Nice-Matin et Var-Matin du samedi 4 février 2006

 

L'histoire à l'épreuve de la loi

 

Photo Michel Tilmant

« Ie vous salue, ma France! »
A Saint-Laurent-du-Var, devant plus d'un millier de Pieds-Noirs venus de toute la région PACA, la formule d'Henri Revel, maire de la commune, a donné le ton du rassemblement en hommage à l'action des rapatriés d'outre-mer, hier devant l'hôtel de ville.

Un ton général relativement sobre pour une démonstration de force sans débordement, si ce n'est quelques « Chirac démission » lancés par des membres du FN et une poignée de sifflets à l'évocation du président de l'Assemblée nationale, Jean-Louis Debré. Mais personne, devant un parterre assez impressionnant d'élus, du conseiller municipal aux parlementaires, écharpe tricolore en bandoulière - UDF, UMP et Frontistes - n'a voulu sombrer dans les clivages politiciens: il s'agissait de défendre l'honneur de la France, « car nous n'avons à nous excuser de rien », a insisté le premier des orateurs, Lionnel Luca (UMP),à l'initiative du rassemblement.

Dans la foulée, il a stigmatisé les manuels scolaires qui « occultent la tragédie des rapatriés et ne pointent que la torture, en oubliant qu'elle était autorisée dans des circonstances exceptionnelles par un garde des Sceaux devenu président de la République (François Mitterrand, NDLR) pour répondre à celles généralisées du FLN. »

« Ni reniement ni renoncement »

Michèle Tabarot (UMP-Le Cannet) prit le relais - cette commune, dont les liens Pieds-Noirs sont toujours vifs, avait mobilisé le plus de cars - pour glorifier le passé de la France en Afrique du Nord - 123 hôpitaux, 56000 km de route, éradication du paludisme.

Jacques Peyrat (UMP-Nice) - qui a suspendu les travaux du conseil municipal afin de participer au rassemblement - quitta le terrain de l'œuvre de la France pour s'engager sur celui des « valeurs », refusant « l'auto-flagellation qui est ( ... ) un suicide programmé de la nation. » Et de voir dans les attaques contre la loi une action « vouée à casser les valeurs fondamentales du pays pour faire progresser certaines idées qui ne sont pas les [nôtres]. » « Mais nous serons là ( ... ). Et je sens confusément que la cérémonie d'aujourd'hui ne sera pas la dernière. »

Jean Leonetti (UMP-Antibes) conclut en se livrant à une analyse du texte, jouant la carte de la modération et de l'équilibre. « Dans tous les grands moments de la France, même les plus lumineux, il y a eu une part d'ombre, mais nous ne voulons pas que l'on ne désigne que l'ombre. » Avant d'affirmer . « il n 'y aura ni reniement ni rénoncement? La nation continuera à rendre hommage à ce que vous avez fait. » Et de lâcher : « Je vous propose de retrouver cette fraternité qui était là-bas. »

Dépôt de gerbe, chant des Africains, Marseillaise, forêt de drapeaux, cocardes ont donné au rassemblement la solennité souhaitée, ôtant à plus d'un élu la terreur de voir la journée voguer vers des ravages extrêmes qu'ils ne souhaitaient pas aborder.

F. R


Draguignan « Une repentance qui n'ose pas dire son nom »

A l'issue de la déclaration commune, des représentants des trois associations organisatrices de la manifestation ont déposé une gerbe au monument aux morts. (Photo C. Cz.)

Le cercle algérianiste, l'amicale dracénoise des rapatriés et l'union nationale des harkis ont à l'unisson, hier en fin d'après-midi, devant le monument aux morts du jardin Anglès, dénoncé la décision du président de la République de demander au conseil constitutionnel l'abrogation de l'article 4 la loi du 23 février 2005, concernant « les bienfaits de la colonisation ».

Dans une déclaration commune, les responsables des trois associations estimaient que « Jacques Chirac vient de bafouer les droits du Parlement, qui s'était exprimé à une large majorité sur cette question. Il affiche du même coup son mépris pour les rapatriés qui se voient sacrifiés sur l'autel de la pensée unique...
« En ne touchant qu'à la seule loi du 23 février 2005, et en épargnant les autres lois mémorielles (lois Gayssot et Taubira), il applique aux rapatriés un traitement d'exception, passage sans dout e obligé pour répondre aux injonctions du président algérien Bouteflika, qui en avait fait sa condition pour signer le traité d'amitié franco-algérien. »
« Les associations signataires ne peuvent que condamner cette nouvelle étape d'une repentance qui n'ose pas dire son nom. »

P R.

Mis en page le 04/02/2006 par RP