63 / France… Rappel ! L’Algérie… et d’un des éléments
qui contribua à sa fin : les barbouzes du pouvoir gaulliste.
Inutile de dire combien le livre-documents
de Jean-Jacques JORDI : Un silence
d’Etat, aux éditions Soteca, permet de rétablir une vérité occultée par les
pouvoirs politiques français en place depuis plus de cinquante années. Le livre
ouvre les yeux des Métropolitains, car nous savions, nous, sans avoir le droit
à la parole, toute l’ignominie de ces pages de la vraie histoire la fin de l’Algérie
française, tout le mal dont nous avons souffert à travers les mensonges, les
exactions et la collusion de l’Etat avec les terroristes, dans la perte de
cette magnifique province.
Bien
entendu, « les disparus civils européens de la guerre d’Algérie » le
sous-titre du livre de J-J. JORDI, me semble être le premier acte d’une saga où
devrait suivre, car ils le méritent « Les disparus Harkis et Supplétifs
arabes de la guerre d’Algérie » (C’est
une réflexion d’un ancien Harki qui a commandé le livre dans une librairie en
rupture de stocks qui m’a été rapportée, et que je fais mienne)
Je reviens à mon sujet principal : les
barbouzes et je rappelle une phrase de Roger Frey Ministre de l’intérieur, en
février 1962. Il affirmait : « Il n’existe aucun personnel chargé de
la lutte anti-OAS ». Il mentait car les « barbouze » existaient depuis 1961. (Historia : la fin de l’Algérie
française, N° 424 bis édité en 1982)
C’est dans le bureau parisien de l’avocat
Pierre Lemarchand, ancien du service d’ordre du RPF gaulliste que fut créé le
SAC (Service d’action civique). Il y
avait J.-B Biaggi, des « Volontaires de l’Union française », Lucien
Bitterlin, responsable de la fédération algérienne du mouvement pour la
coopération (MPC) et animateur à Radio Alger en 1960, et bien entendu la
présence, à la réunion, de Roger Frey et de son adjoint, Alexandre Sanguinetti.
Ils créeront le SAC, sous couvert, certainement d’obédiences secrètes et en
dehors des autorités officielles, par ailleurs bien informées par leur Ministre
de l’intérieur, en recrutant des truands pour combattre l’OAS. Une opération
d’envergure sous la direction de Dominique Poncharlier, ancien de la DGER (ex
SDECE) secondé par André Goulay et Yvan Le Tac.
Le financement du SAC est assuré par le MCP
de Jacques Dauer, de nombreuses associations gaullistes (Claude Raybois, le
colonel Gentgen…) domiciliées à la même adresse que le SAC ! La sécurité
militaire se fourvoie aussi dans cet assemblage fait pour la torture et le
meurtre : Jean Morin, délégué général en Algérie, Claude Vieillescazes et
Louis Verger. Ils fournissent les armes et les laissez-passer. Jean Dubuquoy et
Louis Dufour assureront les soldes et les fameuses villas – lieux de
tortures - autour du centre de la capitale algéroise.
Tout
est en place pour combattre, avec des moyens énormes, l’OAS !
Le SAC,
pot de fer, avec une logistique d’Etat puissante, va donc s’opposer à un
mouvement patriotique unique dans les annales de la lutte pour le maintien de
l’Algérie française au sein de la France : l’OAS, pot de terre, peut-on
dire. D’une manière honteuse, inavouable à ce jour, la propagande officielle va
étouffer, durant des décennies, le rôle du SAC en occultant les sordides
actions criminelles des barbouzes et de ses parrains du gouvernement français
en place. L’équerre joue le rôle de l’aigle nazi de 1940 / 45 !
Si l’OAS reste, aux yeux des médias, le
« terroriste » à dénoncer, à abattre, le pouvoir à Alger, au
Rocher-Noir et l’exécutif à Paris placent sous silence les actions sanguinaires
des équipes du SAC et de ses judokas : Jim Alcheik et le pire, Roger
Bui-Thé ! Ils ne sont pas les seuls à mettre en pratique leurs méthodes vicieuses
de truands, d’autres débarquent par dizaines en Algérie, pro-gaullistes,
provocateurs, bourreaux, kidnappeurs, assassins. Ils ont un objectif :
mener des actions démoniaques et perverses contre l’OAS et les patriotes de
l’Algérie français, parfois jusqu’à l’élimination physique de la victime.
Des villas d’El Biar à celles du Telemny ou
depuis l’école de police d’Hussein-Dey, les équipes barbouzes de Bitterlin,
bientôt soutenues par Michel Hacq, directeur à la PJ et envoyé à Alger avec
deux cents policiers et commissaires anti-OAS, vont agir en toute impunité,
d’une manière sauvage et inhumaine, sous couvert d’un gaullisme toujours muet
sur ces exactions depuis 1962.
La lutte sera sans pitié, mais ne l’oublions
pas, montré injustement d’un doigt accusateur par tous les médias, le temps de
l’OAS a duré moins de deux ans. Celui du FLN meurtrier, huit longues années. Celui
du SAC, à partir de 1961, assez de temps pour qu’un jour il soit reconnu
responsable de ses crimes et surtout de sa participation aux massacres des
innocents en renseignant et soutenant le FLN dans des enlèvements d’européens
et des assassinats. En effet, les barbouzes du SAC et du pouvoir gaulliste « avouent »
bien leur rôle de traitres lorsqu’ils sont obligés, par peur de l’OAS qui les
poursuit, de se « réfugier » à la Redoute, au Radjah, un hôtel dont
le propriétaire est le Bachagha Bouabdellah, proche du FLN.
Traqués par l’OAS, les barbouzes commettent
les pires bavures : des enlèvements ; des interrogatoires des plus
horribles ; des actes de tortures et de crimes les plus impardonnables
contre des civils européens jusqu’à l’indépendance et… sans doute pour
certains, même après.
Officiellement, les barbouzes n’ont pas
existés, le SAC non plus en Algérie, mais J-J Jordi cite une « mission
C » dans son livre. Y-a-t-il une différence entre barbouzes, SAC et
« mission C » ? Je ne le pense pas.
Ce
fait certain, irréfutable, vérifiable, demeure aujourd’hui, en 2011, indigne de
la cinquième république, du pouvoir en place et demande des explications parce
que le gaullisme, des ministres à la botte du gaullisme, des associations
favorables au général ont contribué matériellement et financièrement à ces exactions
du SAC. Ils ont soutenu des criminels et ont été les acteurs sanguinaires de la
fin de l’Algérie française.
Nous ne seront plus là pour découvrir
les documents d’archives de ces années d’Algérie française, en l’an 2070, mais
ils existent ces écrits, ces traces, et devront un jour désigner les coupables.
Robert
Charles PUIG / novembre 2011