farlède où les tirs adverses arrêtent l'infanterie d'accompagnement, poussent jusqu'à La Valette; encerclés, ils y tiendront seuls pendant 48 h; de leur côté les coloniaux du général Magnan s'emparent de Solliès-Pont puis de Solliès-Ville (2)
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Le colonel Bonjour a lancé, ce 21 au matin, le lieutenant-colonel Van Hecke sur Bandol...
On part du Beausset. La colonne arrive, dès 8h 30, au viaduc du chemin de fer à Bandol. Le viaduc a deux arches détruites dont les ruines obstruent la route. Les abords, la prairie et le terrain de sports jusqu'au ponceau de la route de Sanary sont abondamment minés. Le génie se met à l'ouvrage
A 9h30, le détachement Van Hecke pénètre dans Bandol. L'accueil de la population tient du délire. On applaudit le colonel accompagné du président des F.F.I.. Il y a des fleurs, des photographes, des drapeaux, des sourires de jeunes filles.

Mais peu avant 11 heures l'ennemi réagit. L'ouvrage de la Cride et celui de Six-Fours ouvrent le feu. Le tir va durer jusqu'au soir. Notre situation à découvert rend les pertes inévitables. Le 7e Chasseurs (d'Afrique n.d.l.r) a des blessés. La section du génie qui établit une dérivation au pont de fer détruit sur la corniche de Sanary a deux conducteurs de "buldozer" tués et ne peut continuer son travail. Les plus lourdes pertes seront pour la 7e batterie du III/67 Régiment d'Artillerie (2)


Marseille


Le 25 août...

Vers 13 h 15, Le Capitaine André, Commandant les chars essaye de faire progresse ceux-ci. L'un d'eux, le "Jourdan" avance près du calvaire et saute sur une mine. L'autre, le "Jeanne d'Arc" est touché par un obus de plein fouet, et s'immobilise en flammes. Ses occupants sont blessés. L'un d'eux succombera peu après.
....
Prenant avec lui quelques hommes de la section Audibert, l'Aspirant Ripoll monte à la Basilique. Montée au pas de course car les allemand de l'Angelus ont repéré de l'esplanade et tirent sur le grand escalier à la mitrailleuse de 20 mm.
Arrivé devant une porte, l'Aspirant Ripoll l'ouvre et se trouve en présence de Mgr. Borel, de religieuses et de 8 allemands, dont un officier. Ceux-ci aussitôt se rendent. L'Aspirant Ripoll demande un drapeau, et celui du Sacré Coeur; un quart d'heure plus tard, il est déployé à une fenêtre du clocher par l'Aspirant et le sergent-chef Duval. Il est 16 h 30 (1)


Les Tirailleurs Algériens montent à l'attaque du Rocher
de
Notre-Dame de la Garde, à Marseille

 

La journée du 29 est la consécration de la victoire.
La revue, le défilé devant les ministres et le Général de Lattre de Tassigny, auxquels prennent part les F.F.I. de Marseille et de Provence, ne sont pas seulement la cérémonie militaire, couronnement régulier des batailles heureuses.
Autre chose vibre, qui chante dans le cadre admirable du quai des Belges. Sous l'illumination d'un soleil étincellant, c'est le coeur d'une foule immense, la ferveur qui émane d'une émotion inexprimable. Trop courts instants chargés de trop de sens pour qu'ils puissent être dépeints, mais dont l'empreinte reste ineffaçable dans l'âme de chacun. (1)


Maréchal des Logis VILLEMIN 1/67 Régiment d'Artillerie

"Type magnifique de jeune sous-officier intrépide, ne vivant que pour le combat. A pris part, de bout en bout aux campagnes de TUNISIE et d'ITALIE comme sous-officier du détachement de liaison.
Volontaire pour toutes les liaisons dans les zones bombardées ou mitraillées. En ITALIE a pris part aus affaires de MONNA CASALE, du CARELA, de l'ACQUAFONDATA, du BELVEDERE, du CASTELLONE et à l'offensive du GARIGLIANO, à SIENNE. A trouvé une mort glorieuse en effectuant une liaison
sur la route de St. PIERRE, à AUBAGNE, le 23 août 1944. Deux fois cité."
Les présentes concessions comportent l'attribution de la Croix de guerre avec palme (4)

Bibliographie et crédit Photo

- Le 7e Tirailleurs Algériens dans la bataille. Imprimerie Nationale. Trèves 1948.
-La Victoire sous le signe des Trois Croissants, tome 2, la vie les peines et les joies de la 3e D.I.A., en France et en Allemagne. Pierre Vrillon, Editeur. Alger 1948
-Général de Monsabert. Notes de Guerre. Editions Jean Curuchet. Hélette 1999.
-Historique du 67e Régiment d'Artillerie d'Afrique 1942-1945. Imprimerie Nationale.
Neustadt-Haart. Sans date.

Voir aussi : Témoignage de Jean Mayens

L'armée B (Aout 44)