L 'Archange Saint-Michel a rappelé à lui son dernier Croisé
L'emblématique « Capitaine Conan » des Parachutistes
Le colonel Pierre Château Jobert
à l'âge de 93 ans!

L'archange Saint-Michel a rappelé, en ce premier mois de l'an 2006, au sein de sa milice céleste, son dernier Croisé, emblématique figure de l'Arme aéroportée: Le colonel Pierre Yvon Alexandre Château Jobert, alias « Capitaine Conan » !

Comme il l'avait fait, lui-même, à la genèse, en venant du ciel terrasser, sur la Terre, le dragon porteur des maléfiques sataniques, Saint-Michel chargea, en ce deuxième millénaire, d'une mission spéciale, un pieux Breton du Finistère, pour combattre les Forces du Mal, engendrées par ces dix derniers siècles, dans le fanatisme des doctrines marxistes et hitlériennes et désormais représentées en ce début des années 2000, par le danger de la renaissance des doctrines islamistes radicales de ces Fous de Dieu que Marco Polo découvrit lors de ces lointaines pérégrinations.

Cette mission reposa pendant les 93 années de sa vie, d'Europe en Asie, puis à travers le continent africain, sur les épaules d'un enfant de Morlaix, à l'atavisme Chouan.

Le chef de la « milice céleste » mit bien vite à l'épreuve, ce « nouvel élu », petit de taille, crâne chauve, barbe finement ordonnancée en pointe et au regard vif et volontaire au point de le rendre immense en le faisant puiser, volonté et courage dans sa Foi.

Saint Michel ne fut pas alors, avare de situations difficiles pour ce « Croisé » des Temps modernes. Il testa de plus en plus profondément les limites de l'audace et du courage de ce « Jedburgh » baptisé « Capitaine Conan » qui frôla par deux fois la mort, à chaque passage de grade, en étant grièvement blessé à deux reprises dès son premier galon d'officier dans l'artillerie, pendant la campagne de France en 1940 puis dans la Légion Etrangère dans les rangs des Forces françaises Libres, en 1942,

L'insécurité, l'incertitude et la tourmente, clés de voûte du métier des armes qu'il avait choisi, en mémoire de son père tombé aux champs d'Honneur en 1915, ont très rapidement établi le degré de sa personnalité de meneur d'hommes au combat, en prêchant par son exemple personnel, les actes de bravoure et d'audace au péril de sa vie. Pierre Château Jobert fut un des premiers chefs d'unités de la deuxième guerre mondiale et ensuite de tous les conflits, menaçant la France et la Chrétienté qui remplaça dans l'action, l'ordre « En avant ! » par « Suivez-moi ! » en plaçant sa peau au bout de ses idées, dans le sens de l'Honneur au détriment de prospectives de carrière.

Le père des parachutistes français

Sa vocation pour les troupes aéroportées sous l'égide de Saint Michel se fit jour qu'en en 1943, date à laquelle il rejoignit les fameux French S.A.S de l'abbaye de Jedburgh, pour effectuer des missions spéciales en France sur les arrières des forces d'occupation allemandes et au sein des maquis de la Résistance à travers l'hexagone.

Si l'Archange Saint Michel devenu le Patron des Parachutistes ne lui confia pas ses ailes mystiques, il lui révéla toutefois le symbolisme du courage que représente la voilure du parachute dans les combats des Nobles causes. Ainsi il transforma la vocation pour l'Arme parachutiste de son chevalier servant en un véritable sacerdoce qui allait en faire la figure emblématique de toutes les unités des T.A.P françaises et étrangères. On peut, sans crainte, affirmer que le chef de bataillon puis colonel, Pierre Château Jobert, fut le père créateur des unités commandos aéroportés de l'Armée française. Non seulement par sa conduite exemplaire sur le terrain au milieu de ses « paras » dans les maquis de la Résistance en France occupée, dans les rizières et forêts d'Indochine ou dans les djebels de l'Algérie. Mais aussi dans sa volonté de donner à la France, une armée aéroportée qui lui avait tant fait défaut en 1940, face à la stratégie efficace des parachutistes allemands sur tous le fronts européens.

Sa formation en grande Bretagne auprès des S.A.S et des Jeedburghs et ses séjours en Indochine amenèrent Château Jobert à créer et à développer des centres de formation militaire parachutiste, le premier à Meucon en Bretagne sur une ancienne base aérienne et parachutiste de la Wermach en vue de l'invasion de l'Angleterre. Parmi ses instructeurs, figurait un certain Paul Alain Léger, marocain de naissance, étudiant résistant de la première heure à Paris qui, après avoir combattu fin 1942 dans l'Armée d'Afrique sous le drapeau du 1er régiment de Zouaves d'Alger rejoignit les F.F.L. à Londres en 1943 (aspirant des E.O.R. de Cherchell) pour servir comme officier Jeedburgh, au B.C.R.A. sous le pseudonyme de D'Azermont qui lui avait été donné parce que natif de Sidi Ali d'Azemmour, au Maroc. Le « capitaine Conan » ayant bien vite découvert les riches qualités de chef guerrier de ce D'Azermont et l'avait absorbé dans le 3ème S.A.S., qui deviendra le 3ème Régiment parachutiste, dont plusieurs éléments sautèrent en France occupée « dans un mouchoir ! » suivant son commentaire ironique « normal puisque la D.Z. se trouvait près de Cholet  », avec pour mission d'encadrer les maquis de résistants en vue de prendre les ponts et de harceler sans cesse les forces allemandes des bois d'Anjou jusqu'au débarquement des Alliés.
Dès lors les deux hommes ne se quittèrent quasiment plus, depuis les combats d'Indochine jusqu'à « l'Opération Mousquetaires » du 6 novembre au 2 décembre 1956 sur le Canal de Suez.
Entre deux séjours en Indochine, Conan, qui avait repris son identité de Château Jobert allait créer d'autres centres écoles des T.A.P. à Lannion puis à Pau-Idron, berceaux des « centurions» dont l'effectif, moins de 3.000, répartis en unités plus ou moins hétéroclytes en 1945, passa à 30,000 constituant deux divisions en 1960, au moment de la guerre d'Algérie. « Le Croisé » finistérien de Saint Michel peut donc bien être considéré comme le Père-créateur des parachutistes militaires français.

L'évocation de sa carrière militaire ne m'appartient pas, elle a été si remarquablement faite dans l'éloge funèbre prononcé par mon aîné et ami de « Bagheera », l'ancien officier Jeedburgh, compagnon de combat du colonel Pierre Château Jobert en Indochine pendant de nombreux mois, le colonel Jean Sassi.

Son envoûtement inoubliable

Je ne parlerai que des trois occasions qui m'ont été procurées, deux par ma vie militaire, à Meucon en 1953 et à Bénouville, en 2000 et la dernière en qualité d'ancien combattant de « Notre Noble Cause », à Perpignan, en 2003, de côtoyer mon compatriote breton , père des parachutistes français.

Cette première rencontre, la plus longue (30 minutes), remonte à l'hiver 1953 dans son bureau à Meucon. Elle fut davantage empreinte de l'humanisme civil d'un grand frère vers son cadet que de la rigueur militaire d'un chef de corps vis à vis d'un futur officier. J'allais quitter avec la caserne Eblé à Angers, siège de l'Ecole d'application du Génie, où j'avais fait mon peloton E.O.R., malgré moi parce que volontaire pour les T.A.P, (étant déjà breveté prémilitaire et P.M.S. parachutiste ainsi que 1er et 2ème degré civil du Para Club d'Oranie) dont j'avais été déclaré inapte au saut pour cause de péritonite en 1951. Ayant suivi les cours de l'Ecole spéciale des Travaux Publics, j'avais donc été dirigé pour effectuer mon service militaire vers le Génie. Promu au grade d'aspirant J'avais donc aussitôt postulé pour faire un stage au Centre de Meucon, afin de rejoindre le 17ème bataillon du Génie aéroporté à Castel Sarrazin ou toute autre unité des T.A.P.
Ma demande de stage acceptée, j'avais donc subi tout l'entraînement rigoureux au sol de la méthode S.A. S., davantage responsable de casses que les accidents de sauts.
Malheureusement la visite médicale me formula une fois de plus inapte au saut, parce que ma cicatrice de 14 cm n'apparaissait pas encore suffisamment consolidée.
Evidemment j'en étais fort amer et je m'en étais confié à mon instructeur, un adjudant chef originaire du Morbihan, tout comme mes aïeux, avec lequel j'avais sympathisé et auquel j'avais narré le lourd tribu payé par ma famille avec 27 morts dans les rangs de fusiliers marins de la France Libre et dans le maquis bretons. Constatant ma grande déception, il en avait parlé, sans rien me dire, à l'autre Breton, le colonel Château Jobert. Inutile de dire que quand je reçus la convocation, j'étais dans mes petits souliers : « Me trouver en face du Capitaine Conan », celui que toute la Bretagne portait aux nues à l'image du chevalier de la table ronde qui conquit le Graal !

Après ma présentation classique, il m'avait demandé de m'asseoir. Il porta la conversation vers mes deux cousins germains, enseigne de vaisseau, tous deux dans la D.B.F.M. de la France Libre, l'un tué à Bir-Hakeim 1'autre à Villersexelle, lors de la contre offensive allemande dans les Ardennes. J'étais déjà fort impressionné de voir qu'il était en possession de tous ses renseignements. Je le fus encore davantage lorsqu'il évoqua l'endroit où les maquisards de ma famille avaient été fusillés par des prisonniers mongols sur ordre des S.S. allemands et emmurés, blessés, dans une cavité de la muraille de la forteresse de Penthièvre, Il m'avoua s'y être rendu sur place parce qu'un de ses officiers du 3 ème régiment S.A.S. y avait été fusillé en même temps que tous ces jeunes bretons de 18 à 20 ans. J'étais complètement effondré, car j'étais venu parler de mon problème de santé parachutiste et lui dans un humanisme hypersensible d'une grande Foi, m'indiquaient quelles étaient les valeurs du sacrifice pour la Patrie. Il quitta son bureau pour venir devant moi,. Quoique surpris par sa petite taille, il apparut à mes yeux, en Géant tellement son aura de meneur et de formateur d'homme était gigantesque, Ce n'est qu'à ce moment-là qu'il traita mon problème parachutiste. Posant sa main sur mon épaule, me regardant les yeux dans les yeux, il prononça ses mots qui sont demeurés gravés en ma mémoire : « Sache mon petit compatriote ! Saint Michel ne m'a accueilli sous son égide que sept années après mon premier uniforme. Crois en Saint Michel. Je suis certain qu'il t'accueillera aussi tant ta passion est grande. Tu nous rejoindras un jour ! » Il me donna une accolade affectueuse. J'étais au bord des larmes et je ne devais plus avoir un poil de sec sous mon uniforme ... hélas ... du Génie Je quittais, envoûté, cet envoyé céleste « Conan » prêt à mourir sous ses ordres. Mais le destin durant la guerre d'Algérie ne me procura jamais l'occasion de le revoir, ni en tant qu'officier rappelé ou en tant que journaliste. La seule éventualité aurait pu être Suez, mon journal m'ayant désigné pour en assurer le reportage. Une hospitalisation m'empêcha de m'y rendre : Un de mes confrères, Roy, y trouva la mort.

La prophétie parachutiste de Château Jobert me concernant, ne se vérifia que trois ans plus tard, où officier rappelé, après avoir été breveté, au sein de la Compagnie d'entraînement et de perfectionnement du 1er R.E.P. commandée par le capitaine Glasser, à Sully, (près de Sidi-Bel-Abbès), je rejoignis les missions spéciales du colonel Decorse et du capitaine Léger. Ce fut d'ailleurs par ce dernier, l'ex « D'Azermont », qui après avoir fait ses premiers pas dans les traces glorieuses du fameux « capitaine Conan » depuis 1943, et qui avait participé à l'opération aéroportée française, en sautant, sur Port Fouad, en 1956 avec ses deux « centaines » du 11ème Choc aux côtés du 2ème R.C.P., que je pris connaissance de l'aventure égyptienne de Château Jobert.

L'amertume de « L'Opération Mousquetaires » à Suez

Le capitaine Léger, devenu mon « Totem » mais aussi ami intime en tenue camouflée et sans uniformes du G.R.E. (Groupe de renseignements et d'exploitation), insistait toujours sur l'amertume laissée par cette « Opération Mousquetaires » inachevée et sur la déconvenue inaltér ble du colonel Château Jobert, qui considérait qu'après la trahison en Indochine, des manœuvres politiques lui avaient volé « Sa victoire » en Egypte !

Tout aurait dû, pourtant, lui sourire en ce mois de novembre 1956, puisque peu de temps auparavant, un ancien Para d'Indochine, fan d'Alexandre Dumas, avait transformé ses héros des « Trois Mousquetaires » (qui étaient quatre, comme chacun sait!) en parachutistes: D'Artagnan, c'était le colonel Bigeard, (3 ème R.P.I.ma) ; Athos, c'était le colonel Buchoud, (9ème R.C.P.); Porthos, le lieutenant colonel Jeanpierre, (1er R.E.P.) et Aramis, le moine-soldat ne pouvait être que le colonel Château Jobert, (2 ème R.C.P.). Cependant un signe avant-coureur de mauvaise augure s'était manifesté. Sur les quatre « Mousquetaires parachutistes », deux étaient absents :Pierre Buchoud, le créateur du tout jeune 9 ème R.C.P. engagé dans une opération dans le Constantinois; Marcel Bigeard, blessé, qui avait laissé le commandement du 3ème R.P.C. à son adjoint Lenoir dit « La Vieille », qui sera frustré de participation à l'Opération égyptienne, en attendant sur le tarmac de l'aéroport de Chypre d'être largué sur le canal.

D'autre part, si quatre régiments parachutistes français étaient engagés sous les ordres de Château Jobert, trois seulement participèrent aux combats, les bataillons du 2ème R.C.P. commandé par le colonel Fossey-François, épaulé par la 5ème centaine du 11ème Choc du lieutenant Henri Moutin, pour la conquête des ponts et la destruction des fortins égyptiens des « Volontaires de la mort » qui préférèrent se rendre plutôt que l'affronter! Missions réussies à 100% qui permettaient au colonel breton de lancer son offensive avec l'appui du 1er R.E.P. débarqué avec les A.M.X. du 21ème R.I.C. et les chars britanniques « Centurions » vers le Caire, d'autant que le Q.G. égyptien de Port Saïd avait annoncé sa capitulation. Mais Russes et Américains, vexés des succès obtenus par les Israéliens, les Anglais et les Français, demandèrent l'arrêt de l'Opération. Le colonel Château Jobert qui demeurera le grand tacticien de Suez fut stoppé à El Kantara. Dès son arrivée à Chypre il manifesta violemment son mécontentement au général Beaufre, puis sa rage dès son retour à Alger au général Salan, Il lui avait déclaré : « Après Dien Bien Phû et la perte de l'Indochine et ce qui vient de se passer en Egypte, la France dont les politiciens tressaient les victoires de son armée, ne serait plus jamais une grande Puissance ! » Il affichait déjà un sérieux pessimisme quant à une solution favorable à la défense de l'Algérie française », m'avait confié en même temps que le récit opérationnel qui précède, le capitaine Léger, lui aussi lésé dans l'affaire de Suez puisque sa mission particulière était la destruction de Radio-Le Caire « La voix des Arabes », pro-F.L.N. qui émettait jusqu'en Algérie. La consolation à ce dépit pour Fossey-François et Léger leur fut offerte, l'année suivante, dans « La Bataille d'Alger ». Quant à Château Jobert, il avait gagné Bayonne où il se consacra de nouveau au développement de l'armée aéroportée française !

Mais sa colère ne devait s'estomper au fil des années, il garda toujours « Suez » en travers de la gorge. Je pus le constater, quarante quatre années plus tard, le 4 juin 2000 à l'occasion de la commémoration du saut des commandos parachutistes, sous les ordres du Major John Howard aux dernières heures du 5 juin 1944, au cours de notre deuxième entretien, très court cette fois, tellement il était absorbé par les personnalités civiles et militaires françaises et britanniques et notamment par Son Altesse Royale, le Prince Charles de Grande-Bretagne, à Benouville en Normandie.

L'hommage international à Benouville

En ce Jour de l'An 2000, le colonel Pierre Château Jobert 88 ans, toujours « géant » dans sa petite taille, qui ne fut jamais un handicap dans ces actions héroïques, en vingt six années de commandos, était concerné par cet hommage officiel en tant que glorieux « Capitaine Conan » patron du « 3ème French S.A.S » puisqu'il honorait l'exploit de ces parachutistes S.A.S. britanniques et français parmi lesquels figurèrent d'ailleurs trois officiers français d'Algérie, le colonel manchot Bourgoin, le chef de bataillon Puesch Samson et le capitaine Botella.

Cette opération aéroportée nocturne à la fin du 5 juin 1944 demeure absente des chapitres de la deuxième guerre mondiale dans l'Histoire de France, le débarquement du mondialement célèbre « Jour J » (6 juin 1944) en ayant mobilisé plusieurs pages, Pourtant de nombreuses croix plantées sur les tombes de ces parachutistes britanniques en terre normande, témoignent encore de leur sacrifice à l'orée du Troisième Millénaire. Cette manifestation du 4 juin 2000 à Benouville, remarquablement organisée par l'U.N.P. du Calvados, alors présidée par Walfrid Hamel, offrit au colonel Château Jobert un hommage international, officiel et mérité, par un impromptu et long entretien avec Son Altesse Royale, le Prince Charles, colonel en chef du Parachute Régiment qui avait souhaité, par sa présence dans cette commémoration de l'anniversaire du raid aéroporté de juin 1944, non seulement honorer, la mémoire des anciens, disparus ou rescapés du commando Howard mais également voulu, vêtu de sa tenue camouflée et portant le béret rouge, saluer les 450 parachutistes dont une compagnie du 1er R.C.P. qui sautèrent en ces lieux, où quarante six ans auparavant leurs anciens déclenchèrent la reconquête de l'Europe, alors sous le joug nazi depuis quatre années.

L'entretien avec le Prince Charles avait porté sur la Ditingiuish Order Service, deuxième décoration, après l'Ordre de la Victoria Cross, (uniquement réservé aux britanniques), qu'arborait le colonel français. Cette D.S.0, n'est accordée que pour bravoure sous le feu ennemi et n'est par ailleurs, remise que par un membre de la famille royale. Ainsi le colonel Charles apprit du colonel français qu'il avait été décoré par sa grand-mère, Son Altesse Royale, la Queen Mary, non pas pour ses exploits de 1943 à 1945, en qualité de l'officier S.A.S. « capitaine Conan » mais en 1957, après son saut conjoint avec les unités britanniques, et le succès des missions commandos qui lui avaient été confiées sous le grade de colonel Château Jobert en qualité de responsable de cette « opération Mousquetaires », en novembre 1956 à Suez. Toujours aussi aigri de s'être vu voler en la circonstance la victoire et la prise du Caire sur intervention politique des Américains et Russes, qui avaient exigé le retrait des troupes anglaises, françaises et israéliennes d'Egypte, il en avait fait un récit de la stratégie parachutiste employée qui intéressa fort le jeune colonel en chef du Parachute Régiment de l'Armée britannique. D'après les bribes de cette conversation de haute valeur internationale qui parvenaient à mes oreilles, pendant que je les prenais en photo, je réalisais que le têtu Breton de Morlaix Pierre Château Jobert, malgré sa dévotion à L'Archange Saint Michel, devenu « Capitaine Conan » de la deuxième guerre mondiale, puis colonel Château Jobert, héros d'Indochine, d'Algérie et de l'Opération de Suez, n'avait pu pardonner, d'après le ton de son récit à l'adresse de Sa Majesté princière britannique, les trahisons de Mendès France pour l'Indochine puis de Charles de Gaulle(qui l'avait pourtant décoré, en personne, de la croix de compagnon de la Libération) pour l'Algérie. Le Prince Charles l'avait écouté avec déférence et respect avant de le convier à ses côtés pour présider cette cérémonie commémorative franco-britannique du 4 juin 2000.

L'ultime rencontre se produisit à Perpignan, en 2003, lors de la manifestation des anciens combattants de la Noble Cause qui honorait la première stèle érigée à la mémoire des quatre fusillés de l'Algérie Française, au cimetière du Vernet. Là encore le père des parachutistes français, escorté de nombreux Constantinois qui avaient accompagné leur Ancien chef de la Zone Est de l'O.A.S., avait montré bon pied bon œil en brandissant auprès de la stèle une banderole tricolore « O.A.S. Constantine », entouré de  ses soldats de la dernière heure ! ».

A la fin juin 1962, « Conan » avait pris le chemin de l'exil, en emportant en son cœur une nouvelle plaie dans son sens de l'Honneur, les négociations Susini-Mostéfai.

Inadmissible pour lui ! Il ne pardonna jamais ! Là non plus

Voilà quels ont été mes instants de vie dans l'ombre de la figure emblématique des troupes aéroportées françaises, ce « Conan » qui y avait pris place dès mon enfance par les lauriers que lui avait décerné les survivants de ma famille bretonne dont mon oncle, (ancien résistant) père de deux des fusillés de Penthièvre, qui en avaient fait le Héros de la Bretagne face au Nazisme ! Puis dès l'âge d'adulte à travers notre passion commune pour le parachutisme, Château Jobert avait passé la portière pour la première fois en 1943, (Jeedburgh), à Liverpool et moi en 1948 (P.M.P.E.) à Valmy en Oranie. Je n'ai jamais eu l'honneur de servir sous les ordres de cet illustre colonel parachutiste pendant la guerre d'Algérie, ce que je regrette même si j'ai servi sous les ordres de chefs de corps parachutistes aussi prestigieux, les colonels Trinquier, Aussaresses, Godard, et Decorse. D'autant que je fus imprégné de ses hautes qualités de chef militaire par son « chevalier de la première heure », mon officier traitant, le capitaine Alain Leger.

Je peux avouer toutefois que les trente minutes d'une intimité davantage civile que militaire vécue avec lui à Meucon, m'ont marqué à vie, par l'aura « d'Honnête Homme » selon la définition du Moyen-Age-qui l'entourait! Ce jour-là, c'était davantage Pierre Yvon Alexandre Château Jobert de Morlaix que le commandant de la 1/2 B.C.C.C.P. de Vannes, qui s'était adressé à moi et il avait inculqué en moi le principe « Servir », et non pas « Se servir de! », en recherchant l'authenticité de la fidélité à la parole donnée, de l'amour de la Patrie, du respect du subalterne ou du compagnon d'aventure, dans le sens de l'Honneur et en rejetant les sataniques bassesses politiciennes et honneurs mesquins carriéristes, que l'Archange Saint Michel n'a pas totalement terrassé sur cette Terre : Et si apparents en ce Troisième Millénaire !

Il est difficile de ne pas mettre en parallèle, les deux moines soldats, unis par la même Foi, dans le sillage de leur exemple Charles de Foucauld, qu'ont été son aîné Charles Lacheroy, (je l'ai bien plus connu, étant son élève à l'A.P. et G.S.) et Pierre Château Jobert qui oeuvrèrent sur des vecteurs différents mais complémentaires, en vue de bâtir l'Armée française des Temps modernes. Points communs chez ces deux hommes, dès leur entrée dans la vie, l'un et l'autre perdent, très jeunes, leur père durant la première guerre mondiale ; devenus pupilles de la Nation ils embrassent la carrière des Armes.

Si Lacheroy, créa l'Action psychologique et la Guerre subversive, premières réformes de la guerre moderne, mises en application par les colonels Trinquier et Godard en Indochine et relayées ensuite par les chefs des Unités parachutistes en Algérie.

Le colonel Château Jobert y apporta le point d'orgue durant ses années de clandestinité et d'exil, en complétant ces mutations tactiques et stratégiques de L'Armée française dans la contre-guérilla par la rédaction de cinq ouvrages dont les deux primordiaux ont pour titres «  La doctrine d'action contre révolutionnaire » et la « Révolution Contrerévolution ». Des ouvrages de grande actualité en ces périodes troubles qui revoient apparaître « Les Hashashins, les Fous de Dieu » du « Vieux de la Montagne » ! Souhaitons que, depuis la milice céleste où il a retrouvé place aux côtés des Jeanpierre Godard, Buchoud, Trinquier et Leger, le dernier croisé de Saint Michel sur cette Terre arrive à communiquer un souffle divin vers nos gouvernants pour que renaisse le sens des valeurs : Respect et Honneur! S'il en est encore temps ?

Yves Henry

Mis en page le 20/05/2005 par RP