Dubois dont on fait les prix

Grand tapage médiatique autour du prix du Roman FNAC, " Une vie française ", d’un certain Jean-Paul Dubois, éloges du Figaro etc. Vu par la pub de la Fnac, ça donne ceci :

" Radiographie tragi-comique de la société française depuis l’instauration de la V° république. (………..) Un grand roman, drôle, pétillant et irrésistible, " etc.  

A la lecture, en moins de dix lignes on a jugé de la qualité de ce minable roman de gare, du genre que le hachoir à littérature débite à la tonne dans tous les supermarchés de la sous culture contemporaine ; par ailleurs, on sait bien que la Fnac est à la littérature ce que Mac Do est à la gastronomie, mais on comprend vite l’attendrissement des jurés de ce prix…jugez en par un extrait ( l’auteur est supposé raconter un épisode de sa vie ) :

" A la caisse des congés payés le responsable du service s’appelait Azoulay. C’était un homme d’une quarantaine d’années, affublé d’une voix nasillarde, autoritaire, enchassée dans un terrible accent pied-noir, aimant abuser de son pouvoir et de son eau de toilette. (……………..) Sa seule raison d’être était de faire payer aux autres le prix de ses désappointements (…………) Sans doute d’un mauvais sujet à Oran, Azoulay était devenu un salopard à Toulouse.Un maniaque de la loi,de l’ordre et des règles. Ces règles, justement, que la France n’avait pas respectées en Algérie, lui, Azoulay, avec sa grande gueule, avait aujourd’hui pour ambition de les apprendre aux Français "

Cette description est révélatrice : contre toute vérité historique, on énonce une accusation sur ce que fut la France en Algérie. Peu importe sa véracité, puisqu’elle va dans le sens des idées reçues que le lecteur, par une inconsciente et bien naturelle paresse, recevra avec délectation. Et pour ce qui est du supposé Azoulay, la mécanique est plus subtile : ce personnage caricatural s’articule sur deux préjugés, l’un relatif aux pieds noirs, braillards, prétentieux, tyranniques, incultes ; l’autre sur les juifs, tabou inabordable dans toute littérature bien née, mais qui éveille quelque chose dans l’inconscient du lecteur….

Alors la combinaison juif pieds noirs rend l’auteur inattaquable,et puisque le juif est pieds noirs, on peut en dire le pire sans crainte, ce qui satisfait aux règles non écrites mais inviolables de la machine médiatique moderne . On peut enfin être discrètement antisémite sans risque…génial, non ? D’ailleurs, nul organisme antiraciste n’y a trouvé à redire, malgré un épiderme habituellement chatouilleux…..

L’auteur nous répondrait sans doute que le personnage existe et qu’il l’a rencontré ; et au fond c’est vrai : on le trouve à toutes les pages des journaux ou de la TV de la douce France, pas raciste pour deux sous, depuis cinquante ans, sinon plus…il n’a rien inventé !

Et nous, nous nous chauffons……Dubois dont on fait les prix !

M. LAGROT Responsable CVR


Mis en page le 16/10/2004 par RP