Samedi 18 avril 2015.

Camus et la violence politique

Dans le cadre des conférences du Cercle algérianiste de Nice et des Alpes maritimes, et sous la présidence de Michèle Soler, une assistance nombreuse est venue assister à l'hôtel "Splendid", ce 18/04/2015, à l'exposé de Jean Monneret ( son site : jean-monneret.com) sur un sujet très attendu : "Camus et la violence politique."

Un sujet toujours d'actualité sur le thème du déchirement que représenta la guerre d'Algérie pour beaucoup d'entre-nous, avec la violence des attentats terroristes sur les civils.

Le conférencier, historien et écrivain, souligna combien la position d'Albert Camus était à nuancer : un état d'esprit plus fédéraliste sans doute que définitivement acquis à une des deux options radicales : maintien de la France ou abandon et indépendance sans nuance de l'Algérie. Une position que sa mort dans un accident de voiture en 1960, ne lui aura pas permis de préciser.

Cependant, à l'évidence, malgré les attaques de ses pairs intellectuels et hommes de gauche comme J-P Sartre, Camus condamnait les attentats contre les civils et son esprit demeurait pied-noir.

La prestation de Jean Monneret fut longuement applaudie.

Pour le Cercle algérianiste de Nice, R C PUIG.

Jean Monneret. "Camus et le terrorisme" (Michalon)

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Le Cercle Algérianiste de Nice recevait hier, 18 avril 2015, notre fidèle ami Jean Monneret pour une conférence intitulée : « Camus et la violence politique » dont la substantifique moelle est publiée dans son livre au titre plus explicite de « Camus et le terrorisme » (Editions Michalon, 9 Rue de l’Ecole Polytechnique 75005 Paris).

L’ambition du conférencier était d’éclairer la figure trop et mal connue de Camus par son expérience, ce qui, à ma connaissance, fut souvent tenté et rarement réussi. C’est en cela que le travail de Jean Monneret permet d’aller au-delà des apparences.

La clef de l’ouvrage me semble dans cette phrase du livre : « L’historien découvre par la chronologie des interférences qui, sur le moment, n’eurent pas le même relief pour les contemporains. » (P.21). C’est peu de dire, en effet, que les contemporains qui alors faisaient l’opinion, les Sartre, Beauvoir et autres germanopratins, se préoccupaient le moins du monde de comprendre comment et pourquoi l’œuvre de Camus découlait de son expérience et en particulier de son adhésion au Parti Communiste, son souci critique de Staline et son exclusion sous le prétexte de trotskisme, injure suprême. A cette époque, à Paris, Staline était Dieu ! « Indépassable » selon Sartre.

Jean Monneret rappelle opportunément l’action de Pierre Laval auprès de Staline le 13 mai 1935 (Ô symbole des dates !) pour qu’il s’allie à la France contre Hitler et laisse en sourdine le sujet colonial. On connaît les revirements du PCF à donner le tournis !

La pensée et l’action de Camus se structure dans cette expérience avec logique et lucidité.

Le conférencier évoque l’engagement de Camus dans la résistance lorsqu’il est bloqué en métropole par le débarquement américain en Algérie et l’invasion de la zone libre.

On ne peut comprendre Camus si on ne prend pas en compte son aversion pour « l’abjection totalitaire » que ce soit la peste noire ou la peste rouge en attendant la peste terroriste. Celle qui nous a valu les années noires en Algérie et ne cesse de s’étendre sur le monde.

On ne peut faire parler les morts, mais il est infiniment regrettable que la brutale disparition de Camus ait privé les Algériens (Européens ou Indigènes) et aussi la France, d’une voix qui eut, peut-être influencé les événements vers moins de haine et de souffrance.

Merci à Jean Monneret pour cette très intéressante et utile conférence.

                                                                                            Geneviève de Ternant

 



   Le conférencier

Jean MONNERET

 

 

Né en 1939 à Alger, est Docteur en Histoire.

Il a vécu une grande partie des évènements de la Guerre d'Algérie et a eu un accès exeptionnellement large aux archives de l'époque.

Après une carrière classique dans l'enseignement, Jean Monneret a fait des études d'Arabe et s'est spécialisé dans l'analyse de ce  conflit qui continue de marquer l'Histoire de la France et l'Algérie.