SETIF 45, la
" tragédie inexcusable "
Pendant une quarantaine d’années,
l’affaire de 1945 à Sétif est restée pratiquement
oubliée, même des historiens officiels qui n’y avaient
guère regardé de près, sauf pour relever l’évènement
dans une phrase de condamnation lapidaire de la France ....
Le livre très complet de F.Dessaignes " la paix pour dix
ans " étant resté " ignoré " des
media . Et puis la chaine de TV ARTE l’avait spectaculairement
relancée en 1995 dans une longue émission, mensongère
au point que son président, devant le tollé soulevé
chez les spectateurs avertis, avait plaidé la liberté
autorisée par un " documentaire de création "
! inoubliable expression qui devait beaucoup resservir, et qui en
dit long sur la bonne foi des réalisateurs...
Beaucoup plus grave est le comportement de l’ambassadeur
de France à Alger. Ce dernier s’est dernièrement
rendu sur place en présence des autorités algériennes
et de la Presse, dans une sorte de cérémonie expiatoire
assortie d’un long discours oû il était question
de " tragédie inexcusable ", terme sur lequel on
serait pleinement d’accord, n’était l’interprétation
qu’en fait M. Colin de Verdière. ...Alors il convient
peut-être de rappeler brièvement les faits.
Le 8 mai 1945, jour de la capitulation allemande,
une manifestation au monument aux morts de Sétif avait été
autorisée aux mouvements musulmans qui en avaient fait la demande
sous condition que seul le drapeau français serait brandi.
Condition qui, par une provocation calculée, ne fut pas respectée.
Un commissaire de police présent, assailli par une foule fanatisée
et armée, suivie, fait inhabituel, de beaucoup de femmes, dut
tirer pour se dégager et tua le porte drapeau nationaliste,
après avoir été lui-même blessé
; pendant ce temps, les manifestants, se répandant dans les
rues de la ville, assassinaient et mutilaient à l’arme
blanche tous les européens rencontrés.
Dans toute la région, une offensive terroriste
généralisée se répandait aussitôt,
sous un seul mot d’ordre " tuez les Français !"...
en quelques heures, des actes d’une sauvagerie inimaginable étaient
commis par des villages entiers, complétant les assassinats
par des viols, des pillages et des incendies. Tâche sans gloire
d’une population musulmane dont le rapport au chiffre de la population
européenne était de dix-sept contre un ! Le chiffre
des tués européens fut dans l’immédiat de
103, auquel s’ajoute le nombre important des blessés et
des morts des suites de leurs blessures : chiffre à compléter
par celui des musulmans loyaux à la France, égorgés
sans pitié, qui ne figure dans les statistiques que confondu
avec celui des victimes de la répression sous la rubrique "
morts indigènes "....
L’intervention des forces de l’ordre fut
rapide, malgré des moyens extraordinairement réduits
; les insurgés savaient parfaitement que les militaires étaient
en Europe oû la guerre se terminait, et tablaient sur l’absence
de répression. Celle-ci fut mise en oeuvre avec des troupes
terrestres presque toutes locales, composées surtout de musulmans
et de sénégalais : on n’enregistra aucune désertion.
L’aviation intervint, surtout par intimidation, avec des B26
à basse altitude qui avaient ordre de ne pas tirer sur les
rassemblements et de ne pas utiliser de bombes de plus de 100 lb :
pas un seul cratère de bombe ne fut relevé par les commissions
d’enquête. Idem pour la marine qui procéda à
des tirs non ciblés sans faire de victimes, sinon UN mort par
hasard....quant aux milices civiles qu’on a beaucoup dénoncées,
elles se limitaient à des groupes d’auto défense
autorisés par les préfets conformément à
la Loi et armés de fusils de chasse pour la plupart, sans activité.
Les chiffres font l’objet d’une discussion
faussée dès le départ par l’annonce, à
Radio Damas, propagandiste des insurgés, dès le premier
jour, que l’Armée avait fait 45 000 morts ; chiffre retenu
depuis comme mythique par l’Algérie du FLN, mais totalement
invraisemblable et matériellement impossible. Il est d’ailleurs
" regonflé " chaque année par de pseudo historiens
très imaginatifs...la réalité, basée entre
autres sur une statistique peu discutable, celle des cartes de ravitaillement,
est de moins de 2000 morts....
Ces évènements, qui n’ont duré
que quelques jours, avaient été minutieusement préparés
par des leaders nationalistes très soutenus depuis l’étranger,
qui pensaient déclencher une révolte généralisée
dans tout le pays, lequel n’a pas bougé. Le mot d’ordre
de " tuez les Français ! " était proféré
au nom du Djihad ; à la Presse métropolitaine qui s’efforçait
de faire croire que la famine était cause du drame, un des
Nationalistes avait répondu, par avance, dans le feu des évènements
" nous ne voulons pas de blé, mais du sang ! ". Ajoutons
qu’un des slogans affichés était " à
bas le communisme " ... d’ailleurs les ministres communistes.de
l’époque condamnèrent l’insurrection avec
fermeté.
L’épilogue judiciaire fut un encouragement
majeur aux émeutiers : sur 99 condamnations à mort,
seules 22 furent exécutées, 400 condamnations aux travaux
forcés furent prononcées, 250 acquittements. Moins de
deux après, une amnistie libérait tous les condamnés,
geste politique unanimement interprété comme un aveu
de faiblesse de la France. Les égorgeurs relachés dans
la nature se chargeaient, quelques années plus tard, de montrer
que cette interprétation était la bonne ...d’autant
que quelques Européens qui s’étaient livrés
à des représailles individuelles dérisoires,
faute de moyens, après avoir avoir vu leur famille massacrée,
furent très lourdement condamnés.
Mr l’Ambassadeur de France a jugé,
soixante ans après ces évènements, qu’il
y avait eu " tragédie inexcusable " ...c’est
bien l’avis des malheureux qui en furent victimes. Ceux qui ont
relevé le curé de Chevreul dont les intestins étaient
enroulés sur un bâton, les deux femmes de Perigotville,
83 et 47 ans, violées pendant quatre heures par une meute fanatisée,
le fonctionnaire de Sétif dont les deux bras étaient
sectionnés à la hache, et tous les autres, ne pensent
sûrement pas le contraire. Oui mais c’est sur les tombes
de leurs assassins que M. Colin de Verdière est allé
se recueillir. Nos pauvres morts, c’est " notre "ambassadeur
qui les a assassinés une seconde fois....
Le sang de ces humbles est séché
depuis longtemps. Mais le cirage des babouches barbaresques, lui,
est frais, et sans doute si agréable à lécher
! N’est-ce pas cela, la " tragédie inexcusable "
?
M. LAGROT
Responsable CVR
7/4/2005