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COMMENTAIRES.... UN SILENCE D'ETAT Les disparus civils européens de la guerre d'Algérie Jean-Jacques Jordi est docteur en Histoire et spécialiste de l'histoire des migrations en Méditerranée aux XIXe et XXe siècles,
de l'Algérie, des colonisations et des décolonisations et de Marseille. Il a publié et dirigé plusieurs ouvrages et articles de référence sur les migrations méditerranéennes passant des migrations espagnoles aux migrations venant d'Algérie publiant aussi sur les Harkis et les Pieds-Noirs. Il a écrit de nombreux articles et a participé à de nombreux colloques et conférences tant en France
qu'à l'étranger. Il a été conseiller historique de plusieurs documentaires (France2, France3, Arte, M6) DU NOUVEAU SUR LES EUROPEENS DISPARUS A LA FIN DE LA GUERRE D'ALGERIE. Durant un demi-siècle,le problème des civils européens enlevés par le FLN , et jamais retrouvés pour un grand nombre, fut singulièrement occulté. Officiellement, on s'en tint à un chiffre donné en 1964 au Sénat: 3018. La répartition des victimes en personnes enlevées, libérées, présumées décédées et cas incertains ne fut guère remise en cause. A partir de 1965, le silence des médias à ce sujet se fit assourdissant. Les Français disparus furent oubliés tandis que la France prit l'étrange habitude de réserver ses hommages aux victimes de l'autre camp, les pro-indépendantistes. (Particulièrement à Paris sous l'égide de la Mairie socialiste.) Sur ce point,en 2004, nous avions nous même,ainsi que le général Faivre attiré, l'attention de la Mission aux Rapatriés sur la nécessité d'une étude exhaustive . Il fallut attendre quatre ans pour qu'elle se dessinât . La reconnaissance des disparitions d'Européens lors de la guerre d'Algérie est restée en France un secret d'Etat pendant plus de 40 ans ; elle fait toujours l'objet d'un déni de la part des Algériens. Une première recherche scientifique a été engagée en 2004 par une équipe constituée par la Mission interministérielle aux rapatriés (MIR), en coopération avec le Haut Conseil des Rapatriés et la Direction des archives diplomatiques. Le rapport de cette équipe, en novembre 2006, concluait à la disparition d'environ 2000 Français d'Algérie dont 320 avant le cessez-le-feu. Mais ce total comprenait 535 personnes au sort incertain. Un silence d’Etat
« Les disparus
civils européens de la guerre d’Algérie », sujet tabou depuis 50
ans ! On s’aperçoit, en lisant cette étude remarquable, que bien du monde a su, savait et sait, à l’exception des familles concernées, soigneusement tenues dans l’ignorance, à l’exception aussi des nombreuses personnes de bonne volonté sans moyen, sans argent, sans influence, qui n’ont eu pour seul mérite que d’essayer d’apporter une petite lueur dans cette obscurité voulue. Ce fut le cas du Capitaine Leclerc, du Commandant Bautista et de moi-même. Le résultat, brouillon, c’est vrai, fut tout de même que le sort de ces pauvres gens et le chagrin des familles remontaient à la surface du marécage, empêchaient qu’on les oubliât... D’autres personnes, avec un dévouement qui ne se laissait pas rebuter par les interdictions, les clapets des archives qui s’ouvraient et se refermaient, les rebuffades parfois, s’attelèrent à ce travail : Colette Ducos-Ader, Jean Monneret et Le Général Maurice Faivre en particulier. Jean-Jacques JORDI, en scientifique, repris tout ce qui avait été dit, écrit, publié et surtout obtint l’ouverture exceptionnelle d’archives secrètes. Il y découvrit un échantillonnage sordide de lâchetés des officiels, des démissions morales des militaires et des politiques et je pense qu’il eut souvent un haut le cœur à extraire de cette tourbe la vérité des faits que nous, simples témoins et néanmoins acteurs forcés du drame nous égosillions à clamer. Les preuves écrites étaient là. Il fallait encore, toujours scientifiquement, les exhumer, les trier, les ranger en ordre de marche et les publier de façon claire. C’est fait et bien fait. Il faut lire et faire lire cet ouvrage courageux. Il faut que nos enfants découvrent l’étendue des crimes commis sur des civils innocents et la duplicité autant que l’aveuglement criminel du gouvernement français. Lisez, réfléchissez et jugez ! Geneviève de Ternant 27 novembre 2011 |
DU NOUVEAU SUR LES EUROPEENS DISPARUS A LA FIN DE LA GUERRE D'ALGERIE.*1
par Jean MONNERET.
Durant un demi-siècle,le problème des civils européens enlevés par le FLN, et jamais retrouvés pour un grand nombre,fut singulièrement occulté. Officiellement, on s'en tint à un chiffre donné en 1964 au Sénat : 3018. La répartition des victimes en personnes enlevées, libérées, présumées décédées et cas incertains ne fut guère remise en cause. A partir de 1965,le silence des médias à ce sujet se fit assourdissant. Les Français disparus furent oubliés tandis que la France prit l'étrange habitude de réserver ses hommages aux victimes de l'autre camp, les pro-indépendantistes. (Particulièrement à Paris sous l'égide de la Mairie socialiste.)
Dans le milieu des Français d'Algérie, on chercha à lutter contre l'oubli. Hélas, des chiffres hyperboliques furent brandis au mépris de toute rigueur historique.*2. La cause des victimes du FLN risqua d'en être dépréciée, d'autant que des thèses complotardes fumeuses se répandaient aussi.
Désormais,la communauté des Historiens comme les Pieds Noirs et les familles concernées disposent d'une étude de qualité, menée selon la méthode historique. Jean-Jacques Jordi a fait des recherches poussées en de nombreux fonds d'archives. Citons: le Service Historique de la Défense,le Centre des Archives Diplomatiques,les Archives Nationales d'Outre-Mer, le Centre des Archives Contemporaines, le Centre Historique des Archives Nationales, celles de la Croix Rouge, du Service Central des Rapatriés etc;...
L'auteur a ainsi apporté une contribution neuve au problème des disparus européens. Il a attaqué de front l'obstacle des 500 dossiers demeurés incertains qui gênait l'obtention de chiffres crédibles.
Sur ce point,en 2004, nous avions nous même,ainsi que le général Faivre attiré, l'attention de la Mission aux Rapatriés sur la nécessité d'une étude exhaustive. Il fallut attendre quatre ans pour qu'elle se dessinât.
En accédant aux dossiers du Service Central des Rapatriés, Jordi a pu savoir qui parmi les incertains était réellement disparu ou entré en France métropolitaine. On y voit actuellement plus clair.
Qu'il s'agisse du massacre du 5 juillet 62 à Oran (où l'auteur confirme la responsabilité et les mensonges du général Katz, comme la criminelle ineptie des directives données à l'Armée française), qu'il s'agisse des exactions de l'été 62 dues à la wilaya 4 (où le FLN préférait enlever des familles entières pour limiter les plaintes), Jordi a montré une solide rigueur.
Il éclaire la pratique du nettoyage ethnique par les indépendantistes. Or, il le fait, documents à l'appui, en prenant ses distances avec quelques légendes aussi tenaces qu'absurdes. Son livre est peu réfutable. Il sera plus difficile désormais aux thuriféraires du FLN et aux journalistes sous influence de nier des faits qui les dérangent.
On peut regretter que Jordi paraisse sous-estimer les divisions du FLN et les surenchères xénophobes qu'elles alimentèrent. Félicitons le toutefois d'avoir laissé de côté quelques récits controuvés et extravagants.*3
Cet ouvrage, cette étude méticuleuse manquaient. Il serait regrettable qu'ici et là,certains négligent l 'atout que, dans sa percutante sobriété, il constitue pour les familles touchées et pour l' Histoire.
1*. Jean-Jacques Jordi. Un silence d'état. Ed. SOTECA.
Les enlèvements d'Européens ont décuplé aprés le "cessez-le-feu " du 19/3 / 1962. L'auteur dénombre 1583 disparus présumes décédés, 123 enlevés dont on a retrouvé les corps et 171 cas incertains résiduels. Selon nous,il eût fallu comptabiliser les personnes libérées ou retrouvées.
2*Il arriva qu'un scribe du Ministère des Rapatriés répondit par erreur : 25.000 à une question sur le chiffre des disparus européens. Il confondait avec celui des militaires français tués au combat.Ceci occasionna ultérieurement quelques bévues.
3*. En juillet 1962, depuis Alger,Max Clos du Figaro, dénonça courageusement les enlèvements massifs d'Européens.Il ajoutait :" Sur les chiffres, on ne sait rien de sûr.Tout dans ce pays est déformé et amplifié dans des proportions fantastiques. " Voila qui a changé désormais.
Commentaire de Guy Perville