La Semaine de Georges Marc Benamou


(Nice-Matin du dimanche 29 janvier 2006)

 

Retrait honteux

Mardi. - Jean-Louis Debré a de l'estomac. Ce doit être de famille. Son père n'a-t-il pas été le plus ardent, et le plus extrémiste, des défenseurs de l'Algérie française; avant d'être le Premier ministre - certes déchiré - de l'indépendance algérienne façon gaulliste? Le président de l'Assemblée nationale, et premier hussard de la Chiraquie vient donc de proposer au président de la République, qui a bien sûr accepté, l'annulation de cet amendement perturbateur sur les « aspects positifs de la présence française », par une voie byzantine. Il a de l'estomac en effet car il l'a vu passer et repasser devant lui, cet article et cet amendement. Et comme tous les autres, les UMP, les socialistes, les UDF, il n'y avait jamais rien trouvé à redire. Parodie de démocratie... Une fois de plus, la France va être la Grande Muette sur cette question coloniale, et notamment algérienne. C'est une vieille habitude. Ne rien dire, ne rien avouer, ne jamais affronter. Surtout pas la vérité ou les vérités. Le « mensonge français », dont je parlais dans un livre, a commencé en 1954 et se poursuit en 2006. En 1954 déjà, et durant un demi-siècle, la France officielle refusera de parler de « guerre d'Algérie » mais elle emploiera obstinément le vocable rassurant d'« événements d'Algérie », quand elle ne parlera pas tout bonnement de « maintien de l'ordre ». La France officielle, celle de gauche, comme celle de droite s'est entendue sur le, mensonge français. Sur la question algérienne au fond, elle a choisi d'écouter les amis de Sartre plutôt que le sceptique Camus. A présent tout ce refoulé de mensonges lui revient à la figure. Chaque fois que la France tente de parler de l'Algérie, une bombe mémorielle explose. On se souvient qu'il y a six ans une autre sinistre comédie avait été donnée. L'Assemblée nationale avait été incapable, après d'interminables débats, de se mettre d'accord sur la date officielle de la fin de la guerre d'Algérie. Du coup, elle botta en touche et choisit une date absurde pour ne fâcher personne: le 5 décembre. Comme tout aussi absurdement elle refuse aujourd'hui d'ouvrir le débat et d'affronter sa mémoire et d'envisager des vérités et des torts partagés. Elle préfère le retrait honteux.

 

Autres réactions

Communiqué du Cercle algérianiste

Communiqué de l'ANFANOMA

Communiqué du Collectif du Haut Conseil aux Rapatriés

Communiqué du C.L.A.N.

Appel au Rassemblement (Députés des A.M.)

Communiqué de Jacques MYARD (Député UMP)

 

Suis-je FrançaiS ? (J-P. Ferrer)

Quelle est difficile à aimer. (G. Bezzina))

 

Mis en page le 29/01/2006 par RP