Le docteur Jean-Claude PEREZ
Adhérent du Cercle Algérianiste de Nice et des Alpes Maritimes
Auteur des livres : « Le sang d'Algérie »
« Debout dans ma Mémoire »
« Vérités tentaculaires sur l'OAS et la guerre d'Algérie »
« L'Islamisme dans la guerre d'Algérie »
« Attaques et contre-attaques »
aux Editions Dualpha - BP 58, 77522 COULOMMIERS CEDEX

NOUS COMMUNIQUE SOUS LE N° 43 L'ETUDE SUIVANTE

 

Etude 50/43

A propos de la SOUMISSION tactique de De Gaulle au parti communiste…

…en A.F.N. (1943-1944)…

…l’affaire PUCHEU…

…début de l’accomplissement de l’assassinat de la France
Sud-Méditerranéenne


CHAPITRE I

Le gaullisme,
pierre philosophale politique des « bien-pensants » modernes

Comment envisager une étude du drame, vilainement sordide et historiquement très significatif, que fut l’affaire Pucheux, si ce n’est en faisant l’effort de la situer dans la dynamique historique de son accomplissement (1942-1944) ?
Je vais reprendre dans un premier temps, quelques propos rapportés par mon frère d’armes et condisciple des lycées d’Alger, François Vernet.

Il faut s’affranchir, quand on évoque l’Algérie française, d’une mauvaise habitude : celle de recourir à une terminologie tout banalement salonnarde. Terminologie qui traduit en réalité une oligophrénie [1]collective dont souffre chroniquement le monde politique français et européen… tout au moins. Monde politique au sein duquel continue de s’exprimer avec constance et avec outrance, un « must » perpétuel. Le must gaulliste, la référence nécessaire à De Gaulle. De l’extrême droite à … l’extrême opposée.
A quel niveau rudimentaire d’âge mental sont parvenus grand nombre de nos contemporains pour, aujourd’hui encore, se référer en dernier et inutile recours, à l’ignorant de tout qu’était De Gaulle ?
Pourquoi s’entêter à rechercher encore des réponses à des questions dépourvues d’intérêt majeur, comme celle-ci par exemple :
« Quelle fut la pensée maîtresse de De Gaulle, pendant la seconde guerre mondiale ? »
Pourquoi gaspiller son temps dans un effort inutile : attacher du prix à des commentaires que l’on entend formuler parfois dans le récitatif pieux et soumis des gaullistes persévérants, entêtés et complément décérébrés ?
Il ne s’agit, en cette occurrence, que d’une attitude de recours ultime, observée par ceux qui peuplent encore une intelligentsia affectée, hélas pour elle et pour nous, d’une redoutable, parce que sénile, longévité.

On a vu récemment un homme politique de la Vème, parangon de l’élégance sportive et vestimentaire, qui s’estime présidentiable et qui s’est attribué une compétence exclusive de diriger la France désormais, faire précéder chacune de ses propositions de la précaution verbale et dogmatique suivante :
« en tant que gaulliste… ».
De Gaulle, c’est encore pour lui le sésame qui ouvre les portes du pouvoir.

« En tant que gaulliste », voilà la pierre philosophale idéologique qui va conférer au crétinisme politique, la possibilité de se transmuter en comportement politique d’avant-garde et de sauvegarde.
A Alger, De Gaulle, soumis aux communistes par nécessité, pour écarter voire éliminer le général Giraud, bénéficia néanmoins et en tout premier lieu de l’appui préalable, efficace, et surtout décisif d’un faisceau d’énergie droitière.
Mon camarade et frère d’armes Jean-Marc Chef, dans son remarquable travail « De Gaulle et le Sens de l’Histoire », cite Alain Decaux. Je rappelle cette citation en substance :
« Alain Decaux raconte, comment s’est déroulé le ralliement d’une partie de l’action française à De Gaulle, dans l’espoir d’une restauration… le Comte de Paris, toujours en réserve de la monarchie, était en étroite relation avec les milieux gaullistes d’Alger lors de l’affaire Darlan. On faisait espérer un retour du roi ».
Comme il est rappelé aussi dans le numéro 193, février 2011, du mensuel « Pieds Noirs d’hier et d’aujourd’hui » :
« .. Dans tous les camps de la gauche à la droite la plus dure, il se trouve des hommes politiques … pour revendiquer l’héritage du gaullisme… »
Et l’auteur, non révélé de cet article rappelle que :
« De Gaulle est entré 119ème sur 221 à Saint-Cyr en 1908, promotion dont le major fut le futur maréchal Juin ».
Le maréchal Juin, qui après avoir été capturé et enfermé par les conjurés du 8 novembre 1942 à Alger, fut libéré, manu-militari, par un officier, le commandant Dorange.
Ce qui offrit l’occasion pour le général Juin, commandant la totalité des forces françaises en A.F.N. en 1942, de se soumettre à De Gaulle avant l’arrivée ultérieure et programmée de celui-ci à Alger.

La conjuration d’Alger du 8 novembre 1942 !
Evoquons-la, une fois de plus, si vous le permettez.
Après avoir neutralisé Juin politiquement, après l’avoir pris en mains, en gardant en réserve la participation du général Juin à la conférence de Berlin du 20 décembre 1941, présidée par le maréchal Goering, ils vont s’employer d’urgence à éliminer Darlan.
Un officier de marine, retraité, avec lequel j’ai établi un contact personnel il y a deux ans, aujourd’hui très âgé, m’a confié qu’au moment du débarquement allié en A.F.N. le 8 novembre 1942, Darlan avait téléphoné au maréchal Pétain à Vichy, pour lui demander de rejoindre immédiatement Alger. D’après mon interlocuteur qui en 1942 avait été l’interlocuteur de Darlan, et dont je ne puis me permettre de révéler l’identité, la réponse de Pétain à Darlan fut celle-ci en substance :
« Si vous me garantissez que 200.000 soldats américains sont sur le point de débarquer en A.F.N., j’arrive ! »
La réponse de l’amiral :
« Non. Pour le moment, une division américaine va débarquer. Elle est commandée par le général Clark ».
« Alors je reste ici… Je dois partager les souffrances du peuple et limiter, dans la mesure de mes possibilités, les drames que nous allons connaître ».

Je n’ai aucune raison de douter de la véracité, dans leur fond, des propos rapportés par cet officier de marine. D’autant plus qu’ils confirment ce que le commandant Botella m’avait affirmé en 1974 à Argenteuil. Le commandant Botella, ancien officier parachutiste SAS, fut un résistant opérationnel contre l’occupant de la première heure et en tant que spécialiste du renseignement, on doit accorder un crédit total à son affirmation.

La conjuration gaulliste était ainsi mise en place à Alger, sous couvert d’une restauration des Orléans. D’un projet allégué et trompeur d’une restauration monarchique.
C’était très souvent rue Ampère, dans le centre d’Alger que se réunissaient les conjurés monarchistes, qui se soumirent à De Gaulle, parce qu’il leur avait été promis un retour aux affaires du Comte de Paris. Retour dont De Gaulle allait être l’instrument. Ils n’hésitèrent pas, en conséquence de cette soumission, à aller jusqu’au bout de leur crime contre la France et contre l’Algérie française. De leur crime contre l’Occident. L’excuse de l’ignorance ne doit pas être retenue en faveur de ces comploteurs. Ce serait trop facile.
Après avoir neutralisé le général Juin sur le plan politique, Juin qui, ultérieurement ne fera jamais rien contre De Gaulle, ils ont fait assassiner l’avant dernier obstacle à la prise du pouvoir par De Gaulle. Ils ont assassiné l’amiral Darlan, en décembre 1942.
Des patronymes très connus comme Faivre et Rosfelder, se sont illustrés au cours de cet assassinat d’inspiration gaulliste, de Noël 1942.
Et lorsque je posai la question à l’un d’eux, c’était à l’Algérienne de Paris, à l’occasion de la signature de mon premier livre « le Sang d’Algérie » en 1992, Faivre me répondit :
« Nous craignions que, rejeté par les anglo-saxons, De Gaulle rejoignît l’URSS ! »
Il fallait à tout prix que De Gaulle, d’après eux, restât dans le camp occidental ! Pousser l’oligophrénie politique jusqu’à ce point, c’est une véritable performance.

Le plan opérationnel, en 1942, s’étale devant nous :

  1. On tue Darlan et les patronymes que j’ai évoqués ont participé directement à cet assassinat. En véhiculant l’auteur de l’assassinat, Bonnier de la Chapelle, sur le lieu du crime.
  2. On marginalise le général Giraud qui faillit, lui aussi, être victime d’un attentat gaulliste.
  3. On neutralise Juin préventivement. Juin que Bidault essaya de tirer d’affaire à partir du Ministère des Affaires Etrangères en 1946. Bidault s’employa à faire rechercher, dans les archives du Quai d’Orsay des documents établissant les relations entre le général Juin et le général allemand Warlimont.
  4. le bonheur pour la France allait se déployer, avec éclat, désormais :
    1. De Gaulle, pris en mains par les communistes à Alger en 1943, qui vont le soutenir contre Giraud,
    2. ultérieurement, les lynchages de la libération,
    3. puis tout logiquement, plus tard, l’assassinat de la France Sud-Méditerranéenne, accompagné du lynchage des Harkis, du massacre d’Oran, du drame de nos disparus, de nos soldats éventrés, émasculés, des prisonniers de guerre qui ne furent jamais rendus à la France et qui  ne furent jamais réclamés par la France.

Une illustration parmi les plus éclatantes et surtout les plus déterminantes de cette conjuration, ou plutôt de cette malédiction gaulliste fut l’assassinat de Pucheu.
C’est-à-dire : l’assassinat commandé par les gaullo-communistes algérois d’un homme qui faisait partie en réalité de la même conjuration synarchique que ces mêmes conjurés synarquo-monarchistes d’Alger, qui avait fait tuer Darlan.
Des synarquo-monarchistes illustrés par les patronymes que j’ai évoqués et qui ont tenu, en toute servilité, à participer à l’assassinat de Darlan en décembre 1942 : d’Astier de la Vigerie, Faivre, Rosfelder, Lemaigre-Dubreuil, l’abbé Cordier, Jean Girault…

CHAPITRE II

L’affaire
Weiss – Pucheu – PCA – De Gaulle 

Nous sommes quelques uns à connaître le général d’aviation Weiss.

Celui-ci, sur l’ordre du ministre communiste Tillon et du gouvernement provisoire de la République française présidé par De Gaulle, a fait donner l’aviation, nos bombardiers Douglas en l’occurrence contre les rebelles Kabyles.
C’était le 8 mai 1945, lors des émeutes des Hauts-Plateaux Sétifiens, de Sétif et de Guelma. Emeutes vécues et connues dans le détail de leur déroulement quotidien, voire horaire, par nos concitoyens victimes de cette rébellion.
Mais, paradoxalement, méconnues, plus encore négligées, par ces mêmes victimes en ce qui concerne leur origine.
En ce qui concerne la recherche d’une réponse à deux questions essentielles :

    1. pourquoi le 8 mai 1945 ?
    2. pourquoi « là »  c’est-à-dire dans cette partie de la Petite Kabylie et de la terre des Babors ?

Questions obsédantes pour moi. Mais curieusement, questions que je fus le seul à avoir posées. Depuis très longtemps.
Curieusement, ces questions provoquent des réponses ou plutôt des attitudes d’une pauvreté navrante, quand on les formule devant des concitoyens d’Algérie et plus particulièrement devant ceux qui ont vécu ce drame.

Ces émeutes sanguinaires, prétendument « spontanées » furent « élaborées » en effet le 16 avril 1945 tout près de Constantine. C’était lors de la célébration du 5ème anniversaire de la mort du cheikh berbère Abdelhamid Ben Baddis, né dans la capitale constantinoise en 1889. Président de l’association arabo-islamiste fondamentaliste des Oulémas, fondée en 1931 avec la bénédiction très laïque de la IIIème République. Il était décédé le 16 avril 1940 dans un camp de concentration français. Il avait observé en temps de guerre, un comportement hostile et dangereux pour la France, ce qui provoqua son internement. Il fut remplacé à la présidence de l’association des Oulémas, « un Etat dans l’Etat » soulignent les commentateurs algériens modernes, par son vice-président.
Il s’agissait du cheikh Ibrahim Bachir ou El Bachir El Ibrahimi, né lui aussi en 1889.
Je précise : né à Tocqueville, Ras-El-Oued aujourd’hui, en plein milieu des Hauts-Plateaux sétifiens.
C’est-à-dire en pleine zone insurrectionnelle.
En tant que lieutenant de Ben Baddis, El Bachir, en mai 1945, était déjà astreint à résidence. C’était à Aflou en Oranie, au sud de Tiaret. Il restait libre cependant de ses mouvements et de ses contacts dans les limites de ces territoires, ce qui lui permit, grâce aux émissaires qui venaient lui rendre visite depuis son terroir natal, c’est-à-dire la future zone de rébellion, de faire célébrer le 5ème anniversaire du décès de Ben Baddis par une gigantesque cérémonie commémorative, tout près de Constantine.
Cette cérémonie du 16 avril 1945 servit de prétexte au regroupement d’une énorme foule de croyants, préalablement et intentionnellement conditionnés pour cette commémoration.
Au cours de cette manifestation, le fanatisme religieux atteignit des paroxysmes qui n’avaient jamais été expérimentés jusqu’à cette date. L’appel au Jihad, la malédiction de la France, furent psalmodiés dans une cadence infernale et pardessus tout obsédante. La haine, en cette occasion fut scientifiquement « transfusée » dans les esprits. Les préparant ainsi, biologiquement au déclenchement d’une émeute, dès que l’occasion en serait offerte.

Le 8 mai 1945, à l’appel transmis de Genève dès le 7 mai 1945 par l’émir libanais Chekib Arslan, qui avait séjourné pendant 3 ans auprès d’Adolphe Hitler, les Kabyles se sont soulevés, animés d’une impressionnante fureur sanguinaire. Celle-ci avait été savamment élaborée soulignons-le une fois de plus, à l’occasion du rassemblement commémoratif des jours précédents. Celui du 16 avril 1945 : pour le 5ème anniversaire de la mort de Ben Baddis.
Un incident violent fut provoqué à Sétif le 8 mai 1945, à l’occasion de la célébration de la fête de la victoire. Par l’exhibition d’un drapeau nationaliste algérien. Un drapeau « providentiel » puisqu’il fut l’occasion « attendue » du déclenchement d’une tuerie qui était espérée. Qui était déjà planifiée.
Pour éviter un génocide de notre peuple français d’une part, des Kabyles fidèles à la France d’autre part, le gouvernement provisoire de la République française mit en œuvre une riposte qui prétendait par-dessus tout stopper l’émeute dans les plus rapides délais.
Qui prétendait avant toute autre préoccupation, éviter sa généralisation à tout le territoire nord-africain français.
Emeutes rythmées par ce cri de guerre ou plutôt ce cri de haine rapporté par la presse de l’époque et surtout volontairement oublié aujourd’hui :
« Qatlan n’sara ! » « Tuez les chrétiens ! »
Dans le cadre de ces opérations, le général Weiss fit intervenir des avions français sur ordre de son ministre de l’air communiste Tillon, rappelons-le, provoquant 200 morts d’après les comptes-rendus officiels.

Mais en Algérie, tout particulièrement à Alger, nous connaissions le général Weiss, depuis un peu plus longtemps. Homme de gauche, il avait exercé les fonctions de commissaire du gouvernement, en 1944, lors du procès Pucheu.

Celui-ci avait été, deux ans plus tôt, lâchement abandonné à son infortune.
Nous voulons dire qu’il fut purement et simplement trahi par les conjurés d’Alger.
Par ceux qui avaient préparé, là-bas, le débarquement allié en novembre 1942.
Par ceux qui, un peu plus tard, firent assassiner l’amiral Darlan, au mois de décembre de la même année.
Ces conjurés d’Alger avaient demandé à Pucheu de rejoindre l’Algérie via le Maroc. Ils espéraient de lui, qu’il mît ses compétences et surtout ses relations internationales au service de la patrie occupée.
Né en 1899, ancien élève de l’Ecole Normale Supérieure en section Lettres, Pucheu fut débauché de son école par un administrateur de la société métallurgique Pont-à-Mousson, Camille Cavallier qui se faisait appelé parfois Chevallier.
D’une intelligence riche et variée, d’une vigueur physique peu commune, Pucheu se signala d’emblée par une voracité politique polyvalente, qui ne demandait qu’à s’exercer dans tous les domaines. Il fut très rapidement détecté comme agent utilisable et pris en mains par le groupe bancaire Worms. Ce groupe bancaire désigne en réalité un organisme international de « chasseurs de têtes ». Toujours en quête de mercenaires politiques disponibles, capables de changer de cap politique, de pavillon, du jour au lendemain, disposés en permanence à se soumettre aux exigences de ces mêmes chasseurs de têtes.
En Algérie, se sont manifestés les derniers effets de ces chasseurs de tête en 1961, lorsque Jacques Chevallier, l’ancien maire FLN d’Alger, mit en œuvre avec des complices connus, une conjuration anti-OAS, au sein de l’OAS.

Pucheu, propulsé, nous nous permettons de le rappeler, dans la politique par ces chasseurs de têtes, fut très rapidement détecté comme agent utilisable et pris en mains par le groupe bancaire Worms.
Engagé dans la politique par ces recruteurs professionnels, il occupa différentes fonctions, dans les ministères de la collaboration. Dans le but constant pour lui, de combattre les deux ennemis qu’il haïssait : l’Allemagne et le parti communiste.
Lors de l’affaire de Syrie, en juin 1941, il prit position violemment et résolument, au cours d’un conseil des ministres, contre la cession de Bizerte aux Allemands.
Plus tard, en tant que Secrétaire d’Etat à l’intérieur, il accepta un marchandage avec les Allemands, à propos d’otages français à fusiller. Une décision avait été prise par le commandement militaire occupant, à la suite de l’exécution d’un militaire de la Wehrmacht, par des partisans. Pucheu orienta le commandement allemand vers un choix préférentiel de communistes parmi les otages susceptibles d’être fusillés.
Et qui furent fusillés.

Pucheu passa au Maroc un peu plus tard, appelé par des conjurés d’Alger pour reprendre la lutte contre l’Allemagne. Il fut arrêté en terre chérifienne et transféré à Alger pour y être jugé.
C’était une exigence du parti communiste algérien. Celui-ci soumit à De Gaulle le marché suivant : faire fusiller Pucheu s’il voulait bénéficier de l’appui du parti communiste pour éliminer Giraud.

Pucheu, depuis sa prise en mains par le groupe Worms, s’inscrivait politiquement et philosophiquement ou plutôt avait été incorporé, dans une dynamique assez nébuleuse en apparence. La Synarchie, ou mieux dit, le Mouvement Synarchique International. Il s’agissait d’une société universelle, plus ou moins secrète dont il était habituel de dire que son origine remontait au XIXème siècle, en 1865, selon certains documents. D’après d’autres sources, sérieuses, elles-aussi, le « Synarchisme » fut le nom adopté au début du XIXème siècle par une secte franc-maçonne dont les convictions reposaient sur le culte de l’empereur Napoléon Ier.
Les sociétés secrètes illustrent une expression très particulière de l’intelligence de certains hommes politiques. D’hommes qui aspirent à exercer le pouvoir dans quelque but que ce soit et pour n’importe qui.
Elles expriment un comportement qui évoque un instinct grégaire, qu’irrespectueusement j’appelle « l’instinct grégaire des grosses têtes ». Elles se structurent sous la forme d’états-majors secrets que nous assimilons à l’instar de Pauwels et Bergier, à « des centrales d’énergies » (Le Matin des Magiciens).
Centrales d’énergies fascistes ? Communistes ?
Elles sont fondamentalement capitalistes et par-dessus tout, anti-catholiques.
Des centrales « orientatrices » le plus souvent. Entre les années 1920 et 1945, ce courant de pensées synarchique a été officiellement classé par les services de renseignements américains et par ceux d’autres pays dans la rubrique « Synarchisme, nazi-communisme ».
Ce mouvement, a déployé aussi bien des forces d’opposition pro-communistes que des forces d’extrême droite, dans le but de contrôler certains gouvernements. D’autres auteurs sont allés plus loin. Sans aucun état d’âme particulier, ils ont affirmé que la plupart des mouvements terroristes étaient des créations synarchiques.
La Synarchie, semble bien avoir été en ultime analyse, une centrale d’énergie capitaliste. Un appareil opérationnel du capitalisme financier. Elle semblait dirigée, en tout cas inspirée, par de grands groupements bancaires américains très connus.

Pucheu a voulu se rendre en Algérie, appelé par des conjurés, eux-mêmes instruments synarchiques, actifs ou passifs, conscients ou inconscients, dans le but de combattre l’occupant allemand à un poste de responsabilité.
On comptait sur lui, indiscutable tête politique, pour barrer la route en même temps à De Gaulle et aux communistes.
Mission qu’il aurait dû accomplir aux côtés du général Giraud, qui, c’est absolument certain, ignorait tout de cette conjuration synarchique.

Son affiliation à la Synarchie n’a pas protégé Pucheu.
Bien au contraire.
De Gaulle, qui lui-même fut à un moment donné une création synarchique, le fit fusiller après une parodie de procès, sur exigence des communistes. Ceux-ci ont voulu faire payer à Pucheu l’exécution des otages communistes de Châteaubriant en 1941.
Les synarques d’Alger furent autoritairement contraints après ce procès, de se soumettre à De Gaulle. De Gaulle qui, dès son arrivée à Alger, dut accéder sans réserve aux exigences des communistes. Il en avait grand besoin pour évincer Giraud et l’éliminer éventuellement.

Pucheu fut défendu par un brillant et jeune avocat d’Alger, Jean Trape. Celui-ci, plus tard, à partir de 1959, prit une part active au combat de l’Algérie française au sein du FNF, le Front National Français créé en 1959 par Joseph Ortiz.
Mouvement au sein duquel je tenais un rôle déterminant certes. Mais un rôle ingrat dans le cadre de l’action, dans le cadre de son organisation intérieure.

CHAPITRE III

Ce combat « Algérie française » était justifié.
Pourquoi ?

L’Algérie française, d’autres l’ont écrit avant moi et remercions-les de l’avoir fait, fut une merveilleuse œuvre d’art.
Il s’y mêlait peut-être, sûrement même, du naïf et du surréalisme.
C’était une œuvre d’art en gestation, encore très évolutive, qui était loin d’être achevée.
Ce que nous espérions, dans notre combat « Algérie française », c’était la parachever grâce à une intégration sans réserve. Une intégration polarisée du nord vers le sud, en utilisant un moyen efficace quand il est utilisé à bon escient.
Ce moyen c’est la laïcité et son corollaire logique, pour ne pas dire sa condition « sine qua non », la sécularisation préalable de l’islam.
Il est classique et abusif surtout, d’écrire que l’islam ne peut-être concerné par la sécularisation. Avec une conviction inébranlable, nous affirmons que celle-ci doit s’imposer tout naturellement à sa pratique quotidienne, sur les terres où l’islam est encore minoritaire. La sécularité, comme la sécularisation, ne sont pas synonymes d’athéisme, tout au contraire.
Il y a peu de temps encore, il était classique de bien différencier le sécularisme de la sécularité, qui, en réalité, sont des termes de sens contraire.
Le sécularisme propose d’absolutiser la composante matérielle de la vie. Mais il refuse de la soumettre à Dieu. Dieu qui est nié par les tenants du sécularisme.
La sécularité reconnaît la valeur des composantes matérielles de la vie. Elle ne les nie pas. Mais elle les soumet à Dieu.
La sécularisation c’est le cheminement intellectuel, social et politique qui permet à une collectivité religieuse d’accéder à la sécularité.
La sécularisation apparaît ainsi comme un concordat établi entre un pouvoir politique et une collectivité religieuse qui veut s’exprimer sur le territoire qui est sous la dépendance de ce même pouvoir politique. Donc, ce concordat, c’est-à-dire la sécularisation, confère une liberté citoyenne à l’expression d’une religion qui doit rester citoyenne en toutes occasions.

Les conjurés permanents de la mort de la France en Algérie, ou plutôt les conjurés anti-occidentaux d’inspiration gaulliste tels que nous les connaissons, ont détruit cette œuvre d’art, encore naissante, qu’était l’Algérie française. Ils en ont interdit l’épanouissement historique. Celui-ci n’aurait pas manqué de se révéler, dans un temps ultérieur, comme un facteur capital de la  paix et de la santé du monde.
L’Algérie française symbolisait en effet, un glacis géopolitique de toute première importance entre l’Europe et le continent africain.
Un glacis de communication très ouverte dans le but d’enrichir un dialogue intelligent entre l’Occident et le monde musulman. L’Algérie, terre de la Sainte Rencontre telle qu’elle avait été identifiée par Ramon Llull. Terre vouée, désormais, à un avenir encore trop riche d’incertitudes.
Ce ne sont pas les visites effectuées par un président de la République française, sur la terre algérienne en 2005, qui atténueront notre conviction. Il y fut accueilli, en effet, par des revendications bruyamment scandées et dépourvues d’équivoque : « Visas ! Visas ! ».
Des visas…. Pour aller où ? Pourquoi faire ?
Pour fuir l’Algérie, venir en France, à la recherche de bien-être.
Le quémander dans un premier temps.
Exiger ce bien-être dans un deuxième temps.
Dans un troisième temps, subir l’influence et les diktats de la guérilla islamiste, anti-occidentale, qui exerce ses effets invasifs et protéiformes au sein de la collectivité musulmane implantée sur notre territoire.

         J’ai toujours été soutenu par une grande foi dans ma patrie. Une foi dans ce qu’elle signifiait. Une foi dans ce qu’elle exigeait de moi. La France se révélait, à chaque instant, dans l’intimité de ma personne, comme le point de confluence ultime de toutes mes aspirations, de tous mes enthousiasmes.
Je sentais, je prévoyais le danger qu’elle courait si, par inconscience, on l’obligeait à s’amputer de l’Algérie.
J’aimais l’Algérie. J’adhérais à l’Algérie française. A sa réalité historique.
Cependant, je n’ignorais pas que ma patrie s’était établie là-bas, par le biais d’une occupation d’abord et de conquêtes successives ensuite. Conquêtes nécessaires à la consolidation de cette occupation.
Mais j’avais enregistré que ce « droit de conquête » ne deviendrait respectable et légitime, puis secondairement ne deviendrait indélébile et inaliénable, que dans la mesure où l’on s’emploierait, le moment venu, à intégrer l’Algérie à la Nation française.

La Nation française, de même que les nations voisines, britannique, allemande, espagnole, italienne, s’était construite dans la douleur, dans la cruauté, dans la sauvagerie, parfois dans des bains de sang durant des siècles.
Intégrer l’Algérie dans la France, faire de la France une Nation présente au Nord et au Sud de la Méditerranée, c’était le seul moyen d’enrichir historiquement, et le seul moyen de protéger en même temps, un passé qui risquait de prêter le flanc à de redoutables condamnations.
Nous voulons dire un passé qui, après une défaite de la France en Algérie, serait rapporté et décrit comme un passé coupable devant la pseudo-conscience internationale. Ce qui aujourd’hui s’effectue devant nous ostensiblement et à chaque instant.
Cette condamnation de la France serait inéluctable si on refusait que l’Algérie devînt une province française.
Oui, insistons encore : abandonner l’Algérie française inachevée, c’était exposer notre pays à de futures accusations insultantes, blasphématoires et sans appel. La France serait soumise, dans l’éventualité de l’abandon de l’Algérie française, au jugement de ceux qui, en condamnant la colonisation d’abord, l’espérance déçue d’intégration ensuite, essaieraient de mettre notre pays au banc des Nations. Officiellement. Publiquement.
Puis, par perversion intellectuelle et surtout par lâcheté, nos propres gouvernants français ne manqueraient pas, à leur tour et pendant longtemps, de hurler avec les loups.
Intégrer l’Algérie, c’était l’ultime mission qu’il fallait accomplir pour sublimer et glorifier la période préalable. La période nécessaire de colonisation. L’intégration c’était la justification ultime de la colonisation.
L’intégration seule aurait symbolisé ou plutôt illustré le triomphe final de l’égalité. Une égalité qui parfois exige des décennies pour être atteinte sur un territoire.

C’était, en 1955, le seul moyen de sortir vainqueur de ce présent redoutable qu’illustrait tragiquement la guerre d’Algérie.

C’était le seul moyen de se protéger contre des lendemains maudits, qui menaceraient cette fois le destin de la Nation française, amputée d’une terre qu’elle aurait ainsi reniée. Qu’elle aurait dédaignée.
Futur qui s’annoncerait alourdi d’une condamnation émanant aussi et paradoxalement, d’une nation algérienne qui oublierait qu’elle était née exclusivement du renoncement de la France. La France, c’est la mère accoucheuse de l’Algérie. L’Algérie, y compris l’Algérie actuelle, c’est une œuvre française, qu’on le veuille ou non.

Nous pressentions que les responsables de cette amputation ouvriraient les frontières de notre pays à une invasion de style nouveau. Sous la forme d’un risque de mutation idéologique, culturel, religieux et identitaire de la mère patrie. Sous la forme d’une imprégnation, souvent pateline en apparence, mais progressivement dynamisée, progressivement fanatisée, qui risquerait, à moyen et à long terme, de porter atteinte à la réalité profonde, à la réalité séculaire de notre pays.
La majorité de nos concitoyens, ou pour le moins une très grande partie d’entre eux, ne se rend pas compte qu’elle est conditionnée pour se soumettre, dans des délais relativement proches, à la loi du « géant qui est en train de se mettre debout sur notre territoire » [2], c’est-à-dire à la loi de l’islamisme invasif et conquérant, qui conditionne certainement le comportement des musulmans de France.
Je m’explique : lorsqu’ils se déclarent ennemis du fondamentalisme et de l’intégrisme, ils en subissent tout de même les effets. Ils leur arrivent de goûter parfois, à leur insu, les enthousiasmes pervers, véhicules de mort, que ce fondamentalisme peut générer. Bercés par de nouveaux rythmes musicaux, nos concitoyens non musulmans apparaissent prêts, physiologiquement, à se soumettre eux-aussi, à un récitatif cadencé qui, petit à petit, modifie le style du « parler » moderne. Cadence très rythmée, parfois accompagnée d’un balancement rituel du corps qui finit par aliéner toute volonté de résistance. De toute évidence, ils acceptent le risque, dans le courant du XXIème siècle, de se soumettre à l’emprise physiologique de l’islamisme subversif, par habitude, par inertie, par mimétisme. Par résignation. Si l’on n’y prend garde.

Echappant quant à nous, aux effets lénifiant de l’énarque logique, affichée par les promoteurs conscients ou inconscients de cette nouvelle situation, échappant à leur agressivité sanctifiante et à leur réprobation compatissante, nous affirmons que notre combat pour l’Algérie française illustre notre soumission à une tentation. Oui, quand nous nous sommes battus pour l’Algérie française, nous n’avons fait que céder à la tentation perpétuelle de l’Occident.
De l’Occident, c’est-à-dire un espace géopolitique à l’intérieur duquel la pensée chrétienne peut s’exprimer à chaque instant et n’importe où sans risque de mort, sans risque d’oppression.

CHAPITRE IV

Il faut transmettre, encore et encore. 

Le souvenir de l’Algérie française, la véritable intelligence que nous en possédons, ne peut pas s’exprimer tout le temps et uniquement à travers une résurgence réconfortante des mémoires petitement enfouies, dans les replis d’une interprétation agréable et flatteuse du passé. C’est-à-dire par l’intermédiaire d’une réactivation « exclusivement » élogieuse de notre vécu sur la terre d’Algérie.
L’effort que nous devons accomplir exige, avant tout, d’adapter la transmission de cette mémoire au monde actuel. Une adaptation qui soit en conformité avec une terminologie qui se prétend révolutionnaire et qui cependant, est devenue banalement conventionnelle. Monde actuel riche de ses nouveaux critères de cotation dans le domaine de la morale politique, de la morale des nations… si toutefois elles existent l’une et l’autre. Il faut faire l’effort d’imaginer la signification que les souvenirs réactivés de notre vécu, peut avoir pour une intelligence moderne.
Le plus souvent, celle-ci rejette le passé avec mépris, avec aigreur. Mais aussi et surtout, d’une manière péremptoire, magistralement dogmatique, irréfutable.
Une intelligence moderne, nous voulons dire une intelligence alimentée très largement, pour ne pas dire exclusivement, de tous les reniements systématiques, de tous les reniements banalisés.
Cette intelligence moderne ne veut plus rien savoir des valeurs de référence, génératrices des enthousiasmes qui ont alimenté notre action. D’autant plus que cette intelligence moderne dispose, tout au moins en théorie, d’un énorme potentiel d’accession au savoir ou plutôt à l’information. Au savoir documentaliste. Grâce, avant tout, aux techniques modernes de l’électronique et de l’informatique.
Cette intelligence actuelle, nouvellement et « cybernétiquement » élaborée de la vérité historique, se révèle à son tour dépendante, esclave même, des techniques et des sources qui la nourrissent. En effet, cette somme de connaissances, telle qu’elle est transmise, est réunie à partir d’un capital d’informations basiques, stockées dans des banques de données particulièrement bien approvisionnées.
Or, ces dernières, y compris les archives les plus officielles, sont enrichies très souvent, et en ce qui concerne l’Algérie française le plus souvent, d’un capital de fausses informations « de fausses vérités ». De vérités déformées. De vérités « gauches » dirait peut-être un mathématicien.
Une intelligence actuelle qui accède à une connaissance profondément pervertie, en tout cas fictionnelle de l’événement. Une connaissance qui, pour ces raisons, n’a plus rien de commun avec celle que nous prétendons posséder. Une connaissance qui s’appuie pour quelques uns d’entre nous, sur un vécu qui souvent, fut riche de tragédies.

Mes ambitions sont de faire savoir ce que je crois être vrai, à propos du drame de l’Algérie française. A propos de ce contre-sens historique que fut la mort de la France Sud-Méditerranéenne.

         Avoir rappelé le rôle décisif joué par De Gaulle, dans ce contre-sens historique, c’était une nécessité pour moi qui fus, d’après le général Salan, un pilier du combat pour l’Algérie française.

Nice,
Le 18 mars 2011


Bibliographie de l’article

 

Abbas Ferhat                        Autopsie d’une guerre. L’Aurore (Garnier, 1980)

Bertuel Joseph                     L’islam. Ses véritables origines. 3 tomes (Paris, Nouvelles Editions Latines 1981)

Bidault Suzanne                   Souvenirs, l’histoire et nous (Ouest-France, 1996)

Conte Arthur                       L’épopée coloniale de la France (Plon, 1992)

Corbin Henry                       Histoire de la philosophie islamique (Gallimard, 1986)

Deloire Christophe               Les islamistes sont déjà là, enquête sur une guerre
Dubois Christophe                secrète (Albin Michel, 2004)

Drieu La Rochelle Pierre     Fragments de mémoires (Gallimard, Paris 1982)  

Faligot Roger                       Le Croissant et la Croix gammées – Les secrets de
Kauffer Rémi                       l’alliance entre l’islam et le nazisme d’Hitler à nos jours (Albin Michel, 1990)

Jacquin Henry                      La guerre secrète en Algérie (Olivier Orban, 1977)

Laurent Eric                         La corde pour les pendre. Relations entre milieux d’affaires occidentaux et régimes communistes de 1917 à nos jours (Fayard, 1985)

Marseille Jacques                 Empire colonial et capitalisme financier. Histoire d’un divorce (Albin Michel, 1984)

Ordioni Pierre                      Tout commence à Alger-40-44 (Editions Stock, 1972)

Perez Jean-Claude               Attaques et contre-attaques (Dualpha, 2006), 2ème édition 2011
                                  
Villard Maurice                    La Vérité sur l’insurrection du 8 mai 1945 dans le Constantinois, menaces sur l’Algérie française (Amicale des Hauts-Plateaux de Sétif, 1997)

 

[1]Oligophrénie : déficience mentale globale

[2] D’après un Imam de la région parisienne il y a plusieurs années déjà.

 

Mis en page le 21/02/2011 par RP