Nous avons la très
grande tristesse de vous apprendre le décès du colonel
CHATEAU-JOBERT, compagnon de la Libération, la nuit dernière
dans sa maison de retraite à Caumont l'Eventé.
Tiré de l'excellent
site: les amis de Raoul SALAN
Pierre, Yvon, Alexandre,
Jean Château-Jobert est né à Morlaix (« S'ils
te mordent, mords-les ! »), le 3 février 1912. Son
père tué au front en 1915, pupille de la nation, il fait
ses études à Morlaix, au collège Stanislas à
Paris et au collège Saint Charles de Saint-Brieuc où deux
pleurésies successives l'empêchent de préparer
l'Ecole Navale. Après son service militaire qu'il effectue en
1934-35, il reste dans l'armée et suit, comme sous-lieutenant,
les cours de l'Ecole d'Application de l'Artillerie à Fontainebleau.
Affecté au 154ème régiment d'artillerie, il suit
les cours de l'école d'observateurs en avion de Dinan. Blessé
durant la campagne de France, il rejoint l'Angleterre et s'engage dans
les Forces Françaises Libres, à Londres, le 1er juillet 1940,
sous le nom de Conan. Lieutenant à la 13ème Demi-Brigade
de Légion Etrangère (DBLE), il se bat en Erythrée,
en Syrie et en Libye où il est blessé en février
1942. Le 7 novembre 1942, capitaine, il prend le commandement du 3ème
Bataillon d'Infanterie de l'Air (SAS) qui devient, en juillet 1944,
le 3ème Régiment de Chasseurs Parachutistes (RCP). Le
3ème RCP opère sur les arrières de l'ennemi, par
petites unités, dans des régions non encore libérées
du territoire métropolitain, du Poitou à la Bourgogne.
Chef de bataillon en décembre 1944, il transmet le commandement
du régiment au lieutenant-colonel de Bollardière
Il crée, par la
suite, le Centre Ecole de Parachutisme Militaire, basé à
Lannion, puis à Pau-Idron. Adjoint du colonel de Bollardière,
puis commandant de la Demi-Brigade Coloniale de Commandos Parachutistes
SAS, il est engagé à la fin de 1947 et en 1948, au Cambodge,
en Cochinchine et en Annam. Après un séjour à Vannes-Meucon
où il commande en second la 1ère DBCCP auprès du
colonel Gilles, il retourne en Indochine en 1950, comme lieutenant-colonel,
à la tête de la 2ème DBCCP, pour se battre
au Tonkin et en Cochinchine jusqu'en avril 1952.
Après un passage
en métropole, il est affecté à l'état-major
des Forces terrestres, maritimes et aériennes à Alger
de 1953 à 1955, puis, en novembre 1955, au commandement du 2ème
Régiment de Parachutistes Coloniaux (RPC), devenu peu après
le 2ème RPIMa, à Constantine. Colonel, lors de l'affaire
de Suez, le 5 novembre 1956, il est parachuté au sud de Port-Saïd
à la tête d'une partie de son régiment renforcée
de commandos du 11ème Choc et y atteint tous ses objectifs jusqu'à
l'ordre du cessez-le-feu. En 1957, il commande à Bayonne la Brigade
de Parachutistes Coloniaux où il succède au général
Gracieux. Dans les semaines qui suivent le 13 mai 1958, il y est en
liaison avec des délégués d'Alger, tel le commandant
Vitasse. En 1959-60, il est auditeur à l'IHEDN et suit les cours
du CHEM (Centre des Hautes Etudes Militaires). Affecté au Niger
en février 1961, il se solidarise avec les officiers qui, le
22 avril 1961, autour du général Challe, ont saisi le
commandement à Alger, ce qui lui vaut plusieurs mois d'arrêts
de forteresse.
Le 13 janvier 1962, alors
qu'il est affecté à l'état-major de l'amiral préfet
maritime de Cherbourg, il rejoint clandestinement l'Algérie et
se met aux ordres du général Salan, chef de l'OAS. En
charge du Constantinois, il y retrouve le lieutenant Michel Alibert
et y noue, en vue de leur ralliement, de nombreux contacts avec des
officiers supérieurs et subalternes des régiments qui
y sont stationnés, 13ème Dragons, 6ème Cuirassiers
et 2ème REC (Le général Multrier, commandant de
la zone Est Constantinois dira : « l'OAS progresse vite dans
le Constantinois quand Château-Jobert en prend la tête »).
Désapprouvant les « Accords Susini -Mostefaï »,
il quitte l'Algérie le 30 juin 1962 à bord d'un cargo
qui le ramène en métropole. Clandestin, en France
et en Espagne, il continue son combat; en 1965, il est condamné
à mort par contumace. Il réapparaît à Morlaix
le 3 novembre 1968, après la première amnistie de juin
1968. Il poursuit son action aux plans politique, social et spirituel
en publiant plusieurs ouvrages d'analyse et de réflexion.
Le 16 mai 2001, le PC du
2ème Régiment Parachutiste d'Infanterie de Marine à
l'île de la Réunion, héritier direct du 2ème
RPC, , est baptisé « PC Lieutenant-colonel Château-Jobert ».
Pierre Château-Jobert est
commandeur de la Légion d'Honneur et Compagnon de la Libération.
Il est titulaire de la croix de guerre 1939-45 avec 11 citations
et de la croix du Distinguished Service Order (D.S.O.).
Il est l'auteur de plusieurs
ouvrages :
-Manifeste Politique et social, Editions du Fuseau (1964)
-La confrontation Révolution-Contrerévolution, Diffusion
de la Pensée Française (1975)
-Feux et lumières sur ma trace - Faits de Guerre et de Paix,
Presses de la Cité (1978)
-La voix du pays réel, Nouvelles Editions Latines (1981)
-Doctrine d'action contrerévolutionnaire, Editions de Chiré
(1986)
-SCOR, SOS contre la révolution (1987)
Le 7 avril 1952, alors
que Château-Jobert va quitter l'Indochine, à la fin de
son deuxième séjour, le général Salan, commandant
en chef des forces en Extrême-Orient préside la cérémonie
d'adieux, ce qui le touche beaucoup.
Dans les premiers jours
de 1957, le colonel Château-Jobert, de retour en Algérie après
l'affaire de Suez, vient se présenter au général
Salan, commandant supérieur interarmes. Il lui fait part de sa
déception de ne pas avoir reçu l'ordre de pousser ses parachutistes,
au-delà de Port-Saïd et de Port-Fouad, jusqu'au Caire et à
Suez.
A la fin de janvier 1962,
à son arrivée à Alger, Pierre Château-Jobert
est reçu par le général Salan qui lui confie le
commandement de l'OAS du Constantinois qui manque chroniquement
de cadres supérieurs. Cette nomination est officialisée
par une note de service du général Salan diffusée
largement en Algérie.
Une messe aura lieu le 3 janvier, à 10h, en l'église
de Sartilly dans la Manche.
Il sera inhumé à Morlaix, sa ville natale, le
même jour.
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Eloge funèbre