L 'Archange Saint-Michel a
rappelé à lui son dernier Croisé
L'emblématique « Capitaine Conan » des
Parachutistes
Le colonel Pierre Château Jobert à l'âge
de 93 ans!
L'archange Saint-Michel a rappelé,
en ce premier mois de l'an 2006, au sein de sa milice céleste,
son dernier Croisé, emblématique figure de l'Arme
aéroportée: Le colonel Pierre Yvon Alexandre Château
Jobert, alias « Capitaine Conan » !
Comme il l'avait fait, lui-même,
à la genèse, en venant du ciel terrasser, sur
la Terre, le dragon porteur des maléfiques sataniques,
Saint-Michel chargea, en ce deuxième millénaire,
d'une mission spéciale, un pieux Breton du Finistère,
pour combattre les Forces du Mal, engendrées par ces
dix derniers siècles, dans le fanatisme des doctrines
marxistes et hitlériennes et désormais représentées
en ce début des années 2000, par le danger de
la renaissance des doctrines islamistes radicales de ces Fous
de Dieu que Marco Polo découvrit lors de ces lointaines
pérégrinations.
Cette mission reposa pendant les
93 années de sa vie, d'Europe en Asie, puis à
travers le continent africain, sur les épaules d'un enfant
de Morlaix, à l'atavisme Chouan.
Le chef de la « milice céleste
» mit bien vite à l'épreuve, ce « nouvel
élu », petit de taille, crâne chauve,
barbe finement ordonnancée en pointe et au regard vif et
volontaire au point de le rendre immense en le faisant puiser,
volonté et courage dans sa Foi.
Saint Michel ne fut pas alors, avare
de situations difficiles pour ce « Croisé »
des Temps modernes. Il testa de plus en plus profondément
les limites de l'audace et du courage de ce « Jedburgh »
baptisé « Capitaine Conan » qui frôla
par deux fois la mort, à chaque passage de grade, en étant
grièvement blessé à deux reprises dès
son premier galon d'officier dans l'artillerie, pendant la campagne
de France en 1940 puis dans la Légion Etrangère
dans les rangs des Forces françaises Libres, en 1942,
L'insécurité, l'incertitude
et la tourmente, clés de voûte du métier des
armes qu'il avait choisi, en mémoire de son père
tombé aux champs d'Honneur en 1915, ont très rapidement
établi le degré de sa personnalité de meneur
d'hommes au combat, en prêchant par son exemple personnel,
les actes de bravoure et d'audace au péril de sa vie. Pierre
Château Jobert fut un des premiers chefs d'unités
de la deuxième guerre mondiale et ensuite de tous les conflits,
menaçant la France et la Chrétienté qui remplaça
dans l'action, l'ordre « En avant ! » par «
Suivez-moi ! » en plaçant sa peau au bout
de ses idées, dans le sens de l'Honneur au détriment
de prospectives de carrière.
Le père des parachutistes français
Sa vocation pour les troupes aéroportées
sous l'égide de Saint Michel se fit jour qu'en en 1943,
date à laquelle il rejoignit les fameux French S.A.S de
l'abbaye de Jedburgh, pour effectuer des missions spéciales
en France sur les arrières des forces d'occupation allemandes
et au sein des maquis de la Résistance à travers
l'hexagone.
Si l'Archange Saint Michel devenu
le Patron des Parachutistes ne lui confia pas ses ailes mystiques,
il lui révéla toutefois le symbolisme du courage
que représente la voilure du parachute dans les combats
des Nobles causes. Ainsi il transforma la vocation pour l'Arme
parachutiste de son chevalier servant en un véritable sacerdoce
qui allait en faire la figure emblématique de toutes les
unités des T.A.P françaises et étrangères.
On peut, sans crainte, affirmer que le chef de bataillon puis
colonel, Pierre Château Jobert, fut le père créateur
des unités commandos aéroportés de l'Armée
française. Non seulement par sa conduite exemplaire sur
le terrain au milieu de ses « paras » dans les maquis
de la Résistance en France occupée, dans les rizières
et forêts d'Indochine ou dans les djebels de l'Algérie.
Mais aussi dans sa volonté de donner à la France,
une armée aéroportée qui lui avait tant fait
défaut en 1940, face à la stratégie efficace
des parachutistes allemands sur tous le fronts européens.
Sa formation en grande Bretagne auprès
des S.A.S et des Jeedburghs et ses séjours
en Indochine amenèrent Château Jobert à créer
et à développer des centres de formation militaire
parachutiste, le premier à Meucon en Bretagne sur une ancienne
base aérienne et parachutiste de la Wermach en vue de l'invasion
de l'Angleterre. Parmi ses instructeurs, figurait un certain Paul
Alain Léger, marocain de naissance, étudiant résistant
de la première heure à Paris qui, après avoir
combattu fin 1942 dans l'Armée d'Afrique sous le drapeau
du 1er régiment de Zouaves d'Alger rejoignit les F.F.L. à
Londres en 1943 (aspirant des E.O.R. de Cherchell) pour servir comme
officier Jeedburgh, au B.C.R.A. sous le pseudonyme de D'Azermont
qui lui avait été donné parce que natif de
Sidi Ali d'Azemmour, au Maroc. Le « capitaine Conan »
ayant bien vite découvert les riches qualités de chef
guerrier de ce D'Azermont et l'avait absorbé dans le 3ème
S.A.S., qui deviendra le 3ème Régiment parachutiste,
dont plusieurs éléments sautèrent en France
occupée « dans un mouchoir ! » suivant son commentaire
ironique « normal puisque la D.Z. se trouvait près
de Cholet », avec pour mission d'encadrer les maquis
de résistants en vue de prendre les ponts et de harceler
sans cesse les forces allemandes des bois d'Anjou jusqu'au débarquement
des Alliés.
Dès lors les deux hommes ne se quittèrent quasiment
plus, depuis les combats d'Indochine jusqu'à « l'Opération
Mousquetaires » du 6 novembre au 2 décembre 1956
sur le Canal de Suez.
Entre deux séjours en Indochine, Conan, qui avait repris
son identité de Château Jobert allait créer
d'autres centres écoles des T.A.P. à Lannion puis
à Pau-Idron, berceaux des « centurions»
dont l'effectif, moins de 3.000, répartis en unités
plus ou moins hétéroclytes en 1945, passa à
30,000 constituant deux divisions en 1960, au moment de la guerre
d'Algérie. « Le Croisé » finistérien
de Saint Michel peut donc bien être considéré
comme le Père-créateur des parachutistes militaires
français.
L'évocation de sa carrière
militaire ne m'appartient pas, elle a été si remarquablement
faite dans l'éloge funèbre
prononcé par mon aîné et ami de « Bagheera »,
l'ancien officier Jeedburgh, compagnon de combat du colonel Pierre
Château Jobert en Indochine pendant de nombreux mois, le colonel
Jean Sassi.
Son envoûtement inoubliable
Je ne parlerai que des trois occasions
qui m'ont été procurées, deux par ma vie militaire,
à Meucon en 1953 et à Bénouville, en 2000 et
la dernière en qualité d'ancien combattant de « Notre
Noble Cause », à Perpignan, en 2003, de côtoyer
mon compatriote breton , père des parachutistes français.
Cette première rencontre, la
plus longue (30 minutes), remonte à l'hiver 1953 dans son
bureau à Meucon. Elle fut davantage empreinte de l'humanisme
civil d'un grand frère vers son cadet que de la rigueur militaire
d'un chef de corps vis à vis d'un futur officier. J'allais
quitter avec la caserne Eblé à Angers, siège
de l'Ecole d'application du Génie, où j'avais fait
mon peloton E.O.R., malgré moi parce que volontaire pour
les T.A.P, (étant déjà breveté prémilitaire
et P.M.S. parachutiste ainsi que 1er et 2ème degré
civil du Para Club d'Oranie) dont j'avais été déclaré
inapte au saut pour cause de péritonite en 1951. Ayant suivi
les cours de l'Ecole spéciale des Travaux Publics, j'avais
donc été dirigé pour effectuer mon service
militaire vers le Génie. Promu au grade d'aspirant J'avais
donc aussitôt postulé pour faire un stage au Centre
de Meucon, afin de rejoindre le 17ème bataillon du Génie
aéroporté à Castel Sarrazin ou toute autre
unité des T.A.P.
Ma demande de stage acceptée, j'avais donc subi tout l'entraînement
rigoureux au sol de la méthode S.A. S., davantage responsable
de casses que les accidents de sauts.
Malheureusement la visite médicale me formula une fois de
plus inapte au saut, parce que ma cicatrice de 14 cm n'apparaissait
pas encore suffisamment consolidée.
Evidemment j'en étais fort amer et je m'en étais confié
à mon instructeur, un adjudant chef originaire du Morbihan,
tout comme mes aïeux, avec lequel j'avais sympathisé
et auquel j'avais narré le lourd tribu payé par ma
famille avec 27 morts dans les rangs de fusiliers marins de la France
Libre et dans le maquis bretons. Constatant ma grande déception,
il en avait parlé, sans rien me dire, à l'autre Breton,
le colonel Château Jobert. Inutile de dire que quand
je reçus la convocation, j'étais dans mes petits souliers
: « Me trouver en face du Capitaine Conan »,
celui que toute la Bretagne portait aux nues à l'image du
chevalier de la table ronde qui conquit le Graal !
Après ma présentation
classique, il m'avait demandé de m'asseoir. Il porta la conversation
vers mes deux cousins germains, enseigne de vaisseau, tous deux
dans la D.B.F.M. de la France Libre, l'un tué à Bir-Hakeim
1'autre à Villersexelle, lors de la contre offensive allemande
dans les Ardennes. J'étais déjà fort impressionné
de voir qu'il était en possession de tous ses renseignements.
Je le fus encore davantage lorsqu'il évoqua l'endroit où
les maquisards de ma famille avaient été fusillés
par des prisonniers mongols sur ordre des S.S. allemands et emmurés,
blessés, dans une cavité de la muraille de la forteresse
de Penthièvre, Il m'avoua s'y être rendu sur place
parce qu'un de ses officiers du 3 ème régiment S.A.S.
y avait été fusillé en même temps que
tous ces jeunes bretons de 18 à 20 ans. J'étais complètement
effondré, car j'étais venu parler de mon problème
de santé parachutiste et lui dans un humanisme hypersensible
d'une grande Foi, m'indiquaient quelles étaient les valeurs
du sacrifice pour la Patrie. Il quitta son bureau pour venir devant
moi,. Quoique surpris par sa petite taille, il apparut à
mes yeux, en Géant tellement son aura de meneur et de formateur
d'homme était gigantesque, Ce n'est qu'à ce moment-là
qu'il traita mon problème parachutiste. Posant sa main sur
mon épaule, me regardant les yeux dans les yeux, il prononça
ses mots qui sont demeurés gravés en ma mémoire
: « Sache mon petit compatriote ! Saint Michel ne m'a
accueilli sous son égide que sept années après
mon premier uniforme. Crois en Saint Michel. Je suis certain qu'il
t'accueillera aussi tant ta passion est grande. Tu nous rejoindras
un jour ! » Il me donna une accolade affectueuse.
J'étais au bord des larmes et je ne devais plus avoir un
poil de sec sous mon uniforme ... hélas ... du Génie
Je quittais, envoûté, cet envoyé céleste
« Conan » prêt à mourir sous
ses ordres. Mais le destin durant la guerre d'Algérie ne
me procura jamais l'occasion de le revoir, ni en tant qu'officier
rappelé ou en tant que journaliste. La seule éventualité
aurait pu être Suez, mon journal m'ayant désigné
pour en assurer le reportage. Une hospitalisation m'empêcha
de m'y rendre : Un de mes confrères, Roy, y trouva la mort.
La prophétie parachutiste de
Château Jobert me concernant, ne se vérifia que trois
ans plus tard, où officier rappelé, après avoir
été breveté, au sein de la Compagnie d'entraînement
et de perfectionnement du 1er R.E.P. commandée par le capitaine
Glasser, à Sully, (près de Sidi-Bel-Abbès),
je rejoignis les missions spéciales du colonel Decorse et
du capitaine Léger. Ce fut d'ailleurs par ce dernier, l'ex
« D'Azermont », qui après avoir fait
ses premiers pas dans les traces glorieuses du fameux « capitaine
Conan » depuis 1943, et qui avait participé à
l'opération aéroportée française, en
sautant, sur Port Fouad, en 1956 avec ses deux « centaines
» du 11ème Choc aux côtés du 2ème
R.C.P., que je pris connaissance de l'aventure égyptienne
de Château Jobert.
L'amertume de « L'Opération Mousquetaires »
à Suez
Le capitaine Léger, devenu mon
« Totem » mais aussi ami intime en tenue camouflée
et sans uniformes du G.R.E. (Groupe de renseignements et d'exploitation),
insistait toujours sur l'amertume laissée par cette « Opération
Mousquetaires » inachevée et sur la déconvenue
inaltér ble du colonel Château Jobert, qui considérait
qu'après la trahison en Indochine, des manuvres politiques
lui avaient volé « Sa victoire » en
Egypte !
Tout aurait dû, pourtant, lui
sourire en ce mois de novembre 1956, puisque peu de temps auparavant,
un ancien Para d'Indochine, fan d'Alexandre Dumas, avait transformé
ses héros des « Trois Mousquetaires »
(qui étaient quatre, comme chacun sait!) en parachutistes:
D'Artagnan, c'était le colonel Bigeard, (3 ème R.P.I.ma)
; Athos, c'était le colonel Buchoud, (9ème R.C.P.);
Porthos, le lieutenant colonel Jeanpierre, (1er R.E.P.) et Aramis,
le moine-soldat ne pouvait être que le colonel Château
Jobert, (2 ème R.C.P.). Cependant un signe avant-coureur
de mauvaise augure s'était manifesté. Sur les quatre
« Mousquetaires parachutistes », deux étaient
absents :Pierre Buchoud, le créateur du tout jeune 9 ème
R.C.P. engagé dans une opération dans le Constantinois;
Marcel Bigeard, blessé, qui avait laissé le commandement
du 3ème R.P.C. à son adjoint Lenoir dit « La
Vieille », qui sera frustré de participation à
l'Opération égyptienne, en attendant sur le tarmac
de l'aéroport de Chypre d'être largué sur le
canal.
D'autre part, si quatre régiments
parachutistes français étaient engagés sous
les ordres de Château Jobert, trois seulement participèrent
aux combats, les bataillons du 2ème R.C.P. commandé
par le colonel Fossey-François, épaulé par
la 5ème centaine du 11ème Choc du lieutenant Henri
Moutin, pour la conquête des ponts et la destruction des fortins
égyptiens des « Volontaires de la mort » qui
préférèrent se rendre plutôt que l'affronter!
Missions réussies à 100% qui permettaient au colonel
breton de lancer son offensive avec l'appui du 1er R.E.P. débarqué
avec les A.M.X. du 21ème R.I.C. et les chars britanniques
« Centurions » vers le Caire, d'autant que
le Q.G. égyptien de Port Saïd avait annoncé sa
capitulation. Mais Russes et Américains, vexés des
succès obtenus par les Israéliens, les Anglais et
les Français, demandèrent l'arrêt de l'Opération.
Le colonel Château Jobert qui demeurera le grand tacticien
de Suez fut stoppé à El Kantara. Dès son arrivée
à Chypre il manifesta violemment son mécontentement
au général Beaufre, puis sa rage dès son retour
à Alger au général Salan, Il lui avait déclaré
: « Après Dien Bien Phû et la perte de l'Indochine
et ce qui vient de se passer en Egypte, la France dont les politiciens
tressaient les victoires de son armée, ne serait plus jamais
une grande Puissance ! » Il affichait déjà
un sérieux pessimisme quant à une solution favorable
à la défense de l'Algérie française
», m'avait confié en même temps que le récit
opérationnel qui précède, le capitaine Léger,
lui aussi lésé dans l'affaire de Suez puisque sa mission
particulière était la destruction de Radio-Le Caire
« La voix des Arabes », pro-F.L.N. qui émettait
jusqu'en Algérie. La consolation à ce dépit
pour Fossey-François et Léger leur fut offerte, l'année
suivante, dans « La Bataille d'Alger ». Quant
à Château Jobert, il avait gagné Bayonne où
il se consacra de nouveau au développement de l'armée
aéroportée française !
Mais sa colère ne devait s'estomper
au fil des années, il garda toujours « Suez »
en travers de la gorge. Je pus le constater, quarante quatre années
plus tard, le 4 juin 2000 à l'occasion de la commémoration
du saut des commandos parachutistes, sous les ordres du Major John
Howard aux dernières heures du 5 juin 1944, au cours de notre
deuxième entretien, très court cette fois, tellement
il était absorbé par les personnalités civiles
et militaires françaises et britanniques et notamment par
Son Altesse Royale, le Prince Charles de Grande-Bretagne, à
Benouville en Normandie.
L'hommage international à Benouville
En ce Jour de l'An 2000, le colonel
Pierre Château Jobert 88 ans, toujours « géant »
dans sa petite taille, qui ne fut jamais un handicap dans ces actions
héroïques, en vingt six années de commandos,
était concerné par cet hommage officiel en tant que
glorieux « Capitaine Conan » patron du « 3ème
French S.A.S » puisqu'il honorait l'exploit de ces parachutistes
S.A.S. britanniques et français parmi lesquels figurèrent
d'ailleurs trois officiers français d'Algérie, le
colonel manchot Bourgoin, le chef de bataillon Puesch Samson et
le capitaine Botella.
Cette opération aéroportée nocturne à
la fin du 5 juin 1944 demeure absente des chapitres de la deuxième
guerre mondiale dans l'Histoire de France, le débarquement
du mondialement célèbre « Jour J » (6 juin
1944) en ayant mobilisé plusieurs pages, Pourtant de nombreuses
croix plantées sur les tombes de ces parachutistes britanniques
en terre normande, témoignent encore de leur sacrifice à
l'orée du Troisième Millénaire. Cette manifestation
du 4 juin 2000 à Benouville, remarquablement organisée
par l'U.N.P. du Calvados, alors présidée par Walfrid
Hamel, offrit au colonel Château Jobert un hommage international,
officiel et mérité, par un impromptu et long entretien
avec Son Altesse Royale, le Prince Charles, colonel en chef du Parachute
Régiment qui avait souhaité, par sa présence
dans cette commémoration de l'anniversaire du raid aéroporté
de juin 1944, non seulement honorer, la mémoire des anciens,
disparus ou rescapés du commando Howard mais également
voulu, vêtu de sa tenue camouflée et portant le béret
rouge, saluer les 450 parachutistes dont une compagnie du 1er R.C.P.
qui sautèrent en ces lieux, où quarante six ans auparavant
leurs anciens déclenchèrent la reconquête de l'Europe,
alors sous le joug nazi depuis quatre années.
L'entretien avec le Prince Charles avait
porté sur la Ditingiuish Order Service, deuxième décoration,
après l'Ordre de la Victoria Cross, (uniquement réservé
aux britanniques), qu'arborait le colonel français.
Cette D.S.0, n'est accordée que pour bravoure sous le feu
ennemi et n'est par ailleurs, remise que par un membre de la famille
royale. Ainsi le colonel Charles apprit du colonel français
qu'il avait été décoré par sa grand-mère,
Son Altesse Royale, la Queen Mary, non pas pour ses exploits de
1943 à 1945, en qualité de l'officier S.A.S. « capitaine
Conan » mais en 1957, après son saut conjoint
avec les unités britanniques, et le succès des missions
commandos qui lui avaient été confiées sous
le grade de colonel Château Jobert en qualité de responsable
de cette « opération Mousquetaires »,
en novembre 1956 à Suez. Toujours aussi aigri de s'être
vu voler en la circonstance la victoire et la prise du Caire sur
intervention politique des Américains et Russes, qui avaient
exigé le retrait des troupes anglaises, françaises
et israéliennes d'Egypte, il en avait fait un récit
de la stratégie parachutiste employée qui intéressa
fort le jeune colonel en chef du Parachute Régiment de l'Armée
britannique. D'après les bribes de cette conversation de
haute valeur internationale qui parvenaient à mes oreilles,
pendant que je les prenais en photo, je réalisais que le
têtu Breton de Morlaix Pierre Château Jobert, malgré
sa dévotion à L'Archange Saint Michel, devenu « Capitaine
Conan » de la deuxième guerre mondiale, puis colonel
Château Jobert, héros d'Indochine, d'Algérie
et de l'Opération de Suez, n'avait pu pardonner, d'après
le ton de son récit à l'adresse de Sa Majesté
princière britannique, les trahisons de Mendès France
pour l'Indochine puis de Charles de Gaulle(qui l'avait pourtant
décoré, en personne, de la croix de compagnon de la
Libération) pour l'Algérie. Le Prince Charles l'avait
écouté avec déférence et respect avant
de le convier à ses côtés pour présider
cette cérémonie commémorative franco-britannique
du 4 juin 2000.
L'ultime rencontre se produisit à
Perpignan, en 2003, lors de la manifestation des anciens combattants
de la Noble Cause qui honorait la première stèle érigée
à la mémoire des quatre fusillés de l'Algérie
Française, au cimetière du Vernet. Là encore
le père des parachutistes français, escorté
de nombreux Constantinois qui avaient accompagné leur Ancien
chef de la Zone Est de l'O.A.S., avait montré bon pied bon
il en brandissant auprès de la stèle une banderole
tricolore « O.A.S. Constantine », entouré
de ses soldats de la dernière heure ! ».
A la fin juin 1962, « Conan »
avait pris le chemin de l'exil, en emportant en son cur une nouvelle
plaie dans son sens de l'Honneur, les négociations Susini-Mostéfai.
Inadmissible pour lui ! Il ne pardonna jamais ! Là non plus
Voilà quels ont été mes instants de vie dans
l'ombre de la figure emblématique des troupes aéroportées
françaises, ce « Conan » qui y avait
pris place dès mon enfance par les lauriers que lui avait décerné
les survivants de ma famille bretonne dont mon oncle, (ancien résistant)
père de deux des fusillés de Penthièvre, qui
en avaient fait le Héros de la Bretagne face au Nazisme ! Puis
dès l'âge d'adulte à travers notre passion commune
pour le parachutisme, Château Jobert avait passé la portière
pour la première fois en 1943, (Jeedburgh), à Liverpool
et moi en 1948 (P.M.P.E.) à Valmy en Oranie. Je n'ai jamais
eu l'honneur de servir sous les ordres de cet illustre colonel parachutiste
pendant la guerre d'Algérie, ce que je regrette même
si j'ai servi sous les ordres de chefs de corps parachutistes aussi
prestigieux, les colonels Trinquier, Aussaresses, Godard, et Decorse.
D'autant que je fus imprégné de ses hautes qualités
de chef militaire par son « chevalier de la première
heure », mon officier traitant, le capitaine Alain Leger.
Je peux avouer toutefois que les trente
minutes d'une intimité davantage civile que militaire vécue
avec lui à Meucon, m'ont marqué à vie, par
l'aura « d'Honnête Homme » selon la
définition du Moyen-Age-qui l'entourait! Ce jour-là,
c'était davantage Pierre Yvon Alexandre Château Jobert
de Morlaix que le commandant de la 1/2 B.C.C.C.P. de Vannes, qui
s'était adressé à moi et il avait inculqué
en moi le principe « Servir », et non pas
« Se servir de! », en recherchant l'authenticité
de la fidélité à la parole donnée, de
l'amour de la Patrie, du respect du subalterne ou du compagnon d'aventure,
dans le sens de l'Honneur et en rejetant les sataniques bassesses
politiciennes et honneurs mesquins carriéristes, que l'Archange
Saint Michel n'a pas totalement terrassé sur cette Terre
: Et si apparents en ce Troisième Millénaire !
Il est difficile de ne pas mettre en
parallèle, les deux moines soldats, unis par la même
Foi, dans le sillage de leur exemple Charles de Foucauld, qu'ont
été son aîné Charles Lacheroy, (je l'ai bien
plus connu, étant son élève à l'A.P.
et G.S.) et Pierre Château Jobert qui oeuvrèrent sur des
vecteurs différents mais complémentaires, en vue de
bâtir l'Armée française des Temps modernes. Points
communs chez ces deux hommes, dès leur entrée dans
la vie, l'un et l'autre perdent, très jeunes, leur père
durant la première guerre mondiale ; devenus pupilles de
la Nation ils embrassent la carrière des Armes.
Si Lacheroy, créa l'Action
psychologique et la Guerre subversive, premières réformes
de la guerre moderne, mises en application par les colonels Trinquier
et Godard en Indochine et relayées ensuite par les chefs
des Unités parachutistes en Algérie.
Le colonel Château Jobert y apporta
le point d'orgue durant ses années de clandestinité
et d'exil, en complétant ces mutations tactiques et stratégiques
de L'Armée française dans la contre-guérilla
par la rédaction de cinq ouvrages dont les deux primordiaux
ont pour titres « La doctrine d'action contre révolutionnaire »
et la « Révolution Contrerévolution ».
Des ouvrages de grande actualité en ces périodes troubles
qui revoient apparaître « Les Hashashins, les Fous
de Dieu » du « Vieux de la Montagne » !
Souhaitons que, depuis la milice céleste où il a retrouvé
place aux côtés des Jeanpierre Godard, Buchoud, Trinquier
et Leger, le dernier croisé de Saint Michel sur cette Terre
arrive à communiquer un souffle divin vers nos gouvernants
pour que renaisse le sens des valeurs : Respect et Honneur! S'il
en est encore temps ?
Yves Henry |