
L'histoire à l'épreuve de la
loi
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Photo Michel Tilmant
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« Ie vous salue, ma France! »
A Saint-Laurent-du-Var, devant plus d'un millier de Pieds-Noirs
venus de toute la région PACA, la formule d'Henri Revel,
maire de la commune, a donné le ton du rassemblement en hommage
à l'action des rapatriés d'outre-mer, hier devant
l'hôtel de ville.
Un ton général relativement sobre pour une démonstration
de force sans débordement, si ce n'est quelques « Chirac
démission » lancés par des membres
du FN et une poignée de sifflets à l'évocation
du président de l'Assemblée nationale, Jean-Louis
Debré. Mais personne, devant un parterre assez impressionnant
d'élus, du conseiller municipal aux parlementaires, écharpe
tricolore en bandoulière - UDF, UMP et Frontistes - n'a voulu
sombrer dans les clivages politiciens: il s'agissait de défendre
l'honneur de la France, « car nous n'avons
à nous excuser de rien », a insisté
le premier des orateurs, Lionnel Luca
(UMP),à l'initiative
du rassemblement.
Dans la foulée, il a stigmatisé les manuels scolaires
qui « occultent la tragédie des
rapatriés et ne pointent que la torture, en oubliant qu'elle
était autorisée dans des circonstances exceptionnelles
par un garde des Sceaux devenu président de la République
(François Mitterrand, NDLR) pour répondre à
celles généralisées du FLN. »
« Ni reniement ni renoncement »
Michèle Tabarot (UMP-Le Cannet) prit le relais -
cette commune, dont les liens Pieds-Noirs sont toujours vifs, avait
mobilisé le plus de cars - pour glorifier le passé
de la France en Afrique du Nord - 123 hôpitaux, 56000 km de
route, éradication du paludisme.
Jacques Peyrat (UMP-Nice) - qui a suspendu les travaux du
conseil municipal afin de participer au rassemblement - quitta le
terrain de l'uvre de la France pour s'engager sur celui des
« valeurs », refusant « l'auto-flagellation
qui est ( ... ) un suicide programmé de la nation. »
Et de voir dans les attaques contre la loi une action « vouée
à casser les valeurs fondamentales du pays pour faire progresser
certaines idées qui ne sont pas les [nôtres]. »
« Mais nous serons là ( ... ).
Et je sens confusément que la cérémonie d'aujourd'hui
ne sera pas la dernière. »
Jean Leonetti (UMP-Antibes) conclut en se livrant à
une analyse du texte, jouant la carte de la modération et
de l'équilibre. « Dans tous les grands
moments de la France, même les plus lumineux, il y a eu une
part d'ombre, mais nous ne voulons pas que l'on ne désigne
que l'ombre. » Avant d'affirmer . « il
n 'y aura ni reniement ni rénoncement? La nation continuera
à rendre hommage à ce que vous avez fait. »
Et de lâcher : « Je vous propose
de retrouver cette fraternité qui était là-bas. »
Dépôt de gerbe, chant des
Africains, Marseillaise, forêt
de drapeaux, cocardes ont donné au rassemblement la solennité
souhaitée, ôtant à plus d'un élu la terreur
de voir la journée voguer vers des ravages extrêmes
qu'ils ne souhaitaient pas aborder.
F. R
Draguignan « Une repentance
qui n'ose pas dire son nom »

A l'issue de la déclaration commune, des représentants des
trois associations organisatrices de la manifestation ont
déposé une gerbe au monument aux morts. (Photo C. Cz.)
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Le cercle algérianiste, l'amicale dracénoise
des rapatriés et l'union nationale des harkis ont à
l'unisson, hier en fin d'après-midi, devant le monument
aux morts du jardin Anglès, dénoncé la
décision du président de la République
de demander au conseil constitutionnel l'abrogation de l'article
4 la loi du 23 février 2005, concernant « les
bienfaits de la colonisation ».
Dans une déclaration commune, les responsables
des trois associations estimaient que « Jacques
Chirac vient de bafouer les droits du Parlement, qui s'était
exprimé à une large majorité sur cette
question. Il affiche du même coup son mépris
pour les rapatriés qui se voient sacrifiés sur
l'autel de la pensée unique...
« En ne touchant qu'à la seule loi du
23 février 2005, et en épargnant les autres
lois mémorielles (lois Gayssot et Taubira), il applique
aux rapatriés un traitement d'exception, passage sans
dout e obligé pour répondre aux injonctions
du président algérien Bouteflika, qui en avait
fait sa condition pour signer le traité d'amitié
franco-algérien. »
« Les associations signataires ne peuvent
que condamner cette nouvelle étape d'une repentance
qui n'ose pas dire son nom. »
P R.
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Mis en page le 04/02/2006 par RP
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